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EAN : 9782204062619
241 pages
Le Cerf (01/09/1999)
4/5   5 notes
Résumé :
Hildegarde de Bingen, née à l'extrême fin du sombre Xle siècle, n'est en rien conforme à l'image - un peu morose - qu'on se fait volontiers des femmes de cette époque.
Mystique, visionnaire, musicienne, auteur de traités de médecine (qu'on rangerait aujourd'hui dans la catégorie très appréciée des " médecines douces "), Hildegarde, cloîtrée dès son enfance, fut une femme libre.

L'auteur ressuscite pour nous, avec un luxe de détails historiques,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Lire un livre sur une nonne, voilà qui ne me ressemble pas. Fâchée depuis quelque temps avec l'Eglise, j'ai tendance à fuir tout ce qui la porte aux nues.
Mais, j'avais envie d'en savoir plus sur cette abbesse du XII ème siècle, dont le nom revient fréquemment dans mes diverses lectures.
Il faut dire qu' Hildegarde de Bingen est une nonne d'exception, que dis-je, une FEMME d'exception et en cela, elle mérite grandement qu'on s'intéresse à son histoire et à ses différents sujets d'étude.


Avant de me plonger dans la biographie romancée d'Hildegarde, écrite par Joan Ohanneson, je connaissais surtout de l'abbesse bénédictine, ses talents de musicienne et de guérisseuse. J'ai donc découvert qu' Hildegarde était avant tout considérée comme une visionnaire.
Capable de prédictions dès sa plus tendre enfance, Hildegarde révélera quelques années plus tard à Jutta, une sainte recluse à laquelle elle a été confiée qu'une lumière brillante lui était apparue à l'âge de trois ans. Relatant cet événement dans son livre, Joan Ohanneson fait dire à la jeune Hildegarde les mots suivants : «  Il y a fort longtemps, j'ai aperçu une lumière si brillante et si belle qu'elle me fit trembler des pieds à la tête. » Cette lumière la guidera tout au long de sa vie et Hildegarde couchera ces révélations dans trois manuscrits : le Scivias, le livre des Mérites de la vie, et le livre des oeuvres divines.
Lumière divine ou hallucinations ?
Difficile de répondre à cette question et je ne m'y risquerai pas...

Toujours est-il qu' Hildegarde mue par cette force invisible (enfin pas pour elle!) n'hésite pas à remettre en place les grands de ce monde : archevêques, rois et même l'empereur Frédéric Barberousse ! Et c'est cette femme-là qui me plaît !
La biographie de Joan Ohanneson nous offre un portrait étonnant de la nonne, de son enfance jusqu'à sa mort. Elle y évoque ses troubles, ses angoisses, ses rebellions. Elle nous relate combien Hildegarde tenait à ses « filles » les moniales de l'abbaye, son amitié sincère avec l'une d'entre elle, Richardis et avec le moine Volmar. Elle nous fait part de sa sagesse, de sa générosité, de son humanité mais aussi de son combat de femme dans un monde masculin et machiste. Elle nous entraîne au coeur de l'histoire du saint empire germanique, bouleversée par les expéditions de l'empereur Frédéric Ier et par le schisme provoqué par ce dernier. Elle nous offre des passages de la correspondance d'Hildegarde et de ses manuscrits, illustrant ainsi le rôle politique de l'abbesse, véritable « conscience du siècle » comme l'a écrit Régine Pernoud.


Voici donc, une bien belle biographie ! Néanmoins, j'aurais aimé que l'auteure s'étende un peu plus sur les connaissances médicinales d'Hildegarde. C'est surtout pour cet aspect-là que j'avais entrepris la lecture de cette biographie. Un peu déçue sur ce point, je n'en reste pas moins enchantée d'en avoir appris plus sur la vie mystique de celle dont l'enseignement reste d'actualité.
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Une magnifique biographie romancée de cette abbesse hors du commun qui n'hésitait pas à rabrouer les grands, partant du principe qu'elle leur parlait d'égal à égal.
Joan Ohanneson s'est documentée de manière remarquable afin de nous délivrer d'une façon claire et très agréable l'évolution d'Hildegarde, née Hildegarde von Bermersheim qui deviendra ensuite Hildegarde von Bingen puis sainte Hildegarde.

Elle met en scène les différents sentiments ressentis par la petite fille, donnée en offrande au monastère du Disibodenberg. Si la coutume voulait que l'on offre le dixième enfant à la consécration divine, (et Hildegarde était la dixième enfant de la fatrie), il existait un problème bien gênant qui a précipité les choses : la petite avait des visions. Elle fut cloîtrée, à l'âge de huit ans, en compagnie de celle qui allait devenir sa mère supérieure mais également sa mère spirituelle, son amie, sa confidente, Jutta von Sponheim. A la mort de cette dernière, c'est le coeur gros qu'elle prendra elle-même cette fonction. Malade, au sens physique du terme, de ne pas pouvoir faire part de ses visions, elle sera aidée par un moine, Volmar, ainsi que par une moniale, Richardis.

Non seulement le style est, je le disais, très agréable, mais l'originalité réside également dans le fait que l'auteur prend des passages du célèbre livre écrit par l'abbesse, le Scivias, ou de sa correspondance. Par souci d'honnêteté, Joan Ohanneson met ces passages en italique, ce qui permet non seulement d'avoir une biographie mais aussi un aperçu de l'écriture de la sainte.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le moment était venu. Le comte s'agenouilla. Il tendit les mains vers Hildegarde, qui se précipita en se blottissant dans ses bras. L'enfant se sentit de nouveau en sécurité. Tout irait bien à présent : ils s'en retourneraient sans tarder à la maison. Mais le corps de son père se déroba. Hildegarde sentit la joue mouillée de larmes de sa mère se plaquer contre la sienne. Saisissant dans ses mains le visage de son enfant, Mathilde le couvrit de baisers. Elle s'arracha à elle en sanglotant pour rejoindre le comte et l'abbé. Ils sortirent rapidement et refermèrent aussitôt la porte derrière eux, laissant Hildegarde à l'intérieur.
Ce fut au tour des ouvriers, qui attendaient, outils en main. Sous le regard des parents, ils recouvrirent de mortier l'entrée de l'ermitage, jusqu'à faire disparaître le moindre indice de porte. L'isolement des deux recluses était à présent absolu.
Affolée, Hildegarde se mit à courir en tous sens. Elle se tourna vers Jutta, mais celle-ci, debout, bras croisés, s'efforçait de rester impavide, attitude démentie par la compassion de son regard. La servante poussait de profonds soupirs. Hildegarde se précipita dans toutes les pièces en hurlant les noms de ses parents, croyant qu'ils s'étaient cachés. Ne les trouvant pas, elle se mit à marteler la porte, puis, à bout de souffle, elle finit par se jeter sur la recluse et la rouer de coups.
" Laissez-moi sortir !", suppliait-elle d'une voix pathétique. Mère Jutta s'agenouilla près d'elle. Saisissant ses petits poings, elle les couvrit de baisers, tandis que la fillette se débattait dans ses bras.
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Et voici que leurs voix murmurent. Elles chuchotent : "Combien de temps encore devrons-nous endurer ces gens d'Église, ces loups voraces déguisés en bergers, ces prêtres, qui font ribote et qui forniquent, et dont les actes souillent la face de l'Église ? Tandis que ces prélats repus ignorent leurs propres péchés, ils nous condamnent sans pitié. Voleurs dans leur propre maison, ils dépouillent l'Église de ses biens et dévorent tout ce qui tombe sous leurs griffes. Ils trahissent leur saint office ; ils nous exposent, nous, les princes de la terre, aux pires humiliations ; ils nous rendent la vie misérable. Le jour poindra où nous nous abattrons sur eux, avec des hurlements de loups féroces, car nous ne pourrons plus les tolérer, ces gens de robe qui nous gouvernent en brandissant sur nos têtes leurs richesses et leurs pouvoirs comme autant de gourdins. ( Hildegarde de Bingen)
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Le lit..., songea Hildegarde avec une lassitude infinie. Mais mon lit est un champ de bataille sur lequel je combats chaque nuit pour éviter de sombrer.
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