Un très bon moment lecture ! Je suis très agréablement surprise !
Car soyons honnête, un roman jeunesse abordant l'enfance de Victor Frankenstein, ce n'était pas forcement très rassurant. Mais l'auteur s'en tire remarquablement bien !
Bon, commençons par le commencement, la couverture. Jolie, sombre et représentant sans doute Victor, elle colle plutôt bien au livre.
Le livre, qui provient du Québec, est donc présenté à l'américain, avec des sauts de lignes lorsqu'on va à la ligne. le résultat est un texte très aéré, surtout qu'il y a énormément de dialogue. Parfois on se dit que ces espaces ne servent qu'à faire « gagner » des pages et sortir un tome de 400 pages alors qu'il pourrait être plus court (et moins gros, donc moins cher… Mais je dis ça je dis rien…).
Comme je le précise juste au-dessus, il y a beaucoup de dialogue, mais ils sont bien menés et n'alourdissent pas du tout la lecture.
Le choix d'écrire ce roman à la première personne était aussi un risque, mais c'est très bien écrit et on y lit sans la moindre lourdeur !
Le fond maintenant. Kenneth Oppel a clairement bien bossé son sujet ! Faire un roman sur Frankenstein, c'est comme faire un roman sur Dracula, on peut très bien se contenter de « la culture populaire » laissant croire qu'on connait le sujet. Mais là non, clairement le travail de recherche a été fait et on retrouve beaucoup de clins d'oeil : ruelle Wollstonekraft,
Polidori, la pièce de théâtre au début, Dr Murnau….Bref, j'ai aimé ces petits détails !
Une chose m'a pourtant sauté aux yeux gros comme une maison : le triangle amoureux qui se dessinait entre Konrad, Élisabeth et Victor… ça se voyait venir de très loin et ça me faisait peur, car en général ce genre de romance triangulaire me soule… Mais là, elle est très bien menée, elle ne plombe pas le roman !
Cela me conduit à l'autre point que me faisait peur : la gémellité de Victor et Konrad. Parce qu'honnêtement, ce sujet est souvent un condensé de stéréotype (soit des sosies soit des opposés totaux). Ici, l'auteur est tout en nuance et en dualité dans les relations des deux jumeaux. C'était très agréable.
Sur Victor en particulier, on retrouve les prémices du personnage de
Mary Shelley, et c'est vraiment bien. Il aurait été facile de se détacher de l'oeuvre d'origine et de faire la personnalité qui chantait à l'auteur. Mais non, on sent que ce jeune Victor va devenir plus mature pour devenir celui que l'on connait une fois adulte.
Un détail aussi non anodin, la position féministe de l'auteur (non non ne fuyez pas !). Kenneth Oppel a choisi clairement de faire de la famille Frankenstein une famille progressiste, où la jeune Élisabeth reçoit la même éducation que les deux garçons. D'ailleurs, elle ne restera pas sur le côté pendant les épreuves qui les attendent ! Loin de là. Et la mère Frankenstein tient une ou deux fois des propos féministes clairs (et en ça, on ne peut s'imaginer
Mary Wollstonecraft – mère de
Mary Shelley et féministe anglaise — derrière ces phrases).
Si vous aimez les aventures, l'alchimie, les sentiments, et bien sûr le personnage crée par
Mary Shelley, ne boudez pas ce livre ! Un vrai moment de plaisir !