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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Praia do bispo, banlieue de Luanda, Angola. le quotidien du quartier tourne autour de la construction d' un grand, magnifique, majestueux mausolée pour le président Agostinho Neto. Ce sont des camarades soviétiques en uniforme bleus qui s'y collent : il faut dire que Neto avait instauré une dictature d'inspiration marxiste-léniniste, consolidant ainsi les liens avec ses alliés soviétiques. Et par la même occasion, pourquoi ne pas moderniser (raser) ce quartier populaire? GrandMèreDixNeuf ( car un orteil en moins) s'occupe d'une bande de gamins qui ne sont pas près à laisser leur quartier aux mains de ces langoustes bleues! Ils élaborent un plan tout en profitant des mangues vertes, de la plage, des cerfs-volants, de l'amitié…

Presque 6 mois à attendre pour avoir un coup de coeur pour un roman, c'était long! Et c'est toujours aussi doux et agréable de se sentir en phase avec une écriture, un monde, des personnages. D'avoir envie de les retrouver, de les connaître. Pas forcément de leur parler, mais de les observer en silence, ou presque, de les accompagner.

Mais comme souvent pour un coup de coeur, c'est difficile à expliquer. J'ai comme une surcharge de tout. J'avais envie de noter presque chaque phrase, chaque description pour ne pas oublier, pour retenir ces sensations.. J'ai aimé parce que je ne m'y attendais pas, j'en attendais rien, c'était une surprise et tout coulait de source. Tout était aligné, les chakras et mes 20 doigts de pieds (pas comme GrandMèreAgnette du coup…)

Les descriptions sont magiques, on s'y croirait, l'odeur des mangues, les cris des perroquets, l'odeur de brousse et des cochons. Moi qui ai une forte sensibilité aux sons, aux lumières et aux odeurs, je me suis pris toutes ces sensations en pleine figure avec ravissement. Les personnages sont tous intéressants, bien décrits sans en dire trop. On a envie de les aimer, de les rencontrer, de la voisine commère à EcumeDeMer le vagabond avec des coquillages dans les cheveux.

“Les cris bleus, ceux qu'on pousse sous l'eau, tous les enfants et les oiseaux le savent mais pas les poissons car ils ne savent pas bien crier, leurs mots doivent être d'une autre couleur. “

“Dexploser, c'est mieux qu'exploser car, on dirait un mot qui éclate, exploser, c'est comme une flamme trop faible.”

“Le soleil s'est enfoncé jaune dans le bleu sombre de la mer en inventant un beau coucher de soleil d'une couleur métisse que des paroles n'auraient pu expliquer. Nous regardions, c'est tout.”

Il est parfois périlleux pour un adulte de se mettre à hauteur d'enfant pour raconter une histoire. Il a pu oublié la magie, la simplicité, l'importance des choses futiles ou l'inutile parfaitement indispensable. Mais Ondjaki parle de lui ou d'un enfant qui aurait pu être lui et c'est avec plein d'humour, de poésie, d'énergie et d'espièglerie qu'il nous livre un véritable éloge à l'enfance. Cette soif de défendre ce à quoi on tient, cet émerveillement pour une mangue, pour de l'écume de mer…Une enfance qui m'a parlé, une poésie naïve et pure, une écriture faussement facile, fluide et tendre. La façon d'écrire les noms propres tout attaché, comme un enfant qui parle trop vite. le regard d'un enfant sur une réalité tragi-comique…Et paf! J'en ressors toute tourneboulée et ravie, avec une grande envie de lire Les transparents du même auteur.
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Une écriture d'une poésie troublante qui m'a « dexplosé » le coeur, « j'aime dire dexploser, on dirait un mot qui éclate, exploser c'est comme une flamme trop faible. »
Une histoire qui m'a émue aux larmes, celles « que la poussière invente. »
Une palette de couleurs imprimée sur ma rétine « nous étions seuls dans l'eau sombre, plongeant pour crier nos cris bleus, et moi je me disais, quelle est la couleur d'un cri d'oiseau ? »
Des fragrances qui vont me hanter « nous avons humé l'odeur de la mer, pour arriver enfin à respirer l'odeur du matin. »
Que dire ? Peut-être rien « Ferme-là. Je suis en train de mettre la pluie dans mes pensées. »
Juste citer la toute fin du livre.
« - Les histoires d'avant, c'est quelles étaient il y a très longtemps ?
- Oui, mon petit.
- Alors avant c'est un temps, GrandMère ?
- Avant, c'est un endroit.
- Un endroit très loin ?
- Un endroit dans notre dedans. »
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Seconde lecture pour le prix des lecteurs "Etranges lectures". C'est avec un auteur Angolais que j'entame ce roman. J'ai retrouvé des expressions qui m'ont rappelée "Camarade Papa" de Gauz lu l'année passée pour le même prix.

On part dans la banlieue de Luanda aux abords d'une petite plage, découvrir une grande famille, solidaire, émouvante, sous une chaleur accablante. Une ribambelle d'enfants vivent ici, c'est leur quartier, leur mer et il ne faut pas y toucher. Ils veulent continuer à pousser des "cris bleus".

Une lecture empreinte de poésie, d'humour, de sentiments décuplés entre les personnages et d'une solidarité exemplaire. Chez eux, des coopérants soviétiques construisent un Mausolée gigantesque pour la momie de Agostinho Neto, le père de la Révolution. Que va-t-il advenir de leur village!

"Á force de regarder les couleurs avec ces bruits qui volaient dans le ciel illuminé, peu de monde se rendit compte que le chantier énorme, que les adultes disaient être vertical, haut et qui ressemblait à une fusée, ce chantier objet de tant de travaux poussiéreux et de mille ouvriers fatigués, s'était mis à ne plus exister, ne laissant qu'une poussière grise qui mit très longtemps à retomber. Tout cela arriva tout près de la maison de GrandMèreAgnette, plus connue à PraiadoBispo comme GrandMèreDixNeuf. C'était à l'époque que les plus vieux appellent autrefois."

Il n'y a aucune faute dans cet extrait. Ce sont les enfants qui nomment étrangement les adultes de noms qui leur ressemblent par leur façon d'être, de vivre.

Le roman est paru en 2008 et réédité en 2021, l'histoire se déroule dans les années 1980. Il y a quelques intrigues dans le récit : ces dialogues avec GrandMèreCatarina, le narrateur qui ne nous est pas dévoilé… C'est un bon mélange entre l'histoire de l'Angola et l'enfance du narrateur auprès de sa famille dans ce village aux belles couleurs. Une écriture sensible, parfois ironique. Une lecture plaisir que l'on quitte avec le sourire. J'ai énormément apprécié ce texte et suis très heureuse de participer à ce prix qui me fait découvrir des titres que je n'aurais pas lu sans cela.


Lien : https://passionlectureannick..
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Grâce à Ondjaki, né Ndalu de Almeida, auteur angolais lusophone (l'Angola étant une ancienne colonie portugaise) né en 1977, j'ai passé un moment plein de poésie, sur fond d'histoire douce-amère.

Le narrateur, un jeune garçon dont on ne saura jamais le nom, raconte un évènement de son enfance, dans le quartier maritime de PraiaDoBispo, à Luanda. L'histoire se passe après le décès en 1979 d'Agostinho Neto, premier président angolais après l'indépendance du pays. Celui-ci a instauré le communisme dans le pays, dès lors fréquenté par Soviétiques et Cubains. Au moment auquel l'histoire se déroule, un mausolée immense, en forme de fusée, devant accueillir le corps embaumé du président mort est en cours d'édification.

Sans en dire trop (ce petit roman se lit rapidement), le mélange entre la vision lumineuse et tout en couleurs de ce petit garçon plein d'imagination qui vit chez sa grand-mère et qui nous partage en apparté, tout au long de l'histoire, sa façon d'appréhender les choses et la réalité, en arrière-plan, de la guerre civile toujours latente et du communisme qui entraîne entre autres coupures d'électricité et files de plusieurs heures à la boulangerie, ainsi que l'omniprésence de Soviétiques, nous donne une histoire à la fois sombre et pleines de couleurs.

Les surnoms donnés aux protagonistes ajoutent une touche onirique (outre GrandMèreDixNeuf, il y a également ÉcumeDeMer, TroisQuatorze, etc) au récit et le tout crée une oeuvre pleine de poésie, dont j'aurais pu recopier un grand nombre d'extraits tant mon envie était grande de vous les partager.

J'aurais voulu connaître le prénom de ce jeune garçon, pour mieux m'en rappeler, et cela m'aurait plu de le rencontrer, de parler avec lui et de l'écouter raconter sa vision colorée de la vie.

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Multi récompensé au niveau international Ondjaki nous fait voyager à Praia Do Bispo, à Luanda en Angola (au dessus de la Namibie) au travers des yeux d'un enfant, le héro de cette histoire magique, poétique et follement drôle. Lui, qui vit avec sa grand mère, et ses copains Pi (3.14) et Charlita évoluent dans un quartier en bord de mer où résident des Cubains (l'Angola état communiste) et des militaires soviétiques, dont les différences les portent à rire. Il nous raconte sa vie angolaise avec beaucoup de malice, ses voisins et les drôles de noms dont ils sont affublés, le tout carrément loufoque...ce court roman de 177 pages est un bijou qui enchantera les adultes comme les plus jeunes.
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Nous sommes en Angola, après la guerre civile, dans un quartier de la banlieue de la capitale Luanda. Non loin de là, des coopérants soviétiques participent à la construction du gigantesque Mausolée qui abritera la momie du père de la révolution angolaise, Agostinho Neto. La suite logique est la modernisation de cette banlieue jouxtant le Mausolée et surtout situé en bord de mer et qui dit modernisation dit restructuration et donc démolition des habitations et par voie de conséquence déplacement, ailleurs, des habitants. C'est que les bords de mer, c'est intéressant pour les promoteurs immobiliers !
Ondjaki, l'auteur, peint le portrait du petit peuple vivant dans ce quartier pauvre et pittoresque doté de personnalités hautes en couleurs. Au nombre desquelles se trouvent GrandMèreAgnette, l'aïeule d'un des jeunes héros du roman, GrandMèreCatarina, VendeurD'Essence, qui ne peut jamais vendre d'essence faute de ravitaillement, EcumeDeMer, le vieux fou qui se baigne chaque jour dans la mer malgré les interdictions, VieuxPêcheur et sa barque traditionnelle, Charlita et Pi dit TroisQuatorze, les meilleurs copains du narrateur. Ne pas oublier les perroquets braillards agonisant les gens de grossiertés et de slogans révolutionnaires.

Le quartier vit au rythme de la course du soleil dans le ciel, les enfants jouent librement, enfin pas trop car il y a toujours un adulte pour avoir un oeil sur eux.

L'électricité est absente sauf chez GrandMèreAgnette car le CamaradeBotardov, dont le vrai patronyme est Bilhardov, l'apprécie et a établi une dérivation depuis le site du Mausolée.

Cet officier russe aime les gens du quartier malgré le fossé séparant les deux cultures. Il essaiera de les prévenir du projet de modernisation mis en place par les dirigeants.

Le récit est celui d'un jeune enfant, avec ses perceptions, son imaginaire et sa vision du monde. La chronologie n'est pas linéaire, tout s'imbrique, se démêle et se mêle au gré des souvenirs qui surgissent. Ce qui fait la force de la narration, et donc du roman, c'est que tout reste cohérent.

Le jeune narrateur et ses amis s'insurgent contre le projet dont l'ampleur ne semble pas ouvrir les yeux des adultes. Les enfants décident de contrecarrer ce qui se trame en utilisant leur ruse, leur ingéniosité et les outils et matériaux à leur portée.

Le lecteur suit avec délice l'élaboration du plan ainsi que sa mise en oeuvre pour laquelle les enfants ont puisé dans leur connaissance des télénovelas et films d'aventure. le monde ne se voit plus pareil lorsqu'on le regarde à travers les yeux d'enfants : tout devient aventure grandiose, sombre secret, dangers incroyables et courage inaltérable sauf quand des bruits inattendus se font entendre dans l'immense entrepôt. Ils découvrent un pan du trafic mis en place par les occupants soviétiques : l'exportation illégale d'oiseaux exotiques dont les perroquets, entassés dans des cages trop petites et condamnés à l'obscurité jusqu'au voyage vers d'autres cieux.

Le style poétique est rythmé, l'écriture mêle rigueur et humour ce qui est savoureux à lire. Les événements préparant la rénovation du quartier sont aussi l'occasion d'intégrer une partie de l'histoire de l'Angola, ses heurts et malheurs au fil des guerres et des révolutions.

On pense, forcément, à « La guerre des boutons » roman donnant la part belle à l'enfance. « GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique » est dans la même veine : l'auteur chante l'enfance et ses cheminements qui ne sont ceux des adultes, l'enfance et sa vision du monde qui enchante une réalité loin d'être enchanteresse, il chante cette magie qu'a l'enfance pour colorer joyeusement le gris des jours et le noir du deuil.

Ce roman est lumineux et m'a fait oublier la triste réalité anxiogène due au satané virus qui pourrit nos vies depuis mars dernier.



Merci à Masse Critique et aux Editions Métailié pour cette jolie lecture et pour la découverte d'un auteur que je n'avais encore jamais lu.
Lien : https://chatperlipopette.blo..
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Années 1980, à PraiaDoBispo, dans la banlieue de Luanda, en Angola. Des Soviétiques ont entrepris un chantier titanesque : construire un mausolée pour Agostinho Neto, le héros de l'indépendance du pays. Autour, les habitants pauvres de la petite ville balnéaire vivent au gré du manque d'eau et d'électricité, et les enfants jouent au bord de la mer et autour du mausolée. Mais un jour, des marques sont tracées sur les maisons et une rumeur enfle : les Soviétiques auraient l'intention de reloger les habitants plus loin et de dynamiter le quartier afin d'agrandir le mausolée. Les enfants décident alors de sauver leur lieu de vie et de jeu.Le romancier angolais Ondjaki dresse un beau portrait de sa ville natale, et fait revivre ses souvenirs d'enfance où toutes les vieilles femmes sont des « GrandMères ». L'histoire est racontée au travers des yeux pleins de naïveté et d'imagination des enfants. Une situation grave, sur fond de guerre civile non résolue, devient alors un véritable jeu d'aventure et d'espionnage.
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