Une étrange maladie apparaît au début du XXIème siècle : le Bio Bug. Ce virus opère une transformation au niveau des paumes de la main, et permet à la personne qui l'a contracté de littéralement fusionner avec quelque entité que ce soit, vivante ou non. Vous imaginez-vous en version 2.0 d'Edward aux mains d'argent ?...
La première guerre du bug éclata en 2014, donnant par la suite lieu à une troisième guerre mondiale en 2018, durant laquelle des humains fusionnèrent avec des armes. Puis en 2025 une « charte du bug » fut adoptée, stipulant les droits et les devoirs des humains atteints de ce Bio Bug (toute référence ou allusion à des personnages existant, ayant existé, dans la fiction comme ailleurs, serait bien entendu purement fortuite). En outre, ce Bio Bug fonctionne comme une drogue : plus on fusionne avec des objets, plus le sujet devient dépendant de la fusion, et cherche à fusionner avec de plus en plus de choses – vivantes ou non. « La guerre s'arrêta grâce au développement de la « Drug » : un remède qui permet d'expulser l'objet avec lequel on a fusionné et de retrouver son corps initial. »
Avec chaque apparition du Bio Bug chez un être humain, celui-ci doit suivre une formation lui explicitant les avantages et les dangers potentiels de cette maladie, exemples à la clé. Lorsqu'un être humain fusionne avec deux entités, cela peut entraîner un « crash bug » et détruire complètement sa personnalité. le problème, comme dit plus haut, est que plus on fusionne, plus on devient dépendant à cette fusion. Une des conséquences les plus dramatiques est que certains tournent carrément la carte et ne se rendent pas compte qu'ils doivent se faire soigner à l'aide d'un tiers. Chaque personne, à l'issue de sa formation, reçoit deux doses de Drug, une sorte de débug. Malheureusement, une fois mise en garde, la personne est entièrement livrée à elle-même. Peut-on faire confiance à l'être humain pour se rendre compte qu'il sombre doucement vers sa propre folie ?...
Le Bio Bug finit par toucher Fujii, un lycéen plutôt exubérant. Pour Fujii, une seule chose compte au monde : la belle Fumiho, dont il est éperdument amoureux (bien entendu elle l'ignore, sinon ce serait trop simple) et qu'il s'est juré de protéger – même s'il ignore un peu comment. Mais c'est sans compter Hosaka – copain de classe du premier et ami d'enfance de la seconde, qu'il s'est juré de protéger aussi – ni Kiwako – amie de longue date aussi du premier, et copine de classe des deux autres. Nous voilà donc avec un quatuor assez équilibré : le fait de proposer quatre protagonistes permet de donner un ton plutôt mature à la série. En effet, chacun de ces personnages dispose de sa propre personnalité et de son propre caractère. Si Fujii et Fumiho semblent un peu perchés, le duo de meilleurs amis respectifs que forment Kiwako et Hosaka ont un peu plus la tête sur les épaules et leur apportent un certain équilibre.
Bon, quand est-ce qu'on passe aux choses sérieuses ? le trailer donne carrément envie et Biorg Trinity ne m'apparaît pas comme une comédie romantique ! Vous voulez un peu d'action dans ce qui commence comme une comédie romantique déjantée ? Pas de problème, vous en aurez. Car qui dit pouvoirs phénoménaux pense automatiquement dérives en pagaille… Les Bio Bugglers (ou Bugglers, personnes atteintes du Bio Bug) restent des êtres humains, et sont par conséquent capables du meilleur comme du pire. Hosaka et Kiwako sont en lutte constante contre les Bio Bugglers qui ont dérivé, et certaines fusions désastreuses peuvent engendrer un pouvoir permanent. Sans trop spoiler – mais j'ai besoin d'un exemple parlant – le premier méchant de l'histoire, fumeur invétéré, a fusionné avec sa cigarette : son pouvoir est donc sensiblement semblable à celui du Colonel Smoker dans One Piece.
En toute franchise : on peut ne rien comprendre au début de la lecture et on peut presque entendre le point d'interrogation se former au-dessus de notre tête, précédé de ces trois lettres que sont W, T et F. Mais plus on avance dans l'histoire et plus elle prend forme ; on part d'une comédie romantique teintée de Fantastique presque gore à un bon shônen-up d'action, les rebondissements se font plus fréquents et l'intrigue gagne en intensité. le nombre de personnages principaux incite les auteurs à surfer de l'un à l'autre, entrecoupant des scènes de comédie ou de contemplation avec des bribes de scènes d'action, et inversement, sans pour autant jamais perdre le lecteur.
Biorg Trinity est un manga délirant qui part dans tous les sens, entremêlant habilement action, comédie romantique et Science-fiction. Magnifiquement porté par le trait toujours aussi fin et élégant de Oh Great !, les filles sont délicieusement sexy et chaque personnage est immédiatement identifiable… Comme d'habitude il réussit à intégrer une foule de détails dans ses cases sans que jamais ces dernières ne deviennent illisibles. Enfin, je ne vous apprends rien si vous avez déjà lu Enfer & Paradis et Air Gear.
On prend plaisir à lire Biorg Trinity : on a devant nous une série qui, sous ses airs de ne pas avoir l'air de se prendre au sérieux (dans une furtive scène d'action, Hosaka poursuit un Buggler ayant fusionné avec un escargot) pose des questions assez vertigineuses sur le sens que l'être humain peut donner à sa vie. J'aime beaucoup cette phrase du sage et posé Hosaka, justement : « Tu sais que tu perds ce qui est précieux pour toi à force de mariner dans cette vie neutre où tu ne fais aucun choix ? »
Sur ces profondes paroles, je ne saurais que trop recommander ce cocktail détonnant à tous les lecteurs ayant dépassé les 13 ans.
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