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sur 1411 notes
Quel beau et envoûtant roman d'atmosphère❤️
Islande, années soixante. En cette île volcanique de feu et de glace où conservatisme et patriarcat écrasent toute velléité d'émancipation féminine, la très jolie Hekla, du nom d'un volcan, écrivaine en devenir, quitte sa contrée natale pour s'offrir un destin à contre-courant de celui auquel elle est prédestinée. Elle part avec pour seule et vraie richesse une valise contenant sa machine à écrire, ses manuscrits et un roman. Inviter avec insistance à briguer le titre de Miss Islande elle refuse, sa voie est dans l'écriture et elle préfère enchaîner les petits boulots en attendant d'être peut-être publiée même si la production littéraire d'alors ne se conjugue qu'au masculin. Portée par ce « pouvoir d'allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste. Et celui de l'éteindre » que confère l'écriture.
Sa rencontre amoureuse avec « le poète » qui souffre de la supériorité du talent d'Hekla, ses retrouvailles à Reykjavik avec son ami homosexuel Jon John, sa correspondance épistolaire avec ses proches restés au pays, le travail et l'écriture compulsive et cachée constituent son quotidien. Jon et Hekla sont des précurseurs et ont une idéologie résolument moderne. le courage et la pugnacité de cette étincelante héroïne l'aide dans son combat intime et dans celui contre le diktat du conformisme. Hekla avec sa robe couleur d'aurores boréales va sortir de sa chrysalide et déployer sa plume pour tenter de s'envoler vers une destinée écrite de sa main de femme et non imposée. « Je suis en vie. Je suis libre. Je suis seule. » La force de ce très beau roman tient à sa poésie et à son pouvoir évocateur. Ce n'est pas uniquement un livre sur la passion de la littérature, sur la force créatrice et sur la condition féminine. L'observation, la contemplation et l'émerveillement y tiennent une place prédominante. Sous la plume hypnotique de l'auteure le moindre détail ou petit évènement est sublimé. Son univers imagé est émaillé de sensations, de saveurs, d'effluves, de douce mélancolie, de rêves et d'émotions contenues, tout ici n'est que poésie, pudeur et grâce. Quelle beauté ❤️
prixmedicisetranger2019, prixbookstagram 2020.
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Charmante dans son pantalon à carreaux la jeune Hekla, qui par un beau jour de l'année 1963, lestée de sa machine à écrire, débarque de sa campagne à Reykjavik. Elle veut devenir écrivaine. Elle aime le plus beau garçon de son bled, Jon John, un garçon pas comme les autres, qui veut devenir costumier de théâtre.
Hekla et Jon, deux êtres sensibles, prisonniers de leurs conditions, de femme pour elle, d'homosexuel pour lui, qui devront patienter pour réaliser leurs aspirations créatives, dans un pays contre toute attente conservateur, du moins dans les années 60. Comme dit la maman de Hekla, il faut “porter en soi un chaos ....pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse”.


Dans ce quatrième opus que je lis d'elle, comme pour les précédents, je succombe très vite au charme de la prose et de l'histoire. A part ses personnages émouvants de sincérité et de tendresse, l'écrivaine touche ici à la création littéraire à travers Hekla, son petit ami le Poète et sa meilleure amie Isey, “Quand une idée me vient, j'ai l'impression de recevoir une décharge électrique, comme quand on touche le fil dénudé d'un fer à repasser.” La grande question étant, comment évaluer la valeur de cette création ?
J'adore aussi la forme, parsemée de petits poèmes, aux chapitres aux titres insolites, et quand elle gambade avec; comme avec ces phrases inachevées adressées par la maman du Poète à Hekla, coupées et achevées de suite par son fils, un beau ballet de langage.

Je vous invite donc à découvrir si non déjà fait, le conte de Miss Aurore boréal et de son Marin, au titre extravagant qui y donne le ton et sa fin surprenante, magnifique clin d'oeil d'Olafsdottir aux milieux de l'édition islandaise à domination mâle jusqu'au XXI éme siècle. Elle-même en souffrira beaucoup à ses débuts.

Coup de coeur !

“Je suis réveillée.
le poète dort.
En dehors des étoiles qui scintillent au firmament,
le monde est noir.”

“C'est la vérité. Mais pas forcément la réalité .......j'ai tellement envie de continuer chaque jour à inventer le monde”
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°°° Rentrée littéraire 2019 #7 °°°

Ce que j'aime chez cette auteure islandaise, c'est son don à camper des personnages décalés avec tendresse et sincérité, on les adopte immédiatement. Impossible de ne pas aimer son héroïne, Hekla et son prénom de volcan. Elle est jeune, libre, moderne, sûre d'elle pour déterminer son destin qui sera d'être écrivaine et poétesse. Elle quitte la ferme de ses parents pour la capitale afin de mener à bien ses projets.

Mais voilà, en 1963, dans une société islandaise minuscule et étriquée, conservatrice et sexiste, il est fort difficile pour une femme, quel que que soit le talent qu'elle possède, de prétendre à être publiée et reconnue. D'autant plus lorsqu'on est aussi belle que Hekla et qu'on ne vous propose comme unique voie de réussite et de réalisation personnelle l'élection de Miss Islande, un voyage aux Etats-Unis et des fourrures.

Les ellipses sont toujours très justement semées pour susciter étonnement ou émotion chez le lecteur. L'écriture d'Audur Ava Olafsdottir peut sembler très simple voire naïve avec ses phrases courtes. Elle est en fait dénuée de toutes afféteries, droite, directe, évidente pour dire avec beaucoup de finesse et de subtilité toute la difficulté d'être différent et de vouloir s'accomplir malgré les obstacles.

Car il n'y a pas que Hekla dans ce roman. Il y a deux personnages secondaires qui gravite autour d'elles, eux aussi voient leurs aspirations être en décalage avec ce que la société leur propose. Plus que Hekla, personnage éminemment romanesque mais assez linéaire, c'est celui de sa meilleure amie, Isey, qui m'a profondément touchée.

«  Je me sentais tellement à l'étroit chez mes parents. La montagne touchait la clôture de la ferme, j'avais envie de partir. Je suis tombée amoureuse. Je suis tombée enceinte. L'été prochain, je serais seule avec deux enfants dans un appartement en sous-sol de Nordurmyri. Et je n'ai que vingt-deux ans. »

Isey, qui n'a pas eu le temps de tisser son destin individuel, Isey embourbée dans la solitude des tâches ménagères et maternelles mais qui essaie de s'échapper, elle aussi par l'écriture secrète de son quotidien. Elle est bouleversante lorsqu'elle se raconte à Hekla.

L'autre ami de Hekla, Jon John, est lui aussi différent, homosexuel tourmenté par ce que la société islandaise lui impose, la solitude, l'hypocrisie et la violente injonction à entrer dans le rang. Mais il m'a un peu agacé avec ses jérémiades constantes même si justifiées. Il permet en tout cas à l'auteur de traiter de thèmes lourds, toujours en profondeur et sans cynisme.

Avec ce beau roman, plus profond qu'il n'en a l'air, l'auteure rend hommage au travail des écrivains et poètes, à la force de la pulsion d'écriture. Sans doute pour cela que j'ai été assez stupéfaite des dernières pages. Je n'ai pas compris l'acte de Hekla, si étonnant étant donné le caractère linéaire du personnage, qu'après quelques jours. Il m'a désolée mais est porteur de sens dans cet hymne à l'écriture et rend le personnage de Hekla complexe et encore plus puissant. Libre avant tout.
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Hekla a vingt ans, du talent, et ne rêve que d'écrire. Née en 1945 dans une Islande patriarcale et conservatrice, la jeune femme aura besoin de tout le tempérament suggéré par son prénom, choisi d'après un volcan de son pays, pour s'extraire de la gangue dans laquelle sa vie menace de s'enliser. L'impulsion nécessaire viendra de son ami d'enfance, un homosexuel qui ne trouve pas non plus sa place dans la société de l‘époque.


A travers Hekla et son ami Jon John, l'auteur pose la question du droit à être soi-même, de l'ouverture à la différence, et de la liberté de faire ses propres choix. Racisme – dans les années soixante, l'Islande s'est opposée à la présence de noirs sur la base américaine installée sur place –, sexisme, homophobie, sont trois thèmes que le livre évoque avec pudeur, loin du cynisme parfois cru des Fureurs invisibles du coeur de John Boyne, auquel on pense d'autant plus facilement qu'Islande et Irlande opèrent déjà un phonétique et insulaire rapprochement entre les deux romans. En Irlande, l'histoire de John Boyne est marquée par la forte imprégnation catholique du pays, en Islande, celle d'Olafsdottir fait une large place à l'âpreté du climat, aux rudes splendeurs de la nature, et à des références culturelles dépaysantes pour les non-autochtones.


Les aspirations littéraires d'Hekla et de son amie Ivey sont aussi émouvantes les unes que les autres : tandis que la seconde s'escrime tant bien que mal à voler des moments d'écriture à une existence par ailleurs conforme à celle dévolue aux femmes d'alors, rythmée par d'incessantes maternités, la première ose le non-conformisme et la rupture totale avec son monde, sacrifiant tout pour que son oeuvre puisse être publiée, fut-ce en ayant recours à des pseudos masculins ou à des prête-noms.


Hommage à l'écriture, protestation contre les préjugés sexistes et immersion dans la société islandaise, ce roman exprime en douceur, et avec beaucoup de tendresse pour ses personnages, un engagement féministe résultant, on s'en doute, des propres et injustes difficultés de l'auteur à trouver sa place dans le monde littéraire masculin islandais.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je me retrouve ainsi devant ma machine à écrire, le syndrome de la page blanche, des cendres éteintes, mes poussières de cheminée, de vie. Seul dans la pénombre du matin, un bol de skyr entre les mains. Je cherche les mots, ils ne me trouvent pas. Ils se sont perdus dans ma pensée, dans la fraîcheur de la tourbe, devant l'immensité de la nuit. Les mots se sont enfouis, ou se sont perdus comme un phoque esseulé sur un rivage, comme une lune bleue derrière l'amoncellement de nuages noirs.

Fuck le blizzard, le vent souffle et tourne les pages de cette vie, une vie incomprise, dans un temps pas si reculé. Les années soixante et Hekla, aussi volcanique que le volcan qui lui doit son nom, est une poétesse, une écrivaine. Avec Jon John, son plus fidèle ami qui lui cout des robes, elle tente de trouver sa place, en terre viking, là où les femmes sont le plus souvent cantonner au foyer familial, à entretenir le feu dans la cheminée, ou sous la marmite. Hekla, c'est une écrivaine de talent. Elle le sait, et chaque nuit, elle tape des pages et des pages de son premier roman, au moins 200 pages, moins que James Joyce tout de même.

C'est avec des odeurs de hareng fumé que je me décapsule une Skøll, pour l'ambiance islandaise, Sigur Rós m'accompagne musicalement, pour l'atmosphère islandaise, comme souvent quand mon esprit s'aventure dans cette lumière boréale. Il faut savoir se mettre en condition, j'ouvre les fenêtres de ma prairie, pour laisser pénétrer la froidure dans mes vieux os, les étoiles m'envahissent de cette soudaine luminosité, les embruns me submergent d'un voyage iodé. Un autre temps, une époque différente et mon regard plonge dans l'océan qui nous sépare. Une miss Islande en toile de fond, belle – peut-elle être trop belle d'ailleurs, moi j'imagine son sourire dont la pétillance de celui-ci ne saurait éclipser son esprit, - elle quitte la campagne pour Reykjavik pour vivre son rêve, aller au bout de sa passion. Écrire coûte que coûte. Miss Islande est une ode à la poésie et surtout à la liberté. Mais l'époque est en retard sur la société, le brouillard l'enveloppe, le blizzard se fracasse contre la petite lucarne de sa chambre, une minuscule fenêtre ouverte sur le lendemain, là où en hiver les nuits sans fin distilleraient la musique de sa machine à écrire, là où en été les jours sans fin tourneront les pages de son prochain roman. C'est aussi une oeuvre de tolérance pour l'homosexualité de Jon John.

Miss Islande est aussi une réflexion sur ceux qui ne trouvent pas leur place dans ce triste monde, ceux qui naviguent en dehors des voies fluviales. le destin de Hekla, celui de Jon John ne laissent donc pas indifférents, et passer la dernière page, j'avais envie de prolonger ses vies-là, le besoin de sentir comment ils s'en sortent, de finir mon bol de skyr et de décapsuler une nouvelle Skøll.

þakka þér kærlega.
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Que de livres à lire, que d'auteurs à découvrir... mais aussi à relire. Après la découverte de cette auteur islandaise il y a deux ans, je m'étais noté son nom pour une relecture, de préférence Rosa Candida, le livre qui l'avait fait connaitre. Les années ont passé, des circonstances plurielles me font repenser à elle, les rayons de ma bibliothèque ne me proposent que cette Miss Islande à la place du roman recherché... Allons-y, c'est que ma découverte doit se poursuivre par ce biais !

Je gardais le souvenir d'une plume simple mais riche, de celles que j'apprécie le plus. Il est difficile d'être profond dans la simplicité, j'admire vraiment ceux qui y parviennent. On est bercés par les descriptions de moments du quotidien mais parmi lesquelles viennent se poser en petites touches le portrait d'un pays si original, si ilien (pas évident à dire ça), à une époque à la fois proche et lointaine, volontairement choisie car charnière pour les sujets que souhaite aborder l'auteure.

En effet, on voit se dessiner deux grandes thématiques : la place des femmes qui cherchent à s'affirmer loin des codes traditionnels et la place des homosexuels dans cette même société des années 60. Femmes et homosexuels vivent finalement en parallèle le même combat. Dans un monde où il semble que rêver à plus de reconnaissance, à plus de liberté est possible, comment faire tomber les barrières d'un monde vieillissant qui refuse de céder face à la modernité. L'auteure déploie tout son talent pour nous dessiner cette atmosphère qui tente de rattraper l'héroïne, de la réduire à son physique avantageux, à un avenir plus tranquille de femme au foyer.

Heureusement, bienveillante qu'elle est, l'auteure place sur son chemin des personnages secondant plus que secondaires, car leur importance est essentielle. le fil rouge de l'écriture (autre sujet essentiel du roman bien sûr) les relie tous, du père fier de ses cahiers météorologiques à l'amie chroniqueuse poétique du quotidien en passant par l'amoureux poète, encore englué dans ses représentations familiales traditionnelles, mais dont la rencontre sera aussi essentielle à la construction d'Hekla. Je n'omets évidemment pas DJ Johnsson, ami faux jumeau dont l'écriture passe comme il le dit si bien par la couture et les vêtements.

Au delà de la galerie de personnages, cette chère Audur nous invite également à visiter son pays si particulier. J'avais le souvenir d'avoir particulièrement senti l'importance de l'alternance semestrielle du jour et de la nuit dans ma première lecture. ici c'est l'influence des volcans (qui donnent le prénom à plusieurs personnages) qui est particulièrement souligné, ce symbole jaillissant de la force créatrice islandaise, un si petit pays avec une littérature foisonnante à laquelle l'auteure rend hommage tout au long du livre, citant son prix Nobel Laxness, mais aussi ses nombreux poètes et les sagas fondatrices.

Je crois me souvenir que la construction en courts chapitres était aussi celle de l'autre roman, une narration en pointillés, en instantanés, qui a pu dérouter certains lecteurs et explique sans doute certains avis moins enthousiastes. J'ai été de mon côté charmé par cette Miss Islande, sans écharpe en bandoulière mais sa machine à écrire chevillée au corps, digne représentante de son pays, de sa terre, de ses ancêtres, de tous les siens à qui elle offre l'hommage constant de son écriture, investie de la mission de leur prêter sa voix.
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J'ai retrouvé l'auteure avec grand plaisir. Ce dernier roman est, je trouve, une réussite et un de mes préférés d'elle!

J'éprouve une grande tendresse pour ses personnages si attachants, en apparence fragiles mais qui forcent l'admiration par leur détermination à vivre leur différence, à faire entendre leur voix unique.

C'est encore le cas ici: Hekla, au prénom volcanique, décide, toute jeune encore, dans les années soixante, de tenter sa chance en tant qu'écrivain à Reykjavik. Elle a déjà publié sous des noms d'emprunt masculins ( les femmes sont rares dans la litterature islandaise, à l'époque!) des poèmes et des nouvelles. Elle rejoint ses deux amis d'enfance, Jón John, homosexuel qui souffre du rejet des autres, et Isey, engluée dans son quotidien d'épouse et de maman, alors qu'elle a aussi le don d'écrire.

De nombreux thèmes, très intéressants, sont abordés, souvent avec humour et un peu de dérision, notamment la volonté de s'affirmer en tant que femme dans un monde machiste. Celui, évidemment aussi, de la différence, et de l'intolérance des gens face à celle-ci. Les passages sur l'acte d'écrire, sur l'inspiration , la création m'ont particulièrement plu.

" Une phrase vient à moi, puis une autre, une image se dessine, cela fait toute une page, tout un chapitre qui se débat dans ma tête, comme un phoque pris dans un filet."

De nombreuses et belles citations d'auteurs jalonnent le roman, riche en émotion, poétique, et exaltant la liberté de s'accomplir, en dépit des obstacles. Un très bon moment de lecture. Je le recommande chaudement!

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Née en 1942 à Dalir, Hekla porte le nom d'un volcan - choisi par son père.
« Bouillonnante d'énergie (littéraire) créatrice », elle fait indubitablement honneur à son prénom.

Dans les 1960's, l'Islande aussi connaît son exode rural : la campagne semble trop étriquée pour les jeunes. Direction Reykjavík, la capitale.
Hekla écrit depuis longtemps et rêve d'être publiée, son ami Jón John se voit styliste. Quant à Ísey, elle tient en cachette un journal intime lorsque son bébé dort et en l'absence de son mari.

Ce roman m'a déçue sans doute parce qu'il ne s'y passe pas grand chose 'en surface' - contrairement à 'L'exception' et à 'L'embellie' de cette auteur.
On y suit les questionnements existentiels de quatre jeunes gens, leurs tâtonnements pour se faire une place dans le monde adulte, dans la société, sans trop renoncer à leurs rêves et leur identité.
Hekla n'entend pas se cantonner à un rôle de potiche lorsqu'on lui propose à plusieurs reprises de devenir Miss Islande.
Ísey craint d'être réduite à sa vie de mère et d'épouse.
Et Jón John fuit la cruauté homophobe :
« Je suis un hôte de passage sur cette Terre. Je suis né par accident. On ne m'attendait pas. Je suis parfois tellement fatigué, Hekla. Tellement las d'exister qu'il m'arrive d'avoir simplement envie de
somnoler
sommeiller
de passer un mois entier
dans les bras de Morphée. »

C'est ce personnage aux désirs 'contre nature' (sic)* qui m'a le plus touchée. Sa détresse est bouleversante : « Je voudrais tant être normal, Hekla. Je voudrais ne pas être moi. »
J'aurais aimé qu'il apparaisse davantage dans cette histoire, trop axée sur le 'poète' condescendant et jaloux, et sur Hekla - que j'ai paradoxalement perçue comme une ombre, malgré son énergie et sa détermination.
___

* 'Animaux gays' - Tu mourras moins bête - ARTE
« L'homosexualité est très courante dans la nature. Bizarrement, l'espèce humaine aura été la seule à l'avoir interdite. »
>> https://www.youtube.com/watch?v=SNJdvTHBOE4
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Tout a été dit déjà, je reviens vers cette auteure dont j'ai lu plusieurs livres avec un plaisir toujours renouvelé :

Et voici notre héroïne, Hekla , qui porte un nom de volcan, animal un peu sauvage , attachante et déterminée, éprouvant le besoin d'être à la fois seule et accompagnée.
Elle quitte la maison familiale, en 1963, pour gagner Reykjavik, en autocar,son pantalon à carreaux , sa Remington, et son exemplaire d'Ulysse de James Joyce à la main....

Hekla, qui écrit chaque jour, a terminé déjà deux manuscrits....
Son entourage, galerie de portraits originaux et inoubliables :
Son amie d'enfance , Isey déjà mère d'un enfant rongée par les doutes, Jón John, marin homosexuel , garçon blessé qu'elle connaît depuis l'enfance, l'héberge et lui rapporte d'une escale « La cloche » de Sylvia Plath et le «Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir.
Ou encore le bibliothécaire « poète »qui prétend qu'elle est une Lumière et que les Goélands se taisent quand ils la voient...

L'auteure , page après page dresse un portrait doux , lumineux, poétique simple et envoûtant de ces personnages décalés , celui d'un jeune femme éprise de liberté et d'absolu .
Elle souligne avec grâce les différences et les fragilités entre Jôn John  et Hekla, explore avec tendresse , délicatesse, mélancolie et force la difficile conquête de la liberté face au conformisme rigide des années 60, la place de la femme quand on est une artiste, l'acceptation de l'homosexualité ...
Écriture de glace et de feu, texte grave , insolent, pertinent drôle mêlant l'inconstance humaine à la poursuite sans relâche de la liberté ...
L'auteure nous ouvre grand les portes de l'Islande avec ces personnages attachants ouverts à la création, à l'accomplissement et au monde qui les entourent .

«  Je suis réveillée.
Le poète dort.
En dehors des étoiles qui scintillent au firmament, le monde est noir.
C'est du travail d'être poète ».

«  Tu es un glacier qui scintille, je ne suis qu'un pauvre talus au pied d'une femme.
«  Mains glaciales comme l'enfer, sables profonds ... au lever du jour... »
«  J'ai le pouvoir d'allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste .. »
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En 1942, naît Hekla. Son père lui donne comme prénom le nom d'un volcan tout proche car il est passionné par l'observation de ces monstres venus des entrailles de la Terre.
En 1963, Hekla quitte sa famille qui habite le champ du val- au- Saumon pour Reykjavic, passionnée de littérature et bien décidée à écrire des livres. Elle est passionnée par la lecture et l'écriture depuis son plus jeune âge. Elle est très souvent en compagnie de son meilleur ami John Jon, passionné de stylisme. Il aime les hommes et ce n'est pas facile à assumer dans la sociéte islandaise de 1963.
Son amie Isey est mère d'une petite fille et attend son deuxième enfant. Une de ses seules distractions est la venue des poissonniers, des jumeaux qui font une tournée devant sa maison. Elle a bien sûr son amie Hekla et elle l'encourage à poursuivre son but d'écrire un livre. Elle a d'ailleurs publié une nouvelle sous un nom d'emprunt masculin.
Hekla est remarquée en ville pour sa très grande beauté et des responsables du concours de Miss Islande l'encouragent à participer.
Si on résume le livre, l'auteure y parle de voyage, de liberté pour la femme, de féminisme, de lecture, d'écriture, de poésie, du thème de l'homosexualité.
On n'oublie pas aussi le côté islandais des paysages, de la façon de vivre avec tellement peu de lumière en hiver, avec ces étendues de lave durcie. Nous sommes vraiment dans un autre monde avec des personnes qui vivent les mêmes sentiments que nous.
L'écriture est très belle et la traduction est tellement habile qu'on n'a pas l'impression que le livre a d'abord été écrit en islandais si ce n'est le côté indigeste des noms mais on passe au-dessus sans souci.
"Le rouge vif de la rhubarbe" reste mon livre préféré mais celui-ci le talonne de près.
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