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sur 1217 notes
Étrange moment de lecture que je viens de vivre avec « L'embellie » de l'islandaise Audur Ava Olafsdottir dont j'avais beaucoup aimé « Rosa candida ». Ma note n'est pas synonyme de coup de coeur et pourtant je crois que ce livre m'a donné une belle leçon : celle de ne pas abandonner et de persévérer dans toute lecture pour donner la chance au livre de distiller son essence et d'infuser en nous, lecteurs parfois trop exigeants. Souvent impatients. L'embellie m'a résisté, jusqu'à se dévoiler. Pour finir par beaucoup me plaire. Avec cette envie de ne plus vouloir le lâcher.

Mon début de lecture a été en effet laborieux, je ne retrouvais pas la délicatesse et la douceur de Rosa Candida, trouvais même qu'elle en faisait un peu trop avec ce personnage de femme décalée, maladroite, un brin égoïste, déphasée et pas régie par l'instinct maternelle. Une femme quelque peu différente si tant est que la normalité se résume essentiellement à savoir tenir sa maison, cultiver le désir de son mari, rêver d'enfants à chérir et à élever. Pour elle la vie à deux c'est « le bon corps et la bonne odeur ; le foyer n'étant que l'habitacle des corps de chair et non un lieu d'expression des expressions de la vie et autres palabres ».
Certes quelques réflexions bien amenées permettant de mettre en valeur des sentiments intimes indicibles, qui touchent à notre part sauvage, que le surmoi contrôle, sont à souligner ainsi qu'un indéniable humour.
Mais jusqu'au tiers du livre je n'arrivais pas à m'attacher à la narratrice imaginée par la conteuse islandaise. Je ne comprenais pas…Place centrale est faite à une femme libre, forte, unique et indépendante. Qui subit et assume sa double rupture, celle que lui impose son mari, celle que lui sous-entend son amant. Mais qui a des idées farfelues et des comportements surprenants, sans parler de son indifférence aux évènements…voire de la sauvagerie, de la bestialité, que l'on devine en filigrane…idées, comportement, réactions, je le sentais confusément, qu'il arrive à tout un chacun d'avoir aussi. Je me suis même demandé si cette femme ne faisait pas trop écho à une part en moi, là enfouie, que je n'aime pas envisager, encore moins dévisager.
Gênée aux entournures j'étais, il fallait sans doute abandonner cette lecture si particulière dans laquelle je ne trouvais que peu de poésie et pas assez de sens. Si ce n'est celle de me perturber. Toujours sur le fil, entre le drame possible et un quotidien dans lequel la narratrice ne trouve pas sa place.

« J'ôte mon alliance et la pose sur la paillasse de l'évier derrière les entrailles de l'animal. Je brandis le couteau et mes yeux s'emplissent aussitôt de larmes, je ne vois plus rien, je poursuis mon travail à l'aveuglette, tâtonnant pour saisir le deuxième oignon, puis le troisième. Il y a belle lurette que je ne distingue plus une ligne du livre de recettes ; je louvoie au pifomètre dans la salle à manger cherchant la porte du balcon où la ciboulette pousse encore dru dans son pot en plein mois d'octobre. -Tu es bien trop sensible pour l'existence –m'a dit un jour ma voisine du dessous, en constatant une fois de plus les mauvais traitements infligés à mes yeux par l'oignon, alors que j'errais dehors entre les plates-bandes en m'efforçant de rassembler mes idées sur la vie. C'est le genre de choses que les femmes se disent. Même les femmes qui couchent avec votre mari ».

Et puis, la magie a opéré. Réellement. Joliment. Poétiquement. Notre jeune femme, pour se retrouver, décide de partir. C'est un thème cher à Audur Ava Olafsdottir, la fuite, le départ pour se retrouver, pour partir en reconnaissance et pourquoi pas en reconquête de ses territoires les plus intimes en avançant sur des territoires inconnus.
Elle décide de faire le tour de l'Islande, de parcourir cette Nationale 1, route circulaire sertissant l'Islande, bordée de lave et de sable noir, d'aller s'installer un temps indéterminé dans un chalet à l'autre bout de l'île. Elle aurait préféré être seule, coupée du monde, il se trouve que sa meilleure amie, tout aussi déjantée qu'elle, tout du moins non conventionnelle, en fin de grossesse gémellaire, lui confie son petit garçon de quatre ans, Tumi. Un petit garçon presque sourd (doté d'énormes prothèses auditives), presque aveugle (doté de grosses lunettes à double foyer) car grand prématuré. Un enfant aussi différent qu'elle est une femme hors norme. Et voici notre duo improbable dans un voyage touchant, un road trip drôle, émouvant.

« Je ne lui avoue pas le mal fou que j'ai à communiquer avec certaines personnes bien-entendantes et bavardes. Ca ne serait pas forcément pire avec un enfant partiellement sourd et muet – le moment n'est-il pas venu pour la linguiste distinguée de se pencher sur l'aspect et la forme des mots, de voir à quoi ressemble les concepts en trois dimensions, d'apprendre à fabriquer des mots avec le corps, sans la voix ? ».

Comme dans Rosa candida le thème de la rencontre entre un adulte et un enfant est superbement mis en valeur et la façon dont le duo s'apprivoise, s'enrichit, tisse des liens de plus en plus forts au fur et à mesure de leur progression est fascinante et très touchante. Au fil des kilomètres s'enchaînent les petits incidents, les rencontres avec des hommes ou avec des moutons, rencontres parfois très marquantes c'est peu de le dire, les arrêts dans les stations-services, les étapes en hôtel ou en gîte chez l'habitant. Voyage sous une pluie incessante et un climat très doux en ce mois de Novembre, dans un paysage lunaire propice à la méditation et à une période de l'année où le soleil de midi est tout juste crépusculaire.

« le soleil ne se lèvera pas avant le printemps, on pourra alors de nouveau distinguer des contours dans l'espace informe, entendre des bruits, rencontrer des humains. Je sais pourtant par expérience qu'il y a là un pays, dans le noir, sous de multiples couches de nuages, un pays que les guides de voyage recommandent pour sa beauté et son étrangeté, par les claires nuits d'été. Pour me remémorer la disposition du champ de lave et de la vallée, je dois faire appel à mon imagination, aux poètes patriotiques et à l'évocation d'un affluent bouillonnant qui se déverse sur les sables ».

Roman sur le lâcher prise et l'acceptation, sur l'art de savourer chaque petit bonheur, sur l'art de laisser glisser tout incident comme cette pluie qui ne cesse de couler, L'embellie est un livre qui fait du bien, qui nous donne l'impression de planer, de prendre du recul. L'embellie c'est parvenir à faire la lumière sur soi, sur qui nous sommes en s'acceptant et en acceptant les événements tels qu'ils surgissent. Pour trouver l'accalmie.

« C'est à ce moment précis que m'effleure pour la première fois l'idée que je suis une femme au milieu d'un motif finement tissé d'émotions et de temps, que bien des choses qui se produisent simultanément ont de l'importance pour ma vie, que les événements n'interviennent pas les uns après les autres, mais sur plusieurs plans simultanément de pensées, de rêves et de sentiments, qu'il y a un instant au coeur de l'instant. Bien plus tard seulement, la mémoire fera son tri et discernera un fil dans le chaos de ce qui a eu lieu ».
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Merveilleux roman plein de charme et d'humour !

Trentenaire insouciante, immature, égoïste par négligence, la narratrice est écrivain public. Elle corrige et/ou traduit tous types de manuscrits et sillonne l'Islande pour livrer ses clients... et plus si affinités. Son mari souffre de cette vie conjugale en pointillés, d'autant qu'il veut un bébé, tandis qu'elle se défend farouchement d'aimer les enfants, prétendant 'ne pas avoir la fibre maternelle'... Vraiment ?

Un excellent moment de lecture ! Comme dans 'Rosa Candida', on assiste à une superbe "rencontre" entre un adulte et un jeune enfant qui s'apprivoisent mutuellement et en viennent à tisser des liens très forts, sur fond de road trip. Mais alors que l'autre ouvrage m'avait longtemps ennuyée (botanique, cuisine, voyage), j'ai immédiatement savouré cette histoire vive, fraîche, drôle, tendre et émouvante - qui ne tombe jamais dans la mièvrerie, malgré les sujets traités. L'auteur excelle à décrire les personnages et les animaux, leurs relations - dialogues et gestes - et les 'plaisirs minuscules', nous rendant ainsi son petit monde vivant, proche et très attachant... et ceci avec beaucoup de finesse et d'humour.

N'étant ni "maîtresse-queux" (cf. Brassens in 'La non-demande en mariage'), ni fana de tricot, j'avoue avoir survolé les cinquante dernières pages, tout en admirant cette pirouette, ce dernier trait d'humour - je l'ai en tout cas perçu comme tel.
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La narratrice est une jeune femme islandaise à qui son mari vient d'annoncer qu'il voulait divorcer. le couple n'a pas eu d'enfant, car elle ne le désirait pas, se trouvant inapte à assumer une telle responsabilité lors que lui a envie d'être père et il a rencontré une jeune femme qui attend un enfant de lui.
Elle est traductrice, écrivain public, parle onze langues et livre ses traductions à domicile.
Son amie Audur a un enfant de quatre ans, Tumi, né prématurément avec une surdité quasi-totale et des problèmes visuels pour lesquels il porte de grosses lunettes ainsi qu'un appareil auditif vieillot. Audur est enceinte de jumeaux alors qu'elle boit énormément ; elle se sent dépassée et demande à la narratrice de s'occuper du petit garçon tandis qu'elle poursuit sa grossesse à risque dans le calme.
La vie glisse sur notre héroïne, qui semble très passive et accepte le divorce sans broncher en même temps qu'elle rompt avec son amant. Elle a participé à une loterie qui lui attribue un chalet d'été démontable et elle en même temps elle gagne une somme importante au loto (ou quelque jeu approchant).
Elle en profite pour changer de vie et entreprendre avec Tumi un voyage qui l'emmène sur les terres de son enfance car elle se rend compte qu'elle passe à côté de sa vie et son passé revient pas bribes. Elle part ainsi au volant de sa voiture sur la route nationale 1 qui fait le tour de l'île.

Ce que j'en pense :

Ce livre nous décrit le parcours initiatique de l'héroïne qui est lente, passive et subit sa vie, les évènements semblant glisser sur elle : elle accepte le divorce, laisse son mari emmener pratiquement tous les meubles, y compris le lit conjugal et les bibelots.
Elle doit laisser son appartement et se retrouve dans un local qui lui sert de bureau, où elle va organiser son voyage, prévoyant tout dans le moindre détail.
Au début, elle a du mal à communiquer avec l'enfant qui parle le langage des signes et sait lire sur les lèvres, (on s'aperçoit d'ailleurs qu'il sait lire tout court et écrire quelques mots). Peu à peu, ils parviennent à communiquer tous les deux, et une complicité s'installe en douceur, mais, comme elle n'a jamais eu d'enfant, elle ne sait pas trop comment le nourrir, s'occuper de lui…
Sur cette nationale, elle fait des rencontres improbables mais qui ont toutes un sens profond, qui la font avancer dans son cheminement intérieur. L'auteure alterne le présent et les bribes de souvenirs du passé qui remontent de temps en temps, laissant peu à peu émerger un secret longtemps enfoui.
Il y a des scènes cocasses : l'oie qu'elle renverse en conduisant et qu'elle va servir à table avant son départ, puis une brebis qu'elle écrase presque aussi. Elle va faire l'amour au hasard avec deux hommes différents, dans des conditions plutôt rocambolesques, avant d'en rencontrer un troisième…
C'est le premier roman d'Audur Ava Olafsdottir, que je lis et j'apprécie. C'est un road trip, sous la pluie avec des conséquences sur la vie en Islande, car on est en novembre et il fait un temps d'été (tiens donc…) car toute cette pluie provoque inondations, glissements de terrain et l'auteure compare la météo de la terre et la météo de la vie humaine.
Ce livre aurait pu s'appeler, « l'éloge de la lenteur », car on a parfois envie que l'héroïne soit plus tonique mais il y a beaucoup de sensibilité dans le récit et surtout beaucoup d'humour. Mais « L'embellie » est un beau titre : une période de l'année où il fait jour très peu de temps, avec la pluie qui tombe sans arrêt, une embellie au sens météorologique mais aussi embellie dans la vie dans la narratrice, grâce à ce petit garçon qui vient chambouler la vie et la liberté de la narratrice.
Dans les dernières pages, l'auteure nous donne la recette des plats plus ou moins fantaisistes que la narratrice improvise tout au long du périple et le modèle des chaussons pour bébé qu'elle fait tricoter à l'enfant : on imagine la scène, un enfant de quatre ans qui en paraît à peine trois physiquement mais huit ou plus intellectuellement, affublé de grosses lunettes, en train de tricoter !!!
Une remarque, entre parenthèse, jamais la narratrice ne se laisse abattre par la situation, les coups du sort, même si ses solutions sont inattendues… il y a de la joie, dans ce livre, une envie de savourer les petits plaisirs, ce qu'on a un peu trop tendance à oublier. Et malgré la pluie, Audur Ava Olafsdottir donne envie d'aller visiter l'Islande.
Bref, j'ai passé un bon moment, avec un livre facile à lire, un peu trop lent pour moi, mais reposant et distrayant car je venais tout juste de sortir de « L'amour et les forêts » d'Eric Reinhardt quand je l'ai attaqué. Donc « merci pour ce bon moment » comme dirait…
Et j'ai bien envie de lire son best seller « Rosa candida »
Note : 7,2/10 et plus sur blog

challenge ABC
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Avez-vous déjà volé en montgolfière ? avez-vous déjà expérimenté cette sensation de flotter, de glisser dans l'air, sans effort, sans heurt ni turbulences, avec juste une légère secousse au décollage, puis de voir les choses sous un angle inconnu, dans un espace silencieux à peine troublé par le brûleur ? le spectacle est si captivant qu'on en oublie peur et vertige. Là-haut le monde est calme et apaisant, il n'y a qu'à se laisser porter en apesanteur sans réfléchir.
C'est un peu l'impression que m'a laissée la lecture de L'embellie. Et je crois modestement que cette comparaison illustre assez bien l'attitude de la narratrice.
Ainsi donc, au début du roman, il est question de quelques secousses : le mari de la narratrice lui annonce son intention de divorcer parce qu'il part vivre avec une autre femme, enceinte de lui. La narratrice, trentenaire un peu déconnectée des réalités, ne veut pas d'enfants, s'estimant incapable d'assumer une telle responsabilité et une telle privation de liberté (sur ce point j'avoue m'être totalement identifiée à elle). Elle est donc drôlement coincée lorsque – deuxième secousse – sa meilleure amie, hospitalisée pour une longue durée, lui confie sans autre forme de procès la garde de Tumi, son fils de 4 ans presque sourd et aveugle.
Heureusement pour elle, les événements ne semblent pas l'affecter, elle prend les choses comme elles viennent, sans drame, sans larmes.
Elle ne s'en trouve pas moins à un tournant de sa vie, avec l'inconnu pour perspective et un enfant inattendu. Qu'à cela ne tienne, dans ces circonstances il lui semble tout à fait indiqué de partir avec Tumi en road-trip sur la Nationale 1, la route circulaire qui fait le tour de l'Islande.
Au fil des kilomètres s'enchaînent alors les arrêts dans les stations-services, les étapes en hôtel ou en gîte, les rencontres improbables avec hommes et moutons. le tout sous des trombes d'eau alors qu'il devrait pourtant neiger en ce mois de novembre (ça doit être ça, le sens d'une Embellie en Islande…), à cette période de l'année où le soleil de midi n'est qu'un crépuscule hésitant entre chien et loup.
Malgré les situations cocasses, fantaisistes ou inquiétantes, rien ne semble ébranler la narratrice, qui fait preuve d'un détachement qui la ferait passer pour un monstre d'insensibilité et d'égoïsme s'il n'y avait Tumi, petit bonhomme drôlement perspicace et attachant. Parce qu'on sent bien que ces deux-là s'apprivoisent au-delà de toute attente, et on comprend peu à peu, même s'il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire improbable, que la narratrice est avant tout un être libre, qui se fiche bien des contingences quotidiennes, qui prend les plaisirs là où elle les trouve tant que cela ne blesse personne, mais assume néanmoins sa responsabilité de mère temporaire de substitution.
Dans ce récit, l'eau et les événements coulent, glissent, ne font qu'effleurer les personnages qui se laissent porter. On a l'impression d'être dans un rêve, on doute parfois que certaines choses se soient réellement produites, tant les descriptions sont peu appuyées. Seuls les faits sont décrits, pas les sentiments. On les devine, de même que le passé de la narratrice, au détour de quelques ellipses.
A lire les critiques, ce roman souffre beaucoup de la comparaison avec Rosa Candida. L'Embellie est ma première entrée dans l'univers de Audur Ava Olafsdottir.. Pour moi, ce fut un joli voyage…
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Elle est islandaise, elle parle onze langues, elle est écrivain public et traductrice, elle livre ses traductions à domicile et, parfois, elle couche avec un client. Sa vie coule tranquillement jusqu'au jour où son mari la quitte. Il a rencontré une autre femme et l'a mise enceinte. Il est heureux. Elle n'a jamais voulu d'enfant, n'a pas la fibre maternelle. Ce qui n'est pas le cas de sa meilleure amie Audur, enceinte de jumeaux alors qu'elle est déjà la mère célibataire du petit Tumi, un garçonnet de 4 ans né prématurément, chétif, à la vue défaillante et presque sourd. Audur ayant besoin de repos, Tumi sera son compagnon de voyage pour un tour de l'île sous la pluie de novembre. Malgré ses inquiétudes, sa peur de mal faire, elle va s'attacher à ce petit bonhomme silencieux mais très observateur.

Un road trip en terre islandaise. Novembre sur l'île, c'est le début de l'hiver, du froid, de la nuit qui s'installe, mais nos deux héros profitent d'une embellie pour leur virée vers l'est. Et une embellie en Islande, c'est beaucoup de pluie, des glissements de terrain, le jour qui persiste plus que de coutume. Et tout semble glisser aussi sur la narratrice dont on a du mal à appréhender les sentiments. Elle regarde, sans réagir, son mari partir, emporter avec lui presque tous les meubles et revenir de temps à autre pour coucher avec elle. Est-elle d'une féroce insensibilité, simplement détachée de tout ou blindée contre la douleur ? Au fil de son périple ponctué de rencontres improbables et de l'apprivoisement de son compagnon de route, on apprend à connaitre cette femme qui sous un égoïsme de façade cache une blessure ancienne et profonde. Le but de son voyage est le village où vivait sa grand-mère, un retour aux sources pour enfin affronter le passé. Tumi sera d'une grande aide dans ce cheminement vers l'acceptation des sentiments.
Il ne se passe pas grand chose dans ce road book tendre et gentiment déjanté mais on se sent bien aux côtés de ces deux êtres en marge qui cheminent vers leur destin, et peut-être le bonheur. C'est un peu la marque de fabrique d'Audur Ava OLAFSDOTTIR que de nous raconter des personnages éthérés, leur quête et leur ''rédemption'' grâce à un enfant. Comme avec Rosa Candida, elle nous charme de son embellie, sans en faire trop, en soulignant des instants de vie banals a priori, mais riches de tendresse, de partage et de sérénité. Encore une fois un joli roman tout en douceur.
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Que du plaisir ! de l'humour et de la vie quotidienne, une lecture parfaite pour l'atmosphère d'une période de réjouissances.

C'est l'histoire d'une femme « teflon », sur qui rien ne colle, qui continue malgré la pluie et les inondations, malgré le divorce et l'enfant presque sourd dont elle a soudainement la charge…

Une femme un peu fantasque, qui refuse d'être sage. Son mari a décidé de la quitter, son amie hospitalisée lui a confié son fils de quatre ans, elle choisit de prendre la route, de faire un tour d'Islande et de retourner dans le village où habitait sa grand-mère.

Il y a bien sûr quelques embellies, « des améliorations momentanées du climat, de l'intensité du vent, de l'état de la mer »*, des billets de loto et des amoureux de passage.

Il faut aussi s'attendre à des rebondissements peut-être même un peu de « bungee »…

J'ai trouvé une parenté amusante avec cette Islandaise qui, à la fin du roman, donne les recettes des plats avalés au fil des pages, car j'ai aussi assemblé un livre de recettes de famille en incluant les anecdotes, les imbuvables et autres…

Un bon moment de lecture, à déguster avec un chocolat chaud…

*(Dictionnaires Antidote)
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Reçu du Jura le 13 janvier 2023...

Une fort jolie lecture un tantinet
" déjantée " qu' un ami jurassien m'a offert en en début d'année...
Quelque peu honte, car j'ai sous le coude depuis des lustres, en attente de lecture " Rosa Candida"...
Cette " embellie" a justifié largement le bon moment lumineux offert, après des lectures plus sombres !

Une jeune trentenaire apprend brutalement que son mari la quitte, au bout de quatre années de mariage, pour une compagne plus jeune, enceinte de lui.

Étonnée, certes, mais pas plus affectée que cela. D'emblée, sa personnalité intrigue : traductrice, rédactrice, surdouée des langues....elle semble comme spectatrice de sa propre vie...
Dans un même temps , sa meilleure amie, attendant des jumeaux, et devant être hospitalisée, lui confie son petit garçon de quatre ans, Tumi...elle qui n'a aucun goût pour les enfants ni pour des velléités personnelles de
" maternité "...

Elle se retrouve ainsi en charge d'un petit bonhomme de quatre ans, différent, quasi sourd-muet, avec des soucis de vue, supplémentaires, pratiquant la langue des signes....Avant cette maternité obligée...elle avait décidé de partir autour de son île en " longues vacances d'été en plein mois de novembre" : la parfaite image de notre " héroïne décalée " !

Cette expérience détournée de la maternité avec ce petit garçon différent va être comme un révélateur de sa vie et de ses choix....
Sur un ton enjoué, facétieux, décalé, l'auteure nous parle de l' Essentiel: trouver un sens à son existence, le rapport au couple, à la maternité...la nature, le retour sur les lieux de l'enfance, les bilans d'un parcours après une séparation...qu'est ce qui vaut la peine de s'engager, le refus des chemins balisés...une résistance tenace aux choses pratiques du quotidien !

Deux temps de narration alternent : le Présent , en caractères classiques, et le Passé : récits des souvenirs de l'enfance, en italique...

Pour finir par une liste de recettes farfelues, récapitulant les repas fantaisistes préparés par la narratrice pour le Petit Tumi..lors du roman !

Une belle lecture au ton facétieux et singulier...parfois, franchement désopilant !

"-Quel effet ça te fait d'être avec un enfant ?
- Tumi est très spécial, c'est un enfant adorable. J'ai commencé à apprendre la langue des signes, à me documenter, il m'enseigne, lui aussi, il m'indique les objets et me montre les signes.
- Serait-il en train de te changer ?
- Ça se pourrait bien. "

( Zulma poche, 2022)
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Un début extrêmement sympathique pour ce roman dont l'héroïne principale partage beaucoup de points communs avec moi, par son côté fantasque, sa façon de s'habiller, sa maladresse avec les objets du quotidien, son impulsivité.

La jeune femme, linguiste amoureuse des mots et des livres (tiens encore un point commun) vient de se faire larguée par son mari et s'en va sur les routes d'Islande avec le fils de sa meilleure amie hospitalisée. Les dialogues sont excellents et d'une drôlerie réjouissante.

Malheureusement, je trouve qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue et je me suis demandée où l'auteure voulait en arriver. Est-ce une banale histoire de séparation ? Un éloge de la maternité ? Un roman initiatique ? J'avoue avoir été perdue …

Reste le souvenir de bons moments passés en compagnie de gens sympathiques et drôles. C'est déjà pas mal, finalement.
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J'avais envie d'action, de chaleur, de gaieté, de piquant : hélas, trois fois hélas, le hasard m'a fait lire « L'embellie », qui n'en a vraiment pas été une pour moi.

Novembre-décembre, nous sommes en Islande, il fait noir, il pleut continuellement. Les paysages sont composés de sable et de lave, la route circulaire le long des côtes est inondée, les ponts à voie unique sont en passe d'être submergés. Les stations-services et les hôtels ne servent pas une nourriture particulièrement succulente.
La narratrice emmène en road-movie de quelques jours le petit garçon malvoyant et malentendant de son amie célibataire enceinte de jumelles et clouée au lit.
Elle vient d'être quittée par son mari et son amant, elle n'a pas d'enfant (d'ailleurs, elle n'en a jamais voulu).
La voilà nantie de gamin qui n'est pas à elle, et à la recherche d'un passé perdu et traumatisant, dans le village de sa grand-mère.

Ambiance pas folichonne, n'est-ce pas ? Et qu'est-ce que je me suis ennuyée !
C'est vrai que la narratrice a l'esprit un chouïa déjanté, en tout cas, on ne peut pas dire qu'elle se comporte de manière traditionnelle. C'est amusant, et puis on s'habitue à ce décalage.
Enlisement dans le roman, endormissement progressif, étouffement : voilà mes impressions.
Oui, il y a peut-être un message, oui, il y a des phrases qui étincellent, oui, c'est tendre et humain. Mais la nuit emporte tout.

Après ces longues longues longues heures de lecture où je me disais que jamais je ne m'en sortirais, j'ai vu avec bonheur arriver les dernières pages, où, surprise, sont expliquées les 47 recettes des plats mentionnés dans le roman. 47 recettes pleines d'humour et de pétillance !
Ah, si le reste avait été du même acabit...
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Quel étrange roman. Non pas étrange dans le propos car somme toute l'histoire est banale : une jeune femme vient de se faire larguer par son mari. Ceci dit, ce n'est pas quelque chose qu'elle vit de façon dramatique, non. Elle cède sur tout ce qu'il demande à emporter, continue de faire l'amour avec lui quand il vient lui rendre visite, accepte tous les tickets de tombola qu'on veut lui vendre, et chose incroyable gagne deux gros lots successifs. le premier un chalet en bois à l'autre bout de l'île et le second une coquette somme d'argent. Ça tombe bien car malgré tout, elle a envie que sa vie change. Et elle va bien changer car sa meilleure amie , enceinte jusqu'au cou, lui demande de bien vouloir prendre soin de son petit garçon de quatre ans, sourd et malvoyant. de quoi s'occuper effectivement, d'autant qu'elle décide de l'emmener jusqu'à son nouveau chalet...

Non, ce qui est étrange ici c'est l'annonce des faits, des évènements, des rencontres. Tout y coule de façon singulière et pourtant harmonieuse. La jeune femme ne contrôle rien et subit, avec bonne constance, tout ce qui lui arrive, comme si tout cela n'avait aucune importance.
Et pourtant, il s'agit bien d'un parcours de reconstruction, entrecoupé de souvenirs ou de pensées (relayés en italique tout au long de l'escapade), d'une prise de conscience de soi et de ses désirs.
La relation entre cette jeune femme et ce petit garçon est emplie de respect et de découverte réciproques. Tous deux vont sortir de leurs bulles et apprendre l'un de l'autre.
Et puis bien sûr il ne faut pas oublier un autre personnage important, l'Islande.
Ile volcanique avec sa célèbre route circulaire. Très peu d'habitants. Des étendues volcaniques partout à l'horizon. Et ici en plein novembre, des trombes d'eau discontinues...

Un roman lent, singulier, presque ennuyeux et pourtant impossible à poser. Un roman tendre, doux et généreux.
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