Si vous avez poussé la porte de Babelio, c'est que vous aimez les livres, un peu trop pour les standards modernes sans doute ; et dans ce cas vous avez probablement tâté un jour ou l'autre de la solitude. Dans votre enfance même, peut-être. Il se peut alors que vous vous soyez imaginé un ami. Une chose qu'en général on ne croise que dans les livres – mais qui l'avouerait autrement que par un livre, ou à la limite une critique ? Moi j'avais un royaume imaginaire. Il faut voir grand.
Avec l'âge, souvent reviennent les journées vides et grises.
Kent Haruf, dans son beau roman «
Nos âmes la nuit », imagine deux personnes d'âges mûrs rapprochant leurs solitudes. Mais s'il n'y a ni désir, ni envie, ni personne de qui se rapprocher – personne de réel, du moins ?
L'héroïne, Agatha, a atteint la quarantaine d'une vie sans relief. Sa mère, la seule compagnie qu'elle n'ait jamais eue et dont elle n'était pourtant pas particulièrement proche, vient de s'en aller. La voici seule, sans rêve, sans famille, sans désirs, menant jour après jour la même vie, comme si la poussière s'était peu à peu déposée sur son existence même. Et voila que, du plus lointain de sa mémoire, remonte soudain le souvenir du seul être qui ait jamais égaillé sa vie…
Un beau roman, qui n'avait jamais été traduit en français. C'est chose faite maintenant. Qui sait ? Peut-être regretterons-nous un jour de n'avoir pas même un ami imaginaire…