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Critique de Presence


Ce tome regroupe 3 numéros spéciaux qui forment une histoire complète, ainsi qu'un numéro annuel. Il vaut mieux avoir des connaissances préalables sur les Dora Millaje (Okoye, Ayo et Aneka) pour comprendre les enjeux du récit et les références. Il comprend Wakanda Forever: Amazing Spider-Man, Wakanda Forever: X-Men, Wakanda Forever: Avengers, ainsi que le numéro Black Panther Annual, initialement parus en 2018. Les 3 épisodes Wakanda Forever ont été écrits par Nnedi Okorafor, dessinés par Alberto Albuquerque (Amazing Spider-Man, et une partie de X-Men), Ray-Anthony Height (une partie de X-Men) et Oleg Okunev (Avengers).

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Wakanda Forever - À Brooklyn, un groupe d'élèves afro-américains vient de sortir de l'école, et ils sont suivi par un nuage évoluant à 20 centimètres au-dessus du trottoir. Curieuse, une enfant plonge sa main dans le nuage pour essayer d'en ressentir la texture. Elle se rend compte qu'elle ne peut plus la retirer. Guidé à distance par les battements de tambour de Malice (Nakia Shauku), le nuage forme des tentacules qui s'emparent des enfants. Spider-Man passant par-là, il se précipite à leur secours. Il ne réussit pas se dépêtrer de Mimic-27, ni à lui faire lâcher prise pour qu'il rende les enfants. Fort opportunément le vaisseau des Dora Milaje vient à passer par là. Okoye, Aneka et Ayo se lancent à leur tour dans la bataille. Au final, ensemble, ils arrivent à mettre Mimic-27 et Malice en déroute, et à sauver les enfants. Les Dora Milaje expliquent à Spider-Man qu'elles vont poursuivre les fuyards ; il propose de les accompagner. Grâce à un détecteur permettant de suivre Mimic-27 (une arme créée par les chercheurs du Wakanda), ils savent qu'il se trouve dans une base sous-marine ayant précédemment servi à l'organisation AIM.

En 2016, les responsables éditoriaux de Marvel réussissent un bon coup : convaincre un écrivain afro-américain de devenir le scénariste d'une nouvelle série consacré à Black Panther. Ta-Nehisi Coates réussit à combiner les conventions du récit de superhéros, avec des thèmes adultes relatifs à la gouvernance et à la culture d'un peuple, tout en utilisant la continuité de l'univers partagé Marvel. En 2018, ce personnage passe un nouveau cap en matière de renommée avec le film Black Panther réalisé par Ryan Coogler. Afin d'entretenir la visibilité de ce produit, l'éditeur met en chantier plusieurs miniséries dérivées, sous la tutelle de Ta-Nehisi Coates. Celle-ci est la quatrième après Black Panther & the Crew: We Are the Streets (2017, par Ta-Nehisi Coates, Yona Harvey, Butch Guice, Mack Chater, Stephen Thompson), Black Panther: World of Wakanda (2017, par Roxane Gay, Alitha E. Martinez, Roberto Poggi) de qualité relativement moyenne, Rise of the Black Panther (2018, par Evan Narcisse, Paul Renaud, Javier Pina, Edgar Salazar & Keith Champagne) très bonne. Comme pour les 3 précédentes, le lecteur n'est pas bien convaincu de son intérêt, d'autant que Ta-Nehisi Coates n'est même pas mentionné sur la couverture, ni à l'intérieur. Il faut consulter la quatrième de couverture pour comprendre que cette histoire met en scène les 3 Dora Milaje mises en avant depuis la reprise de la série par Coates.

Le lecteur constate que les responsables éditoriaux ont réitéré le pari de confier cette histoire à un écrivain, en l'occurrence une autrice également afro-américaine, ayant écrit par exemple Qui a peur de la mort ?. Elle avait déjà écrit une histoire de Black Panther Black Panther: Long Live the King en format numérique. Comme Ta-Nehisi Coates, Nnedi Okorafor impressionne le lecteur par sa bonne connaissance de l'univers partagé Marvel, en l'occurrence ce qui concerne Black Panther et les personnages secondaires de la série. Elle met les Dora Milaje face à Nakia Shauku, apparue pour la première fois dans Black Panther by Christopher Priest: The Complete Collection Volume 1. La scénariste utilise les conventions des récits de superhéros : une ennemie avec des superpouvoirs, des affrontements physiques, les propriétés du Vibranium (métal fictif du Wakanda), des éléments de l'univers partagé Marvel (l'AIM, Hydroman, Storm, Nightcrawler, Captain America…). La scénariste fait donc la preuve dès le premier épisode de sa bonne maîtrise des codes des superhéros, et aussi des spécificités de l'écriture en comics. Elle sait éviter le piège de noyer le lecteur sous des dialogues explicatifs, et elle sait aussi laisser le dessinateur raconter l'histoire visuellement, sans tout dire dans les phylactères, avec régulièrement des séquences spectaculaires, des personnages en train d'agir pendant qu'ils parlent, et des environnements variés.

Pour le premier épisode, Rafael Albuquerque réalise des dessins vivants, avec un niveau descriptif satisfaisant, des contours un peu arrondis pour être agréables au plus grand nombre. Il veille à bien représenter les spécificités des différents costumes (à commencer par ceux des Dora Milaje), à donner des tenues vestimentaires cohérentes avec les civils (par exemple des vêtements d'enfants pour les scolaires). Il représente les décors avec régularité, même s'ils ne présentent pas toujours un fort intérêt visuel. Par exemple les façades d'immeuble de Brooklyn évoquent bien les particularités architecturales du quartier : par contre les couloirs et les salles de la base sous-marine sont assez génériques. La scénographie des combats permet de suivre le déplacement de chaque personnage, sans aller jusqu'à une chorégraphie endiablée. le lecteur ressent la différence quand Albuquerque laisse progressivement la place à Ray-Anthony Height, puis à Oleg Okunev, avec une simplification sensible dans la représentation des personnages et des décors. Dans le troisième épisode, les décors se font simplistes et peu convaincants, jusqu'à devenir très schématiques et quasi inexistants. Les personnages deviennent de plus en plus frappés de jeunisme, avec des expressions de visages exagérées au point d'en devenir comiques, annihilant toute la progression dramatique.

Pourtant, Nnedi Okorafor a construit une intrigue bien charpentée, sur la base de la poursuite de Malice par les Dora Milaje pour la mettre hors d'état de nuire, et pour neutraliser Mimic-27. Il ne s'agit pas juste d'une suite d'affrontements physiques contre les superhéros de l'épisode concerné. Il y a également une progression dramatique, au fur et à mesure que le récit revient sur le déroulement de la vie de cette femme. Okorafor réussit à combiner une approche premier degré de l'ordre des Dora Milaje (des femmes triées sur le volet et intégrées à un ordre dont l'objectif est de servir le roi du Wakanda), et le drame personnel de Nakia Shauku. Cette dernière en a bavé pendant la formation exigeante pour devenir une Dora Milaje et a pris la raison d'être de cet ordre au premier degré (devenir une épouse de T'Challa). le lecteur retrouve donc bien tout ce qui fait la richesse des récits de superhéros : des affrontements physiques qui sont la matérialisation de conflits intérieurs. Ici, ces derniers ne sont pas d'ordre idéologique, mais d'ordre psychologique. Nakia Shauku s'est investie dans un ordre en croyant à ses préceptes et à ses promesses, et ces dernières ne se sont pas concrétisées. Cette dimension du récit constitue une approche systémique révélatrice, et élevant Malice au-dessus du simple statut de méchante parce qu'elle est méchante. Néanmoins l'intensité dramatique souffre de la qualité fluctuante des dessins trop premier degré dans la deuxième moitié du récit, ainsi que d'une construction un peu maladroite du récit, avec une alternance trop mécanique entre combats et discussions, ainsi que de jeux d'acteur parfois très appuyés (en particulier pour Malice).

L'histoire de Nakia Shaku sort d'un manichéisme basique pour montrer la souffrance d'une personne formatée par un système qui ne tient pas ses promesses explicites. La narration souffre de dessins frappés d'un jeunisme tout public dans sa deuxième moitié, et d'un rythme heurté dans la même partie. 3 étoiles, avec la curiosité de découvrir l'évolution Nnedi Okorafor dans la série consacrée à Shuri qu'elle a écrite par la suite.

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Back in black (12 pages, scénario de Christopher Priest, dessins et encrage de Mike Perkins) - le pauvre Everett K. Roos se retrouve impliqué dans la mort d'un livreur pour le compte du Wakanda, porteur d'un colis très précieux et très sensible. du coup, il passe une bien mauvaise nuit, à se retrouver face à un groupe de Hatut Zeraze, puis à face à Hunter lui-même, après face à Malice, et la nuit n'est pas finie. Christopher Priest est le scénariste qui a fait évoluer T'Challa de manière impressionnante à l'occasion de la phase Marvel Knights au début des années 2000. Il revient faire un petit tour avec un de ses personnages fétiches, pour faire le point sur l'évolution de la situation du Wakanda, par le biais d'un polar bien troussé, avec ce qu'il faut de sarcasme. Il bénéficie des dessins bien noirs et bien réalistes de Mike Perkins, pour un récit court et bien rythmé. 5 étoiles.

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Panther's Heart (12 pages, scénario de Don McGregor, dessins de Daniel Acuña) - Black Panther (T'Challa) est allé récupérer une fleur sacrée sur le sommet de la seule montagne où elle pousse pour une utilisation très égoïste. C'est au tour de Don McGregor de pouvoir revenir sur le personnage qu'il avait également fait évoluer de manière significative dans Panther's Rage dans les années 1970. le lecteur retrouve la propension de ce scénariste à écrire le flux de pensées de T'Challa de manière littéraire et un peu romantique. Il bénéficie des illustrations de Daniel Acuña qui montre les acrobaties de Black Panther, avec grâce et rythme. le lecteur se rend compte que les approches très marquées des 2 auteurs se complètent bien, même s'il est possible de comprendre ce que racontent les dessins sans lire les cartouches de texte, et inversement. McGregor n'a rien perdu de la justesse de sa sensibilité, et le lecteur ressort ému de cette évocation de deuil d'un personnage qui fut proche de T'Challa. 5 étoiles.

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Back to the future part II (6 pages, scénario de Reginald Hudlin, dessins de Ken Lashley) - Plusieurs décennies dans le futur, les descendants de T'Challa évoquent son apport à la dynastie, au Wakanda, et les changements survenus sur l'échiquier géopolitique mondial. Autre auteur essentiel dans l'évolution de T'Challa, Reginald Hudlin s'amuse à envisager des évolutions encore plus radicales et plus lointaines, donnant la part belle au Wakanda. Ken Lashley réussit à donner à voir quelques-unes de ces évolutions, mais il a beaucoup recours aux gros plans, ce qui rend la discussion un peu pauvre sur le plan visuel. Ce récit est plus court que les 2 précédents, intéressant dans sa prospective, mais un peu léger. 3 étoiles.
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