Le Vase rose d'
Eric Oliva, un roman sombre, noir et tragique sur la quête de la vérité à tout prix ...
Quand votre vie bascule d'un instant à l'autre, un joli conte de fée qui se transforme en un cauchemar sans fin, comment s'en relever ?
Pour Frédéric Caussois, survivre à l'une des pires épreuves à affronter dans la vie va devenir sa seule et unique obsession, surmonter l'immense peine pour connaître la vérité ...
Je remercie les éditions Taurnada et Joël Maïssa pour cette lecture qui m'a permis de découvrir la plume d'
Eric Oliva.
L'auteur n'en est pas à son premier livre puisqu'il a déjà publié trois polars et un récit intitulé "
Chroniques d'une vie de flic ".
Eric Oliva exerce dans la police depuis 27 ans.
S'il est bien précisé que c'est une fiction, son expérience professionnelle sert ses romans pour les rendre le plus crédible et réaliste possible.
Pour ses trois premiers polars, le cadre choisi était principalement la Côte d'Azur, cette fois, l'auteur situe l'intrigue dans la campagne lyonnaise, un décor bucolique, une bourgade rurale avec ses habitants tantôt joviaux tantôt rustres, chacun vaquant à ses occupations et à son propre rythme.
Le café du coin, la pharmacie locale, les "originaux" inévitables comme on peut trouver dans tous les villages de France ... ou presque.
Un roman noir, une histoire humaine, des scènes bouleversantes pour décrire tout le ravage causé par un terrible coup du sort dans la vie d'une famille.
En lisant ce roman, une question qui hante et qui interpelle, comment trouver la force et l'énergie pour faire face après un drame, continuer à espérer quelle dessein, quel sens à donner à sa propre existence ...
La vengeance est un thème qui a déjà été décliné à toutes les variations possibles au théâtre, au cinéma et surtout en littérature, la culpabilité, la haine et la colère indissociable, la rédemption d'un homme qui est prêt à tout pour découvrir la vérité, quitte à sortir des limites imposées par la loi, rien n'est jamais définitif, il y a des moments de folie et de mauvais rêve qui surgissent, des désirs inassouvis, la peur du vide, la spirale de la violence et du désespoir qui entraîne les personnes dans un cercle vicieux et par extension des proches dans leur sillage, quand vous n'avez plus rien à gagner ou plutôt tout à perdre, tout reste possible.
Descente aux enfers ...
Les prismes de l'être humain dans tous ses états d'âme, une construction maîtrisée, une enquête qui piétine, des policiers déterminés mais débordés, des zones d'ombre et de mensonges, un dosage subtil de décrire tout le désarroi d'une famille, toute la souffrance exprimées par des non-dits, le climat pesant et étouffant, l'angoisse de l'existence, la vacuité d'être, l'absence de l'autre, la culpabilité du survivant, une histoire terrible pour comprendre comment un château de cartes savamment construit au fil des années peut s'écrouler d'un jour à l'autre, le mal qui ronge les nerfs et l'esprit, la douleur incommensurable et quasi insurmontable, faire le deuil demande du temps et des ressources mentales et psychologiques, chaque être humain a ses limites et la réaction qui lui sied, pour le meilleur et le pire.
La plume de l'auteur excelle à alterner des points de vue différents pour se substituer à tous les personnages, chacun cache des secrets ou des souffrances à peine dissimulées, l'empathie à l'égard du protagoniste prime sur les autres, c'est le rouage, le point d'ancrage qui détermine le tempo de la narration à la troisième personne, insufflant à chaque chapitre un indice supplémentaire, des éléments nouveaux qui incriminent ou pas des potentiels coupables, tout se sait dans un village, les rumeurs, les petits regards qui en disent long, il suffit de lire entre les lignes pour découvrir, pour ensemencer une piste prometteuse, pour se rapprocher toujours plus près de la vérité, ce qui donne une lecture rapide, lu quasiment d'une traite, il m'a semblé important de faire ressortir ici quelques points mais sans dévoiler plus avant, respecter la quatrième couverture qui est minimaliste et efficace, suffisamment intrigante en tout cas pour se laisser tenter par ce roman puisant davantage dans la noirceur des hommes, dans la dimension psychologique et psychique de ses personnages, certes l'objectif avoué est de découvrir l'origine de la cause de tant de souffrances et de ses dommages collatéraux, c'est d'apprendre également comment certaines personnes sont prêtes à puiser et à atteindre parfois des points de non-retour, de sortir de leur zone de confort pour traquer, pour déchiffrer et comprendre, pour dénicher la moindre parcelle d'informations, les risques encourus et les sanctions promises, la compassion et les émotions sont palpables, il ne m'a pas été possible de ressentir, de réfléchir à ce revirement, à ce chamboulement qui peut toucher n'importe quelle personne, jusqu'où peut-on aller ?
L'abattement, les regrets éternels, les tourments et l'esprit torturé qui paralysent les survivants, le jour et la nuit qui se confondent, la déprime qui se mue en dépression, la langueur des jours mornes qui se succèdent, le temps précieux et calculé, dans toute enquête de police, tout le monde sait que les premières heures sont déterminantes, Frédéric Caussois l'a bien compris, tout à son travail de deuil et de composer avec un chagrin infini, une surprenante rencontre qui va faire rebondir l'histoire, l'amener à réprimer ses larmes et ses sanglots pour avancer malgré lui dans la vie, j'ai apprécié l'évolution et la progression de sa psyché, de faire fi de sa pénitence et de son douloureux combat avec ses démons intérieurs, un calvaire qui ne peut prendre fin qu'avec une seule et unique résolution, le chemin est long avant d'entrevoir le bout du tunnel, le lecteur saisira toute l'ampleur de sa fatigue, de ses longues nuits sans sommeil, de tous ses délires et fantasmes hallucinatoires, de ses réminiscences qui le poursuivent sans cesse, de ses regains d'espoir ou de résultats, il est délicat et présomptueux de deviner le fin mot de l'histoire.
Un suspense qui monte crescendo pour atteindre le point culminant dans un climax délétère
"La vie est tellement ironique : il faut avoir connu la tristesse afin de savourer le bonheur, le bruit afin d'apprécier le silence et l'absence afin de profiter de la présence" (citation anonyme)
Le début de la lecture a été captivante et poignante, c'est pourquoi j'occulte volontairement les tenants et aboutissants de l'intrigue, si les causes ne font aucun doute rapidement, reste à trouver les variables et les déterminants qui les ont provoquées, le dénouement est tellement inattendu, achevant de définir
le Vase rose de page turner haletant pour suivre le rythme infernal cadencé par le principal principal.
Je vous invite à découvrir à votre tour cette plume incisive, un roman noir qui rivalise avec tous les éléments d'un thriller, un anti-héros abîmé par la vie, une enquête hors norme, une intrigue tortueuse à souhait, un sentiment d'urgence qui surplombe tout un chacun et surtout son personnage principal, il n'en faut pas plus pour le qualifier d'addictif, une plongée dans les profondeurs et les angoisses d'un pére de famille aux portes de l'agonie et de la désolation extrême.
Vous comprendrez le sens du mot douleur, de celle qui peut vous coller à la peau vous déchirer votre âme de l'intérieur, comme des plaies saignantes, dans toutes ses terminaisons nerveuses, les soupapes de sécurité envolées, une existence prête à imploser comme à l'extérieur, une épreuve de la vie indescriptible et baignant dans un climat de torpeur permanent, un final déchirant, Frédéric Caussois trouvera-t-il la voie de la sagesse ou au contraire sombrera-t-il dans une spirale descendante et incontrôlable ?