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Critique de Renod


Au crépuscule de son existence, Wilfried Wils rédige ses mémoires à l'attention de son arrière-petit-fils. Le vieil homme revient avant tout sur la Seconde Guerre mondiale. Engagé dans la police comme auxiliaire pour se soustraire au S.T.O., il s'est trouvé au coeur des événements tragiques de cette période, en qualité de témoin et parfois d'acteur.

L'histoire se déroule à Anvers, la ville du diamant, qui abrite une communauté juive importante. Rapidement, les Allemands mettent en place des mesures discriminatoires, procèdent à des arrestations arbitraires, des rafles et des déportations. Wilfried Wils va côtoyer les deux camps ennemis : Lode, son ami et collègue, lui présente des résistants qui viennent en aide à un fugitif juif ; son mentor qu'il surnomme Barbiche teigneuse, le met lui en relation avec des collaborateurs. Et voilà notre Wilfried balloté d'un côté à l'autre, comme sans volonté, recruté pour des missions clandestines, sans jamais faire de choix clair. La période est trouble et le jeune homme plein d'ambiguïtés. Même le lecteur peine à déterminer sa part de responsabilité dans les machinations et les trahisons. Il doit se contenter des aveux à demi-mot d'un vieillard écrasé par une culpabilité lancinante.

Il faut dire que le narrateur est animé depuis toujours d'une dualité inquiétante. A l'âge de cinq ans, il a perdu la mémoire après une violente méningite. Il a dû réapprendre son nom et celui de ses parents. Il reste persuadé qu'il s'agissait d'une duperie, qu'on l'a trompé sur sa véritable identité. En son for intérieur, il est Angelo, son moi obscur qu'il dissimule dans ses profondeurs, un alter ego inquiétant, violent, qui parvient parfois à s'imposer et à interrompre la comédie sociale de Wilfried. A Angelo la hargne, la passion , à Wilfried la représentation et la normalité. Angelo s'exprime à travers les poèmes publiés par Wilfried . Ses premiers textes sont d'ailleurs publiés après-guerre dans un premier recueil au titre évocateur : « confession d'un comédien »…

Ce roman m'a dérouté. Cela tient bien sûr à l'ambigüité de son narrateur mais aussi à la structure chaotique de son récit. Ses souvenirs sont évoqués de manière décousue, sans transition. Ce n'est qu'en progressant dans le texte que l'on parvient à situer les personnages et à reconstituer la chronologie des événements. J'ai également eu du mal à me repérer dans la géographie d'Anvers. Jeroen Olyslaegers livre un roman historique peuplé de personnages croqués sous des traits grotesques. Il dresse avec talent le portait de ces salauds ordinaires qui pullulaient sous l'Occupation. Ecrire sur la Seconde guerre mondiale, un sujet traité par les plus grandes plumes, est un pari risqué. Olyslaegers s'en sort avec brio avec un roman traversé de fulgurances et de visions cauchemardesques.


Je remercie les éditions Stock et Netgalley pour ce partage.
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