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Critique de petch


petch
13 septembre 2014
Parmi les enseignants-chercheurs hantant les couloirs des facultés, une petite guerre oppose l'hémisphère gauche de leur cerveau (disons l'enseignement) de ceux activant leur hémisphère droit (la recherche). L'enseignant-chercheur est un être profondément schizophrène. Une critique récurrente à propos de Michel Onfray consiste à clamer qu'il ne serait pas philosophe au titre qu'il ne développerait pas son propre système de pensée, se contentant avec plus ou moins de talent à ressasser les idées des autres, de manière pas toujours très subtile.
Peut-être… Cependant, force est de constater que si l'hémisphère droit de M. Onfray est en sourdine, sa partie gauche est redoutablement efficace. Brillant pédagogue, Onfray sait transmettre ses convictions à son lecteur. Même si on peut ne pas toujours le suivre sur son chemin politiquement très engagé et anti-conformiste, il sait passionner le lecteur et le faire réfléchir sur la pensée dominante existant à chaque recoin des ouvrages de vulgarisation en philosophie.
Le deuxième tome de sa contre-histoire consacré aux philosophes et penseurs opposés au christianisme dominant des 17 premiers siècles de notre époque est en tout point passionnant. Michel Onfray commence par nous montrer comment émergea, parmi toutes les nombreuses gnoses des premières centaines d'années, le christianisme officiel. Son catéchisme eu pour effet quasi-immédiat la suppression de toute pensée alternative, bien que plus ou moins chrétienne. de manière très convaincante, Onfray nous explique comment « pour les tenants du Christ, la culpabilité pèse un poids considérable, puisque le péché originel se transmet de génération en génération ; pour les gnostiques, pas question de se sentir coupable d'une faute qu'on n'a pas commise : si le mal existe, il faut s'en prendre au Dieu méchant, concepteur intégral de la prison » (p.47).
Au cours des pages, Onfray passe en revue les alternatives de pensée, bridées mais toujours vivantes : de Simon le magicien à Quintin Thierry et la liberté de la chair, en passant par Amaury de Bène, Lorenzo Valla ou encore Jean de Brno, tous ses penseurs ont en commun de lutter contre l'obscurantisme et la pensée unique, tel Zénon le héros de « l'Oeuvre au noir » de M. Yourcenar. Certains s'en sont sortis, d'autres – nombreux - n'ont pas eu cette chance. Ce volume s'achève sur un chapitre lumineux de plus de 100 pages, consacré à Montaigne, précurseur des idées de la renaissance puis des lumières, revendiquant sa foi tout en cherchant à contourner les rigidités du système afin de vivre en harmonie avec sa pensée.
Au final, un livre de vulgarisation engagé et passionnant qui affute la pensée du lecteur en le rendant aguerri au monde qui l'entoure. Et on se rend compte que finalement, Michel Onfray développe au fil de ses écrits une philosophie qui lui est propre, et fait quand même fonctionner son hémisphère droit…
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