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Journal hédoniste tome 4 sur 2
EAN : 9782246648116
341 pages
Grasset (24/10/2007)
3.89/5   9 notes
Résumé :

Comment vivre avec un squelette en soi ? Pour quelles raisons préférer Don Quichotte à Don Juan ? Quel goût a une olive sans peau, sans chair et sans noyau ? Pourquoi le fétiche des chamanes et la pièce du galeriste new-yorkais sont-ils une seule et même chose ? Dans quelles circonstances le pédophile bénéficie-t-il d'une totale impunité ? Qu'est-ce qui déclenche la génuflexion de la plupart... >Voir plus
Que lire après Journal hédoniste, tome 4 : La lueur des orages désirésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une idée largement répandue par ceux qui ne l'ont pas lu fait de Michel Onfray un « déboulonneur d'idoles », n'ayant pour but philosophique que de détruire les grandes figures consensuelles, telles Freud ou Sartre pour ne citer que les plus représentatifs de cette image médiatique. Son livre sur Camus, toujours pour ceux qui l'ont lu, pourrait un peu changer cette image, mais malheureusement bien souvent ce qui en a filtré dans les médias est le mauvais sort que fait Onfray au couple Sartre-Beauvoir.
Comme toujours, la meilleure réponse à cette fausse image – parce que trop partielle, est de lire ce qu'écrit le philosophe, et de se faire sa propre opinion. Je n'ai pas lu tout Onfray, loin de là, un peu effrayée par les capacités intellectuelles que cela me demanderait, mais petit à petit, régulièrement, je me plonge dans sa prose. Généralement, je choisis des textes courts, qui me font moins peur. C'est ainsi que j'ai commencé par le texte sublime sur son père « le corps de mon père », puis « Esthétique du Pôle Nord », récit de voyage au pays des Inuits avec son père justement (cadeau d'un fils à son père qui n'avait jamais voyagé), mais ce que je préfère est la lecture du Journal Hédoniste que tient Michel Onfray depuis 1998.
« La lueur des orages désirés » en est le tome 4, et comme les précédents, est constitué de plusieurs textes philosophiques sur des sujets très divers : essentiellement des portraits d'artistes (peintres, photographes, écrivains…) sous un angle philosophique, politique. L'évidence est que Michel Onfray est un passionné à sang froid, un cartésien qui bouillonne. S'il est vrai que certains de ces textes égratignent un peu certaines figures (Cioran, les politiciens en général, les médias…), la plupart des écrits de ce journal expriment la passion d'Onfray pour beaucoup d'autres. Et quand il aime, Onfray est convaincu et convaincant. Parce que sous une pensée construite, articulée, les émotions affleurent : il faut savoir les débusquer au détour d'un adjectif, d'une formule qui vous prend aux tripes, ce contraste du froid et du chaud. Je me souviens dans les précédents tomes du Journal hédoniste d'un texte sur Anne Frank, le plus beau portrait de l'adolescente que j'ai lu à ce jour, ou sur Pessoa, et même Webern.
Ici, sont conviés Picasso ( une réflexion sur l'énergie « monstrueuse » du génie créateur), Rimbaud (à travers le photographe), Ravel, Berlioz, Henri-Cartier Bresson… Lisez ces textes, et vous ne verrez plus Onfray comme l'homme aimant détester, mais bien l'homme passionné, ouvert, créant des passerelles entre les arts et la philosophie et soucieux de partager et transmettre ses enthousiasmes et tout ce qui l'aide à vivre. Il m'arrive (rarement) de bien connaître un sujet qu'il aborde (généralement en musique), et je constate que dans ses textes courts mais d'une densité remarquable Onfray use d'arguments qui prouvent à quel point il a fouillé son sujet. On ne peut lui contester le travail effectué en amont et son honnêteté. Après, on peut être en accord ou pas avec lui. On sent bien qu'il a une idée qu'il défend coûte que coûte, et, sans parler de mauvaise foi, que tel un vrai passionné il peut tirer un peu trop sur la ficelle de ses argumentations… mais tout cela m'est très sympathique car j'aime à penser que tout philosophe rationnel qu'il est Michel Onfray demeure avant tout fidèle à l'adolescent révolté qui nourrissait son énergie contrariée par la recherche incessante et curieuse de la beauté, non pas une beauté facile qui se donne au premier venu, mais la beauté qui bouleverse parce qu'elle dérange, interroge, transforme…
Pour moi, le Journal hédoniste est ce que je préfère, car je peux y puiser quand bon me semble, un jour ici, l'autre là, et que la brièveté des textes me permet de suivre l'auteur relativement aisément.
Parfois, je reste sur le bord du chemin, car je ne comprends pas tout, je sens bien que j'ai trop de lacunes pour saisir la subtilité des propos, mais même si beaucoup de choses m'échappent je suis certaine d'un fait : j'apprends énormément, mes neurones sont stimulés, des mondes s'ouvrent à moi. Ce qui ne m'empêche pas, plus je lis Onfray et le découvre, de conserver un oeil critique mais complice, pensant parfois « Sacré Michel, tu pousses un peu… ». Mais en ces temps de consensus, du politiquement correct, une pensée aussi « poil à gratter » et chaleureuse fait vraiment du bien.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Rimbaud était déjà à l’aise n’importe où, pourvu que ce soit hors du monde. Plus que jamais il a pris ses distances et vogue vers des nuits sans fond. Trois autoportraits le disent, le visage s’efface, même quand on voudrait le montrer, même quand c’est prétendument ce qui préside à la confection et à l’envoi de ces deux photos devenues trois – ou de ces trois devenues deux… Avoue-t-il, à son corps défendant, qu’il a perdu lui aussi les repères qui lui permettraient de restaurer dans leur intégrité les visages de sa mère et de sa sœur effacés dans sa mémoire depuis longtemps ? Se livrer sans se donner, s’offrir tout en se retenant, ne pas se départir de soi, laisser croire, encore et toujours, que Je est définitivement un autre dont on ne saura pas plus, voire dont on ne saura rien ? Le pli cacheté, puis mis à la poste ce jour de mai 1883, scelle pour toujours la nature de l’inconscient qui présidait à cette affirmation de soi avec toujours plus d’effacement.

D'invisibles photos rimbaldiennes
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Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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