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sur 124 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fernanda Montero Oliva, jeune lycéenne équatorienne se réveille dans une cabane perdue au fond des bois. Elle vient d'être enlevée et ligotée par Miss Clara, sa professeure de littérature. L'adolescente, férue de films d'horreur et biberonnée aux creepypastas ( légendes urbaines diffusées sur le net, de type La Llorona) se souvient de ses séances chez son psychiatre et de son groupe d'amies, toutes jeunes filles de la bonne société scolarisées dans un établissement catholique de l'Opus Dei de Guayaquil. Obsédées par les scénarios horrifiques, elles ont harcelé Miss Clara, déjà fragilisée par le décès de sa mère et l'attitude agressive d'anciens élèves.

Les Mâchoires, sont celles d'un crocodile qui hante une mangrove voisine autour de laquelle son amie Annelise (présente dans son précédent roman La desfiguración Silva) organise la célébration d'un Dieu blanc, et des défis qui au fil des incursions, se transforment en actes dangereux. Ces mâchoires se réfèrent aussi aux mères, « Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes - c'est ça, la mère. »(Lacan), invasives, dévorantes. Mâchoires est un roman quasi exclusivement féminin, bâti sur les relations mère-fille, professeure et élèves, victimes-bourreaux, une oeuvre centrée sur l'intensité des amitiés adolescentes et des changements biologiques du corps, qui nous rappelle Carrie recouverte de sang lors du bal de fin d'année.

Mónica Ojeda nous révèle peu à peu l'enchainement des actes qui ont abouti à la séquestration par l'enseignante dans ce thriller psychologique d'une grande richesse narrative, nourri de littératures fantastique et gothique (Lovecraft, King…) qui ne ressemble à aucun autre. L'écriture aux fulgurances poétiques, nous renvoie l'image d'un Féminin dévorant façonné par les romans et les films de genre, quand « la chair de ma chair » devient cannibale. Une très bonne surprise et une auteure que j'ai hâte de retrouver dans un prochain roman.
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Voilà un thriller qui porte bien son nom : sa lecture m'a réellement angoissée et fait frissonner d'effroi. Pourquoi ? Parce que (évidemment) je suis fille mais aussi mère ET prof !
Dès la première page, avant même que le roman ne commence, une citation m'a glacé le sang : « un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes – c'est ça, la mère » de Jacques Lacan. Vision effrayante de la mère prête à dévorer son enfant … La symbolique de la morsure et les images de dents/mâchoires/absorption/ingestion sont bien évidemment centrales dans le roman.
Entrons dans le roman : une lycéenne Fernanda est retenue prisonnière par Clara, sa professeure de lettres. On découvre l'univers de Fernanda par le récit de ses relations avec sa BF Anne Lise et son groupe d'amies, toutes de la même classe de 1ère d'un lycée catholique en Equateur, leurs expériences de plus en plus poussées dans un immeuble abandonné. Fernanda dont le petit frère est mort noyé … elle s'en rend responsable malgré les nombreuses séances chez un psy. Fernanda dont la mère anti-IVG l'écrase de toute sa morale.
On en apprend plus sur Carla également, sur sa relation avec sa mère maintenant décédée et la violence dont elle a été victime dans son précédent établissement scolaire. Une mère qu'elle cherche à copier intégralement, physiquement et moralement.
Un roman puissant mais oppressant sur la difficulté à se forger son identité propre.
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Miss Clara l'a conduite dans une cabane isolée, l'a attachée et laissée sur le sol tel un déchet qu'elle pense qu'elle est, cette lycéenne impossible aussi tordue que folle, cette mauvaise fille qui lui pourrit l'existence depuis des mois. Elle a bâillonné ses insultes et rabattu son caquet, a plié son regard, l'a soumise, elle qui s'est crue intouchable. Elle sait, Miss Clara, ce qu'elle a osé faire à Anne-Lise, cette tarée !
Trois femmes : Fernanda, Anne-lise et Clara, et leurs mères – des mères destructrices aux mâchoires puissantes dont les dents laissent des traces au plus profond des âmes. Adolescente ou adulte, la folie rode.
Roman déroutant, percutant, dérangeant, « Mâchoires » décline les séquelles des blessures. Cru et foncièrement charnel, il déverse le sang, les fluides, les chairs – les corps dans leur véracité, les pensées les plus sombres. Les métaphores le composent, s'entrechoquent, vidant le vrai et l'imagé. Elles prennent à la gorge et pourtant ne font pas renoncer à la lecture. On s'accroche, même retourné, à ces mots violents et oppressants : il faut connaître la suite. L'intention de l'auteure. le message. Il faut comprendre puisque que l'écriture est belle et puissante ; elle est un tour de force dont on ne sort pas indemne.
Difficile de vous décrire ma lecture. Ce livre est absolument inqualifiable. A la fois « gothique » et poétique, brutal et sensé, pragmatique et onirique, il déconcerte sans jamais décourager. Il est à découvrir pour flirter avec le risque d'une lecture « hors de sa zone de confort ».
Une lecture ahurissante et addictive.

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Fernanda reprend connaissance dans la cabane où Clara, sa professeure de littérature, la maintient prisonnière.
Pourquoi est-elle là ? Qu'a-t-elle fait pour que sa prof pète un câble au point d' en arriver à une telle extrémité ?
Pour comprendre ce kidnapping, l'auteure met en scène la bande des six jeunes filles et leurs jeux dangereux. Elles sont passionnées et influencées par des histoires d'épouvante qui circulent sur les réseaux sociaux.
« Mâchoires » peut perturber par son aspect, noir, parfois violent, mais passé les cinquante premières pages j'ai lu passionnant thriller psychologique et une solide réflexion sur la violence à laquelle les femmes doivent parfois recourir pour exister.
Le tout servi par une écriture envoûtante.
J'ai pris grand plaisir à découvrir la plume de Monica Ojeda.

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Entre Lovecraft et Bataille, Monica Ojeda raconte les expériences ultimes de lycéennes d'un lycée de l'Opus Dei à Guayaquil.

"Pour moi, la peur de l'âge blanc a commencé au moment où mon corps s'est mis à changer. D'abord une odeur rance. Ensuite deux tétons comme deux hématomes qui se soulèvent, douloureux au frottement. Après, les sécrétions vaginales, comme des mucosites fraîches et blanchâtres. le poil frisé. Les stries. le sang. Cette chose incomplete et indefinie qui vous répugne en nous est tout aussi répulsive pour moi. L'enfance se termine par la création d'un monstre qui se traîne dans la nuit: un corps désagréable, impossible à éduquer. "

Dans cette fable mystique et sexuelle à la Bataille, de très jeunes filles font l'expérience volontaire de la peur, de la violence, de la souffrance et du plaisir. Elles sont riches, jeunes et jolies mais s'ennuient et la prise de risques est enivrante à l'adolescence. D'autant que les deux meneuses sont psychologiquement perturbées, l' une par la mort de son petit frère dont elle se croit responsable, l'autre par une mère castratrice.
La mère est omniprésente, métaphoriquement incarnée par une mâchoire qui broie, grignote, mord et déchiquette. Des mères qui dévorent leurs filles et les filles qui rêvent de dévorer les mères. Lacan n'est jamais loin :" un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes- c'est ça la mère."
Et crocodiles et caïmans hantent les rêves de ces jeunes filles qui découvrent la jouissance dans des morsures sanglantes.

Clara, la professeur-mère des jeunes filles decident de prendre les choses en main et de punir Fernanda parce qu'elle a couvert le corps de sa meilleure amie de morsures, mais aussi et surtout parce qu'elle représente une menace pour sa propre intégrité. Clara est elle aussi une fille broyée par sa mère, mais elle a choisi la voie du miroir.

Monica Ojeda aborde les relations des femmes entre elles sous l'angle de la violence et de la psychanalyse, avec ce regard cru qui désenchante et qui fait du bien, tant les poncifs sont sauvagement repoussés.
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Mâchoires commence avec la séquestration d'une lycéenne d'un établissement d'élite de Guayaquil par sa professeure de lettres. La logique voudrait que s'installe un face à face tendu entre les deux protagonistes mais le troisième roman de l'équatorienne Monica Ojeda va aller bien au-delà, pour analyser les racines du mal. C'est un livre sur la peur et le désir, sur cet "âge blanc" qu'est l'adolescence mais aussi sur la relation mère/fille, vue comme un rapport carnivore, ou encore sur la sororité, qui ne s'exprime pas toujours que par la connivence et la tendresse mais parfois par une tendance au sado-masochisme (bigre). Outre les jeunes filles en fleurs savages (la gent masculine est pratiquement absente), la romancière ne ménage pas non plus l'enseignante, en proie à une terreur quasi constante, en lien avec sa mère morte. Inconfortable, délirante, mystique (entre autres), la prose de Monica Ojeda se situe souvent aux limites de l'acceptable, nourrie à la pop culture, à la psychanalyse et aux creepypastas, ces histoires d'horreur publiées anonymement sur internet. Il peut sembler de temps en temps qu'elle s'égare dans des descriptions organiques et viscérales jusqu'à la nausée mais retombe toujours sur ses pieds. Est-ce du gothique andin comme l'ont écrit certains critiques ? Disons plutôt que c'est un roman de "genre" qui peut rappeler le cinéaste David Cronenberg pour son traitement de l'horreur, voir même le Titane de Julia Ducournau. Pas précisément un lit de roses mais un livre riche en sensations malsaines.


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Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Gallimard pour m'avoir fait découvrir cette auteur.
« Mâchoires » démarre par la séquestration de Fernanda, passionnée de littérature et de films d'horreur, par son enseignante Clara Valverde. La lycéenne et son groupe d'amies ont pris pour souffre-douleur cette enseignante pétrie de troubles anxieux et hantée par sa mère disparue. Pourtant, le roman n'est pas qu'un simple thriller. Monica Ojeda va fouiller au plus profond la psychologie de ses personnages féminins. le groupe des six lycéennes, pour commencer : des amies qui se réunissent dans un bâtiment désaffecté pour faire des expériences et se lancer des défis toujours plus extrêmes, toujours plus malsains ou humiliants. Issues de familles de la bonne société de Guayaquil, scolarisées dans un établissement de l'Opus Dei, elles laissent libre cours à leur fascination pour le sexe, la souffrance, la peur et la mort. J'ai pu découvrir à cette occasion l'existence des « creepypastas », des histoires d'épouvante écrites par des anonymes et relayées sur internet. L'enseignante ensuite : « habitée » par sa mère, morte mais bien présente « dans sa tête », une mère qui n'est pas sans rappeler celle de Norman Bates de « Psychose ». Par ses propos humiliants, son mépris de sa fille, elle est à l'origine des troubles de celle-ci. Dans ce roman, les mères ne sont ni bienveillantes ni aimantes ; les voilà monstrueuses, perverses, figures de la dévoration.
Le roman entrelace habilement les thématiques annoncées par les citations placées en exergue au début du livre : les relations mères-filles, la monstruosité, la blancheur (celle des dents, des mâchoires, de l'adolescence) qui porte déjà en elle l'idée de souillure. Les images sont saisissantes, organiques, et malgré cela, je n'ai pu abandonner ma lecture, tellement l'écriture de Monica Ojeda a quelque chose de fascinant, d'hypnotique. Ce que j'ai aimé également c'est tout le sous-texte de la littérature fantastique qui irrigue le roman : nous croisons Edgar Poe, Maupassant (avec le Horla), Lord Byron et Mary Shelley (avec le final de « Frankenstein » au milieu d'un désert de glace).
L'écriture de Monica Ojeda est, je trouve, une écriture des limites ; elle s'efforce d'approcher la peur pour la transcrire, d'où ce côté mystique, presque hallucinatoire parfois. La citation de Julia Kristeva placée au début du roman est pour cela pleine de sens : « Tout exercice de la parole est un langage de la peur ».
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L'intrigue s'ouvre sur Fernanda, 15 ans, qui se réveille pieds et poings liés dans une cabane en forêt. La ravisseuse, sa professeure de lettres Clara, ne fournit aucune explication. L'adolescente est laissée à elle-même et n'a d'autre choix que de macérer dans son jus (corporel et mental). Une narration polyphonique et un habile jeu temporel nous dévoilent peu à peu les facteurs qui ont mené à cette séquestration.

Le roman met en scène essentiellement des femmes qui entretiennent entre elles des relations toxiques. Mères, filles, enseignantes, élèves, amies, elles s'entredévorent. En reprenant les codes du genre de l'horreur, surtout psychologique, Ojeda traite du passage de l'enfance à l'âge adulte et de la difficulté de s'affranchir. Les rapports de force s'embrouillent et les plus jeunes en mal de sensations fortes confrontent leurs ainées névrosées. J'ai trouvé particulièrement fascinant le personnage de Clara, une trentenaire vulnérable toujours sous l'emprise de sa mère, pourtant décédée depuis des années.

Une superbe expérience de lecture teintée d'humour noir. Ojeda est une nouvelle voix féminine et latine que je suivrai avec plaisir.
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Dans une maison isolée de montagne, une adolescente est séquestrée par sa professeure de lettres. La suite déroule l'implacable et perverse mécanique qui a conduit à cette situation, en se focalisant sur les psychés dysfonctionnelles de la kidnappeuse et de sa victime.
Fille d'un ministre et d'une célèbre avocate militante anti-IVG, Fernanda est une jeune fille de l'élite équatorienne. A ce titre elle fréquente le meilleur lycée privé de sa ville, où l'on inculque à des élèves exclusivement féminines que leur destin se résume à être mères et à aller à la rencontre de Dieu. C'est aussi une adolescente perturbée, qui suit une psychanalyse, où il est notamment question de ses comportements sexuels précoces et de la culpabilité qu'a ancrée en elle la mort par noyade et sous ses yeux de son petit frère, lorsqu'elle avait cinq ans. Mais si traumatisme il y a, il est soigneusement dissimulé sous l'insolence et l'assurance que lui confère son statut de fille privilégiée. C'est une adolescente capricieuse, sournoise et malveillante.

A la tête, avec sa meilleure amie Annelise, d'un petit groupe de filles, elles ont pris possession d'une vieille maison abandonnée où elles se livrent à des rituels pour se faire peur et se lancent des défis parfois réellement dangereux. Nourries de la culture des creepypastas*, elles s'en inspirent pour s'abreuver d'histoires terrifiantes de leur invention, Annelise étant dans ce domaine la maitresse du jeu, s'appuyant sur l'évocation de métamorphoses physiques qui leur sont, en tant qu'adolescentes, familières, pour alimenter d'horrifiques et sanglants récits.

La professeure, c'est Clara López Valverde, jeune trentenaire obsédée par le souvenir de sa mère décédée, pour laquelle elle a toujours éprouvé une fascination pathologique et malsaine, se traduisant notamment par l'imitation systématique et malsaine de l'apparence et du comportement maternels. Elle s'habille d'ailleurs exclusivement avec les vêtements de la défunte, allant jusqu'à reproduire la claudication que sa scoliose provoquait chez cette dernière.

Lorsqu'elle intègre le lycée où étudient Fernanda et ses camarades, elle se remet à peine d'un traumatisme dû à sa séquestration dans sa propre maison par deux élèves de l'école publique où elle enseignait auparavant. La précarité de son équilibre psychique menace à tout moment de la faire basculer dans l'angoisse, bascule que sa révulsion pour la féminité survoltée et la puissance organique que dégagent les corps adolescents des lycéennes malpropres et impolies qui sentent les règles et la sueur, pourrait bien accélérer…

Un affrontement sournois et persistant s'installe entre la professeure et ses élèves, mais aussi entre les élèves elles-mêmes, dont la pseudo-innocence dissimule calculs perfides, désir de domination et cruauté. le climat devient lourd, poisseux, et sourdement inquiétant, alimenté par l'indéfinition dangereuse que représente l'adolescence, entre vide et puissance susceptible d'exploser dans n'importe quelle direction, de faire émerger le plus beau comme le plus vil. Les amitiés se soudent dans la peur et le sang, empreintes d'un désir de transgression où s'entremêlent trouble charnel et sororité.

"C'était cela, une soeur : une alliée contre les origines."

Mónica Ojeda nous livre avec "Mâchoires" un texte sulfureux, qui suscite autant de fascination que de répulsion. Rien, dans cet univers féminin, ne semble sacré. Les relations -mères-filles notamment-y sont corrompues par diverses formes de violence ou de perversion. L'écriture est d'une vigueur et d'une spontanéité qui servent parfaitement le propos.

J'adore !


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Voilà une expérience littéraire incroyable ! Un roman que je qualifierai d'OLNI (Objet Littéraire Non Identifié). Je ne suis pas prête d'oublier « Mâchoires »…

Alors, oui, il m'a fallu un temps d'adaptation. J'ai eu du mal à m'habituer au style de l'auteure, à la construction du roman. Plusieurs fois, je me suis demandée ce que je lisais, ce que je fichais là, pourquoi j'avais choisi ce roman, où voulait m'emmener l'auteure.

Tout commence avec Fernanda, une adolescente élève d'une prestigieuse école de Guayaquil, en Équateur, qui se réveille menottée dans une cabane au milieu de la forêt. Elle est séquestrée par Clara, sa prof de littérature.

Retour en arrière, Fernanda nous fait partager son quotidien avec ses amies. Elles apprécient se retrouver dans un bâtiment désaffecté. Annelise, la meilleure amie de Fernanda, pousse le groupe à explorer la nature de la violence et de la terreur à travers son obsession pour les creepypastas et le culte d'une divinité qu'elle baptise « le Dieu Blanc », imaginant des défis qui commencent innocemment, mais qui, au fil du temps, se transforment en rites de plus en plus pervers.

Clara, quant à elle, tente de reprendre pied, après son agression par deux de ses élèves et la mort de sa mère avec laquelle elle entretenait une relation oedipienne. Si vous êtes mère, accrochez-vous…car la maternité est dépeinte sous un angle totalement négatif.

Peu à peu, le lecteur découvre le lien entre Clara et Fernanda et pourquoi l'une en est arrivée à kidnapper l'autre. « Mâchoires » est un roman absolument déroutant, troublant et dérangeant, il explore les racines de la peur, les relations entre les femmes : mère/fille, amie/amie, enseignante/élève, femme/femme et comment elles peuvent passer de la tendresse à la violence, voire à la perversion.

La plume de Mónica est à la fois poétique, précise et audacieuse, car très imagée. A titre d'exemple, Anelise appelle l'adolescence « l'âge blanc ».

L'auteure élabore un thriller horrifique et psychologique, minutieusement construit, énigmatique et bouleversant. Un roman explorant le côté sombre de la féminité, où les hommes sont absents, ou presque. Grâce à un fort pouvoir de suggestion, mélangeant volontiers délire et réalité, utilisant la terreur cosmique dans le plus pur style de Lovecraft, Mónica dépeint les peurs et les réactions de ces adolescentes, occupées à se construire, grandir et apprendre. On retrouve même une référence au body horror, de manière subtile, avec la maladie dont souffrait la mère de Clara. Fascinant !

« Elle n'avait jamais pu dire à sa mère, agonisante sur un lit d'hôpital avec sa colonne transformée en boa, qu'avoir peur de mourir c'était bien pire que mourir tout court. »

Elle repousse encore plus les limites en incluant à son récit ces fameux creepypastas, ces histoires d'horreur publiées anonymement sur internet, généralement fictives, enfin…en théorie, mais sait-on jamais ?

Les dernières pages sont un condensé magistral d'horreur et de suspense. Une immersion dans la nature humaine, dans son côté le plus extrême.

« Mâchoires » joue avec l'esprit du lecteur, brouillant son environnement. C'est extrêmement dérangeant, ce qui en fait un excellent roman d'horreur psychologique. Atypique et envoûtant, je dois bien l'avouer.

Il ne plaira pas à tout le monde, mais, si vous osez tenter l'aventure, je suis persuadée que vous en reviendrez différent. Oserez-vous vous glisser entre ces mâchoires blanches ? Au risque de vous faire broyer ? Ou aimé ?

Je vais rajouter une mention spéciale à Alba-Marina Escalón, la traductrice du roman, qui a réussi à retransmettre toutes les émotions et les particularités de cet ouvrage et de la plume de Mónica.

J'ai eu la chance de participer à une rencontre virtuelle avec Mónica, je vous en reparle très vite !

« Salut, je m'appelle Anne et mon Dieu est une luciole givrée, chanta Annelise en se déhanchant, la main posée sur sa taille. Il dit être mon amant et porte de hauts talons aiguilles. Il met du rouge à lèvres pour m'embrasser la gorge et danser pour moi une lambada rouge quand j'ai le cafard. Sa tenue scintille au petit jour : ses ongles charrient les cadavres des insectes écrasés qu'il a extirpés de ma tête. »

Je remercie Babélio et les Éditions Gallimard pour cette lecture.

#Mâchoires #MónicaOjeda #Gallimard

mâchoires7754892746626440919.
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