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EAN : 9782889562664
384 pages
Serge Safran éditeur (18/11/2022)
4.5/5   3 notes
Résumé :
C'est à l'ambassade de Suisse à Paris que Damien Maistre, comédien, rencontre Leslie Nott, journaliste américaine. Début d'une histoire d'amour. Un enfant naît de l'union. Mais la carrière de Damien s'enlise. Quant à l'élection de Donald Trump, elle entraîne la rupture du couple. Les deux amoureux se séparent et se partagent la garde de l'enfant. Damien devient dès lors un père du dimanche. Qui parfois s'adonne aux amours tarifés, notamment d'une Selma. Or une nuit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'enfant du divorce

Jean-Michel Olivier raconte les «pères du dimanche» et leur vie déchirée, ici doublée d'un éloignement géographique entre la Suisse et la France et plus tard les États-Unis. Une réflexion aussi lucide que désenchantée.

Le narrateur de ce roman vit depuis des années entre la France et la Suisse, entre Genève et Paris. Quand s'ouvre le roman, il rejoint la capitale pour y passer le week-end avec son fils, comme tous les «pères du dimanche». Après avoir rendu l'enfant à Leslie, sa mère, il repart pour Genève et se remémore sa rencontre avec son ex-femme, fille d'une bonne famille de Chicago.
C'est à l'ambassade de Suisse de Paris qu'il avait rencontré cette journaliste américaine et que très vite tous deux avaient fini à l'horizontale, peut-être à leur propre surprise. Mais la chimie à l'air de prendre, leurs cultures différentes devenant objet de curiosité qui pimentent une relation qui devient de jour en jour plus évidente. Jusqu'au mariage – que la belle famille de Romain voit d'un oeil circonspect – et à la naissance de leur enfant. le grain de sable qui va enrayer la machine si bien huilée va survenir avec l'élection de Donald Trump. Une catastrophe pour Leslie dont Romain ne saisit pas la gravité. Pire encore, il va se permettre une remarque ironique qui va détruire leur couple en quelques secondes.
On pourra dire que le ver était déjà dans le fruit, que le temps avait commencé son travail de sape et que la fameuse usure du couple était inévitable dans une telle constellation. Les sociologues du XXIe siècle noteront que les couples divorcés constituaient désormais la norme. Un symbole de plus dans un monde incertain.
Une évolution des moeurs qui, comme fort souvent pour les faits de société, ne s'accompagne pas d'une législation adaptée et qui finir de déstabiliser Romain.
Déjà dans le mariage il cherchait sa place de père. En-dehors, il ne la trouvera pas davantage.
Le titre de ce roman est ironique, mais il peut aussi se lire phonétiquement: «faites des pères». Car Jean-Michel Olivier en fait aussi une réflexion douce-amère sur la paternité, sur le rôle dévolu à cet homme qui ne voit son enfant que par intermittence. Comment dès lors construire une relation solide? Comment transmettre des valeurs qui pourront être balayées en quelques secondes par l'ex, sa belle-famille, son nouvel homme? Ceci explique sans doute pourquoi, le jour où la mère n'est pas au rendez-vous – elle qui est si pointilleuse sur le respect des règles – il décide de s'offrir une escapade avec l'enfant pour lui montrer un coin de terre sauvage, pour lui dire aussi combien ses lectures l'ont formé, pour l'encourager à développer son propre libre-arbitre. Sous l'égide de Nicolas Bouvier, il retrouve l'île d'Aran et des émotions qu'il croyait oubliées.
Si mon expérience de père divorcé a forcément joué dans l'empathie ressentie pour cet anti-héros, je me suis demandé en refermant le livre si ma lecture était avant tout «masculine». En tout état de cause, je me réjouis de débattre avec les lectrices…



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Je suis Personne ! Et vous ?
N'êtes-vous non plus
Personne ?
Emily Dickinson.

« Au-delà d'un certain point,
on ne peut plus revenir en arrière.
C'est ce point qu'il faut
chercher à atteindre. »
Franz Kafka.

Vous, les pères du dimanche, ce livre est pour vous, elles et deux toits pour oraison. Ce livre tremblant d'humanité, à mille mille d'un fait divers, d'une lecture pragmatique est la mappemonde d'une filiation exemplaire, sans pathos. Résolument digne, ce roman poignant lève le voile sur une famille qui va éclater tel un ballon de baudruche. Les déchirures d'un désamour et d'un enfant pris en otage.
Damien Maistre, c'est lui le narrateur. Un jeune père qui mène une double vie. Ne croyez pas à un jeu de cache-cache, Damien Maistre a deux travails, comédien et doubleur, une femme et une maîtresse (voire plus) etc.
Il est entre deux rives dans cet esprit Diogène, libre et assumé. Quoique !
Fragile, immature, il flirte sur la ligne jaune, se prend les pieds dans le tapis, tel le complexe de l'albatros.
Leslie sa femme est fataliste, américaine, et journaliste. D'une éducation implacable, rigoureuse, elle suit la doctrine de Calvin. Tout va s'écrouler le soir des élections où Donald Trump est élu. Elle le déteste, le hait et pressent l'hécatombe jusqu'en son antre. Elle s'épanche avec un de ses collègues journalistes durant des heures au téléphone, qui lui est en Amérique. Et là, tout bascule. Leslie vacille, s'éloigne et le divorce advient.
« À force de jouer tous les rôles et de changer tous les jours de visage, au fil du temps, des films et des rencontres, il a l'impression de flotter et de n'être personne. Damien ne sait jamais intéressé à lui. Est-ce son côté protestant ? Janséniste ? le moi est haïssable, disait Pascal, Damien en est convaincu. Depuis toujours, il cherche son centre de gravité. Mais la terre tremble. le sol se dérobe sous ses pas. »
Leslie l'accable. Il serait un mauvais père. Instable et triste, sans vision du lendemain. Pourtant les dimanches avec l'enfant sont gracieux mais éphémères. Les jouets dérangés d'une semaine à l'autre, le sursis. Les pâtes et les balades, moments où l'enfance a le droit de visite par la loi.
Leslie va se marier avec Russ et partir en Amérique avec son petit garçon. L'enfant pris en tenaille, à qui l'on ne demande pas son avis et pour cause. « Le paradoxe c'est que la vérité peut surgir d'un tissu de mensonges. »
Fortuitement, Leslie demande à Damien de garder l'enfant pour qu'elle passe avec Russ un week-end de lune de miel avant le grand départ.
Le dimanche soir, il ramène le petit, sauf que Leslie est absente et que Damien va craquer.
« Une étoile dans le ciel ou une île au milieu de la brume : c'est à chaque fois un voyage sans retour. »
« Fête des pères » de Jean-Michel Olivier est un cri dans la nuit noire. Un roman bouleversant, tremblant de pluie et d'amour VRAI. La quête d'un père universel. La prononciation des déchirures infinies. Ce grand texte est un témoignage, le fronton d'une paternité en souffrance.
Engagé, humain, douloureux, il est la marée-basse où tout aurait pu advenir, si.
Poignant, un hymne aux pères du dimanche. Publié par les Éditions de l'Aire & les Éditions Serge Safran éditeur.
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Le drame des couples séparés avec enfant se trouve à la base de ce roman. Comme de nombreux mariages, celui de Damien et Leslie se rompt. Ils décident de se séparer tout en s'arrangeant pour la garde du petit. Damien se transforme ainsi en papa des week-ends, des visites séparées par de grandes zones de vide. Pour combler son manque, il traîne sa solitude entre un boulot qui l'occupe énormément et, de temps en temps, les prestations sexuelles de professionnelles qui ne lui demanderont pas comment il se prénomme ni d'où il sort son argent. Alors que son existence commence à s'enliser dans cette nouvelle routine, il découvre que son ancienne femme n'est pas au rendez-vous pour récupérer l'enfant. Alors, sans trop hésiter, il décide de partir avec lui à l'aventure
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Dans le TGV
Je somnole sur la banquette de velours gris du TGV. À côté de moi, une femme entre deux âges travaille sur son ordinateur. Je l’entends soupirer de temps en temps devant des graphiques illisibles. Le contrôleur vient de passer. Il a scanné mon abonnement Prestige. Pour la millième fois, je vois défiler les champs de blé et de maïs, les bosquets dans la brume, les animaux broutant dans les prairies, les marécages, les villages sous la pluie.
J'ai toujours eu une double vie. Deux passeports (suisse et français). Deux appartements (Genève et Paris). Deux professions (comédien au théâtre et doubleur au cinéma). Deux psys (jungien et lacanien). Parfois deux femmes (Ambre et Leslie) et deux foyers. Deux motos (une BMW F 850 GS Adventure et une Harley-Davidson 1340 Electra Glide Side Car). Etc.
Éternelle dialectique du miroir: lequel des deux est le reflet de l’autre ?
J'avale un Xanax et j'essaie de dormir. Mais je n’y arrive pas. Tout se mélange dans ma tête. Les visages et les voix. Paris et Genève. Les larmes des mères et les cris de l’enfant. Je ferme les yeux, je tâche à faire le vide en moi. Mais l’orage se déchaîne, impitoyable.

Pères du dimanche
Hier, c’était dimanche, un dimanche comme les autres.
Il a plu toute la nuit et au matin la pluie s’est transformée en grésil, les nuages ont migré vers la côte atlantique et le soleil a fait une pâle apparition. L'enfant s’est levé tôt, mais il n’est pas venu tambouriner à la porte de ma chambre. Il n’est pas venu vérifier si j "étais seul dans mon lit ou si je faisais semblant de dormir. Comme un grand, il est allé chercher un berlingot de lait chocolaté dans le frigo, s’est installé devant la télévision, puis a passé en revue les chaînes du bouquet numérique.
Le dimanche matin, le choix n’est pas varié: il y a les émissions religieuses et les programmes pour les enfants. Autrefois, l’enfant passait ses matinées avec Petit Ours Brun ou les fameuses Histoires u Père Castor. Maintenant, il a grandi, c’est presque un homme, il a huit ans, il aime les aventures de Bob l’éponge, Il suçote son lait en riant à gorge déployée devant ces personnages grotesques,
Vers midi, la pluie s’est arrêtée, J'ai éteint la télévision et l’enfant a grogné, comme si on le réveillait en pleine nuit. On est sorti manger un hamburger sur les Champs. L'enfant s’est goinfré de frites bien grasses, puis a avalé un soda, ça l’a calmé. L’humeur était de nouveau au beau fixe. On a pris la moto et on s’est retrouvés comme chaque dimanche aux Buttes Chaumont à donner du pain sec aux canards.
Tout près du parc, il y a des terrains de football. Sur la pelouse artificielle, les cris fusaient, comme les menaces et les insultes. Quand les rouges ont marqué un but, les jaunes ont laissé éclater leur colère. Un mec a eu des mots avec l’arbitre. On n’a rien entendu. Mais l’arbitre l’a aussitôt expulsé. Ça a mis le feu aux poudres. Bordel! Tous les joueurs en sont venus aux mains. Un jaune a poursuivi l’arbitre à travers le terrain pour lui casser la gueule. Par chance, le type en noir a pu trouver refuge dans une cahute où il s’est enfermé.
L'enfant riait comme un fou. Ça lui rappelait les bastons dans le préau de son école. On est restés là comme deux imbéciles, puis tout le monde s’est dispersé et on s’est promenés jusqu'aux balançoires. On a attendu longtemps qu’une place se libère. Ensuite, on est allés jusqu’au train en bois qui longe la pataugeoire. Un joli train en miniature avec locomotive et wagons. On s’est assis sur les banquettes au milieu des feuilles mortes. J’ai sifflé entre mes doigts pour annoncer le départ du convoi et on a fait semblant de partir. On aurait pu se croire dans un vrai train, sauf que le train ne bougeait pas et qu’on restait éternellement en gare. En rade, quoi! Mais assez vite l’enfant s’est lassé de ce jeu.
On s’est promenés le long du lac artificiel.
Soudain, l'enfant a lâché ma main. Un gosse qu’il ne connaissait pas est venu le chercher et tous les deux ont couru sur le terrain de football.
Autour de la pelouse, il n’y avait que des hommes, Des pères du dimanche. Comme moi. On les reconnaît facilement, car ils sont mal rasés, ils portent souvent des survêtements de sport informes, de vieilles baskets, ils ont les cheveux en bataille. Ils ne savent pas ce qu'ils font là. Et le dimanche on dirait qu’ils ont tous la même idée en même temps.
Ensemble, on se lamente et on se console. Comme il y a des écrivains du dimanche, on est aussi des philosophes du dimanche.
«Chaque minute passée avec mon fils est importante, me confie Adrien (dont la femme est partie avec un collègue de travail). C’est le temps qui fait et défait nos vies. »
D'habitude, je me lasse assez vite de ces pensées amères — ces cris de haine et d’impuissance — apparemment sincères. Mais aujourd’hui je n’y échappe pas.
« Sais-tu ce qu’elle m’a fait ?

— Qui?
— Julie, Mon ex.
— Non.
— Elle m’a empêché de voir Audrey, ma fille, pendant un mois, Sous prétexte que je sortais avec une femme rencontrée sur Tinder. Une Africaine...
— Bordel !
— Pour elle, je suis un type instable. Un nostalgique des colonies. Elle prétend que sa fille, notre fille, va être traumatisée…
— C’est absurde!
— On en est là... »
Après un détour par L’Âge d'Or — «les meilleures pizzas de Paris » —, c’est la route du retour.
On traverse des quartiers enchantés. La terre des souvenirs. Le Dôme où j’ai mangé pour la première fois avec Leslie. Le Bagelstein de la rue Vaugirard où on se retrouvait pour déjeuner sur le pouce. Et l’hôtel Saint Vincent, 5 rue du Pré-aux-Clercs, pour les siestes crapuleuses. Le Luxembourg pour le tennis et les promenades du dimanche.
C’est le pays où j'ai vécu six ans.
Sur la moto, l’enfant chantonne. Il est heureux. Il a passé le week-end avec son père du dimanche. Mais il se réjouit de rentrer chez lui, à la maison. Les routes sont encore luisantes de pluie. Je roule lentement. Je gagne du temps sur le malheur.
Mais pas trop: si je suis en retard, il y aura des représailles
J'arrive dans la cour. L'enfant descend de la bécane. Ôte son casque, le pose sur le siège de cuir. Au troisième étage, les fenêtres sont allumées. Quelqu’un guette notre venue. On ne voit pas son visage, mais on devine la femme debout derrière les rideaux. On est arrivés. On est déchirés.
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– Je voulais te demander si, by chance, tu pouvais t’occuper de l’enfant le week-end prochain. Ce n’est pas ton week-end, je sais, mais c’est la Fête des Pères, tu pourrais passer du temps avec lui et ça nous permettrait de nous retrouver, avec Russ, nous en avons besoin.
– Vous vous êtes perdus de vue ? dis-je ingénument.
– Non. Mais je crois qu’il ne supporte plus l’enfant…
— Ou toi, peut-être.
– Bullshit ! Tu ne peux pas dire quelque chose de gentil de temps en temps? p. 101-102
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Je m'appelle Damien Maistre, je suis né un mardi, à Genève, le 9 février 1971, d’une mère institutrice et d’un père qui vendait des balances de précision. Pour l’histoire de la Suisse contemporaine, c’est une date importante: l’avant-veille, le dimanche 7 février, les Suisses avaient accordé le droit de vote et d’éligibilité aux femmes. p. 18
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Aujourd'hui, on n'a pas besoin de tuer le père. La société s'en charge. Beaucoup de monde le guette au tournant. On l'épie nuit et jour, on lui tombe dessus au moindre faux-pas. Depuis longtemps, il a perdu ses privilèges et ses passe-droits - sa place royale sur l'échiquier.
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Autour de la pelouse, il n'y avait que des hommes. Des pères du dimanche. Comme moi. On les reconnaît facilement, car ils sont mal rasés, ils portent souvent des survêtements de sport informes, de vieilles baskets, ils ont les cheveux en bataille. Ils ne savent pas ce qu'ils font là. Et le dimanche on dirait qu'ils ont tous la même idée en même temps.
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