Je ne connaissais pas Auður Ava Ólafsdóttir, écrivaine islandaise, maître-assistante d'histoire de l'art, Directrice du Musée de l'Université d'Islande, et très active dans la promotion de l'art…
Une amie m'a offert
Rosa Candida, son troisième roman, dans sa version audio lue par Guillaume Ravoire.
Un jeune homme islandais, Arnljótur, quitte son père et son frère et se met en route pour une ancienne roseraie du continent, un endroit oublié du monde et gardé par un moine cinéphile, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de
Rosa candida, une rose à huit pétales…
Il laisse aussi sa fille de quelques mois, fruit d'une nuit d'amour occasionnelle avec une jeune femme, Anna, avec laquelle il a gardé des relations amicales et platoniques. Il campe un personnage complexe, à la fois fils, frère, père et se construit tout au long du roman.
Son périple devient parcours initiatique, quête intime et travail sur soi…
Pour
Rosa Candida, l'auteure a créé une variété de rose dont le nom, Candida, rappelle un peu le personnage
De Voltaire, Candide, un optimiste amer, en quête du bonheur, qui apprend de ses désillusions. C'est la première référence qui me soit venue à l'esprit au fil de ma lecture.
La thématique du jardin est omniprésente dans ce roman… Chez
Voltaire comme pour Arnljótur, le fait de cultiver un jardin est une vaste métaphore de la culture, à la fois matérielle, pour la nourriture qu'elle dispense, et intellectuelle, considérée comme une image de la nourriture spirituelle. le jardin est aussi un éloge de la vie simple et ordinaire, du chez-soi, de la normalité, car à défaut de construire un monde idéal, il faut se contenter, selon
Voltaire et ainsi que l'a appris Arnljótur, du monde tel qu'il est.
Il y a aussi cette enfant particulière, facile à vivre, à qui l'on va prêter des pouvoirs de guérisons alors que, comme beaucoup de bébés, elle est tout simplement un condensé d'ondes positives. Sa conception accidentelle nous interroge sur la parentalité, la responsabilité, la cellule familiale.
Rosa Candida est un vrai dépaysement, un voyage en terre inconnue, l'occasion de découvrir une géographie particulière, des recettes de cuisines insolites et des us et coutumes différents des nôtres. Il y est beaucoup question de communications, de langues à maîtriser, de partages…
L'écriture est fluide, captivante… Arnljótur s'exprime à la première personne et raconte son voyage et ses journées en détails… L'ensemble est plein d'humour, dans une suite de péripéties où rien ne se passe comme prévu, dans une constante adaptation aux aléas.
J'ai adoré le comique de répétition dans les conversations téléphoniques avec le père, ou encore les réflexions sur les cheveux du bébé, par exemple…
La profusion de détails n'est jamais ennuyeuse, au contraire. C'est toujours très vivant, car l'auteure sait nous surprendre avec sa galerie de personnages originaux, leurs états d'âmes et leurs atermoiements.
Ce récit est émouvant, burlesque, intime… J'ai adoré. En fait, quand mon livre audio s'est arrêté, j'ai cru à un problème ; je ne pensais pas être déjà à la fin… À sa manière, Arnljótur va me manquer…
Une superbe découverte !
Lien vers une interview de l'auteure sur
France-Culture :
https://www.franceculture.fr/personne-audur-ava-olafsdottir
Lien :
https://www.facebook.com/pir..