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Isabelle Olivero (Autre)
EAN : 9791023106756
380 pages
Presses de l'Université de Paris-Sorbonne (03/09/2020)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Pourquoi et comment la collection est devenue un moteur essentiel du monde de l’édition contemporaine ? Afin de répondre à ces questions, Isabelle Olivero remonte aux origines de la notion de collection éditoriale et retrace l’histoire de l’apparition et du développement des formats portatifs puis de poche. Souhaitant s’adresser également à tout curieux, elle donne à cette aventure la forme d’un voyage ponctué de plusieurs étapes qui sont autant de dates et de lieux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'histoire du livre englobe une partie de l'histoire de l'humanité et de sa marche vers la connaissance, la sagesse et la tolérance. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire des ouvrages qui parle des livres, des bibliothèques, des entreprises éditoriales et de la diffusion du savoir en général. Isabelle Olivero est responsable des acquisitions à la Bibliothèque nationale de France. Historienne, docteur en histoire elle a soutenu en 1994 une thèse sur « L'Invention de la collection au XIXe siècle ». Son livre "Les trois révolutions du livre de poche" publié par Sorbonne Université Presses retrace l'évolution conjointe des collections et des formats de livres portatifs jusqu'à l'apparition du livre de poche et de son développement phénoménal au XXe siècle.

Elle explique ainsi le développement des collections : « La collection se serait progressivement façonnée comme une réponse aux angoisses et aux espoirs que traversent plusieurs époques et qui relèvent de deux lieux communs : l'excès de livres et la multiplication indéfinie des livres".
L'objet des collections serait de présenter au public une sélection des meilleurs livres disponibles pour éviter la dispersion du lecteur. Cette préoccupation est ancienne, on peut la faire remonter à Sénèque au début de notre ère lorsqu'il disait en substance :
“Une abondance de livre écrase celui qui veut s'instruire et il est nettement préférable de s'intéresser à un nombre limité d'écrivains que de se perdre à en lire beaucoup”.

Adrien Baillet (1649-1706) ne disait pas autrement dans son « Jugements des savants sur les principaux ouvrages des auteurs » publié en 1722 : « On a sujet d'appréhender que la multitude des livres qui augmentent tous les jours d'une manière prodigieuse, ne fasse tomber les siècles suivants dans un état aussi fâcheux qu'était celui où la barbarie avait jeté les précédents depuis la décadence de l'Emprie Romain, si l'on ne tâche de prévenir ce danger par le discernement de ceux qu'il faut rejeter ou laisser dans l'oubli, d'avec ceux que l'on peut retenir ». Que dirait-il aujourd'hui alors que le nombre de nouveaux livres publiés dans le monde est de l'ordre de 5000 par jour !

Dans ce livre Isabelle Olivero présente l'évolution au cours du temps du concept de collections en trois moments :
Le premier moment se situe au XVIe siècle, lorsque la production du livre se trouve profondément transformée par le développement de l'imprimerie et par les débuts de la Réforme et de la contre-réforme qui provoquent un développement de toute l'édition religieuse.
Le XIXe siècle marque le deuxième “moment”, un temps où la collection explose partout en Europe et dans les Amériques. le livre est aussi toujours au XIXe siècle le support par excellence de la connaissance et du progrès. L'idée de Balzac de rassembler ses grandes oeuvres dans l'ensemble de “la Comédie Humaine” marque une ambition totalisante qui ne peut se réaliser que dans le cadre d'un système organisé et non pas dans un seul volume.
Le XXe siècle pourrait représenter le troisième “moment” de cette histoire, car la révolution du livre des années 1950 commence à bien des égards dès les années 1900. S'il y a bien eu une “révolution du poche”, elle est en marche depuis les années 1930.

On voyage ainsi d'étape en étape en côtoyant les grands noms de la littérature, les libraires, bibliothécaires et éditeurs qui ont fait progresser la diffusion du livre pour le rendre de plus en plus proche de son public. On y apprend des faits précis sur la quantité de livres en circulation, les tirages de chaque époque, les droits d'auteurs et l'évolution du système de rémunération des écrivains, les contenus des bibliothèques notamment celle De Voltaire. On suit la genèse des grands éditeurs comme charpentier, Hachette, Gallimard. On comprend les idées qui encadrent la création de nouvelles collections, “la bibliothèque des chemins de fer”, “la pléiade”, la collection “Nelson” et on arrive ainsi au big bang du livre de poche qui passe de 100 nouveautés par an en 1955 à 450 fin 1960 et de 2 millions de volumes distribués en 1953 (création de la collection par Filipacchi) à 23 millions en 1963. Puis éclate dans les années 60 la “querelle du poche” que certains considèrent comme un instrument de “dépréciation culturelle” et une “entreprise de profit”. Mais le livre de poche, quoi qu'en disent ces détracteurs (peu nombreux aujourd'hui), aura été l'un des instruments majeurs de la démocratisation culturelle de l'Europe au XXe siècle.

Cet essai représente un travail de recherche remarquable et constitue un livre de référence sur l'histoire du livre et ne particulier l'histoire des collections et du format de poche. J'ai regretté de ne pas y trouver d'information sur ce nouveau mode de diffusion représenté par les collections vendues dans les points presses et sur internet notamment par l'éditeur espagnol RBA (Collection “Femmes d'exception”, “Apprendre à philosopher”, “Oeuvres de Jules Verne”, “Romans éternels” et bien d'autres) qui mériterait un développement à part, mais il est vrai que le sujet du livre était centré sur la notion de collection éditoriale et de son lien avec le développement des formats de livres de poche. Les collections distribuées dans les points presses, même si elles sont distribuées à l'initiative des grands éditeurs (Hachette, le Monde, Le Figaro) et qu'elles recouvrent un domaine qui va de la littérature classique à la science en passant par la philosophie et la mythologie, proposent en majorité des livres au format standard et relié plutôt que des livres au format poche. Ce mode de diffusion principalement par abonnement permet, en fidélisant un certain public, d'investir dans des entreprises éditoriales d'envergure en empruntant un circuit différent de celui de la librairie classique. En effet, publier 70 volumes des oeuvres de Jules Verne ou 60 volumes sur la philosophie pour ne citer que ces deux exemples, requiert une organisation et un marqueting spécifique pour ne pas transformer ces projets en gouffre financier. On ne peut que se réjouir de voir naître ce type d'initiative à une époque où les encyclopédies et les oeuvres complètes d'écrivains ou d'historiens sont proposé surtout en version numérique.

— “Les trois révolutions du livre de poche, une aventure européenne”, Isabelle Olivero, Sorbonne Université Presses (2022), 365 pages.
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Bon, le titre est un peu trompeur, car ce n'est pas à une histoire du livre de poche au sens où le commun des mortels comprendrait aujourd'hui le terme « livre de poche » qu'Isabelle Olivero nous convie ici. Elle est historienne des collections, et c'est plus une histoire européenne des collections qu'elle nous livre ici. Les collections de livres, telles qu'elles existent presque depuis la naissance de l'imprimerie. Malgré cela, je me suis vraiment bien amusée pendant toute la lecture de ce livre. J'ai appris plein de choses, j'ai dû corriger un certain nombre de mes idées reçues sur la lecture et les livres. Cela m'a aussi fait considérer des aspects de la publication auxquels je n'avais jamais vraiment pensés : la taille d'un livre, la typographie et la mise en page. Je crois que je vais commencer à regarder les objets-livres d'un oeil un peu différent maintenant, un oeil un tout petit peu plus exercé. Je me suis aussi beaucoup amusée, dans la partie plus récente, à voir certains noms apparaître, ceux d'éditeurs dont les maisons existent toujours aujourd'hui, ceux de collections que j'apprécie et pour lesquelles il est intéressant de voir de quand elles datent, d'où elles viennent, comment elles ont évolué.
Il m'est difficile de donner un avis sur la valeur scientifique du contenu du livre, n'ayant aucune connaissance dans ce domaine. En tant que néophyte, d'ailleurs, j'aurais aimé que ce livre comprenne un glossaire car j'ai eu quelques fois du mal à m'y retrouver dans les termes techniques du secteur de l'édition. Et une ou deux annexes décrivant la façon de faire un livre (pas de l'écrire, de faire l'objet-livre) n'auraient pas été de refus non plus. Mais même sans cela, j'ai pris un immense plaisir à lire ce livre, en même temps que j'ai appris beaucoup de choses. Un bon moment donc, pour une lecture à la fois instructive et agréable.

Merci aux Presses de l'Université de Paris-Sorbonne (cela fait chic non?) de m'avoir permis de découvrir ce livre, via la masse critique de Babelio.
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Merci à Babelio et à SUP Sorbonne Université pour cette belle découverte de l'histoire du livre de poche où j'ai ressenti davantage la présence de l'histoire des collections européennes. Un essai pour les passionnés des livres et des maisons d'éditions avec beaucoup de renseignements et des photos sur l'histoire du livre de poche dans le monde. J'ai trouvé beaucoup d'intérêt dans ma lecture. Malgré l'absence de lexique, il est très bien réalisé.

Des origines de la collection, du genre de livres et des usages, des collections et de leur devenir, des premiers manuscrits au livre de poche, des premières bibliothèques portables, de la première machine de vente automatique de livres en Allemagne, des succès ou échecs des collections, de l'apparition de la littérature étrangère, des livres interdits, du processus de fabrication des livres, des bibliothèques... Incluant les portraits des acteurs du livre de poche, des photos et notes de bas de page.

Fin XVème siècle : Venise, premier centre de production imprimée au monde.

XVIème siècle : Trois modèles de livres (grand folio, livre humaniste, livre portable et trois formats (in-folio, in-quarto et in-octavo). Livre réformé protestant. Privilège de librairies.

Années 1600 : Pénurie de papier.

XVIIIème siècle : Classement des librairies.

XIXème siècle : Bibliothèque Bleue.

1830 : édition de cabinets de lecture.

1836 : romans feuilletons.

1855 : Bibliothèques des chemins de fer par Hachette.

1879 : Postal Act.

Années 1890 : Age du papier. Années du livre populaire. Chase Act (loi internationale copyright).

1891 : International Copyright Act.

XXème siècle : Crise de l'édition française (guerres...).

Première Guerre mondiale : Arrêt presque total de la productivité éditoriale.

1917 : Modern Library.

1940 : Rationnement du papier et concurrence des éditeurs.

1964 : Premier catalogue de livres de poche.

Histoire du livre de poche, de la collection éditoriale, de l'édition française et européenne au fil des siècles.

L'histoire du livre de poche à travers les siècles et les pays pour un public connaisseur de ce domaine !

Une étude très instructive pour les passionnés de l'histoire du livre !
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Dans ce livre de 358, l'autrice retrace l'histoire du livre portable et des différentes collections éditoriales. Isabelle Olivero nous fait parcourir plusieurs siècles et de nombreux pays pour comprendre à la fois pourquoi et comment nous sommes passés du grand livre manuscrit à un livre de poche produit en masse et accessible à un prix sensiblement plus faible que celui des formats brochés. L'autrice met aussi en avant l'évolution des collections ou labels permettant de regrouper des bibliothèques homogènes.

Il est intéressant de comprendre également comment les textes nationaux se sont progressivement trouvés accompagnés de littérature étrangère, d'abord spoliée puis protégée par une réglementation extraterritoriale.

C'est avec beaucoup de curiosité et d'intérêt que l'amateur du monde du livre découvre cette histoire si riche, avec de belles maisons d'éditions et des bibliothèques de grande renommée. En parallèle, il est surprenant de suivre les chemins de distribution des oeuvres variant selon les crises économiques et les volontés politiques.

J'aurais aimé quelques mots sur l'arrivée de l'auto-édition mais je me suis rabattu sur la prise en compte des livres numériques lus sur liseuse.

C'est beau de voir le monde du livre se renouveler sans cesse, s'adapter, se battre pour survivre tout en se réinventant.

Si vous appréciez de connaître l'envers du décors de vos heures de bonheur littéraire, je vous conseille cette lecture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ces collections font bouger ce canon traditionnel et institutionnel. Ce ne sont plus seulement les élites savantes et instruites qui jugent et déterminent ce canon, mais les éditeurs dans leur offre de lecture spécifique et dans l’accueil que le public fait aux œuvres. Ces collections ont donc contribué à faire passer le « canonique » qui renferme les trésors de chaque littérature, des Anciens à la Renaissance aux grandes œuvres de la littérature universelles depuis le romantisme. Le romantisme a, en effet, redistribué l’horizon des lettres : les Anciens perdent leur privilège formateur et normatif, la cartes des littératures nationales est jouée à fond et chacune se détache sur le patrimoine commun dans une perspective d’intégration fortement orientée qui consiste à former et à apprécier : « Désormais le patrimoine commun aux lettrés n’est plus l’Antiquité partagée, mais une anthologie éclectique de chefs-d’œuvre de la littérature mondiale ».
(p. 215, Chapitre 8, “Partager l’universel”, Partie 2, “Le triomphe de la collection”).
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En dix ans, de 1998 à 2006, le nombre de collections répertoriées est passé de 428 collections chez 120 éditeurs à 893 chez 138 éditeurs. En 2006, sur 100 livres de poche vendus, 60 sont des titres de fiction, 22 sont des titres jeunesse, 18 sont des titres de sciences humaines, des ouvrages pratiques ou des dictionnaires. Une enquête du journal Le Monde sur l’édition européenne en 1995 révèle que le livre anglais se porte bien et que les Britanniques sont les plus grands consommateurs de livres en Europe, juste après les Hollandais, mais avant les Allemands et les Français : en 1993, 83 000 titres sont publiés au Royaume-Uni contre moins de 41 000 en France. (…) En l’an 2000, « Le Livre de poche » est encore la collection la plus vendue avec 18 millions de volumes par an, suivie de « Folio » avec 15 millions.
(p. 321-322, Chapitre 12, “La collection à l’heure du numérique”, Partie 3, “Le devenir de la collection”).
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Aujourd’hui, le passage en poche ouvre l’accès au fonds qui perdure de moins en moins en grand format. Ce qui est sûr, c’est que le passage en poche intervenant de plus en plus tôt après l’édition originale en grand format, cela réduit la durée de vie des « grands formats », dont, pourtant un tiers seulement se retrouvent en poche !
(p. 323, Chapitre 12, “La collection à l’heure du numérique”, Partie 3, “Le devenir de la collection”).
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Les conceptions contemporaines de la collection sont imprégnées de la philosophie des Lumières. Elles répondent à son idéal d'éducation qui s'appuie sur la nécessité de favoriser partout la production des savoirs, scientifiques, techniques et culturels, et surtout d'en organiser massivement la diffusion. La culture des Lumières croit à la pédagogie, clé de l'émancipation de l'homme et des progrès de l'esprit.
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Dans les années 1900, la France, tout comme les Royaume-Uni et l’Allemagne, sont des nations de lecteurs. Dans ces trois pays, lire est alors la pratique culturelle la plus répandue et la plus populaire.
(p. 215, Introduction à la Partie 3, “Le devenir de la collection”).
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