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Critique de Sofiert


Entre Lovecraft et Bataille, Monica Ojeda raconte les expériences ultimes de lycéennes d'un lycée de l'Opus Dei à Guayaquil.

"Pour moi, la peur de l'âge blanc a commencé au moment où mon corps s'est mis à changer. D'abord une odeur rance. Ensuite deux tétons comme deux hématomes qui se soulèvent, douloureux au frottement. Après, les sécrétions vaginales, comme des mucosites fraîches et blanchâtres. le poil frisé. Les stries. le sang. Cette chose incomplete et indefinie qui vous répugne en nous est tout aussi répulsive pour moi. L'enfance se termine par la création d'un monstre qui se traîne dans la nuit: un corps désagréable, impossible à éduquer. "

Dans cette fable mystique et sexuelle à la Bataille, de très jeunes filles font l'expérience volontaire de la peur, de la violence, de la souffrance et du plaisir. Elles sont riches, jeunes et jolies mais s'ennuient et la prise de risques est enivrante à l'adolescence. D'autant que les deux meneuses sont psychologiquement perturbées, l' une par la mort de son petit frère dont elle se croit responsable, l'autre par une mère castratrice.
La mère est omniprésente, métaphoriquement incarnée par une mâchoire qui broie, grignote, mord et déchiquette. Des mères qui dévorent leurs filles et les filles qui rêvent de dévorer les mères. Lacan n'est jamais loin :" un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes- c'est ça la mère."
Et crocodiles et caïmans hantent les rêves de ces jeunes filles qui découvrent la jouissance dans des morsures sanglantes.

Clara, la professeur-mère des jeunes filles decident de prendre les choses en main et de punir Fernanda parce qu'elle a couvert le corps de sa meilleure amie de morsures, mais aussi et surtout parce qu'elle représente une menace pour sa propre intégrité. Clara est elle aussi une fille broyée par sa mère, mais elle a choisi la voie du miroir.

Monica Ojeda aborde les relations des femmes entre elles sous l'angle de la violence et de la psychanalyse, avec ce regard cru qui désenchante et qui fait du bien, tant les poncifs sont sauvagement repoussés.
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