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EAN : 9782917738160
168 pages
Synchronique Editions (01/10/2013)
3.92/5   25 notes
Résumé :
À travers la Voie du Thé, Okakura nous révèle la Quintessence de l'âme japonaise. C'est une porte ouverte vers l'Orient et son raffinement matériel comme spirituel.

Enfant du zen et du Tao, la Voie du Thé est un véritable art de vivre qui, par le partage d'un délicieux breuvage, invite à revenir à l'essentiel : apprécier la beauté partout présente et la magie de l'instant.

Publié en 1906, Le Livre du Thé est un classique dont le propos,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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En février 1854 le commodore Perry arrive à la tête d'une escadre pour forcer le Japon à s'ouvrir au commerce avec l'Occident. Ceci met objectivement fin à 2,5 siècles de séparation entre ce pays et le reste du monde.
Seulement huit ans après, en 1862 donc, naît à Yokohama le fils d'un samouraï de haut rang, Okakura Kakuzô. En 1904 ce dernier ira travailler au musée des beaux-arts de Boston dont il deviendra le conservateur du département des arts chinois et japonais jusqu'à sa mort en 1913. Entre-temps, en 1906, il écrira ce magnifique ouvrage qu'est le livre du thé. Ce dernier est, je pense, incompréhensible s'il n'est pas situé dans le contexte qui précède.
Hokusai, dont de sublimes estampes illustrent ce livre, est né plus tôt, en 1760, mais lui aussi a représenté à sa façon un pont entre l'Orient et l'Occident, en associant par exemple aux techniques traditionnelles le bleu de Prusse et en rompant avec la tradition de l'ukiyo-e. Ses oeuvres inspirèrent par la suite différent artistes dont de nombreux impressionnistes.
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Avant de commenter le texte je voudrais insister sur deux points. Pour commencer je remercie vivement la Babeliote qui m'a offert cet ouvrage pour les fêtes de fin d'année. Elle se reconnaîtra évidemment et se manifestera si elle le désire. Ensuite je voudrais commenter l'Objet-Livre lui-même. Une fois n'est pas coutume je trouve que cela en vaut la peine. Les éditions Synchronique nous proposent en effet un ouvrage charmant. Sa petite taille fait qu'il est très facile à transporter dans une poche. Son cartonnage assez épais en fait un objet plaisant à manipuler et raisonnablement solide. Les estampes de Hokusai mais aussi la photographie de l'auteur en robe traditionnelle contribuent à nous immerger dans cet univers pour nous très singulier. La couverture esthétique, de même qu'un élastique de la couleur de la reliure permettant idéalement de servir de marque-pages, achèvent de rendre cet objet précieux et fonctionnel pour qui l'apprécie, le tout pour une somme modique : 12,90 €. L'ensemble est à la fois charmant et dépaysant, en parfaite harmonie avec le sujet.
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Ce petit mais grand livre se décompose en sept chapitres. le premier nous résume le parcours de cette boisson qu'est le thé depuis l'Antiquité jusqu'au moment où l'auteur a écrit l'ouvrage. Il nous loue aussi cette boisson et réalise un comparatif amusant des cultures occidentales et orientales tout en abordant leur façon de se regarder sans se voir. le second chapitre nous présente les écoles de thé à savoir les différentes façons de le réaliser selon les époques et les pays. le quatrième nous présente de façon détaillée le lieu idéal pour le déguster à savoir la chambre de thé, et toutes les cérémonies qui lui sont associées. le septième et dernier nous présente sommairement quelques-uns des plus célèbres maîtres de thé. Entre-temps le chapitre trois nous offre quelques réflexions sur le Tao et le Zen, le chapitre cinq nous propose des réflexions sur le sens de l'art et le sixième nous explicite le rôle particulier que tiennent les fleurs dans la cérémonie du thé. L'ensemble de ces chapitres contribue à nous mettre dans l'ambiance particulière qui correspond à la dégustation du thé en Orient et qui élève cette pratique au rang d'art de vie comme de philosophie pouvant guider une existence.
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Si vous comptez sur cet ouvrage pour apprendre à réaliser un « bon thé », ne l'achetez pas vous serez déçus. Ce n'est absolument pas le sujet. Inversement si vous désirez, à partir de cette boisson, en apprendre plus sur la culture asiatique, cet ouvrage vous ravira. Si vous êtes amateurs de beauté aussi. Ce peut être par ailleurs une excellente clé d'entrée pour avoir un aperçu de certaines philosophies asiatiques dont, bien entendu, le Tao et le Zen. Vous trouverez en prime quelques réflexions qui se rattachent au Wabi Sabi.
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Pour conclure, je trouve que le fait que ce livre ait été écrit il y a un peu plus d'un siècle est extrêmement intéressant. Nous y trouvons par exemple déjà en filigrane une critique qui reste particulièrement pertinente aujourd'hui de notre monde occidental, d'une forme de vulgarité, d'une perte de sens de la beauté et de la vie, et d'un consumérisme submergeant le reste. Ce regard d'un noble japonais sur le capitalisme américain du début du XXe siècle reste profondément actuel et peut nous donner matière à réfléchir sur nos vies quotidiennes aujourd'hui. Rien que pour cela ce livre vaut plus que le détour. Mais, au-delà de ce point qui m'a intéressé mais qui peut sembler anecdotique, il peut vous offrir un premier cheminement vers plus de sagesse ou, plus modestement, l'occasion de vous instruire tout en admirant des oeuvres de Hokusai. Je le conseille sans modération.
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La vie de Kakuzô Okakura a couvert toute la période de l'ère Meiji, ouverture accélérée du Japon à l'Occident. Contemporain de Soseki Natsume, il a comme lui beaucoup voyagé, en Europe et aux Etats-Unis. Son livre du thé est adressé aux Occidentaux.

On ne peut qu'être admiratif de l'esprit de synthèse de l'auteur, qui parvient à concentrer tout ce qu'il faut savoir sur le thé en tant que charge symbolique de la culture orientale. C'est ici non pas la plante, le produit en lui-même qui l'intéresse, mais le cérémonial de sa préparation et tout ce qui l'accompagne pour en faire un moment quasi-mystique de la vie quotidienne. Religion, histoire et art nous accompagnent au long de ces pages dans des trésors d'érudition, de philosophie et de poésie.

Okakura, après avoir regretté que ces deux mondes, Orient et Occident ne se comprennent guère, avance que le moment du thé est le trait d'union qui met tout le monde d'accord, tant il a acquis un caractère universel. Il retrace ensuite dans une explication passionnante l'histoire de la préparation du thé, cette plante originaire du sud de la Chine, qui a évolué au fil des dynasties impériales : « le gâteau de thé bouilli, la poudre de thé fouettée et la feuille de thé infusée manifestent les élans émotionnels distincts des dynasties chinoises Tang, Song et Ming. Si nous nous permettions d'emprunter les termes rebattus des classifications artistiques, nous pourrions les désigner respectivement comme les écoles classique, romantique et naturaliste du thé. » On apprend que le poète Lou Yu a produit un véritable code du thé au VIIIème siècle, qui inclut la plante, la préparation et les ustensiles, et aussi, oh surprise, qu'on a longtemps ajouté du sel à l'eau dans laquelle l'infuser. L'art du thé a pris son essor avec le taoïsme de Lao-Tseu et Tchouang-Tseu en Chine du sud, plus en phase avec la nature et la notion d'impermanence des choses, où l'individu se meut dans l'évolution du monde, quand le confucianisme de Chine du nord proposait une vision plus rigide et rigoriste. L'auteur nous explique ainsi que le zen japonais, issu du taoïsme, a adopté l'art du thé et lui a permis ensuite d'en perpétuer la tradition quand elle fut détruite en Chine par les soubresauts de l'histoire, notamment lors des invasions mongoles. C'est le passage le plus complexe du livre, qui nécessite probablement de plus amples connaissances préalables sur la distinction entre ces deux doctrines issues du bouddhisme.

Après nous avoir décrit l'univers particulier de la Chambre de thé, et sa décoration d'un dépouillement extrême, propice à faire le vide et savourer l'instant présent, Okakura égratigne encore le goût occidental pour la symétrie des objets et leur foisonnement excessif, en nombre et en couleurs saturant l'espace, quand le Japonais préfère l'asymétrie, la non-répétition des formes et couleurs, et le dépouillement. Evoquant l'importance du tokonoma, ce petit espace de renfoncement plus sombre situé dans la pièce maîtresse de l'habitation, qui met en valeur un vase avec une sobre composition florale et un tableau, il m'a absolument rappelé ma récente lecture d'Eloge de l'ombre de Tanizaki.

Mais le meilleur est peut-être pour la fin, avec le sixième et avant-dernier chapitre sur les fleurs. C'est probablement la plus belle prose jamais écrite pour rendre hommage aux fleurs, victimes totalement désarmées face à la main de l'homme, sans lesquelles sa vie serait quasi-impossible, tant elles nous accompagnent du berceau à la tombe. Un pur bonheur poétique : « Leur tendresse sereine nous rend un peu de notre confiance déclinante en l'univers, de la même façon que le regard résolu d'un bel enfant nous rappelle nos espoirs perdus. Lorsque nous sommes couchés dans la poussière, ce sont elles qui s'attardent à pleurer sur nos tombes. »

Enfin, il conclut avec le triste et noble sort du moine zen Rikyû, figure de la Voie du thé, serviteur du futur et fameux shogun Hideyoshi. Soupçonné de complot pour l'empoisonner par une tasse de thé vert, il prépara pour ses disciples une dernière et émouvante cérémonie du thé juste avant son exécution.

Au terme des sept chapitres, nous nous sentons plus instruits, et apaisés par cette poésie imprégnée du zen dont la cérémonie du thé est indissociable. le livre du thé n'est pas un livre sur le thé, mais sur la spiritualité entourant le cérémonial du thé, sur sa symbolique de l'âme orientale et spécifiquement japonaise. Dès lors qu'on a compris cela et qu'on se satisfait de ce parti, on a là sous la main un grand petit livre, dont les éditions françaises se sont multipliées ces dernières années. Pour ma part, j'ai choisi Synchronique, pour le format très réduit qui permet vraiment de le glisser dans une poche, et qui est parsemé d'estampes d'Hokusai. Un véritable régal à lire et relire.

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Le livre du thé d' Okakura Kakuzo en format pratique , un peu plus petit qu'un livre de poche mais cartonné avec des illustrations d'estampes de toute beauté de Katsushika Hokusai , lorsqu'on contemple ces estampes , on se sent dans un univers de pureté , de dépouillement
Ce livre du thé a été publié en 1906 ! , c'est un livre qui est un pont entre l'orient et l'occident , il faut savoir que le Japon ne s'est ouvert à l'occident que vers les années 1850 mais restait en ce début de vingtième siècle , bien étranger aux yeux occidentaux .
Le livre du thé nous explique de façon toujours très claire que la cérémonie du thé est un véritable art de vie , avec son rituel complexe .
C'est tout un art de vie qui invite à la sérénité , qui apporte l'apaisement , boire une tasse de thé est un moment de partage de beauté .
Ce livre explique que l'art du thé ou la Voie du thé est un mélange de zen et de tao , il y a d'ailleurs dans ce livre un chapitre intitulé Tao et Zen
De nombreuses anecdotes , des contes égaient ce livre qui ne s'adresse pas exclusivement aux amateurs de thé mais aussi à tous les amoureux du monde oriental
Je remercie Synchronique Editions pour cet envoi .
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Composé au début du XXème siècle, en anglais, le livre du thé est rapidement devenu un grand classique. Son objectif premier, faire découvrir aux occidentaux la culture orientale et plus particulièrement celle du Japon a depuis été largement atteint.

Le propos est extrêmement court. Il se dévoile au fil de sept chapitres, chacun ciblant un thème bien précis. L'ensemble est très bien écrit et donc très bien traduit. le style est fluide. Il ne s'agit pas ici d'un ouvrage consacré au thé mais plutôt au rôle que joue le thé dans la culture asiatique. Il n'est donc pas ici question de découvrir un catalogue des différentes variétés, ou un traité sur le précieux élixir. Il est presque question de philosophie ici, car de nombreuses maximes peuvent donner lieu à réflexion et à approfondissement.

L'approche est originale et déroutante. Il est ici question de nombreuses thématiques : la place des maîtres du thé, leur importance, leur compétences (qui s'étendent jusqu'à la décoration et au-delà), l'impact du thé sur l'architecture et la culture japonaise… L'objectif est clairement d'approcher la culture japonaise aves ses spécificités. Il est assez surprenant de découvrir le rituel du thé rapidement esquissé en fin de volume. L'auteur ne dévoilera pas non plus, les étapes à franchir pour devenir un maître alors qu'il cite plusieurs grands classiques.

Le chapitre six est intégralement consacré aux fleurs. Après la lecture de cet éloge, vous ne verrez plus jamais une fleur de la même manière. Ces quelques pages méritent d'être lues, relues, de donner matière à réflexion. Elles justifient à elles celles l'achat de ce livre et sa promotion auprès de vos proches !

Les éditons Synchronique ont ici fourni un travail de grande qualité. le prix n'est certes pas bon marché, mais l'ouvrage vaut le détour : couverture cartonnée avec un élastique permettant de fermer l'ensemble, papier glacé de qualité, préface, quelques annexes... Les illustrations, reproductions d'oeuvres de Katsushika Hokusai achèvent de rendre le tout franchement agréable et plaisant.

Cette nouvelle édition est donc une belle découverte, une bonne idée cadeau et une belle pièce de collection pour une bibliothèque. Elle est d'autant plus intéressante, qu'elle ne prendra guère de place.
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Je remercie vivement Babelio et à Synchronique Editions pour l'envoi de ce petit livre lors du dernier Masse Critique.
Cela fait plusieurs mois que je l'avais remarqué (à cause de son titre) et j'ai été ravie d'apprendre que j'allais le recevoir!


L'aspect visuel est très agréable. Cette nouvelle édition est plus petite que dans mon imagination, mais agréable à tenir en main. de plus, il y a régulièrement de magnifiques estampes du peintre au long de la lecture, (dont on a la biographie très intéressante à la fin du livre) qui font rêver.

Bref, c'est un véritable plaisir de le feuilleter et de le découvrir.


Pour ce qui est du contenu :
Il faut savoir une chose : j'adore le thé.
C'est bien simple, je pense que je bois facilement deux fois plus de thé que d'eau. J'en bois tout le temps et partout (chez moi, au travail, chez les autres…), aussi bien l'été que l'hiver. J'ai une collection de théières, tasses et de thé qui commence à prendre pas mal de place!
J'aime uniquement le thé noir et sans sucre (je fais une exception pour le thé vert au jasmin, mais pas trop souvent).


Donc, logiquement, cet ouvrage ne pouvait que m'intéresser et me plaire.


Il faut bien avoir en tête que cet ouvrage a été écrit en 1906. C'est-à-dire environ à l'époque où le Japon s'ouvrait au monde -et surtout à l'Occident- après une absence de plus de 200 ans!
L'auteur, Okakura Kakuzô a écrit ce livre en anglais, pour les occidentaux, afin qu'ils puissent se familiariser avec son pays, comprendre ses coutumes trop souvent ridiculisés et détournés de leur véritable sens, en centrant son propos tout particulièrement sur la cérémonie du thé.


L'ouvrage est coupé en plusieurs chapitres qui évoquent les grands points : le thé en lui-même, la chambre de thé (pièce primordiale pour recevoir ses invités), les points communs entre le taoïsme (et le zen) et les écoles de thé, les fleurs et les maîtres de thé…

J'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les différentes façons de faire le thé avec les différentes écoles, ainsi que les différentes étapes pour préparer correctement ce breuvage.
Si j'en crois cet essai, je bois mon thé comme une sauvage!^^
Je ne me doutais absolument pas qu'il pouvait y avoir tellement de façons différentes de faire un thé! Moi je ne connais que la méthode d'infusion. C'était vraiment intéressant de comprendre comment le thé a été fait et préparé à travers les siècles. Comment on en est arrivé au thé d'aujourd'hui.

Pour ce qui est de la cérémonie de thé, j'ai eu l'impression de me retrouver devant une étiquette aussi compliquée que celle de Versailles!
Tout compte : le jardin, l'emplacement de chaque objet choisi avec soin, les fleurs, les couleurs, l'objet d'art exposé, le thé, les invités…

Le chapitre sur le rapprochement entre les écoles de thé et le taoïsme était également intéressant (surtout que je n'y connais absolument rien!) : on voit comment le thé, la préparation du thé et de la cérémonie sont une manière de vivre en paix avec le monde et soi-même au quotidien. Tout le temps, les maîtres du thé recherche la perfection.
Les leitmotivs de ces maîtres sont "l'humilité, l'harmonie, le respect et l'écoute" (mots peu mis en action ces derniers temps!). le zen et les cérémonies de thé, ce sont les mêmes émotions, les mêmes sentiments : être en paix.


——————————————

Je remercie encore une fois vivement babelio et Synchronique Editions pour cet envoi. J'ai trouvé ce livre vraiment passionnant et cela m'a donné envie d'en découvrir un peu plus sur les coutumes du japon et leurs cérémonies de thé! Je le conseille aux personnes qui aiment ou le pays, ou la boisson
Lien : http://writeifyouplease.word..
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
C'est dans la cérémonie japonaise que nous voyons culminer les idéaux du thé. Notre résistance victorieuse à l'invasion mongole de 1281 nous a permis de poursuivre le mouvement Song malheureusement interrompu en Chine par les incursions nomades. Le thé devint chez nous plus que la sublimation d'une manière de boire : une religion de l'art de vivre. Il devint une excuse à l'adoration de la pureté et du raffinement, une cérémonie sacrée dans laquelle l'hôte et l'invité communient afin de produire la plus haute béatitude au sein de l'ordinaire. La chambre de thé était une oasis perdue dans le désert morne de l'existence où les voyageurs las pouvaient se rencontrer afin de boire à la source commune de l'émotion artistique. La cérémonie était un drame improvisé dont l'intrigue se tissait autour du thé, des fleurs et des peintures. Nulle couleur pour trancher avec les teintes de la pièce, nul son pour gâter le rythme des choses, nul geste pour altérer l'harmonie, nul mot pour briser l'unité du cadre ; tous les mouvements devaient être simples et naturels ─ tels étaient les objectifs de la cérémonie du thé. Et, assez étrangement, cela fonctionnait souvent parfaitement. Car une philosophie subtile réside derrière tout cela. La Voie du Thé n'est que le taoïsme sous un autre visage.
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Dites-moi, douces fleurs, larmes des étoiles dans nos jardins, hochant vos têtes vers les abeilles qui chantent la rosée et les rayons du soleil, êtes-vous conscientes du terrible sort qui vous attend ? Rêvez, balancez-vous et folâtrez tant que vous le pouvez dans les douces brises de l'été. Car demain, une main impitoyable vous prendra à la gorge. Vous serez arrachées, démembrées, emportées loin de vos paisibles demeures. Cette main misérable, elle, passera pour belle. Elle vous dira peut-être combien vous êtes attendrissantes alors que ses doigts seront encore humides de votre sang. Dites-moi, est-ce cela la douceur ? Votre destin sera probablement d'être emprisonnées dans les cheveux d'une telle, que vous savez sans coeur, ou d'être épinglée à la boutonnière d'un tel, qui n'oserait vous regarder droit dans les yeux si vous étiez un homme. Votre sort vous trouvera peut-être même confinées dans quelque vase étroit, avec de l'eau stagnante pour seul apaisement à la soif insupportable de votre agonie.
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Mais la plus grande contribution du taoïsme à la vie asiatique relève du domaine esthétique. Les historiens chinois ont toujours parlé du taoïsme comme de "l'art d'être au monde" car il s'adresse à notre moi présent. C'est en nous que Dieu rencontre la Nature et qu'hier se distingue de demain. Le Présent est l'Infini en mouvement, le domaine légitime du Relatif. Le Relatif recherche l'Ajustement ; l'Ajustement, c'est l'Art. L'art de la vie réside précisément dans un constant réajustement à notre environnement. Le taoïsme accepte la réalité prosaïque telle qu'elle est et, à l'inverse des confucéens ou des bouddhistes, il tente de trouver la beauté au sein même de notre monde d'adversité et d'inquiétude.
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Captivé par sa technique, l'homme moderne s'élève rarement au dessus de lui-même. [...] il chante pour lui seul. [...] Une femme ne peut aimer un homme profondément vaniteux car le cœur de ce dernier ne possède aucune fissure par où l'amour puisse pénétrer. En art, la vanité est tout aussi fatale au sentiment de communion, qu'elle provienne de l'artiste ou du public.
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La lutte cyclopéenne pour la richesse et le pouvoir a fait, en effet, voler en éclats les cieux de l'humanité moderne. Le monde tâtonne dans les ténèbres de l'égocentrisme et de la vulgarité. La connaissance s'achète au prix d'une mauvaise conscience, la bienveillance est pratiquée par des esprits utilitaristes. L'Est et l'Ouest [...] lutte en vain pour retrouver la beauté de la vie. [...] Buvons une tasse de thé, rêvons d'évanescence et attardons-nous dans la belle folie des choses.
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