C'est une amie qui m'a prêté ce livre et je m'y suis prise à deux fois pour le lire. J'ai commencé le premier roman court, je l'ai laissé puis j'ai retenté l'expérience quelque mois plus tard. J'ai réussi à aller au bout de «
Bord de mer ».
On sent tout de suite que l'héroïne est au bout du rouleau, usée par la vie, et qu'elle a lâché prise depuis longtemps. Elle élève seule ses deux garçons.
Stan l'aîné, neuf ans est un enfant devenu adulte trop vite, les rôles sont inversés, c'est lui qui s'occupe de sa mère qui s'enfonce dans la dépression, dort le jour et vit la nuit, toujours exténuée, qui oublie d'aller chercher le petit frère Kevin, quatre ans, qui ne tient pas en place comme tout enfant de cet âge, et pleure souvent.
J'ai bien aimé le personnage de Stan, parfait dans son rôle de grand frère toujours attentif vis à vis de Kevin, même quand ils se disputent, protecteur de sa mère, comme un ange gardien, trop raisonnable car il n'a déjà plus d'illusions...
Elle décide de les emmener au bord de la mer, au bord de la mère dirait oncle Sigmund (
Freud bien sûr), elle a retenu l'hôtel sur internet pour qu'ils la découvrent, et passer un bon moment ensemble. Mais rien ne se passe comme prévu.
Durant tout le roman, il pleut, sur la ville, dans les coeurs, ils marchent, trempés dans la gadoue, un peu d'argent dans les poches mais si peu…
L'auteure décrit très bien la misère psychologique et sociale de cette mère dépassée par la situation. L'atmosphère est lourde, angoissante, on souffre avec les petits, on a envie de la secouer un peu parfois. Tout est maîtrisé, l'auteure appréhende bien la misère psychologique et sociale, la fatigue omniprésente dans laquelle l'héroïne s'enlise.
Tout en désirant me tromper, j'ai senti très vite comment cela allait finir, tant l'écriture se veut sinistre, (c'est l'héroïne qui raconte, avec un français approximatif). C'est voulu mais cela coûte de lire ce roman, ligne après ligne, c'est anxiogène, trop réaliste comme la vie actuelle, dépressiogène.
Je n'ai pas lu le second roman, car j'avais le moral assez plombé comme cela. Je suis probablement passée à côté de ce livre, qui est le premier de l'auteur et a reçu en 2002 le prix Alain fournier, car ce n'était pas le moment que je le lise. J'ai aimé celui qu'elle a publié en 2012 : «
Nous étions faits pour être heureux ».
Je vous laisse tenter l'expérience, mais avis aux personnes qui ont le blues, la dépression saisonnière : passer votre chemin, ou vider votre pharmacie avant, jeter votre révolver…
Je n'ai pas aimé la première histoire à cause de sa dureté et pas lu la deuxième donc, je ne mets pas de note.
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