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Critique de Pascalmasi


Lodovic Orlando, l'un des meilleurs spécialistes français de cette discipline nouvelle qu'est la paléogénomique (l'étude des génomes anciens), nous propose avec ce livre un point d'étape précis et fouillé sur la puissance et la finesse que les outils d'investigation actuels nous apportent pour connaître et comprendre ce qui s'est passé en remontant le temps : du Moyen-âge à l'âge du bronze et jusqu'à 700 000 ans avant le présent !

C'est donc un « livre-voyage » dans le vaste monde du passé qui s'ouvre dès lors que l'on prend le temps d'étudier ce que l'ADN fossile peut nous dire et que l'on croise les résultats avec d'autres disciplines telles la statistique, la démographie, l'informatique, les mathématiques, la géologie...

Les surprises sont nombreuses et parfois à cent lieues de ce que l'on tenait pour acquis depuis des décennies. Par exemple, l'emblématique «résurrection » du cheval de Przewalski que l'on tenait pour dernier ancêtre sauvage du cheval domestique et qui n'est en réalité qu'un des descendants des premiers chevaux domestiqués et redevenu sauvage des millénaires plus tard ! Et tout est à l'avenant. La couleur de peau des premiers hommes ayant peuplé les Îles britanniques ; et les origines steppiques de notre langue mère : l'indo-européen…

D'ailleurs, selon l'auteur, la paléogénomique ne manquera pas de nous livrer bien d'autres surprises…

Cerise sur le gâteau, en guise de conclusion, M. Orlando taille en pièce – peut-être sans le savoir -- les élucubrations d'un éminent philosophe qui a tant influencé la pensée mondiale avec son livre-phare : « Discours sur les origines et fondements des inégalités parmi les hommes ». J'ai nommé Jean-Jacques Rousseau et son délire du Bon sauvage. Ainsi, page 220, Orlando écrit-il : « La société de l'époque [début de l'Age de Bronze] portait donc déjà en elles les stigmates de fortes inégalités sociales et de genre. » Plus de trois millénaires avant notre ère, les inégalités ne manquaient donc pas ! Et tant pis pour le philosophe. Rousseau explique qu'il a bâti sa théorie par la vertu de ses conjectures et spéculations sans même interroger ce que l'on connaissait déjà à l'époque de ces « bons sauvages » dont il parle tant. S'il avait disposé du secours de l'ADN, il aurait pu éviter de dire beaucoup de bêtises.

Livre facile à livre, ne nécessitant que peu de connaissances en génétique ou même en biologie et très intéressant pour ceux qui souhaitent comprendre les découvertes que la presse ne manquera pas de relayer dans les années à venir.
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