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EAN : 9782743652432
128 pages
Payot et Rivages (03/03/2021)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Ayant commis l'irréparable, un homme attend dans sa chambre qu'on vienne le chercher. Son passé résonne en lui comme un tambour. Cette jeunesse de zombie, sous l'effroyable emprise d'un maître vaudou. Ces aubes aliénantes employées à livrer des journaux jusque dans les coupe-gorge de Port-au-Prince.
C'est pour elle, la femme du bus, qu'il a du sang sur les mains, pour celle qu'il a aimée. Un espoir comme un rêve trop vite dissipé.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans son appartement d'un immeuble misérable de Port-au-Prince, le narrateur, ayant commis l'irréparable, attend l'arrivée de la police. Hanté par son Autre intérieur, il s'est vengé des meurtrissures de son enfance.

Enfant abandonné sur le bord d'une route, il avait été recueilli au lakou dirigé par l'Empereur, un faux prophète qui soumet ceux qu'il voit comme des moutons.

En grandissant, l'enfant se rend compte que le lakou n'est qu'une entreprise de rentabilité économique, un outil d'oppression manipulé avec une rare dextérité par un usurpateur. L'enfant devenu le joueur de tambour de la cour, évacue sur cet instrument sa rage et son indignation.
Sur les conseils du Très vieux Mouton, un sage rendu aveugle par l'Empereur qui ne supportait pas son opposition, l'adolescent part en ville.

« Partir, tout quitter, pour se réinventer. le plus difficile, c'est la mémoire.»

A Port-au-Prince, il devient livreur de journaux. Les conditions sont difficiles. Livrer dans les quartiers redoutables de la ville est dangereux.
« Etre livreur de journaux dans cette ville, comme tant de gagne-pain, c'est marcher sur un fil tendu au-dessus d'un abîme. »

Le patron est un homme dur qui n'hésite pas à se moquer des pauvres employés et à les virer pour un rien.

« Ce sont tous des Empereurs, des patrons, des briseurs de rêves, des abominations. »

Le narrateur est le symbole de tous ces misérables souffrant de la corruption et de la toute puissance des patrons dans l'ignorance de la classe politique. L'espoir vient d'une jeune femme rencontrée dans un bus, Un soupçon de bonheur, un rêve inaccessible réservé une fois encore aux puissants.

La littérature haïtienne est particulièrement riche, l'art étant un moyen de pression privilégiée pour résister aux mouvements politiques et naturels de ce pays. Ses auteurs sont largement influencés par l'influence du vaudou, du mystique sur l'âme humaine haïtienne. Nous la retrouvions aussi dans le dernier roman de Lyonel Trouillot, Antoine des Gommiers. Makenzy Orcel est né dans un quartier pauvre de Port-au-Prince, il est la voix rageuse et poétique des laissés-pour-compte. Ses recueils de poème, ses romans sont toujours empreints de rage, de la force de celui qui se bat pour défendre les gens de la rue.

L'empereur a cette force. L'auteur utilise la forme romanesque pour mettre en scène sa parabole. Les pauvres réduits à l'état de moutons, soumis aux peurs des esprits entretenues par les faux prophètes, sont corvéables malgré la misère ambiante conséquentes aux dérives politiques et aux aléas climatiques. La beauté n'appartient qu'aux nantis. On comprend la plume à vif de cet écrivain poète qui écrit sur les plaies de son pays. Un très beau roman et une illustration bien choisie de Josué Azor sur le bandeau du livre.
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Critique de "L'Empereur" de Makenzy Orcel aux éditions Rivages. Que vous évoque "Haïti"? Oubliez tout! Haïti c'est une *** de société capitaliste juste comme nous les Français, sauf qu'il y a plus de cadavres sur les trottoirs, de gourous qui ne font que donner le change, et encore, encore, des pauvres qui nourrissent la misère. L'Empereur, ce marchand de rêves, ce charlatan, tellement haïs, jouer du tambour pour lui, ce n'était pas une vie. Mais livrer les journaux non-plus. Un patron véreux... Une histoire d'amour tragique... Au final l'Homme doit choisir entre la justice et la loi.... Des phrases courtes, punchy. Une narration à la deuxième du singulier. Oh il en a des choses à dire sur ces Empereurs, gourous vaudous ou patron tyrannique. On nous informe dès le départ que l'homme a commis un crime... Mais une vie de misère n'est-elle pas plus pénalisante qu'un simple homicide. Faites n'importe quoi de vos hommes, et il feront n'importe quoi à leur tour. le mensonge est toujours rattrapé, et le karma a une mâchoire puissante. le message que j'ai retenu de ce Livre: Nous avons bien de la chance d'être en France et pas en Haïti, nous devrions traiter les gens de la douceur de laquelle nous sommes. Et mentir, enfreindre la loi, qu'on soit puissant ou pas, on est confronté à ses propres fautes. La notion de "mouton" me poursuit en ce moment, là aussi le personnage insiste beaucoup, surtout au début, que le peuple de l'Empereur n'est qu'un ramassis de moutons. Voilà pourquoi il fuit sa condition... Un livre choc, abrupte, mais avec en même temps une certaine paix. le chemin est logique, est-ce pour autant le bon?! Ca a été le choix d'une personne et la vie c'est quoi à part des choix?!
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Le roman commence par une légende aux airs de fait divers. Un être, un berger régnerait en maître sur un troupeau et mènerait ces fidèles à coups de rituels. En très peu de pages, nous entrons dans une bulle, une secte. À quelle époque sommes-nous ? Aucune idée. le trouble de l'espace et le temps est là et restera jusqu'au bout du livre. Nous entrons ensuite dans un autre endroit, un appartement, mais surtout dans le récit du narrateur. Celui-ci qui ne cessera de parler au lecteur, de raconter son parcours et sa vie, ne donnera jamais son nom et très peu d'indications. Il nous donne d'abord sa vérité sur la légende en prologue. Il nous dira les agissements de cet « Empereur » auprès duquel il a servi et a été meurtri. La violence psychologique, physique et verbale, se déploie et écrase cet homme. Il parvient à se libérer de cela, à reprendre contact avec la société grâce à un petit boulot. Nous découvrons un pays soumis à la corruption et là encore, la violence, la soumission. le narrateur tente de respirer, de trouver un espace pour vivre. Une femme devient alors sa lumière dans la nuit. Elle est autant un espoir qu'une menace. Elle est signe de joie et de drame. À chaque page, on sent le drame, même la tragédie étreindre cet homme. Par les mots, il tente de reprendre la main sur sa vie. le récit est une explication, permet de lui prouver sa cohérence. Mais le trouble perdure. On ne voit pas d'issue possible pour lui et cette intériorité, fragile et intense, pèse sur cet homme. En entretenant le flou autour de la situation de son roman, Makenzy Orcel compose un livre sur le rapport entre l'individu et l'oligarchie. le pouvoir, sous sa plume, qu'il soit teinté de religion, de politique, de finances, écrase l'individu. L'être devient un corps, de la chair à souffrance. Les mots sont alors une bouée de sauvetage pour que cet homme puisse enfin sortir de lui-même. La manière si particulière de l'auteur de mettre le langage à l'épreuve capte les méandres des vies, rassemble les obsessions et la quête perpétuelle de survie. En puisant dans la légende, Makenzy Orcel décrit la persistance d'un système aveuglant et brutal qui, sous diverses formes et sans que le temps ait une emprise sur lui, a voulu s'imposer aux masses. Ce roman porte en lui un souffle de révolte et d'humanité.
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J'ai tout de suite été frappé par le style : phrases courtes, percutantes, sculptées par une plume fine mais brutale, ciselée, chaque mot à la bonne place.
Un texte qui nous pousse à réfléchir, je l'ai lu comme une allegorie du pouvoir avillissant sur le peuple ( haïtien ?).
Dans la première partie du roman, les mots transpirent la colère du narrateur à l'encontre d'un maître vaudou manipulateur, puis dans la seconde partie, c'est contre son patron abusif qu'il dirige son mépris et sa haine.
Lauteur semble nous dire ici que l'homme soumis aux figures d'autorités ( patronat / religion) ne peut s'émanciper sauf à commettre l'irréparable poussé par sa propre conscience.
Mais ne devient-il pas alors esclave de lui-même ?
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Une remarquable plongée dans Haïti, son culte vaudou, son monde du travail impitoyable envers les plus pauvres, sa misère. Et un narrateur anonyme jusqu'au bout, révolté, s'élevant contre toutes les formes d'oppression, dénonçant les abus et les mensonges, l'emprise exercée sur les plus faibles réduits en servitude. le tout servi par une langue poétique et envoûtante.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mon expérience m'a appris que, quand une simple fréquentation devient une relation, amicale ou amoureuse, elle ne peut se solder que par un échec. On s'en veut de s'être laissé emporter par l'idée qui veut que la vie ai beaucoup plus de sens à deux, alors que c'est faux. Dans un ensemble, on n'est personne. Moi, je veux être moi, point barre!
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Ça se répétait. Et j’avais plus d’une fois pensé au suicide. J’étais convaincu que c’était le seul moyen de supprimer ces images de ce qui me tenait lieu de tête. Je me décidais, mais, au moment de passer à l’acte, je n’y arrivais pas. Il aurait suffi de grimper au baobab avec une corde au milieu de la nuit et c’était bon. Les dieux l’ont appelé, son petit bon ange est en route vers son étoile, c’est probablement tout ce que t’aurais trouvé à déclarer en découvrant mon corps se balançant par une cérémonie d’adieu, puis le bel enterrement. J’aurais raté le bus de mon enfance, mais ç’aurait été fini tout ça pour moi.
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Vidéo de Makenzy Orcel
30 avr. 2023 Littérature – L'écrivain haïtien Makenzy Orcel remporte le Goncourt américain Le romancier haïtien a été récompensé samedi soir à New York pour « Une somme humaine ». Le prix est décerné par des étudiants francophones d'universités américaines. Poète et romancier haïtien Makenzy Orcel.
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