"Voilà cinquante ans que j'emprunte ce - chemin de la Garenne-. Où va-t-il ? Quand j'étais enfant, il allait vers mes songes ; aujourd'hui qu'un demi-siècle me sépare de ces temps-là, il me conduit vers mon enfance. "(p. 11)
Un texte très personnel du philosophe, Michel Onfray, sur les pas de son enfance... de jolies descriptions des lieux, paysages de sa prime jeunesse, l'expression de son respect pour un père de classe modeste, avec une dignité , une sagesse qui fut un premier modèle solide pour "notre" futur philosophe !...
Il y a aussi la face sombre : Un homme en colère contre une foule de choses, justifiées souvent, mais qui enlève de la légèreté et de la lumière à ce récit de qualité !
Des remarques lucides et grinçantes sur les inégalités sociales, le pouvoir politique, les injustices... J'ai particulièrement retenu l'extrait suivant... qui en dit long des bouillonnements de notre auteur :
"J'ai souvenir, que mon père allait, le jour du premier de l'an, présenter ses voeux à monsieur Paul qui distribuait des pièces aux gueux venus lui dire merci de les sous-payer. Nous entrions alors dans cette maison comme si elle avait contenu le Saint-Sacrement. Des années plus tard, alors que j'écrivais l'histoire de mon village, je n'avais pas trente ans, je suis allé le voir pour lui demander quel souvenir il avait de sa nomination par le régime de Vichy comme maire du village d'à côté, Fel, en remplacement d'un premier magistrat évincé parce qu'il était radical-socialiste- et probablement franc-maçon. Il n'avait guère aimé; j'avais beaucoup apprécié qu'il n'ait guère aimé. "(p. 44)
Une farouche colère contre moult réalités dont une méfiance "épidermique" envers les "écologistes", alors qu Michel Onfray nous offre de très sensibles descriptions de la nature, des paysages qui ont bercé son enfance... Je comprends mieux aussi ses engagements, sa vénération compréhensive pour les jardins-ouvriers, dont son père est aussi l'initiateur [ l'un des éléments personnels qui m'avait séduite chez cet intellectuel, il y a des années, sans oublier sa passion pour Albert Camus, qui ne pouvait
que m'attirer ...]
Un récit à la fois intimiste et engagé sur certains sujets [ dont le respect de notre environnement, l'Instruction, la culture pour chaque individu, quelle que soit son origine sociale, etc... ]
Récit précieux pour mieux comprendre le parcours et la personnalité de "notre écrivain-philosophe"...
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J'ai souvenir, que mon père allait, le jour du premier de l'an, présenter ses voeux à monsieur Paul qui distribuait des pièces aux gueux venus lui dire merci de les sous-payer. Nous entrions alors dans cette maison comme si elle avait contenu le Saint-Sacrement. Des années plus tard, alors que j'écrivais l'histoire de mon village, je n'avais pas trente ans, je suis allé le voir pour lui demander quel souvenir il avait de sa nomination par le régime de Vichy comme maire du village d'à côté, Fel, en remplacement d'un premier magistrat évincé parce qu'il était radical-socialiste- et probablement franc-maçon. Il n'avait guère aimé; j'avais beaucoup apprécié qu'il n'ait guère aimé. (p. 44)
Voilà cinquante ans que j'emprunte ce - chemin de la Garenne-. Où va-t-il ? Quand j'étais enfant, il allait vers mes songes ; aujourd'hui qu'un demi-siècle me sépare de ces temps-là, il me conduit vers mon enfance. (p. 11)
Dans cet endroit, j'ai en effet connu l'école républicaine dans toute sa superbe, celle qui ignorait l'origine sociale des enfants et estimait que, devant la République qui seule importait, il n'y avait que des enfants égaux face à l'instruction. (p; 36)
Il m'avait raconté la vie des abeilles, leur langage, leur capacité à penser l'espace et la géographie, les fleurs et leurs potentialités. (...) Puis il m'avait également appris deux choses : la première c'est qu'à la mort de l'apiculteur, on enveloppe les ruches d'un crêpe noir et que l'héritier des essaims leur dit : "Abeilles, vous avez changé de maître." Cette façon simple qu'ont les hommes de parler aux animaux et de s'en faire comprendre comme s'ils étaient leurs semblables m'a toujours ravi. Je ne crois pas à la vérité scientifique de cette assertion, mais je souscris à sa vérité poétique. (p. 61)
Lorsque petit garçon, j'allais chercher du lait à la fromagerie, je cognais la timbale, ou la bacholle comme on dit aussi, le long du mur. J'aimais le bruit sec et mat de l'aluminium. Je ne sais plus qui m'avait appris qu'on pouvait, si le mouvement était assez vif, effectuer un cercle entier avec le récipient rempli de lait qu'il fallait donc faire passer au-dessus de sa tête.
*INTRODUCTION* :
_« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._
_Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* :
_Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ :
0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ :
0:49 — *1er extrait* ;
2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ :
3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ :
6:09 — *1er extrait* ;
6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ :
7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ :
10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ :
13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ :
14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ :
15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ :
17:37 — *1er extrait* ;
18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ :
19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* :
André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* :
https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor
Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license.
https://www.chosic.com/download-audio/46423/
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_CE MONDE SIMIEN_ :
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*VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ :
https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
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