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Critique de Melisende


Attention, risque de spoilers sur le premier tome !

Delirium est une des premières dystopies que j'ai découvertes il y a quelques années et j'avais été agréablement surprise par sa qualité. Par contre, il y a quelques jours, en ouvrant ce deuxième tome, je me suis rendue compte que je n'avais vraiment plus aucun souvenir du premier, à part la dramatique scène finale. C'est donc avec une légère appréhension (n'allais-je pas être complètement perdue ?) que j'ai commencé cette lecture mais j'ai été rapidement rassurée par Elodie, ma partenaire de lecture commune, qui ne semblait pas bien plus informée que moi (oui, à deux dans la panade, c'est toujours plus rassurant !).
L'immersion s'est finalement faite sans trop de problèmes, la découverte des nouvelles aventures de Lena a été plaisante et la lecture s'est révélée agréable. Je suis malgré tout, aujourd'hui, beaucoup moins emballée par les dystopies que je pouvais l'être lorsqu'elles ont commencé à émerger en France.

Je n'ai concrètement et objectivement pas de points négatifs à apporter à ma chronique. Si cette lecture n'a pas été un coup de coeur, c'est simplement parce que le genre - la dystopie - me lasse et ne me passionne plus vraiment. Les sociétés mises en avant sont souvent les mêmes : propagande, censure, humains contrôlés et aseptisés. Ceux en dehors du système sont mis de côté ou éliminés lorsqu'ils sont découverts, les autres tentent de vivre dans la Nature (au-delà des grilles électrifiées) et de rejoindre des groupes organisés de rebelles.
L'originalité de cette histoire réside dans l'aspect scientifique lié à l'opération du cerveau que subissent les adolescents pour les guérir définitivement du delirium (l'Amour). L'idée de l'opération n'est pas sans rappeler la saga Uglies de Scott Westerfeld qui n'annihile pas les sentiments humains mais rend tout le monde beau et similaire. La société de Lauren Oliver est plutôt bien pensée. le lecteur ressent facilement l'angoisse et l'oppression du système, surtout lorsque Lena se retrouve dans la ville - futuriste - de New York, espionne rebelle parmi les « zombies » auxquels on a lavé le cerveau.

Si le premier tome servait d'introduction avec la mise en place de l'univers, la découverte de l'héroïne et la prise de conscience de celle-ci grâce au concours d'Alex, un rebelle avec lequel elle se rend compte que l'amour n'est pas une maladie ; le deuxième opus est davantage tourné vers l'action. Fini la petite vie pépère en ville dans un foyer « normal » où rien ne manquait ! le na se retrouve à l'extérieur de la ville, du côté des rebelles et elle va devoir apprendre les bases de la survie en milieu hostile avant d'entrer dans un commando et faire ses preuves en première ligne. Après six mois à s'habituer à la vie en forêt, au manque de nourriture, à la rigueur de l'hiver et à la peur d'être débusqué, la jeune fille est envoyée à New York où elle doit se faire passer pour une citoyenne modèle et espionner Julian - le fils du chef d'une organisation extrémiste prônant l'opération coûte que coûte. Mais les choses tournent mal, les deux adolescents sont enlevés et enfermés dans une pièce minuscule. Un huis-clos se met en place et bientôt, Lena avoue tout de sa « vraie » nature…
Je vais un peu loin dans le résumé mais ne peux pas faire autrement pour vous donner assez envie de lire cette histoire. J'aurais pu m'arrêter à « Lena devient une rebelle infiltrée » mais je ne suis pas sûre que cela aurait été assez parlant et donc assez tentant.

Si l'intrigue et son dénouement, bien qu'assez entrainants, sont finalement assez attendus, c'est la forme choisie par Lauren Oliver qui retient l'attention. Au lieu de se contenter d'une narration linéaire monotone, l'auteure préfère en effet, doter son texte de deux sortes de chapitres, intitulés respectivement « Avant » et « Maintenant » ; ce qui correspond à deux narrations se situant à des périodes différentes de la vie de Lena. Les chapitres « Avant » équivalent ainsi à son arrivée dans la nature et à son acclimatation dans le clan des rebelles, ceux baptisés « Maintenant » se situent dans sa nouvelle fausse vie new-yorkaise alors qu'elle traque Julian. Les six mois séparant les deux époques sont donc dans le flou au début de notre lecture mais les trous se remplissent au fil des pages jusqu'au moment où les deux « vies » se rejoignent et où Lauren Oliver ne nous offre plus que des chapitres « Maintenant ».
C'est certes légèrement déconcertant pendant une petite cinquantaine de pages mais ensuite, une fois que l'on a compris et assimilé la « temporalité », ça glisse tout seul. Je trouve même que l'alternance d'une situation à l'autre permet d'éviter la monotonie et l'ennui et offre un rythme assez soutenu.
Ajoutez à cela un style particulièrement fluide et agréable, imagé juste comme il faut sans tomber dans les descriptions interminables et inutiles et entrecoupé de dialogues plutôt convainquant et vous voilà en présence d'un deuxième tome qui se lit tout seul.

Malgré ces qualités indéniables, je ne me suis pas sentie extrêmement proche de Lena, cette héroïne de 17 ans propulsée dans une situation inconnue qu'elle ne maîtrise pas et qui doit reconditionner toutes ses pensées les plus profondes. C'est une jeune fille agréable à suivre, plutôt réfléchie, déterminée et courageuse ; mais il me manque un petit quelque chose pour que je l'adore et m'attache totalement à elle. de ce fait, même si j'ai aimé suivre son aventure, je n'étais pas « à fond » et sa découverte des sentiments, bien que bien menée, ne me fait ni chaud ni froid.
J'ai, en revanche, apprécié Julian (qui devenait régulièrement Julien dans mon édition…) qui suit une évolution plutôt intéressante. Entendons-nous bien, ce changement n'a rien de vraiment surprenant (on s'y attend), mais il m'a paru assez vraisemblable, amené en douceur et de façon assez intelligente.

Lorsque la dernière page arrive, on se rend compte que tout était évident et devinable depuis le début. Elodie avait d'ailleurs vu juste sur un point. Et pourtant, malgré tout, le développement jusque là n'a pas été sans rebondissements et sans intérêt. On se laisse porter jusqu'à la dernière ligne, on se dit « mais oui ! Évidemment ! » lorsqu'on lit celle-ci, on sait déjà de quoi sera fait le troisième et dernier volume de la trilogie mais on ne pourra pas s'empêcher de le lire pour connaître le fin mot de l'histoire et le fameux choix de Lena.

Avec ce deuxième tome, Delirium confirme sa position de saga de qualité, possédant une intrigue intéressante, un univers maîtrisé et surtout, une narration intelligente. Malgré quelques évidences et facilités, les pages défilent, le plaisir est là et la curiosité toujours intacte pour la suite.

A noter : je suis assez déçue par la réédition Black Moon… les couvertures sont atroces.
Lien : http://bazardelalitterature...
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