Chers Babéliens
Je ne suis pas sûr de vouloir suivre certains d'entre vous à propos de l'essai de Christiane Olivier sur le rôle de « Jocaste » dans la formation et l'évolution psychique des filles et des garçons et plus tard des hommes et des femmes, puis des couples, notamment en ce que vous le considérez comme daté, peu en phase avec la réalité actuelle. Mais, les théories de Freud et de ses disciples ou celles qui, dès l'origine, se sont écartées du freudisme sont beaucoup plus anciennes.
D'un autre côté, instinctivement, j'ai toujours ressenti une certaine prévention à l'égard de la psychanalyse, et d'une manière générale à l'égard de tous les « psy-quelque chose. » Peut-être par préjugé, peut-être parce que dans ma vie personnelle je ne me reconnais pas dans ce concept de déterminisme psychique qui tendrait à réduire cette part de libre-arbitre qui nous rend responsables de nos choix, ou bien encore la force de l'âme qui permet de surmonter des traumatismes de l'enfance pour en faire des phénomènes étrangers à soi-même dans le cours du temps, ce que les « psy. » appellent la résilience et qui a toujours existé ; peut-être enfin parce que je me pose la question du sérieux d'une thérapie psychique qui durerait toute la vie à coup de centaines d'euros, de livres, ou de dollars par séance. Où l'on apprend, par exemple, que notre facétieux Woody Allen a effectué une analyse qui a duré trente ans !
N'importe, j'ai trouvé que l'exploration du continent psychique, à partir d'un autre point de vue, d'un autre regard, d'autres chemins, tels ceux empruntés par une femme comme Christiane Olivier n'était pas moins légitime. La mise en cause des dogmes freudiens ne datent pas d'aujourd'hui, une véritable guerre de religions existe entre croyants.
De surcroît, le freudisme a donné naissance à des athées de la psychanalyse, tels, par exemple, Vladimir Nabokov (je l'aurai beaucoup cité dans mes billets) qui a surnommé Freud « le charlatan viennois », et récemment le philosophe M. Onfray qui a dit de Freud qu'il était « un fabulateur cocaïnomane qui aimait l'argent ». Certains continuent de dénier à la psychanalyse le qualificatif de science et regrettent cette emprise qu'elle possède sur une bonne partie l'intelligentsia française notamment.
Nous connaissons les excès et les provocations de M. Onfray, et Madame E. Roudinesco a cru bon d'apporter ses obscurcissements à un débat que j'ai trouvé passablement confus.
Toutefois, malgré mes réticences, mais étant curieux d'un domaine qui a connu un développement extraordinaire au cours du siècle précédent grâce aux travaux de Freud, mais aussi à ceux de beaucoup d'autres, j'ai lu quelques ouvrages sur la question pour me rendre compte à la fois de certains succès des thérapies psychanalytiques (qu'est-ce qui m'autoriserait à en douter ?), mais aussi, semble-t-il, de leurs échecs, des incertitudes et des profonds désaccords existant à propos des théories de la psychanalyse, du nombre incroyable d'écoles et de chapelles qui sont apparues dans ce domaine, et de son ésotérisme qui le rend difficile d'accès au commun des mortels.
Voilà pourquoi la lecture du livre "Les enfants de Jocaste" de Christiane Olivier m'est apparue à la fois aisée et rafraîchissante.
Pat.
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Un livre un peu "daté" et empreint d'une image de la femme et de l'homme très traditionnelle et que j'ai trouvé assez réductrice. Même si, bien évidemment, ce genre d'essai ne peut qu'être basé sur une image générale culturelle.
Il y a des choses "vraies" dans ce livre, sur les relations de couple de personnes n'ayant jamais fait de travail sur elles-mêmes, et il est vrai qu'en cours de travail psy on se rend compte à quel point on projette ses "mauvais parents" (et pas que la mauvaise mère) sur son conjoint. Mais bon, j'avoue qu'il y a assez peu de choses qui m'ont parlé personnellement, car même avant le travail psy, ma relation à mon conjoint était spéciale car très équilibrée. Je ne m'y suis pas du tout retrouvée, du coup je n'ai pas vraiment apprécié.
Quitte à ne pas m'y reconnaître, je préfère les livres qui s'attachent davantage aux descriptions et résolutions de cas particuliers, au moins on peut davantage comprendre, même si c'est "de loin".
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Une écriture claire et simple pour nous expliquer combien le maternage (à ne pas confondre avec la maternité), peut être une chose néfaste qui serait à la base de l'incompréhension entre l'homme et la femme.
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D’une façon ou d’une autre, toute difficulté de couple ne peut être aplanie qu’autant qu’on coupe à la projection de la mauvaise mère sur le conjoint. C’est une chose que l’on devrait savoir avant même le mariage.
Nous ne repasserons plus jamais le Miroir sans traîner avec nous toute notre histoire oedipienne
Que produirons nous quand production et reproduction se seront différenciées dans notre tête ?
Comme cet enfant m'a paru lourd dès qu'il eut déserté mon habitacle intérieur.
Il faut des femmes, à côté des hommes, pour que science ne s'allie plus à méconnaissance, et il faut des hommes au côté des femmes pour que éducation ne rime plus avec prison...