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Popularisée en France grâce à son roman « Qui a peur de la mort ? », Nnedi Okorafor est une autrice américaine naviguant aussi bien entre la fantasy, le fantastique et la SF, les romans adultes et la jeunesse, mais aussi la forme courte ou la forme longue. Son univers sort indubitablement des sentiers battus, que ce soit en terme de décor (une Afrique post-apocalyptique dans laquelle la magie a refait son apparition) ou de thématiques (le viol comme arme de guerre, l'excision, les ressorts qui conduisent au génocide, ou encore l'émancipation par l'art). « Le livre de Phénix » se veut une préquelle indépendante de l'histoire d'Onyesonwu et vise à relater les événements qui ont précédé et mené à l'apocalypse. le roman met en scène une femme âgée en apparence d'une quarantaine d'années, née et « amenée à maturité » dans la Tour 7, l'un de ces immenses édifices implantés un peu partout dans le monde et dans lesquels des scientifiques se livrent à toutes sortes d'expérimentations secrètes. Remplies de speciMen, des créatures génétiquement modifiées selon différentes méthodes et avec différents objectifs, ces tours et les personnes qui y travaillent semblent disposer d'une impunité totale et de moyens exceptionnels pour façonner l'humanité de demain. Les résultats ne sont cependant pas toujours à la hauteur de leurs attentes, les différents sujets réagissant parfois mal à ces transformations radicales. Bien que les rapprochements entre résidents soient proscrits, Phénix s'est liée au fil des mois avec Saeed, un autre Speci-Men qui, contrairement à beaucoup d'autres, paraît encore capable d'interagir et de sociabiliser. Mais lorsqu'on lui annonce le suicide de ce dernier, notre héroïne se résous à voir son environnement pour ce qu'il est réellement, non pas une bulle la protégeant du reste du monde mais une prison. Dotée d'une puissance extraordinaire qu'elle commence tout juste à appréhender, la jeune femme va prendre la fuite avec une obsession en tête : venir à bout de toutes les autres tours, libérer les Speci-Men enfermés, et comprendre d'où elle vient et quel est l'objectif recherché par celles et ceux qui sont à l'origine de ces expériences.

Phénix est un personnage ambivalent et qui porte l'essentiel du récit sur ses épaules. Difficile à cerner en raison de la distance qu'elle impose entre elle, narratrice, et le lecteur, l'héroïne n'en demeure pas moins attachante. Marquée par les épreuves qu'elle a du subir et rongée par la colère qu'elle éprouve envers ses anciens geôliers, la jeune femme réagit de façon complexe, et donc très humaine, aux événements qui résultent de son évasion. Habitée par un désir de vengeance en passe de la consumer, Phénix est un personnage puissant qui tente en permanence de cerner les mécanismes qui ont conduit à son exploitation et celle des autres Speci-Men. Elle se rapproche ainsi beaucoup d'Onyesonwu, la petite sorcière revêche de « Qui a peur de la mort », toutes deux assumant leur passé, aussi douloureux soit-il, et désirant ardemment renverser le système de domination à l'origine de leur souffrance. L'intrigue, en revanche, est bien moins maîtrisée et souffre de problèmes de rythme, à commencer par de nombreuses longueurs qui rendent parfois la lecture laborieuse. le récit part régulièrement dans des directions inattendues qui, sans être inintéressantes, s'apparentent souvent à des digressions. L'autrice a voulu dire beaucoup de choses, trop sans doute, si bien que le roman possède un aspect un peu brouillon nuisible pour l'attention du lecteur qui ne peut s'empêcher de temps à autre de décrocher. de nombreuses réflexions amorcées ici par Nnedi Okorafor sont pourtant intéressantes et rejoignent en partie celles déjà évoquées dans « Qui a peur de la mort » ou dans plusieurs nouvelles du recueil « Kabu Kabu » : le racisme, bien sûr, et plus largement les différentes manières dont s'exerce une domination ; la violence et jusqu'où elle peut aller ; mais aussi la puissance potentiellement destructrice d'un récit. Autant de thématiques passionnantes qui sont malheureusement ici traitées de manière trop confuse.

« Le livre de Phénix » est un roman difficile à saisir dont l'objectif est d'expliquer l'origine de l'apocalypse qui donnera lieu bien des années plus tard au monde tel que dépeint dans « Qui a peur de la mort ». Nnedi Okarafor met en avant des sujets selon un angle original et est parvenue à donner vie à une héroïne complexe particulièrement poignante, mais le récit souffre de longueurs, sources de confusion et, parfois, de lassitude chez le lecteur.
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Le Livre de Phénix est un conte pré-apocalyptique brûlant qui s'est déjà illustré en recevant le prix Kund Lakwitz du meilleur roman étranger et en étant finaliste des prix Campbell et Arthur C. Clarke.

Phénix est un organisme accéléré aux capacités bien supérieures à celles d'un humain lambda. Crée dans l'une des tours préposées aux expérimentations génétiques, elle ne se pose que peu de questions quant au sens de ces expériences et à son propre rôle dans tout ceci, mais tout change après le décès de son amant, Saeed. En cherchant à comprendre ce qui lui est arrivé, elle va prendre la mesure de l'ignominie perpétrée entre ces murs et chercher par tous les moyens à y mettre un terme. Or, une seule solution s'impose à elle : la fuite afin d'avoir les mains libres pour détruire toutes les tours. Elle est rejointe par d'autres dans sa quête de vengeance et de justice, pour autant, pourront-ils réussir l'impossible ?

Le Livre de Phénix est un récit de science-fiction qui dessine le futur d'une humanité génétiquement modifiée.

En nous attachant aux pas de Phénix, Nnedi Okorafor donne une réalité aux rêves et fantasmes de quelques scientifiques. En effet, elle y a imaginé la création d'êtres supérieurs, réalisés à partir de cellules humaines dont la croissance est accélérée et côtoyant des humains également améliorés ou des créatures hybrides modifiées ou fusionnées avec d'autres.

Sous le couvert de faire progresser la recherche et de trouver des remèdes à de graves maladies, des expériences scientifiques sans aucune éthique sont menées ici. Balayant la souffrance des êtres créés ou modifiés, les scientifiques en charge agissent sans le moindre état d'âme, ni esprit critique. Mauvais traitements, exploitation et déconsidération, voilà ce que subissent jour après jour les créations entre les murs de ces tours.

En mettant l'accent sur ces dérives scientifiques, Nnedi Okorafor alerte sur les dangers d'une science mégalomane qui pulvérise la morale au profit d'intérêts privés.

En outre, elle souligne aussi l'importance de prendre en compte les sentiments et les émotions de ces êtres qui ne doivent en aucun cas être considérés comme des choses sous peine de faire naître la révolte.

Le Livre de Phénix nous parle de futur mais aussi de présent et de passé car l'autrice y dénonce aussi les abus et les outrages que le peuple africain subit sous la forme d'essais cliniques sauvages et non consentis. Ce roman est donc aussi un coup de gueule d'une autrice qui souhaite que les minorités cessent d'être les victimes de puissances rêvant à l'immortalité ou au profit.

Comme le Livre de Phénix est vraiment un récit puissant riche de sagesse et de sagacité, il lui fallait une héroïne incandescente pour porter cette histoire pleine de férocité. Or, Phénix incarne tout ça et même plus encore car elle est une âme qui ne meurt jamais et renaît toujours de ses cendres. A chaque coup d'éclat la poussant à s'embraser, elle revient plus forte, plus déterminée pour mener à bien sa quête. Révoltée et insoumise, elle s'est arrogée la mission de faire cesser ces atrocités. Pour ce faire, elle est disposée à envoyer un message fort à l'organisation gouvernementale qui se cache derrière le financement de ces expérimentations, en détruisant tous les laboratoires. Fière et téméraire, elle brave tous les dangers et louvoie même pour échapper à une traque sans merci.

Lire son histoire est une expérience bouleversante car on ne peut pas rester indifférent à ce destin qui s'écrit dans la peine et la douleur. On ne peut donc que s'attacher à cet esprit libre en quête de justice et d'humanité.

Avec le Livre de Phénix, Nnedi Okorafor signe un texte passionnant qui nous questionne quant au futur que l'on peut souhaiter à l'humanité. Magnifiquement écrit, ce livre happe dès les premières pages au point de ne pas avoir envie de le lâcher, alors je vous le recommande...suite sur Fantasy à la Carte.

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Alors, c'est un roman qui me laisse un avis mitigé. J'y ai découvert de bonnes choses, mais d'autres mon laissé un peu circonspect. Je ne connaissais pas l'auteur avant cet ouvrage.


Tout d'abord, le livre en tant que tel est assez joli et sa couverture reprend les éléments forts du roman, l'héroïne, le feu, et les brins d'adn. Une couverture qui m'avait donné envie de découvrir ce qu'il renfermait. Ce qui est assez rare chez moi, mais à croire qu'en vieillissant j'apporte de l'attention à l'écrin.


L'histoire en tant que telle n'a rien de folichonne, on va partir sur une situation bien brossée, ou l'on comprend rapidement ou l'on est et dans quel contexte. Après un élément déclencheur, on va basculer sur quelque chose d'assez monomaniaque pour notre héroïne : la vengeance. le pitch est léger, mais l'univers dans lequel cela se déroule est attractif et relativement immersif.


J'ai trouvé que les personnages n'étaient pas assez poussés, j'entends par là que leur arc est assez simple, pas trop de rebondissements ou d'évolutions. Quelques infos glanées sur leur passé, mais je ne trouve pas que cela impact concrètement leur caractère. En somme des personnages un poil plat ; peut-être Saaed qui sort un peu du lot.


Ensuite, j'ai trouvé la plume de l'auteur assez inégale au fil du roman. J'ai eu le ressenti que l'auteur avait d'excellentes idées, mais que l'écriture n'exploitait par de manières évidentes le potentiel de l'univers qu'elle avait entre les mains. C'est dommage, par endroit cela aurait mérité une attention plus poussée pour vraiment nous happer.

La mise en page et la traduction n'ont peut-être pas aidé non plus, mais par endroit ça avait l'air un peu décousu, un sentiment difficile à retranscrire.


Cependant, je ne vais pas bouder mon plaisir, je me suis concentré sur les choses qui me plaisaient le plus et ai passé un bon moment. Mais ce goût d'inachevé est présent.


Les thèmes principaux sont vraiment mis en avant, le racisme, les modifications génétiques, l'ambiance pré-apocalyptique, l'écologie, le rapport à la nature.
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J'aime beaucoup l'oeuvre de Nnedi Okorafor, très distincte et forte. Avec le livre de Phénix, l'autrice nous replonge dans une l'univers de Qui a peur de la mort ? dans un préquelle de son autre roman. J'avais hâte de lire cette extension de l'histoire de cet univers très mémorable.

Le livre de Phénix nous propose un monde apocalyptique. C'est un roman qui nous plonge dans les derniers moments d'une société à bout de souffle. Nnedi Okorafor met en scène des êtres modifiés enfermés dans des tours immenses. Les scientifiques, apprentis magiciens, tentent de manipuler la génétique pour créer des êtres supérieurs. Phénix est un organisme accéléré qui n'a jamais rien connu d'autre. Inexpérimenté, elle vit à travers les livres numériques qu'elle dévore à foison, peu curieuse du monde extérieur.

Ce dernier meurt à petit feu. catastrophes naturelles, monstres, robots mortels et guerres civiles sont devenus le quotidien des populations, qui vivotent malgré tout. Malgré les temps difficiles, Phénix découvre des communautés solidaires dans lesquelles elle parvient, pour un temps, à trouver une forme de paix. Mais sans compter sur ses Geôliers, les scientifiques fou à l'humour tordu qui la retrouvent régulièrement, détruisant au passage tout ce qu'elle a pu construire. En retour, elle se lance en quête de vengeance et de destruction.

Phénix est un personnage complexe. de par son nom, on a l'idée qu'elle sera amenée dans la Renaissance du monde. Mais comme pour l'oiseau mythique dont elle tire son nom, cela ne passera que par l'anéantissement. D'elle-même dans un premier temps. Car, dans un parallèle christique, Phénix se consume à plusieurs reprises pour mieux renaître. Ce qui prendra d'autant plus de sens à la fin du livre, même si elle est souvent comparée à un ange vengeur. Elle à fois soleil et incendie. Son pouvoir est de brûler de l'intérieur pour mieux réchauffer, tout comme elle peut anéantir.

Mais Phénix n'est pas la seule à être un symbole. Dans plusieurs passages du roman, l'opposition entre nature et technologie apparaît. Dans la tour d'origine de l'ange de feu, un arbre géant finit par pousser de manière incontrôlable. Notre héroïne finit par récupérer une graine précieuse qu'elle déposera en Afrique. Ses alliés, Saeed, surnommé la graine, est une arme vivante capable de se nourrir de ce dont un humain ne peut. Quant à Mnuo, il est seul à échapper au contrôle du Grand Oeil grâce à sa capacité à passer à travers la matière, montrant comment il échappe à tout un système.

Le livre de Phénix nous entraîne dans une série de voyages. Nnedi Okorafor maîtrise très bien son rythme : je me suis vraiment très peu ennuyée. Nous faisons face à un roman d'apprentissage qui se mue en vengeance. Phénix commence par fuir l'Amérique, puis décide de mettre un terme aux agissements du Grand Oeil en s'attaquant au mal à la racine. On voyage d'un bout à l'autre du monde, avec des personnages variés. le point de vue de Phénix est très unique, teintée de colère, mais rendue charmant par son inexpérience et son amour pour la lecture.

Mais malgré la puissance de l'héroïne et des messages portés, j'ai trouvé parfois l'enchaînement des événements artificiel. Il y a des moments où je n'étais plus certains de comprendre où l'histoire nous emmenait, ce que l'autrice souhaitait faire de ses personnages ensuite. J'ai également été un peu déstabilisée par des éléments narratifs qui semblaient tenir plus de la magie que de la science-fiction. du coup le roman appartient plus à une forme de science-fantasy.

Une fois de plus, Nnedi Okokafor nous propose un roman fort et marquant. Elle exploite jusqu'au bout la colère et l'envie de vengeance, jusqu'à les symboliser dans son personnage principal. L'incandescente Phénix, une femme capable de consumer tout ce qui est autour d'elle et de renaître de ses cendres, tel le feu purificateur. le parallèle avec le christianisme peut se faire à travers ses Renaissances. Mais cela va plus loin. L'autrice met en avant un monde futuriste et apocalyptique dans lequel des scientifiques jouent avec la génétique pour créer des êtres humains supérieurs, mais torturés. Phénix est avant tout un ange vengeur. Elle nous entraîne dans une odyssée captivante, mais dont certaines étapes apparaissent parfois comme un peu confuses.
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Phénix est un organisme accéléré : à deux ans, elle a déjà l'apparence d'une femme d'une quarantaine d'années. Ses journées dans la Tour 7 se suivent et se ressemblent jusqu'au moment où elle apprend la mort de l'homme qu'elle aime. Elle va alors commencer à s'interroger sur ce qui se passe vraiment au sein de sa Tour. Va s'en suivre une quête d'identité, de vérité et de vengeance…

Ça faisait déjà un petit moment que je voulais découvrir Nnedi Okorafor avec Qui a peur de la mort qui traîne dans ma PAL depuis plus d'un an, mais je savais que c'était une lecture compliquée et j'attendais donc le bon moment. Et puis finalement, ce prequel (qui peut se lire indépendamment) est arrivé et je me suis dit que j'allais commencer par celui-ci !

Je n'ai vraiment eu aucun mal à rentrer dans cette histoire qui m'a happé dès le premier chapitre. On y rencontre notamment Phénix qui, au début de cette histoire, est d'une naïveté déconcertante. Elle subit des abus quotidiens tout en pensant que c'est normal puisqu'elle n'a jamais rien connu d'autre. Heureusement (pour nous mais peut-être pas pour elle), elle va très vite être amenée à remettre en question son quotidien, et le personnage va alors beaucoup gagner en profondeur.

D'ailleurs, les personnages sont clairement un des gros points forts de ce roman puisqu'ils sont vraiment tout en nuances. On n'a aucun mal à s'attacher aux différents protagonistes (dont j'ai adoré découvrir le passé petit à petit), mais à aucun moment ils ne nous sont présentés comme des héros (peut-être un peu Sept dans une certaine mesure mais il reste un personnage secondaire). Non, chacun des personnages a été profondément marqué par son passé et est devenu d'autant plus complexe à la suite de ça.

J'ai aussi beaucoup aimé la façon dont l'autrice a conçu l'antagoniste de l'histoire puisqu'il ne s'agit pas d'un personnage unique sur lequel on peut déverser toute notre haine. Il y a bien un personnage qui ressort côté antagoniste mais on comprend assez vite qu'il s'agit plus d'un pantin que d'une tête pensante. Et c'est ça que j'ai trouvé fort : en faisant des méchants de l'histoire un groupe sans visage, sans identité personnelle, l'autrice renforce cette impression de lutter contre quelque chose qu'on ne pourra jamais atteindre, rendant le danger d'autant plus pernicieux et effrayant.

Parlons maintenant un peu des thématiques du roman. Je connaissais un peu les thèmes abordés dans Qui a peur de la mort, et d'une façon générale les thèmes que l'autrice aime aborder. Je n'étais donc pas forcément très confiant avant de me lancer dans ce roman que je pensais trouver plombant pour le moral. Et bien j'ai été très surpris !

Entendons-nous, il ne s'agit absolument pas d'une jolie histoire où tout le monde est heureux et où tout finit bien. Les thématiques sont dures (racisme, expérimentation scientifique, torture et autres abus en tout genre), mais je trouve que l'autrice parvient à adoucir tout ça en nous distillant de jolies touches d'espoir tout au long du roman. Evidemment, ces moments de bienveillance et d'innocence servent à renforcer le contraste avec tout ce qui ne va pas dans ce monde, mais ça permet aussi vraiment de ne pas être complètement désespéré par cette lecture.

Certains aspects de l'histoire ne sont pas forcément très détaillés, comme l'existence d'organismes extra-terrestres ou la façon dont Phénix apprend à se déplacer à un certain moment de l'histoire, mais je n'ai pas trouvé ça gênant au final. On se rend vite compte que bien que difficiles à comprendre, ces éléments sont bien moins incompréhensibles que les choses aberrantes et effroyables qui peuvent passer dans la tête de certaines personnes.

Une chose est sûre, il s'agit là d'une lecture qui ne peut pas laisser indifférent, et j'ai hâte de continuer à découvrir les romans de l'autrice.
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On a là, clairement, une critique à la fois virulente et indulgente de notre monde raciste, colonialiste, capitaliste et moribond. J'ai adhéré à la plus grande partie du bouquin, malgré une certaine confusion qui lui a souvent été reprochée ; pour ma part, je me suis pour une fois embarqué dans cette lecture sans attente particulière, sachant que ça allait probablement être particulier, justement, et ça a plutôt bien fonctionné.
Mais la fin... j'ai pas tout compris x) En fait il n'y en a pas vraiment, tout ça s'arrête assez abruptement, sans réelle conclusion. J'ai cru comprendre seulement par la suite qu'il s'agit de la préquelle à un autre roman de Nnedi Okorafor, qui peut se lire indépendamment mais étonnamment, je pense que pour apprécier pleinement celui-ci, il est probablement mieux d'avoir lu l'autre roman avant. Dans mon cas en tout cas, je pense que ça aurait beaucoup mieux fonctionné ainsi.
Mais voilà, c'est fait ! Je regrette un peu que cette fin ait fait retomber l'enthousiasme que j'ai ressenti tout au long de cette lecture. C'est parfois un peu confus, certes, et je me suis souvent demandé où l'autrice nous emmenait mais si on fait un peu abstraction du squelette du récit, on entrevoit des messages extrêmement puissants qui m'ont énormément parlé.
En bref, une lecture assez singulière que je ne regrette pas, mais que j'aurais aimé découvrir dans de meilleures conditions, à savoir dans le bon ordre. ^^
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C'est avec grand plaisir que je vous présente ce roman, préquelle indépendant de « Qui a peur de la mort ? » et qui m'a été envoyé en SP par @ActuSF. Et franchement, c'était une petite claque que j'ai littéralement dévoré en 48h (dans le cadre d'une LC officieuse avec @les_mots_magiques_). Alors, il vous tarde de savoir pourquoi j'ai tant apprécié. En voici les raisons:

- le personnage de Phénix: tiraillée, sensible mais aussi terriblement badass, on s'attachera tout de suite à cet ange vengeur à qui on enlève tout. Privée de liberté, subissant des batteries de tests quotidiennes, ayant vécu la disparition de son meilleur ami et amant, exploitée en tant que l'une des plus formidables armes du pays, on ne pourra qu'aimer cet être n'ayant que 2 ans d'existence (mais 40 en apparence).

- le monde dans lequel Phénix évolue est particulièrement bien dépeint: haute technologie (télé en gelée étirée), nanotechnologies, droïdes de surveillance en forme d'araignée, véhicules en mouvement « vomissant leurs panaches toxiques » et bâtiments drapés de vignes à l'odeur doucereuse pour garder l'air. On s'y croirait, le tout avec en toile de fond une quête de l'immortalité de l'homme. On voyage également sur de nombreux continents avec un contraste marquée entre le continent africain, accueillant à bras ouverts les particularités de Phénix et le continent américain où l'on s'était occupé d'elle « comme on s'occuperait d'une vache qui finirait à l'abattoir à la fin de l'année »

- Des messages forts: la notion d'esclavagisme est touchée du doigt avec la présence d'une minorité exploitée, mettant en avant la bêtise, l'horreur et la méchanceté humaines face à la peur et à l'incompréhension de l'autre. Ce roman sert également à remettre en cause l'ingérence et l'omniprésence des entités étrangères et la corruption des entités au pouvoir. Il met aussi en exergue la quête illimitée des hommes vers le progrès en enfermant les speciMen dans des tours et en exploitant leur patrimoine génétique pour le bénéfice des plus offrants.

Ce roman est un hymne à la condition humaine pour nous extirper de notre quotidien et nous montrer une nouvelle fois ce qui compte réellement à savoir la vie. Je ne peux désormais que vous conseiller de le lire et j'ai hâte de découvrir d'autres titres de cette auteure.
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Le Livre de Phénix aborde des thématiques que j'affectionne en temps normal, raison pour laquelle je pensais aimer ce roman. Pourtant, j'en ressors mitigée.

L'univers est intéressant, toutefois je n'ai pas accroché à l'héroïne dont le comportement m'a paru incohérent et les ressentis trop changeants. de plus, j'ai trouvé le rythme trop rapide, empêchant un réel approfondissement de l'histoire, et le scénario trop linéaire, presque mécanique.

Dommage, mais je suis certaine que le style de Nnedi Okorafor saura conquérir d'autres lecteurs !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Après avoir lu Qui a peur de la mort ?, adoré Akata Witch et beaucoup apprécié le recueil de nouvelles Kabu Kabu, j'attendais avec grand impatience ce roman-ci, sorte de novella / préquel à son premier roman tout en tendant vers la science-fiction qui semblait s'être effacé au profit de la fantasy dans l'autre récit.

Mon résumé

Phénix est un organisme accéléré, c'est comme ça qu'on appelle les monstruosités comme elle qui atteignent l'âge physique de quarante ans après seulement trois années d'existence. Enfermée dans la Tour 7, soumise, comme tous ses autres camarades, au Grand Oeil, elle n'a jamais ambitionné de sortir de sa prison jusqu'au jour où Saeed, un spéciMen capable d'ingérer du sable, métal et autre rouille, ne meurt. Déterminée à trouver les causes de sa mort, la jeune femme va soudain être confrontée à la recherche irraisonnée des hommes au profit de l'éternité sans éthique et amorale, enfermant, blessant, torturant ses semblables. Des côtes américaines aux rivages du Ghana, entre la mer et le ciel, elle parcourra la terre la rage au ventre, la vengeance au coeur. Des decennies après son éveil, un homme trouvera son Livre et changera, à son tour, la face du monde.

Mon avis

C'est un roman étonnant que nous livre l'autrice, dans un format beaucoup moins dense que Qui a peur de la mort ? et moins sombre également. Pour autant, les thématiques ne sont pas joyeuses et nous oscillons entre dégoût de l'être humain et peur de la protagoniste de cette étrange histoire. Parce que Phénix n'est pas une héroïne, dans ce contre cruel elle pourrait même être la méchante. Et pourtant.

La société dépeinte par l'autrice est étonnamment fade. Bien loin d'un futur apocalyptique, les scientifiques de ce monde ont réussi à obtenir un genre de statu quo avec le climat, bâtissant des tours desquels pendent végétations et écrans géants où publicités et visages s'entremêlent. Bientôt c'est celui de Phénix qu'on verra s'y épanouir. Ces avancées technologiques ne sont dues qu'à une société ayant établi les Tours, sortes de gigantesques laboratoires dédiés à la recherche qu'ils partagent, en partie, à la population. Dire qu'ils ont des SpéciMens ou à quoi servent les Tours, oui, annoncer qu'ils y torturent des enfants, façonnent des êtres aux capacités étonnantes et les avilissent, ça non. L'autrice y délaye alors critiques de la société de consommation, du racisme racisme, questionne l'éthique scientifique, et interroge le bien foncé de la quête de l'éternité.

Tout le long du récit nous les rencontrerons, ces SpéciMens, des qui traversent les murs, des qui mangent du sable, des qui volent de leurs ailes puissantes, des qui ne viennent pas de ce monde. Il y en a de toute sorte mais il n'y a qu'une seule Phénix, qu'une seule femme à brûler de l'intérieur, brûler et renaître de ses cendres. Chacune des étapes qui la mèneront vers la vengeance sera d'ailleurs marquée par cette mort qui défie l'éternité et que les autorités donneraient cher pour la posséder. Au fur et à mesure de ses voyages, le roman se fait récit initiatique alors qu'elle en découvre davantage sur ses pouvoirs, le monde qui l'entoure et sa propre nature. Son Frère et son Amour, se dévoileront également au gré du temps, laissant leur passé ressurgir petit à petit. Tous deux enlevés à leur famille pour des raisons différentes, ils se sentent unis d'une même force et d'un même combat alors que Phénix brûle simplement de colère.

Naïve au début du récit, la spéciMen commence petit à petit à comprendre qu'elle ne sera bien nul part, tant que le Grand Oeil vivra, tant que des êtres comme elle seront retenues des Tours. Commence alors pour elle et les deux hommes de sa vie une quête de tous les instants, faite de violence et de destruction. Mais elle aussi parfois porteuse d'espoir quand elle rencontre des peuples qui la comprennent d'un regard et la protègent, assez étonnante, quasi mystique dans sa relation à l'Epine Dorsale qui traverse son ancienne tour et à la Graine qu'elle plantera dans une autre terre. Certaines choses me sont restées hermétiques, probablement en référence à des mythes nigérians et ghanéens, d'autres m'ont surprises, et on retrouve avec beaucoup de plaisir certaines nouvelles de Kabu Kabu qui trouvent leurs échos dans ce récit.

Cependant, si la rage, la passion, le désir de vengeance de Phénix traversent à merveille, je n'y ai pas retrouvé la même saveurs que dans ses autres romans, une forme d'étirement qui m'a déplu et de boucle qui m'a un peu déstabilisée. Et puis cette forme d'acceptation de tout ce qui l'entoure, à commencer par la forme de vie extraterrestre qu'elle rencontre, et cet ange qui lui enseigne différentes choses m'a semblé un peu facile.

En résumé

Le Livre de Phénix traverse notre bibliothèque en y laissant un sillon brûlant de rage et de vengeance. Comme il est rare d'avoir affaire au méchant d'un siècle futur tout en comprenant avec douleur et passion son désir de brûler et de voir partir le monde en cendre. En partant d'une société gangrénée par la recherche scientifique et la quête d'éternité, l'autrice y délaie des thématiques sombres comme l'éthique scientifiques, le racisme, l'esclavagisme, et les dangers d'un monde sans plus aucun esprit critique. Entravé de quelques facilités scénaristiques, il n'en reste pas moins percutant et s'inscrit avec brio dans l'univers déjà développé par l'autrice à travers Qui a peur de la mort ? et Kabu Kabu.
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Autant j'ai apprécié le mélange entre SF et fantasy, les réflexions politiques et philosophiques, l'ambiance qui confine à la poésie, au mythe et au désespoir le plus profond, autant j'ai eu parfois du mal à suivre l'intrigue, dont les circonvolutions m'ont semblé quelque peu confuses et dures à suivre. Découverte mitigée donc, mais qui ne m'empêchera pas de lire la suite de ses oeuvres, parce que j'avais adoré le reste.
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