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Stéphane Vanderhaeghe (Traducteur)
EAN : 9791095434306
168 pages
Editions Do (23/02/2021)
3.31/5   8 notes
Résumé :
Chacune de ces histoires est un voyage novateur, poétique, subversif, absurde, tendre et étonnamment drôle à travers les relations — souvent familiales —, les émotions et l’expérience humaine. Chacune de ces histoires permet de regarder le monde dans une perspective vraiment nouvelle. Il vaut d’ailleurs mieux aborder chacune de ces histoires avec une sorte d’esprit malléable. Certains ont aussi conseillé de ne pas lire Lait sauvage en une seule fois.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Lait Sauvage » de l'auteur américaine Sabrina Orah Mark est un recueil de 25 courtes nouvelles, traduites par Stéphane Vanderhaeghe (2021, Editions Do, 168 p.).

Ce qui m'a surtout frappé dans cet ouvrage, ce n'est pas tant l'auteur que le traducteur. Stéphane Vanderhaeghe est enseignant à l'Université de Vincennes, après avoir examiné les marges et surtout les ombres et pans cachées dans la littérature récente américaine, notamment chez Robert Coover et Ben Marcus. du premier, il faut lire son livre « le Bucher de Times Square » (2006, le Seuil, 602 p.) sur le procès des époux Rosenberg à New York pendant les années du McCarthysme en 1951. Une séquence finale entre l'Oncle Sam et Richard Nixon qui vaut d'être lue. Et du second, d'un tout autre genre, lire « le silence selon Jane Dark » (2006, Le Cherche-Midi, Lot49, 288 p.) ou « L'Alphabet de Flammes » (2014, Le Cherche-Midi, Sous-Sol, 352 p.). La grande période éditoriale de Claro. Pas seulement traducteur (de bons livres), il a aussi publié « Charøgnards » (2015, Quidam, 260 p.) et « À tous les airs » (2017, Quidam, 240 p.). le premier sur une invasion de corbeaux et charognards. Dystopie assez inquiétante. le second avec le mystère des allers et venues d'une dame de province et d'un gendarme dans un cimetière.

« Lait Sauvage » comporte 25 courtes nouvelles, ce qui fait des nouvelles de 5-6 pages en moyenne. La première nouvelle, qui donne le titre au recueil est intitulée « Lait Sauvage », une histoire d'intolérance au lait de la part d'un petit garçon à la crèche. « le lait que vous avez laissé était sauvage ». Donc « Merci d'apporter du meilleur lait ». On peut donc supposer que tout ce qui est d'origine sauvage est mauvais. D'où l'impérieuse nécessité de former des dompteurs de lait. On n'aura pas l'outrecuidance de dompter les sauvages.
Suivent ensuite des histoires de Rabbin, que ces dames « suivent à la piscine municipale où nous barbotons ». Personnellement, je ne vois pas pourquoi un prêtre, quelle que soit la couleur de sa religion, puise être, aux bains municipaux, distingué d''un autre nageur, en supposant qu'il ait quitté ses habits sacerdotaux. Tant qu'on en est au rabbin, on pourrait se poser la question de savoir si il dort avec la barbe au-dessus ou sous les draps. Existe-t-il une codification de la chose dans les textes liturgiques. Est-il aussi prévu un texte règlementant les tenues de baignades des femmes rabbines ?
Toujours des questions de baignades dans « Piscine ». Et pour cause. « Il y a un arbre au milieu de cette piscine ». Désolé. « C'est Grand-Mère qui fait du dos ».
Le Père, dans cette famille n'est pas mieux. « Lorsque les précepteurs arrivent pour se saisir de son coeur, Père est au téléphone. Je l'entends dire « Ils sont là ». Je l'entends dire « Gardez les os » ».
Et il y a la bonne. Celle de « La bonne, la mère, l'escargot et moi ». « La bonne montre une piscine au loin. "Tu vois cette piscine ?" ». On revient aux problèmes de rabbin, de piscine, de baignades, de noyades. « Enfant, je nageais dans cette piscine. Je ne me suis pas noyé une seule fois ». Ce qui est tout de même rassurant. « Je retrouve la bonne en boule sur le tapis de bain hirsute. Elle dort profondément ». A coté la cage de Bye Bye Françoise, la perruche. Celle dernière n'est plus là. « A sa place un Escargot de Lait. J'ai toujours voulu avoir un Escargot de Lait ».

On pense, à lire ces histoires, à celles de « En Bas » (1973, le Terrain Vague, 67 p.) de Léonora Carrington (1917-2011) avec une superbe couverture tirée d'un fragment de « Grand Verre » de Marcel Duchamp. Dans la lettre à Henri Parisot qui précède la nouvelle, Léonora Carrington écrit : « Je suis une vieille dame qui a vécue beaucoup et j'ai changée – si ma vie vaut quelque chose je suis le résultat du temps ». le roman « le Cornet Acoustique » de Leonora Carrington, traduit par l'excellent Henri Parisot figure dans la collection « L'Age d'Or » (1974, Flammarion, 256 p.). La nouvelle « La Débutante » figure, elle, en bonne place dans « L'Anthologie de l'Humour Noir » de André Breton (1966, Jean Jacques Pauvert, 592 p.), entre Jean Ferry et Gisèle Prassinos. Roman d'initiation, en partie autobiographique, quoique…Une vieille dame de 99 ans, Marian Leatherby tricote des pulls en poils de chat chez son arrière-petit-fils Galahad. Son amie, elle aussi âgée, Carmilla, figure la meilleure amie de Leonora, c'est-à-dire la peintre Remedios Varo (1908-1963). Elles cherchent à trouver le bon rythme de vie après n'avoir jamais rien compris à rien. Mais un jour, Carmella offre à Marian un cornet acoustique, grâce auquel elle découvre que Galahad veut l'envoyer dans un hospice pour personnes âgées.
On voit que Sabrina Orah Mark est bien dans la lignée des surréalistes.
En prime une chronique « Happily », parue dans « The Paris Review » entre janvier 2020 et mars 2021. « Nous sommes en décembre en Géorgie, et nous passons devant des lumières scintillantes, des couronnes, des baies légèrement vénéneuses et un renne en fil de fer dont le nez rouge s'allume et s'éteint, s'allume et s'éteint. Mon fils de six ans, Eli, regarde par la fenêtre. / « Pouvons-nous avoir un sapin de Noël, maman ? / "Non." / le silence. / "Et si on le peignait en noir ?" ».
Par la suite ce sera surtout centré sur les contes de fées et la maternité. « Dans les contes de fées, les animaux parlent toujours. Même morts, ils parlent ».
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De nouvelles très courtes en nouvelles très courtes, Sabrina Orah Mark nous conte des histoires étonnantes, dans laquelle la famille est omniprésente, qui oscille entre réalisme cru, parfois drôle, et poésie absurde, particulièrement surréaliste, dont je serai bien incapable d'en discerner le sens ou les enjeux, narratifs comme littéraires, de la part de l'autrice.

De fait, cette lecture fut déroutante, bien que pas forcément désagréable : j'ai eu l'impression de lire une succession de rêves complètement dingues, de ceux dont l'on se souvient parfois au réveil, de ceux qui nous réveillent parfois en pleine nuit, avec, dans tous les cas, cette sensation toujours étrange qui nous fait nous demander d'où ces résurgences nocturnes de notre inconscient peuvent bien provenir.

A défaut d'avoir tout compris, il me restera, au moins, le souvenir de ce Lait sauvage comme d'une oeuvre inclassable.
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Il va être difficile de parler de ce livre. Un exercice que j'appréhende énormément en commençant cet article. D'emblée et histoire de ne pas vous perdre dans une potentielle logorrhée sans queue ni tête : il faut lire « Lait Sauvage », il faut découvrir l'univers de Sabrina Orah Mark et saluer l'excellente traduction de Stéphane Vanderhaeghe.

Sabrina Orah Mark est une autrice vivant en Géorgie et ayant écrit deux recueils de poésies, Babies et Tsim Tsum. C'est à peu près tout ce que nous savons sur elle. Son site internet, ultra esthétique, nous en apprend guère plus, abordant ses différentes publications, une biographie sur son parcours universitaire, ainsi qu' une rubrique mensuelle dans le The Paris Review, une rubrique sous le nom de « Fairytale and Motherhood ». Donc vous l'aurez compris, la pêche aux infos est compliquée.

Lait Sauvage, publié chez DO éditions, est un recueil regroupant vingt-quatre textes, offrant autant de possibles que d'impossible pour pénétrer et comprendre l'univers de Sarah Orak Mark.

Car ici, il ne faudra pas s'attendre à un fil rouge, ou encore à être guidé par l'autrice. Quand vous pénétrez dans « Lait Sauvage » vous ne savez ni ce que vous allez découvrir, ni comment et encore moins ce qui vous attend la page d'après. Nous sommes en Terra Incognita, quelque part entre l'urgence de l'écriture, l'interrogation du sens et l'esthétisme pur.

Et c'est en cela que Lait Sauvage devient génial. Comme tout oeuvre totale, ce livre n'est pas là pour vous détendre, ni vous plonger dans un récit prenant. Lait Sauvage est là pour vous perdre, vous bousculer, vous interroger et vous secouer. Autant de textes pour autant de possibilités de reconsidérer ce qu'est la vie ou l'art et le besoin de sens pour ne pas tomber dans l'absurde.

Alors, oui, il serait aisé d'en rester là et de vous souhaiter bonne chance, mais ce ne serait peut-être pas le mieux. Il y a une clé de lecture qui m'est apparu importante lors de sa première lecture : lâcher prise, accepter ce que l'on lit sans chercher à lui donner du sens, accueillir le texte en tant que tel et ensuite écouter ce qu'il suscite en nous. La raison n'aura pas toujours sa place, et l'on pourra que saluer cette prouesse de nous pousser autant dans nos retranchements et en même temps être aussi généreuse.

Lait Sauvage ne se lit pas, il se vit. Ce recueil est exigeant, soyons clairs, et je pense même qu'après deux lectures, je passe encore à côté de beaucoup de subtilité. Mais une chose est sûre, c'est une expérience, une oeuvre absolue qui se « mérite », pas dans un sens élitiste, mais dans le sens qu'il faut accepter de lâcher prise pour que vivent les textes, accepter de donner de sa personne.

Bref, pour conclure quelque part entre Ben Marcus et Amelia Gray se situe Sabrina Orah Mark.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C'est ce dont je me souviens le plus à propos de mes garçons : ils avaient tout le temps soif et c'est à la tombée de la nuit qu'ils étaient le plus agités ; mais ils étaient toujours gentils. Ils avaient les yeux doux et lumineux, comme des rebords de fenêtre enneigés.
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Le plus étrange, depuis que je suis mère, c'est la fréquence à laquelle on m'interrompt. Comme si quelque chose se produisait, puis autre chose se produisait. C'est dur de maintenir une bonne prise sur les choses.
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Nous sommes en décembre en Géorgie, et nous passons devant des lumières scintillantes, des couronnes, des baies légèrement vénéneuses et un renne en fil de fer dont le nez rouge s'allume et s'éteint, s'allume et s'éteint. Mon fils de six ans, Eli, regarde par la fenêtre. / « Pouvons-nous avoir un sapin de Noël, maman ? / "Non." / Le silence. / "Et si on le peignait en noir ?"

dans Happily The Paris Review
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Lorsque les percepteurs arrivent pour se saisir de son cœur, Père est au téléphone. Je l'entends dire : "Ils sont là". Je l'entends dire "Gardez les os".
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Le lait que vous avez laissé était sauvage

Merci d’apporter du meilleur lait
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