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Critique de c.brijs


A la veille des 16 ans de son fils, sur un parking Ikéa, la mère de Pierre tourne les talons et les plante là, lui et son père, sans un mot d'explication. Quelques jours plus tard, un message laconique: "Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n'en peux plus, c'est tout."
De questions en conjectures, ils doivent malgré tout continuer à (sur)vivre...

Depuis l'enfance, je garde le souvenir marquant d'une voisine qui avait vu son mari disparaitre du jour au lendemain. Parti acheter un paquet de cigarettes, il n'était tout simplement jamais revenu et s'était engagé à la Légion étrangère. Je me suis toujours demandé comment on pouvait en arriver là... Avec ce titre, j'ai côtoyé de plus près ce mystère.

Ce roman, c'est l'apprentissage de la vie. le passage brutal du monde de l'enfance à celui des adultes. Pierre découvre soudain que sa famille est bien moins lisse qu'il n'y parait. Tous les adultes qui l'entourent cachent des secrets, des fêlures inavouées. Lui qui n'avait jamais vu ses parents qu'en tant que tels découvre tout à coup qu'ils sont aussi des êtres de passion.

"(...) depuis la disparition de maman, j'étais envahi par la vie des adultes, comme si des digues avaient rompu, qu'un soudain déséquilibre me privait de ma position d'adolescent pour me bringuebaler au coeur de l'existence mouvementée de mes aînés."

Cet événement aurait pu l'anéantir. Au contraire, sa vie va prendre un autre tournant. En faisant éclater toute la chape de silence qui pesait sur la famille, Pierre va pouvoir se reconstruire et avancer sur son propre chemin de vie. Peu à peu, il va davantage s'ouvrir aux autres et à l'amour. de la chenille coincée dans une vie étriquée, sans couleur ni réelle saveur va sortir un papillon ivre de liberté.

Quant à nous, lecteurs, il nous faut attendre la fin du récit pour comprendre ce qui a pu pousser une mère à quitter un fils et un mari qu'elle aimait. La surprise est de taille, croyez-moi! Je me suis laissé berner jusqu'au bout. S'il y avait des indices (que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas casser le suspense), je les ai (volontairement) zappés, tout occupée à me laisser porter par ce récit empli d'émotion, d'humour et de musique (classique - Pierre est musicien).

Vous l'aurez compris, ce titre m'a plu. Il traite avec pudeur de sujets peu abordés en littérature jeunesse: la sexualité, le deuil, l'abandon. Loin de verser dans le mélodramatique, le narrateur parle de lui et des événements qui bouleversent sa vie avec beaucoup d'autodérision et toute la force de la jeunesse.

J'ai particulièrement apprécié les moments où il découvrait comment ses parents mais surtout ses grands-parents étaient tombés amoureux. Au-delà du récit émouvant, on comprend toute l'importance pour un jeune qui se construit de savoir d'où il vient, de retisser les fils qui ont conduit à sa naissance.

"Je me sentais plein de toutes les histoires, les drames et les joies de ceux qui étaient ma famille. Un puzzle, dont certaines pièces étaient tragiques, mais toutes aussi indispensables que les autres. Comme la mort de mon arrière-grand-père quand mon grand-père n'avait que huit ans. Une mort qui avait donné naissance à un amour de toute une vie, dont devaient naître plus tard ma mère, puis moi.
C'était réconfortant et affolant en même temps."

Enfin, pour l'anecdote, un petit clin d'oeil qui m'a ravie, c'est celui qu'il fait à Pierre Bottero, l'auteur préféré de sa soeur (et le mien aussi, du moins en littérature jeunesse "fantasy").

Dans une interview (cf. ci-dessous), l'auteur confie qu'il écrit plus des livres sur l'adolescence que pour les adolescents. Ceux-ci s'adressent donc à tous, ceux qui vivent cette période comme ceux qui s'y intéressent... Et pour peu qu'on replonge dans notre propre adolescence (l'avons-nous jamais vraiment quittée?), cela fait du bien de (re)découvrir aux côtés de Pierre que: "Ca n'existe pas, les porte-bonheur. Parce que le bonheur c'est en soi qu'on le porte".
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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