Lire un livre sur une nonne, voilà qui ne me ressemble pas. Fâchée depuis quelque temps avec l'Eglise, j'ai tendance à fuir tout ce qui la porte aux nues.
Mais, j'avais envie d'en savoir plus sur cette abbesse du XII ème siècle, dont le nom revient fréquemment dans mes diverses lectures.
Il faut dire qu'
Hildegarde de Bingen est une nonne d'exception, que dis-je, une FEMME d'exception et en cela, elle mérite grandement qu'on s'intéresse à son histoire et à ses différents sujets d'étude.
Avant de me plonger dans la biographie romancée d'
Hildegarde, écrite par
Joan Ohanneson, je connaissais surtout de l'abbesse bénédictine, ses talents de musicienne et de guérisseuse. J'ai donc découvert qu'
Hildegarde était avant tout considérée comme une visionnaire.
Capable de prédictions dès sa plus tendre enfance,
Hildegarde révélera quelques années plus tard à Jutta, une sainte recluse à laquelle elle a été confiée qu'une lumière brillante lui était apparue à l'âge de trois ans. Relatant cet événement dans son livre,
Joan Ohanneson fait dire à la jeune
Hildegarde les mots suivants : « Il y a fort longtemps, j'ai aperçu une lumière si brillante et si belle qu'elle me fit trembler des pieds à la tête. » Cette lumière la guidera tout au long de sa vie et
Hildegarde couchera ces révélations dans trois manuscrits : le Scivias, le livre des Mérites de la vie, et le livre des oeuvres divines.
Lumière divine ou hallucinations ?
Difficile de répondre à cette question et je ne m'y risquerai pas...
Toujours est-il qu'
Hildegarde mue par cette force invisible (enfin pas pour elle!) n'hésite pas à remettre en place les grands de ce monde : archevêques, rois et même l'empereur Frédéric Barberousse ! Et c'est cette femme-là qui me plaît !
La biographie de
Joan Ohanneson nous offre un portrait étonnant de la nonne, de son enfance jusqu'à sa mort. Elle y évoque ses troubles, ses angoisses, ses rebellions. Elle nous relate combien
Hildegarde tenait à ses « filles » les moniales de l'abbaye, son amitié sincère avec l'une d'entre elle, Richardis et avec le moine Volmar. Elle nous fait part de sa sagesse, de sa générosité, de son humanité mais aussi de son combat de femme dans un monde masculin et machiste. Elle nous entraîne au coeur de l'histoire du saint empire germanique, bouleversée par les expéditions de l'empereur Frédéric Ier et par le schisme provoqué par ce dernier. Elle nous offre des passages de la correspondance d'
Hildegarde et de ses manuscrits, illustrant ainsi le rôle politique de l'abbesse, véritable « conscience du siècle » comme l'a écrit
Régine Pernoud.
Voici donc, une bien belle biographie ! Néanmoins, j'aurais aimé que l'auteure s'étende un peu plus sur les connaissances médicinales d'
Hildegarde. C'est surtout pour cet aspect-là que j'avais entrepris la lecture de cette biographie. Un peu déçue sur ce point, je n'en reste pas moins enchantée d'en avoir appris plus sur la vie mystique de celle dont l'enseignement reste d'actualité.