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sur 243 notes
Le récit sans voile de l'oppression de femmes musulmanes. Un texte courageux, les mots sans niqab, pour un roman qui a valu à son auteure, Sara Omar, des menaces de mort quand il a été publié au Danemark en 2017.
Frmesk est née en 1986 dans le Kurdistan Irakien et sa petite enfance va être marquée par l'inculture de l'honneur, par des actes de barbarie perpétrés à l'encontre de femmes jugées impures par des maris, des frères et même des mères ou des soeurs, au nom d'une religion et de traditions barbares. Pour Frmesk et toutes ses soeurs d'infortune la moindre affirmation de soi est réprimée dans la violence, la plus infime des libertés devient un sacrilège. La violence n'a besoin d'aucun alibi quand il s'agit de museler ces femmes.
Pour la protéger de la violence de son père et du fanatisme d'une belle-mère, Frmesk va être confiée à ses grands-parents maternels, étincelles de lumière qui défient l'obscurantisme. Il y a Darwesh, le grand-père, intellectuel malicieux et agnostique et surtout Gawhar, cette grand-mère miséricordieuse, fervente croyante qui se charge de laver le cadavre des femmes innocentes victimes du fanatisme. Ce couple extraordinaire permet de ne pas totalement désespérer de l'espèce et d'apporter au récit un peu de joie face à une violence exacerbée par la guerre Iran-Irak qui faisait rage à cette époque.
Fremsk raconte son enfance depuis la chambre d'un hôpital au Danemark trente ans plus tard. Elle couche sur papiers ses cauchemars, comme pour expulser certaines visions d'horreurs qui hantent ses nuits. Elle se rapproche d'une jeune infirmière également musulmane et elle-même tourmentée par un père qui n'accepte pas sa vocation et semble obsédé par le déshonneur de la famille. le récit alterne présent et passé, l'horreur se jouant de l'espace-temps et des lieux. L'ignorance et le fanatisme n'ont pas de frontières mais portent des montres qui retardent de plusieurs siècles.
Ce roman n'est pas dur, il est implacable. Sara Omar rend la description de l'insoutenable nécessaire. La violence n'y est pas gratuite, elle témoigne d'une réalité inacceptable à la fois dans son pays d'origine et dans sa terre d'accueil.
De nationalité kurde, l'auteure est née comme son héroïne en Irak en 1986. Elle y est restée jusqu'à ses 10 ans puis transitera par un camps de réfugiés avant de s'installer au Danemark. C'est également lors d'un séjour en hôpital suite à une tentative de suicide que l'écriture de ce livre deviendra pour elle une nécessité, une question de survie.
A noter l'excellence de la traduction de Frédéric Fourreau, notamment pour les dialogues avec des conversations qui raisonnent comme des sentences.
Je pense avoir l'estomac bien accroché et je n'ai pas la larme facile, coeur parapluie, mais je dois avouer que de tous les romans de cette rentrée littéraire, La laveuse de morts est celui qui aura le plus secoué le tambour de mes pensées. Nettoyage à sec pour un titre qui peut rebuter mais qui n'est pas réservé aux thanatopracteurs.
Dans cette histoire, on ignore les épisodes qui relèvent de la fiction et ceux qui s'inscrivent dans le registre de l'autobiographie mais nul doute que Frmesk et l'auteure partagent les mêmes gênes.
D'ordinaire, j'ai la cinquième étoile timide mais je la délivre sans retenue pour ce roman en espérant que cette lecture essentielle mais éprouvante séduise beaucoup d'autres lecteurs.
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Ce premier volet d'une trilogie dénonçant la condition féminine dans le monde musulman a valu des menaces de mort à son auteure quand il a été publié au Danemark en 2017. Réfugiée au Danemark à la fin des années 1990, Sara Omar est née au Kurdistan en 1986…tout comme Frmesk, le personnage central de ce premier volet.

Frmesk naît donc en 1986 dans le Kurdistan Irakien, d'un père soldat Kurde et de la fille de Gawhar, la laveuse de mort. Afin de la protéger d'un père qui menace de l'enterrer vivante et d'une belle-mère fanatique, sa mère décide de la confier à ses propres parents. Darwesh, le grand-père mécréant, et Gawhar, la laveuse de morts chargée de s'occuper des cadavres de femmes jugées impures et que personne ne réclame, seront l'unique lueur d'espoir au milieu de cet enfer où il ne fait pas bon de naître fille…

La narration alterne passé et présent au fil des chapitres, passant du quotidien de la petite Frmesk dans un village du Kurdistan entre 1986 et 1991 à sa chambre d'hôpital au Danemark en 2016. Une alternance qui contribue habilement à démontrer qu'il est difficile pour les femmes musulmanes d'échapper à l'emprise de la religion, des traditions, de l'autorité patriarcale et de la bêtise des hommes en général, peu importe l'époque ou l'endroit.

« La Laveuse de mort » dénonce donc cette oppression de femmes musulmanes muselées et privées de la moindre forme de liberté par la culture de l'honneur, au nom de dérives religieuses et de traditions archaïques. Violences physiques et psychologiques, humiliations, châtiments corporels, viols, lynchages, incestes…certains passages sont quasi-insoutenables et tout comme la petite Frmesk, le lecteur tente de s'accrocher à l'amour et à la générosité de ses deux grands-parents maternels, seule lueur d'espoir dans ce pays frappé par la guerre et par la bêtise humaine.

« La Laveuse de mort » est un roman glaçant et révoltant, dont personne ne peut sortir indemne. Allah est grand, mais ne ressort malheureusement pas grandi de cet ouvrage, tout ça à cause de la bêtise d'hommes qui détruisent des femmes en toute impunité et en son nom…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Diable, que cette lecture est difficile ! Mais pourquoi invoquer diable ou dieu quand tout ici n'est la faute que de l'homme. Pourquoi infliger tant de souffrance aux femmes ? Au nom de quoi, de qui ? Si la conduite des hommes est régie ici par un livre religieux, alors je suis bien contente de n'en posséder aucune de religion.

Kurdistan, 1986. Frmesk, fragile petite-fille vient de voir le jour. Mais son arrivée est loin d'être la bienvenue. Naître fille en terre musulmane n'est pas une bénédiction. Rejetée par son père et sa grand-mère paternelle, elle n'aura la vie sauve que grâce à ses grands-parents maternels qui la prendront sous leur coupe pour la protéger.
Entourée par une grand-mère très croyante et un grand-père érudit qui possède une bibliothèque, elle grandira entourée d'amour, sans cependant être éloignée de toutes les souffrances imposées aux femmes.
Danemark, 2016. Frmesk, jeune femme fragile est soignée à l'hôpital de Skejby.
On ne sait pour quelle raison notre héroïne se trouve ici. Mais c'est ici qu'elle fera la connaissance d'une jeune kurde, étudiante en médecine. Et c'est grâce à leur origine commune que le dialogue se nouera et que des points de comparaison entre vie en pays musulman et vie en occident pourront être établis.

J'ai beaucoup aimé cet ancrage entre les deux pays qui permet de mieux comprendre comment la vie des femmes musulmanes est réglée par l'autorité patriarcale. Combien il est difficile de s'affranchir du poids de la religion et des traditions. Poids maintenu par les hommes évidemment qui ont le beau rôle d'imposer, sous couvert de religion, leur façon d'être et de voir. Mais aussi poids maintenu par une certaine frange de femmes qui peuvent à leur tour en imposer à leurs belles-filles. Quelle aubaine d'avoir enfin un peu de pouvoir sur autrui !

Bien sûr, cette lecture fait hurler la lectrice que je suis tant les violences (humiliation, viol, mutilation, meurtre, inceste… ) faites aux femmes sont ici monnaie courante et que s'il y a faute, c'est toujours du fait de la femme et ce sans aucune objectivité, ni remise en question, le Coran à l'appui. Donc, le bouc émissaire tout trouvé ! Et il en faut du courage pour oser écrire ce qui suit :

« - Quoi qu'il arrive, une femme doit toujours être pure et honorable. Dans son esprit et dans son corps, dit Muhammad.
- Si l'honneur d'une femme se situe dans son hymen, où se situe celui d'un homme ?
Muhammad fusilla du regard son père.
- Tu ne dis rien. C'est bien ce que je pensais. Selon toi, l'honneur d'un homme se situe dans l'hymen de sa soeur ou de sa femme, et cela peut justifier à la fois le déshonneur et le meurtre.
- Ce sont des sottises, des saloperies, s'emporta Muhammad.
- Non, dit Darwesh. Car quand est-ce qu'un homme est considéré comme impur ? Et est-ce que sa virginité peut représenter la fierté ou la honte de toute une famille ? - Il secoua la tête. - C'est ça, le coeur de tous les maux, mon fils. La perte de la virginité d'un homme ne compte pas. Seules les femmes et leurs sexes peuvent être responsables de l'infamie qui s'abat sur une famille, et cette responsabilité est si lourde qu'elle peut toujours justifier qu'un homme ait recours à la violence ou au meurtre... »

Alors, outre la qualité de l'écriture et de la traduction, je tiens à remercier l'auteure pour sa franche composition, la saluer pour les risques encourus face à la dénonciation de coutumes violentes et archaïques et enfin lui dire que j'attends avec impatience la suite de cette trilogie annoncée.
Et vous, lecteurs et lectrices, qui passez par ici, offrez-lui la possibilité de continuer son oeuvre et de faire entendre sa voix.

« Je savais qu'il y aurait des conséquences quand j'ai décidé d'écrire ce livre, mais je n'avais pas le choix, souffle l'écrivaine. C'était ça ou mourir, et j'avais toutes les raisons de choisir la mort. »
(deux fatwas ont été prononcées contre elle).
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«  Une fois encore j'ai survécu à tout , sans toi,
J'ai promis de ne plus faire un seul pas , sans toi
Mon âme est une maison abandonnée remplie de larmes sans toi
Mes yeux sont aveugles , je n'y vois plus
Chacun de mes cils est une aiguille de douleur sans toi » ..

Poème de Nâlî pour sa bien- Aimée , Habiba , plein d'amour et d'espoir , page 302 de cet ouvrage afin d'en exorciser l'horreur, la violence , le côté sombre, fort, d'une dureté extrême .

Cet ouvrage secoue, interpelle, écoeure , déstabilise, indigne le lecteur qui se pose la question : «  Vais - je continuer ma lecture? Jusqu'à la dernière page .
Mais c'est peut - être par la force des MOTS que nous devenons intemporels , que nous pouvons changer les choses .
Acheté en décembre , j'hésitais à le lire : le 21 août 1986 , vient au monde une petite fille frêle et chauve ,Frmesk, à l'exception d'une petite tache de cheveux blancs et fins en forme de coeur , juste au dessus de son front : signe d'Allah ou malédiction? Est - elle bénie ou maudite ?

C'est sa vie d'enfant —- puis de jeune femme exposée à l'extrême que conte ce récit poignant ——
Frmesk est née dans le Kurdistan Irakien , sa petite enfance sera marquée par l'inculture de l'honneur , par des actes de barbarie perpétrés à l'encontre de femmes jugées impures par des maris, des frères ou des mères analphabètes , haineuses , brutales au nom de coutumes ignobles d'une religion.

La mère de Frmesk craint pour sa vie car ce n'est qu'une «  fille » quand son mari menace de l'enterrer vivante , elle se décide à la confier à ses propres parents.
Gawhar , grand - mère maternelle de Fremsk, est laveuse de morts , s'occupe du corps des femmes que personne ne réclame , ne veut toucher , ni enterrer : des femmes jugées quantité négligeables, soumises au bon vouloir , à la cruauté , à la bêtise crasse des hommes , celles- ci assassinées lâchement dans le déshonneur et la honte .

Darwèsh, , le grand - Père, colonel à la retraite , mari de Gawhar, contrairement à son épouse ne lit pas uniquement le Coran , mais possède une riche bibliothèque.
Bienveillant , aimant , dans la modération et l'intelligence , ce couple uni ne parviendra qu'un temps à protéger Frmesk des inexorables menaces physiques et psychologiques qui se resserrent autour d'elle , dans un pays frappé par la guerre, la haine le génocide , l'oppression, la dévastation, les mensonges et L'OBSCURANTISME.

Là - bas , la moindre affirmation de soi, la moindre parole est réprimée par la violence, un traumatisme qui musèle , terrorise , empêche ces filles, ces femmes , ces enfants .
L'auteure dénonce avec force ces archaïsmes : viols , humiliations , mutilations sexuelles , incestes , meurtres ,lynchages.

L'ouvrage se construit entre deux époques : 1986 et plus au Kurdistan Irakien , d'une part , d'autre part en août 2016 , dans un hôpital du Danemark, où Frmesk est soignée .

Pourquoi infliger tant de souffrances et d'humiliations aux femmes ?
Pourquoi une partie importante de cette culture est basée sur le mensonge et les faux sourires?
Pourquoi une telle brutalité —- inouïe —- avec laquelle certaines d'entre les femmes sont traitées dans l'intimité de leur foyer ?
Pourquoi le prix à payer pour exister en tant qu'être humain est si élevé ? Et tant de musulmanes disparues sans laisser de trace? .
Une plume magnifique pour dire l'ignominie, on pourrait penser que Frmesk est l'auteure, réfugiée au Danemark? Première Romancière Kurde À la fin des années 1990 ?
Un roman très difficile à lire , violent , implacable , glaçant dès les 1ères pages, c'est certain , mais nécessaire pour que tout le monde sache que cela existe bel et bien et pour que chacun ouvre les yeux afin de lutter pied à pied pour qu'enfin ces horreurs cessent .

L'auteure est engagée auprès de nombreuses organisations et associations pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants .
«  Ses traumatismes s'abattirent sur elle comme une pluie de coups de poing et de coups de pied » .
Merci aux Éditions Actes-Sud.
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Une lecture-tsunami, qui chavire, secoue, fait tanguer , agit comme une véritable tornade!…
Mais quelle plume, quels risques assumés au prix de l'existence de son auteure !

En furetant chez mes camarades libraires… je fonce toujours vers le petit espace où se trouvent les publications des éditions Actes Sud, et je suis tombée sur ce premier roman d'une auteure d'origine kurde, écrivant en danois, qui vit au Danemark depuis son très jeune âge, en 2001, après cinq années d'épreuves dans les camps de réfugiés avec sa famille, afin de fuir le Kurdistan en guerre !

Je me permets de débuter par un très long extrait qui est, dans son propos, illustre au mieux le noyau central de cette narration. Il s'agit de Frmesk, notre héroïne, que l'on retrouve plus de 20 ans après le début de l'histoire, seule, sans visite, dans un hôpital, avec le corps abîmé, malade, ayant vécu moult traumatismes, prenant sous son aile une jeune future médecin, Darya, terrorisée, surveillée par un père fanatique, qu'elle écoute dans ses angoisses, et panique face à un père qu'elle ne reconnaît plus, depuis qu'elle devient une femme….

« Chère Darya,
(...) quand on décrète que vous ne serez jamais vraiment un être humain parce que vous n'êtes pas né garçon- alors trois choix s'offrent à vous dans la vie :

Vous pouvez tenter de tenir le coup, de vous taire, de subir la violence et l'oppression en silence derrière votre voile.

Vous pouvez mourir de votre propre main ou de celle d'un homme.

Ou alors, vous pouvez essayer de briser les chaînes, au risque de tout perdre . Même la vie. (...)

Pour moi, la vie consiste à garder la foi en son humanité, afin que le mal ne puisse nous dévorer. Pourtant, mes mots donnent la parole au mal, mais si je le fais, c'est simplement dans le but d'être entendue. Mes mots, c'est tout ce qu'il me reste. Sans eux, je ne serais rien. (...)

N'oubliez jamais que vous êtes précieuse
Affectueusement

Frmesk”

Un premier roman devant lequel j'ai beaucoup hésité, tant le sujet est oppressant, et finalement, dans ce monde de violences et maltraitances faites aux femmes, j'ai été attirée par les grands-parents maternels de notre frêle héroïne, Frmesk [« Larme » en kurde ], un couple d'espoir et de lumière extraordinaire dans cette narration tragique …

-Gawhar, « laveuse de mort », s'occupe du corps des femmes que personne ne réclame, ni ne veut toucher ni enterrer, mortes dans l'indignité et sous la violence des hommes, assassinées, le plus souvent.
- Darwésh, le grand-père, colonel à la retraite qui, contrairement à sa femme, ne lit pas uniquement le Coran, s'intéresse aux autres religions, à la philosophie, à l'histoire, possédant une riche bibliothèque. Ce foyer bienveillant élèvera un moment leur petite fille pour qu'elle ne soit pas « enterrée vivante » par son propre père, pour qui les filles ne sont rien, ne valent rien, en dehors de ses instincts sexuellement violents , envers son épouse, allant jusqu'à participer à des "crimes d'honneur"...

Un personnage masculin, comme la majorité , présente dans le texte, qui font « froid dans le dos » ! Toutefois la cruauté n'est pas toujours que du côté « masculin », mais aussi du côté des « belles-mères », femmes conditionnées et dressées dès le berceau, devenant à leur tour « tortionnaires » …sanctifiant leurs rejetons masculins, les encourageant dans leur mépris des femmes…dans le respect des traditions les plus infâmes !

Le récit fait un va et vient entre l'enfance d'Frmesk, dans les années 1986, et son présent en 2016, où on la retrouve seule, hospitalisée, ayant pris en affection une jeune étudiante en médecine, Darya, venant se confier à elle, lui exprimant la terreur qu'elle a de son père, ; ce dernier la surveillant de façon obsessionnelle, ne supporte pas même qu'elle parle avec cette malade… Il enquêtera sur Frmesk, la remettra en danger ! Frmesk, tout en soutenant Darya, revit à cause d'elle et de ce père agressif, les brutalités et agressions dont elle a été elle-même victime, dans le passé.

Hormis la cruauté insensée faite aux petites filles comme aux femmes kurdes et de tous pays, restent les lumières extraordinaires que sont le courage, le combat des femmes au péril de leur vie [ **Rappelons que l'auteure, même publiée au Danemark, en 2017, a été menacée de mort , à ce moment-là ].

L'acquisition de ce texte d'une qualité incontestable, est aussi un très modeste et geste (nécessaire à mes yeux, dans notre monde progressant dans "la peur") de solidarité envers l'audace et le courage de cette jeune femme. Chapeau bas pour la beauté du style de ce texte ainsi que pour les engagements courageux et multiples de Sara Omar contre les violences infligées aux femmes, aux enfants, dans son pays et à travers le monde!!

Une lecture dont on ne ressort pas indemne, quand on sait avec horreur que la réalité aussi barbare soit-elle dépasse la fiction, détruit enfants, femmes, en toute impunité , à travers le monde, au nom d'une religion et de traditions archaïques...

Cet ouvrage s'arrête brusquement à un moment critique de l'enfance de Frmesk, où les grands-parents aimants, figures chaleureuses persistent et gardent leur petite-fille pour la protéger de la belle-famille de leur fille… mais un autre ennemi « intérieur » à la famille surgira à l'insu de ces derniers.
Cherchant plus avant, j'apprends que cet ouvrage est le premier tome d'une trilogie, dont le deuxième opus a été publié cette année au Danemark…Je serai très attentive à ses futurs écrits, qui seront, j'imagine, suivis par son éditeur français !.

Une totale déflagration que cette lecture, en sachant que ce roman a permis à l'auteure d'évacuer, d'éloigner les idées suicidaires l'habitant après tous les traumatismes subis, en tant que « fille »…née au Kurdistan, entre la guerre et la violence intime des hommes dans leurs foyers !

Sans oublier de vifs remerciements à Actes Sud, pour leurs choix éditoriaux et leur détermination intacte depuis plusieurs décennies !
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Un livre terrible comme un coup de poignard, comme tous ceux qui s'abattent sur les femmes impures. J'y ai retrouvé la force de celui d'Emilienne Malfatto « Que sur toi se lamente le Tigre », bouleversant lui aussi.
La laveuse de mort fait aujourd'hui peser de gros risques sur la vie de son auteure à la trajectoire compliquée, qui vit aujourd'hui au Danemark sous protection policière, plusieurs fatwa ayant prononcées à son encontre.
Sara Omar a révélé que le premier chapitre de la laveuse de mort était initialement la lettre d'adieu qu'elle avait rédigée avant une tentative de suicide, et qu'en relisant cette lettre, telle une révélation à elle-même, elle avait décidé de se battre et de porter la voix de toutes les femmes musulmanes bafouées, méprisées, assassinées pour des crimes d'honneur.
Sara Omar s'est glissée dans la peau de Frmesk, et elles ne semblent faire qu'une seule et même personne. Ce livre est le premier tome d'une trilogie (le deuxième a déjà été publié au Danemark en 2019 et l'auteure travaille au prochain), et celui-ci nous raconte l'enfance d'une petite fille spéciale, née avec une mèche de cheveux blanche, que certains verront comme un signe de Dieu et d'autres comme celui de Satan.
Le récit mêle la Frmesk soignée au Danemark dans un hôpital, et celle qui naît en 1986 au Kurdistan irakien, et nous décrit la folie des hommes, leur emprise sur la vie des femmes, avec la guerre en toile de fond.
Nul doute que ce récit est largement autobiographique, même si l'auteure reste très discrète sur sa vie privée pour des raisons évidentes de sécurité ; elle a confié cependant être la mère d'une fillette assassinée et avoir été elle-même victime d'abus.
Un récit très cru, violent, qu'il faut lire le coeur bien accroché, certaines scènes étant particulièrement insoutenables, en particulier celle des premières pages, le meurtre d'une fillette tuée sauvagement pour avoir fait du vélo, qui laisse sans voix. Nul doute que je lirai le deuxième tome.
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Hôpital danois, 2016, Frmesk soignée par Darya, jeune stagiaire dont le père est devenu intégriste, ce qui ramène Frmesk à sa jeunesse, les années 80 dans un Kurdistan déchiré entre les intégristes et les soldats de Sadam.

Sara Omar dose admirablement la sagesse des grands parents maternels, le Zoroastre Darwésh, et son épouse Gawhar qui finira par perdre la foi devant la malveillante Bahra, les mensonges, l'insupportable violence contre les femmes, meurtres soit disant au nom du coran de femmes impures parce que handicapées, parce que violées, parce que trop joyeuses. Et c'est là que seule Gawhar, la laveuse de morts, ose toucher le sang impur et préparer les dépouilles pour le paradis.

Ont ressurgi les souvenirs de ma lecture d'un coran assez machiste. Si il existe des livres mettant en valeur les aspects positifs, ça m'intéresse.
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****

Frmesk vient au monde au Kurdistan, en 1986. Dans ce pays musulman, être une fille est une première malchance. Les femmes ne sont que des épouses, et des mères, qui se doivent d'obéir à leurs pères puis leurs époux. Frmesk est fragile, elle mange peu et difficilement. Rubar, sa mère, a tellement peur de la violence de son mari, qu'elle accepte de la laisser à ses parents, afin qu'ils l'élèvent au sein d'un foyer aimant et protecteur. Mais au Kurdistan, le danger est partout, et la haine fait rage de toute part...

Sara Omar signe ici un premier roman terrifiant et révoltant. Elle écrit comme toutes ces femmes qui endurent les souffrances quotidiennes : avec dignité.
Même si Sara Omar ne nous épargne rien, son écriture est remplie de l'amour et de la lumière de ces grands-parents. Sans eux, Frmesk serait morte... À plusieurs reprises.

Cette plongée dans un pays où la foi n'est ni synonymes d'écoute, d'indulgence ou de partage, est une chute dans les ténèbres. C'est pourtant une réalité. La méconnaissance, le rejet des différences et la violence sont les moteurs d'une société archaïque. Les femmes en sont les premières victimes.

Gawhar est un personnage tellement attachant. Cette épouse, mère et grand-mère, fidèle à son Dieu, est la laveuse de mort. Elle est la main impure qui prépare les corps des femmes dont personne ne veut. Elle les entend murmurer. Mais elle est aussi l'oeil, témoin de toutes les souffrances et les violences que les jeunes femmes subissent. Parfois ébranlée, elle ne sait plus si son Dieu existe ou s'il entend ses prières.

On sait de suite que Frmesk vivra au moins jusqu'à ses 30 ans car le récit est ponctué de chapitres se déroulant en 2016, dans un hôpital du Danemark où elle semble devoir se faire opérer. Ses passages sont toujours assez flou mais Hani compris que La laveuse de mort était le premier tome d'une série...

Un roman déchirant et qui soulève en nous des sentiments de colère, mais malheureusement nécessaire pour donner la liberté à ses enfants de mettre des mots sur leurs larmes et leurs souffrances silencieuses.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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La laveuse de mort entraîne le lecteur dans un monde de haine et de violence, entre le passé récent au coeur d'un village kurde déchiré par la guerre et le présent entre les murs d'un l'hôpital danois où Frmesk, une jeune Irakienne victime de stress post-traumatique, se rétablit après une opération.
Elle nous raconte un monde où non seulement les droits et libertés des femmes sont inexistants mais où leurs vies ne valent rien. Une médisance, un incident mineur, un tout petit soupçon peuvent amener un père, un mari ou tout autre membre de la famille à vouloir se débarrasser d'une fillette ou d'une femme qui en entache l'honneur par un comportement jugé impur. Paradoxalement, ces hommes si intransigeants en matière de pureté sont ceux qui,sans aucuns scrupules, souillent les femmes ... et pour eux, se "débarrasser" signifie tout simplement tuer.
C'est à la la grand-mère de Frmesk que revient le soin de s'occuper des corps des victimes de ces crimes "d'honneur" perpétrés en toute impunité.
Sara Omar a écrit cette histoire révoltante, parfois difficilement soutenable, pour dénoncer l'extrême violence faite aux femmes musulmanes au nom d'une religion portée par un fanatisme montré ici dans son côté le plus extrême. Son récit est si sombre avec son lot d'ignorance, d'hypocrisie et de cruauté qu'on le croirait sorti tout droit du moyen-âge. L'histoire de Frmesk a un côté pas tout à fait fini mais cela peut s'expliquer par le fait que l'auteure a écrit une suite qui n'a pas encore été publiée en France.
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Mon dieu, que ce livre est dur !
Mais pourquoi dire mon dieu alors qu'après cette lecture on n'a qu'une envie, bannir toutes les religions, en particulier l'islamisme et la lecture aberrante du coran par certains.
J'ai du plusieurs fois interrompre ma lecture pour passer à autre chose tellement c'est insoutenable.
C'est l'histoire de Frmesk dans les années 90, petite fille kurde élevée par ses grands-parents pour échapper à la violence de son père.
Au Kurdistan, la religion fait loi.
Les femmes ne sont que quantités négligeables, soumises entièrement aux hommes.
Fremsk qu'on retrouve en 2016 dans un hôpital au Danemark.
Le plus dur à accepter, c'est que Fremsk, c'est certainement Sara Omar.
En voyant sa photo sur internet, avec sa mèche blanche, ça m'a fait froid dans le dos.
Quel courage il lui a fallu pour écrire ce livre !
On a du mal à croire que cette histoire puisse se passer à notre époque tant l'obscurantisme règne en maître dans les pays soumis à la religion.
On comprend mieux pourquoi ces attentats, pourquoi cette violence dans le monde, pourquoi ces guerres, quand les hommes n'ont plus leur libre-arbitre.
C'est glaçant, c'est abominable.
Une suite est parue au Danemark.
Je sais qu'il me faudra prendre sur moi pour la lire, pour replonger dans cette barbarie, mais qu'il est indispensable de le faire pour savoir et comprendre ce qui se passe dans certains pays.
Même s'il est éprouvant, ce livre devrait être lu par tous, pour ne plus accepter que de telles conditions de vie soient imposées à des êtres humains.
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