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Critique de Ode


Cela faisait longtemps que je voulais découvrir l'oeuvre de Zoé Oldenbourg, romancière et historienne d'origine russe, spécialiste du Moyen Âge. Une visite estivale à l'abbaye de Royaumont — tout récemment agrémentée d'un joli potager médiéval, avis aux amateurs — m'a permis d'acquérir cet ouvrage à la librairie du musée. Et quel ravissement !

"La pierre angulaire" suit trois générations de seigneurs à l'aube du XIIIe siècle : Ansiau, le vieux maître de Linnières, en Champagne, quitte définitivement les siens pour entreprendre un pèlerinage en Terre Sainte sur la tombe de son fils aîné. Herbert, dit "le Gros", son fils cadet, connu dans tout le comté pour sa cruauté et sa dépravation, lui succède à la tête du domaine. Haguenier, le fils d'Herbert, jeune homme idéaliste qui termine son apprentissage de chevalier, revient alors à Linnières pour la célébration de son adoubement...
Mêlées à leurs destins tragiques, se trouvent d'intéressantes figures féminines, telles que dame Aalais, l'épouse d'Ansiau, respectée comme la véritable maîtresse du domaine ; Aielot, la soeur d'Haguenier, aussi solide qu'Herbert ; la délicate Marie de Mongenost, dame de coeur qui met Haguenier à l'épreuve de l'amour courtois ; ou encore Églantine, la folle enfant d'Ansiau, que le départ de son père laisse sans protection.

Cette histoire "noble et sentimentale", lauréate du prix Femina 1953, est une fidèle représentation des contrastes du Moyen Âge et des contradictions de l'âme humaine, capable du pire comme du meilleur. le récit est à la fois épique et spirituel, l'extrême violence y côtoie l'amour le plus pur, et la religion, omniprésente, le dispute à la superstition et à la paillardise. La finesse du texte et des dialogues, ainsi que le réalisme de la reconstitution historique, témoignent d'une érudition digne de Marguerite Yourcenar ou de Hella S. Haasse, façon "L'Oeuvre au noir" ou "En la forêt de longue attente" – même si l'époque est différente.
Je retiens cependant la cinquième étoile en raison de la mauvaise qualité d'impression et des innombrables coquilles de l'édition Folio. Celle-ci date de 2006 et aurait mérité une sérieuse relecture.

Arrivée trop rapidement au bout de ses 630 pages, je m'aperçois que ce roman passionnant appellerait presque une suite... À défaut, je me contenterai du prologue. Et je note immédiatement "Argile et cendres" — retraçant la vie d'Ansiau et des siens avant La pierre angulaire — dans mon pense-bête.
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