Sébastien a treize ans. Ses parents étant de sortie, Justine, sa "baby sitter" vient d'arriver pour le garder. Elle est censée le faire travailler un peu. Mais un dangereux individu va s'introduire dans la maison...
Mon avis :
Un court roman (93 pages) présentant de grandes qualités. le suspens en huis clos est très bien mené ; il alterne le point de vue de Sébastien dans la maison et celui de la mère inquiète qu'on ne lui réponde pas au téléphone ; l'écriture est agréable, riche, rythmée ; les métaphores sont nombreuses... Bref, un roman très bien construit et qui plaît. Il pourra être lu de 10 à 14 ans, chacun y trouvant des intérêts propres à son âge.
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Un souvenir de lecture de prime jeunesse (CM1 ou CM2) que j'avais envie de relire depuis des années, surtout m'étant, depuis, particulièrement attachée à cet auteur. Certes, je gardais un souvenir très idéalisé de ce livre, lu il y a une vingtaine d'années ! Néanmoins, j'ai eu le très grand plaisir de découvrir que ce souvenir n'était pas usurpé.
Pour un roman jeunesse, j'ai envie de dire : gonflé, le mec. Gonflé de proposer à un lectorat aussi jeune un huis-clos aussi implacablement mené. Il y a dans ce roman pour enfants tout ce qui fait le bon roman noir en général : des tensions sexuelles (même embryonnaires), la violence et la mort, de la cruauté, un suspense à couper au couteau, une écriture très visuelle, quasi-filmique – ce qui est propre à Oppel. Et en même temps, c'est adapté aux enfants : l'écriture est simplifiée (pas de ces jeux de mots oppéliens que j'affectionne !), mais sans perdre de son ambition. Je veux dire par là que ce livre ne transige pas avec la qualité de l'histoire ou de la narration ; il met juste un peu d'eau dans son vin pour ne pas trop traumatiser les jeunes qui le liront !
Je dirais que comme initiation au roman noir, c'est excellent – mais d'Oppel, je n'en attendais pas moins.
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Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Flash-back sur un braquage : quatre coupables et une seule arrestation. Plusieurs années se sont écoulées lorsque Dominique venge Claude, qui a fini par se suicider, après un long séjour derrière les barreaux. L'ambiguïté des prénoms, masculin ou féminin, est un habile procédé, qui permet de centrer le récit autour de Claude, une femme courageuse qui n'a pas voulu dénoncer ses trois complices. L'univers carcéral s'est refermé sur elle, jusqu'à la pousser à un acte irrémédiable. Le lien entre les personnages est peu à peu dévoilé : le frère a décidé de rendre « justice » à sa soeur et le déroulement est inéluctable, comme dans une tragédie antique. Jean-Hugues Oppel dénonce ici l'enfer de la prison et les humiliations quotidiennes. Le roman met aussi en cause la « vendetta », mécanisme de la haine qui ne peut tenir lieu de justice. Ce texte peut amorcer un débat sur la justice et la prison. Un exemple de roman noir réussi ! ? Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
En haut des escaliers, Sébastien se relève, livide. Les yeux barbouillés de larmes libératrices, il ne voit pas sa mère et son père, statufiés devant la silhouette désarticulée étendue à leurs pieds. Quelque part dans son esprit enfiévré, maître Li hoche la tête et lève la main...
Ippon.
(Ippon = point décisif qui donne la victoire)
Le chasseur sourit. Un rictus cruel lui fend les lèvres. Courageux et plein de ressources, le gibier. C'est bien. Ca donne du piment à la traque. Le tueur déteste les victimes trop docile, comme la blonde de la cuisine. Elle n'a rien dit, rien tenté. L'a regardé venir en tremblant de tous ses membres. Un veau à l'abattoir. Aucun plaisir.
....un vieux monsieur obèse promenant son chien entre les platanes. Imperméable, casquette et moustache en balayette déplumée pour le bipède, collier de cuir clouté et laisse à enrouleur pour le quadru. L'animal lève la patte tous les vingt mètres, son propriétaire renifle et se mouche tous les dix.
Sébastien n'ose pas appeler, les mots resntent bloqués dans sa bouche. Il se sent stupide. Très enfants, tout à coup. Trop. C'est ridicule. La semaine dernière encore, au club, il ratatinait son copain Fernand qui est pourtant plus vieux que lui, et ceinture marron. Bientôt noire, même.
Sébastien atteint le niveau du salon. De l'autre côté, un peu de lumière se reflète dans les carreaux dépolis de la porte vitrée entrouverte. Elle vient de la cuisine, située en retrait.
Silence total dans la maison.
Sébastien n'ose pas appeler, les mots restent bloqués dans sa bouche. Il se sent stupide. Très enfant, tout à coup. Trop.
Jean-Hugues Oppel raconte ses débuts dans l'écriture.