L'amour est torture, enchantement, violence, douceur, conversation, silence. Il est bonheur et chagrin. Il es profondeur et légèreté. Il est léger comme de la cendre.
Faut-il à tout prix imposer aux autres une vérité dont ils ne veulent pas - et qui peut-être n'existe pas ? Mieux vaut parfois aimer les autres que de leur dire notre vérité.
Le plaisir est une herbe folle qui pousse entre les pierres. Le bonheur est un lac très calme qui brille sous le soleil. La joie est une tempête qui tombe du ciel pour nous élever vers lui.
Pour les athées, le monde n'a pas de sens. Il est absurde. J'ai souvent exprimé mon admiration pour les athées qui font du bien aux autres sans aucun espoir de récompense ni de reconnaissance, dans une pure gratuité dénuée de toute autre signification que la charité, la compassion, la solidarité et l'image qu'ils se font d'eux-mêmes et de leurs semblables. Ces athées seront assis, là-haut, à la droite de ce Dieu auquel ils ne croient pas. Puisque ni l'univers ni la vie n'ont le moindre sens, le mal, pour eux, n'est ni plus ni moins inexplicable que tout le reste. Il est atroce comme le monde lui-même. Il est l'absurde dans l'absurde, il est l'absurde au deuxième degré.
En apparence au moins, ceux qui croient à Dieu sont mieux armés contre le mal. Le monde leur est moins cruel qu'aux autres puisque la Providence veille sur eux. Mais aussitôt se pose une question qui, du massacre des Innocents au goulag et à la Shoah, du tremblement de terre de Lisbonne d'où sort le Candide de Voltaire ua séisme d'Haïti, en passant par les famines en Chine, les éruptions de volcans à Pompéi ou en Indonésie, les tsunamis un peu partout, les souffrances des malades, des vieillards, des enfants, a bouleversé bien des consciences : comment un Dieu tout-puissant peut-il autoriser - ou faut-il dire : provoquer ? - les horreurs sans nom du mal ? De deux choses l'une : ou il n'est pas tout-puissant et sa gloire est ébréchée, ou il est complice du mal et sa toute puissance est coupable. Il est très difficile, et peut-être impossible, de sortir de cette aporie. Le problème du mal est un des plus classiques et des plus ardus de toute théologie et de toute métaphysique. "Si Dieu existe, nous dit Woody Allen, j'espère qu'il a une bonne excuse."
Pour ceux qui croient à Dieu comme pour ceux qui n'y croient pas, le mal est une absurdité, une catastrophe, un phénomène inexplicable, un scandale. On ne prétendra pas fournir ici une réponse à un problème qui agite les esprits depuis Adam et Ève, depuis le déluge, depuis Job sur son fumier, depuis l'extermination de l'homme de Neandertal par l'homme de Cro-Magnon. Mais, au lieu de considérer le mal comme la rupture scandaleuse d'un ordre universel dominé par le bien, peut-être devrions-nous inverser la perspective. Et voir le bien comme une exception lumineuse dans un monde où règne le mal.
Quel sens auraient pris les formes , la couleur, les lumières, le temps, si la pensée n'était pas apparue ? Aucun. Il est permis de soutenir que seule la pensée donne au monde son existence.
Aujourd'hui comme hier, nous sommes tous des égarés. Nous ne savons toujours pas ce que nous voudrions tant savoir : pourquoi nous sommes nés et ce que nous devenons après la mort.
Il n'est pas impossible que le monde soit absurde, que tant de bien et tant de mal, que tant de souffrances, tant de bonheurs, tant de beauté et d'amour tombent à jamais dans le néant et l'oubli et que la vie, qui nous est si chère, n'ai pas le moindre sens.
Et ce qui nous plaît aujourd'hui sera ridicule demain.
Nous ignorons d'où nous venons, nous ignorons où nous allons. Nous sommes tous des égarés.
La lumière transporte du passé.