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3,7

sur 319 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle de Jean d'Ormesson m'a laissé une impression de lecteur mitigée. Ces mémoires construites comme un dialogue entre son Moi et son Surmoi sont à la fois passionnantes et indigestes. Passionnantes par la somme des personnages qu'il convoque et dont les rencontres ont jalonné son chemin, façonné sa pensée et orienté ses choix. Quelle vie ! On se sent tout petit à côté, un peu envieux d'avoir pu côtoyer et échanger avec les plus brillants de son temps. Indigestes, parce qu'à force, toutes les références et les saynètes qui les accompagnent alourdissent la narration, font parfois perdre le fil du débat entre son ego et le juge freudien. Ce n'est pas le livre de lui que je préfère, mais j'ai beaucoup appris sur son parcours, hors du commun, qui ne fait que renforcer l'admiration qu'ont pu provoquer certaines de ses oeuvres
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Beaucoup aiment Jean d'Ormesson et il doit en énerver certains !
J'avoue faire partie de la première catégorie.
Dans cet ouvrage, il nous livre sous forme apparente d'un procès à la fin de sa vie, une sorte de testament philosophique.
C'est bien sûr, comme cela arrive à chaque homme, une réflexion sur la mort, la vie, notre bref passage sur terre, sur l'éternité…
Chacun trouvera ici des résonances selon ses propres références (Les auteurs, les acteurs, les politiques rencontrés). En tout cas, quelle vie !
Ce livre ne se résume pas tant il aborde des sujets variés et tant le nombre d'expériences vécues est important.
Certains ont essayé mais cela fait beaucoup de pages.
En tout cas, je me suis régalé ! Non pas de la vie de Jean d'Ormesson mais parce que j'ai lu un texte superbement écrit.
Comme c'est agréable de lire du vrai français.
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Jean d'Ormesson s'intente à lui-même un procès. C'est le prétexte qu'il a inventé pour rédiger sa biographie, et bousculer le genre : une enfance dans l'entre-deux guerres, une adolescence pendant la guerre de 39-45, une vie d'intellectuel, amateur de beau (pays, livres, architecture, ...), fréquentant l'élite française des trente glorieuse et se présentant comme un peu dilettante.

À son histoire, parsemée d'anecdotes plus ou moins savoureuses (sur lui-même et ses nombreuses relations), l'auteur ajoute quelques réflexions plus personnelles, qui viennent éclairer le personnage sous un autre jour. La principale, qui traverse tout le livre et structure la dernière partie, tourne autour de la question du sens de la vie.

On peut d'ailleurs s'interroger : ce procès que Jean d'Ormesson s'intente à lui-même n'est-il pas en réalité une préparation de celui qu'il s'attend à subir en entrant dans l'au-delà ?

Le livre se lit plus ou moins facilement. C'est à la fois une question de forme - l'écriture n'est pas toujours très fluide - et de fond - l'intérêt du contenu peut varier d'une page à l'autre. L'ensemble peut même, parfois, sembler un peu décousu. Mais on ne regrettera pas l'effort de lecture.

Au final, une lecture très intéressante, qui permet de mieux faire connaissance avec ce grand écrivain que fut Jean d'Ormesson.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Une voix reconnaissable entre toutes, des yeux d'un bleu à vous couper le souffle, un regard qui pétille de malice et d'intelligence Mr D' Ormesson vous faîtes sans aucun doute partie de ceux qui , toute modestie mise de côté, ont joué un rôle non négligeable dans notre microcosme français . Certes vous devez en irriter plus d'un mais c'est toujours avec beaucoup de plaisir que je vous ai écouté . Je dois avouer , toute honte avalée, que si c'est pour valider un challenge que j'ai ouvert votre livre "Je dirai malgré tout que cette vie fut belle " ce n'est que le plaisir de vous lire qui m'y a retenu!
Vous essayez de nous faire croire que vous ne vouliez pas écrire vos mémoires, certes je vous l'accorde disons que ce sont une succession de souvenirs égrainés dans un ordre à peu près chronologique !! Quels souvenirs! que de noms rencontrés, aimés, appréciés, admirés . A maintes reprises je me suis exclamée à oui cela je l'avais oublié, à tiens donc cela s'est passé comme cela .... il faut dire que bien des évènements relatés font partie de ma mémoire d'enfant, d'adolescence , de jeune femme et de femme adulte . J'ai retrouvé avec plaisir votre sourire en coin, votre sens de l'ironie et vous ai suivi dans votre cheminement de pensée .
Que j'aurais aimé vous entendre lire votre livre !
Une lecture foisonnante par une grande plume de la littérature française que du plaisir ! merci Mr d'Ormesson.
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Même si une biographie n'est pas mon sujet de prédilection, la langue excise de Jean d'Ormesson m'a rendu ce récit captivant et presque hypnotique.

J'ai vu dans cet ouvrage trois parties distinctes :

La première, sous forme d'un procès que l'auteur intente à lui-même par le jeu d'un dédoublement surprenant et subtil.
L'auteur nous conte en détails remplis d'anecdotes croustillantes, les méandres de sa vie et nous fait croiser une foule de personnages historiques ou contemporains.

Est-ce son talent ou beaucoup de chance qui ont conduit cet insouciant à croiser tant de monstres sacrés ? Son humilité le pousse à nous faire croire que seule sa naissance en est la cause. C'est possible mais ce n'est pas suffisant.
Je suis stupéfait par les conséquences de la pratique de l'entre-soi : un tel connaît un autre, un autre encore est père ou fils ou gendre de tel autre encore....et tous sont talentueux. C'est admirable....
Le lexique des noms de famille cités donne le tournis...


Dans la seconde partie, au milieu du livre, Jean d'Ormesson, avoue ses bassesses. C'est très curieux, courageux et humble. Mais son regard pétillant, que l'on imagine, nous aide à les pardonner. On dirait un enfant étonné de découvrir le monde. C'est sans doute cet étonnement qui lui a permis de traverser la vie avec tant d'enthousiasme et de fraîcheur.

Dans la troisième, enfin et bien sûr, Jean d'Ormesson va nous plonger dans sa vision mystique du monde et cela me ravi comme à l'accoutumé.
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MOI : J'ai toujours reconnu que j'étais né avec une cuillère d'or dans la bouche.
SUR-MOI : Une cuillère ! Toute une batterie de cuisine, oui ! Châteaux. Fortune. Hérédité. Mariages. Études. Carrière.
Cet "échange" entre Jean d'Ormesson - le Moi -, qui met en scène son procès, et son juge-accusateur, qu'il qualifie souvent de "Sur-Moi", donne le ton de ce livre ... de souvenirs et de confessions, qu'il s'est refusé à écrire sous forme de mémoires, mais sous celle pleine de vie, de vitalité et d'esprit d'une pièce de théâtre... genre qu'il affectionne... on se souvient de - La conversation - qui fut une pièce à succès de l'auteur.
La fin de l'ouvrage bouclera la boucle de cette pièce de théâtre existentielle avec quelques lignes sur ce thème, à mes yeux les meilleures... " Ce que je crois, cher et illustre maître, misérable vieillard - et c'est pour cette raison que je ne crois pas à grand-chose -, c'est que l'histoire de l'univers, de la vie et des hommes n'est pas seulement une aventure, un roman, une épopée, un opéra, mais une sorte d'immense théâtre qui était vide avant nous et dont nous sommes les acteurs. Nous montons sur les planches en naissant. Nous sortons de scène en mourant. Entre la naissance et la mort, nous débitons notre texte. Nous avons le droit d'improviser, bien sûr. Nous pouvons le retoucher. Mais dans des limites très étroites."
Cette pièce de théâtre qu'est la vie de "l'écrivain du bonheur" est truffée d'humour, de bons mots, de légèreté, d'élégance... toutes choses que D Ormesson utilise avec un art consommé... parfois un peu trop, car le foisonnement d'anecdotes - qui est une des marques "dormessonienne", donne lieu à des redites de redites... mais comme il le disait lui-même : "je fais du d'Ormesson..."
Cet "héritier anarchiste de droite", comme il se qualifiait, nous charme - une autre de ses marques -, et nous agace à la fois - encore une autre ! "
Nous charme parce que l'univers qui fut le théâtre de sa vie ressemble à un rêve dans lequel on ne croise que "des rôles magnifiques et des grands acteurs."... une vraie pléiade !
Nous agace parce que nous ne sommes que "le public, lui-même composé d'acteurs... mais qui n'ont qu'un rôle "d'utilités".
Drôle, pétillant, léger comme des bulles de champagne, le propos n'en demeure pas moins "sérieux" pour autant.
La "singularité" de ce livre, qui n'est pas le meilleur de "ce commun des Immortels" tient dans ce que j'appellerai les "révélations". Il me semble que D Ormesson a joué la carte de la sincérité et a levé le voile - un voile pudique - sur quelques pans de sa vie. Certes le mondain reste le mondain et continue de s'afficher, mais derrière "le gandin des lettres", derrière "l'icône, la marque" comme il se présentait à la fin de sa vie, le sourire charmeur et le regard bleu malicieux, il y a l'homme et cet homme est définitivement attachant. Il y a l'intellectuel, l'érudit à la mémoire exceptionnelle, et il y a l'écrivain... et ce grand petit homme savait sacrément bien manier la plume.
J'ai aimé (il aurait apprécié ces mots) ce livre !
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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, vers emprunté à un poème d'Aragon, est devenu le titre de cet ouvrage autobiographique paru en 2015, que Jean d'Ormesson a choisi de travestir en instruction, à charge et à décharge comme il se doit, d'un procès dont on comprend qu'il est une répétition devant ses lecteurs d'un jugement qu'il sait être le dernier.

Un procès, avec dans le rôle de l'avocat général son sur-Moi, supposé accabler son Moi, lequel a choisi d'assumer seul sa défense. Réquisitoire et plaidoirie dans lesquels on remarque toutefois une certaine connivence dans la contradiction, forme de mise en scène d'un examen de conscience lorsque parvenu à une époque de la vie où chaque levé de soleil est un sursis. Gageons que l'accusé ne manquera pas de répartie connaissant sa verve légendaire débordante d'optimisme.

Mais de quoi son sur-Moi accuserait-il Jean d'Ormesson au soir de sa vie ? De paresse, de naïveté, dont il aime à s'affubler ? D'être bien né ? Ou peut-être, sans parler de défaut d'amour pour son prochain, mais plutôt de défaut de manifestations d'amour. Ne s'accable-t-il pas lui-même d'avoir conduit sa vie dans "l'indifférence passionnée" du monde qui l'entoure. Terme générique qui doit contenir et Nature et Ceux qui la peuplent.

Mais c'est bien plus d'un procès en fausse modestie dont Jean d'Ormesson devrait répondre. On le confirme à la seule lecture de l'index du panthéon culturel qui peuple ce livre, car nombreux sont ceux qui auraient aimé que leur paresse les fasse normalien, directeur du Figaro, académicien et au final entrer dans la Pléiade de leur vivant. Aussi, au-delà de l'index de cet ouvrage, et à sa lecture donc, le lecteur qui n'a de l'académie qu'une idée très abstraite ne pourra quant à lui que faire oeuvre d'une modestie bien réelle en mesurant l'univers sidéral de connaissance qui le sépare de l'académicien. Sa fausse modestie est en partie faite du "narcissisme et de la vanité de ceux qui écrivent", dont il est lui-même, Jean d'Ormesson, lorsqu'il rédige cet ouvrage. Dont il était, puisque désormais sorti du temps et versé dans l'éternité.

Le procédé narratif de cette mise en accusation bien maîtrisée permet de relancer régulièrement un récit qui pourrait s'essouffler de tant d'énumérations de sources bibliographiques, de personnages plus ou moins célèbres rencontrés au gré des pérégrinations planétaires de son auteur. Au vulgaire qui ne partagerait pas un tel carnet d'adresses, une telle érudition, pareil flot de références pourrait passer pour poudre aux yeux, provocation, voire pour mépris. Les quelques trivialités, les interpellations quelque peu brutales de son sur-Moi qui jalonnent ce récit ne dévoilent rien de très personnel. Pudeur quand tu nous tiens. Elles sont à dessein une subtile accroche à destination des vrais modestes, dans lesquels je me range. Ceux-là même qui se seront risqués à l'acquisition de la désormais fameuse couverture aux liserés rouges et noir de la très sérieuse maison d'édition, héritière de la NRF.

"Ecrivain miroir de son temps", Jean d'Ormesson n'oublie pas dans ses regrets de déplorer le sort réservé à l'objet de toutes ses attentions, la langue française. Notre belle langue qu'il maîtrise si bien et qui l'a fait vivre. Il la voit malmenée, menacée par une déferlante d'onomatopées, d'anglicismes, d'acronymes et de substantifs tronqués, insidieuse et opiniâtre érosion suscitée par cette même paresse dont il s'est fait le parangon. Ce nouveau langage qui porte l'homo numericus à fouler au pied la grammaire, celle-là même qui jusqu'à ce jour aura fait chanter aux oreilles de son auditeur la belle langue de Molière.

Récit autobiographique sans grande révélation donc, d'une vie dont d'aucun pourra dire qu'elle aura été sans le souci du lendemain, puisque bien née dans l'amour et le confort. D'une vie que son bénéficiaire avoue d'admiration béate de tout, du monde et de la vie elle-même en particulier. Une vie sans souci d'un lendemain matériel. Parce que pour ce qui est du lendemain immatériel, celui-là même qui court avec la funeste opiniâtreté qu'on lui connaît, ce souci-là se fait obsessionnel. On le comprend fort bien. C'est un des thèmes sur lequel on se retrouve, nous aussi ses lecteurs, sans savoir le dire aussi bien que lui, forcément. C'est la raison pour laquelle plus que tout ce que l'académicien a ingurgité de connaissances et fréquenté de sommités, plus que cet acquis d'un passé qui n'est plus, d'un présent impalpable, d'un futur qui ne sera pas, il dirige son amour vers la Lumière et le Temps. Toutes deux notions sans consistance et qui pourtant commandent à nos vies. Pouvoir égalisateur de la mort entre le pauvre et le riche, le beau et le laid, le sot et le lettré. Ne reste alors que l'héritage, ces fameuses tranches de cuir gravées de lettres d'or de la Pléiade, pour faire la différence et prolonger ainsi celui qui a traversé le temps avant que de basculer dans l'éternité de l'oubli.

A moins que … à moins que l'oubli ne soit rien de ce tout et de ce rien qui se confondent dans vos propos monsieur d'Ormesson. A moins que l'oubli ne soit cette immensité d'amour auquel tout le monde aura prétendu avec des fortunes très diverses en ce purgatoire terrestre.

On aura aimé votre engouement communicatif pour cette vie, Monsieur d'Ormesson, et cet espoir d'ouverture que vous nous proposez vers une immensité d'amour, que vous nous suggérez quand le temps ne sera plus compté. Et cette fausse modestie dont vous auréoliez votre personne, elle a fait partie du personnage. Elle a fait nos délices chaque fois qu'un plateau TV vous offrait une tribune. Elle le fera encore lorsqu'on s'ouvrira à tous ces écrits que vous avez laissés à notre attention.
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La Feuille Volante n°1024– Mars 2016 ans
Je dirai malgré tout que cette vie fut belleJean d'Ormesson.

Tout au long d'un improbable procès, dont on se doute qu'il sortira acquitté, où il est à la fois le juge et l'accusé, Jean d'Ormesson, bien qu'il s'en défende, si on en juge d'après ses propos dans la presse et même sur la quatrième de couverture, nous offre un livre de Mémoires. Dans cette même quatrième de couverture il demande qu'on ne compte pas sur lui pour livrer des souvenirs d'enfance et de jeunesse... mais se dépêche de faire le contraire ! Et pour faire bonne mesure, il en rajoute un peu sur le thème déjà bien sollicité de la « saga » familiale. C'est un véritable monologue, camouflé sous des dehors peu crédibles (Moi, et Moi souvent rebaptisé Sur-moi), une sorte de dédoublement de la même personne qui fait en alternance les demandes et les réponses, dans le seul but de satisfaire sa grande passion, : nous parler de l'auteur, de sa vie, de ses livres...Encore une fois, comme c'est souvent le cas chez lui, nous assistons à un exercice, certes brillant et passionnant, mais fortement inspiré par le solipsisme! Qu'il appartienne à une grande famille aristocratique, avec tous les attributs de celle-ci, qu'il ait lui-même mené une vie pleine de réussite professionnelle, artistique, culturelle, personnelle… sa dimension entretenue de personnage public le laisse penser, et qu'il puisse, à son âge avancé (90 ans), considérer ce parcours comme beau, est parfaitement admissible ; nous eussions été surpris du contraire, nous ses lecteurs. Il égrène donc pour nous ses souvenirs puisés dans la politique, l'histoire, la littérature, le journalisme et l'amour, un parcours aussi brillant que protéiforme, mais la modestie un peu feinte dont il souhaite se parer me semble un peu fausse quand même. Même s'il voudrait bien donner l'impression de n'être pas grand-chose on sent bien, à le lire, qu'il est conscient de n'être pas comme tout le monde. Il s'exprime avec prolixité et j'ai craint au début de m'ennuyer tout au long de ces presque cinq cents pages mais finalement l'intérêt a pris le dessus, preuve s'il en fallait une qu'il n'est effectivement pas un vulgaire quidam. Il s'exprime avec son érudition coutumière et cette langue française dont il est un des meilleurs serviteurs, et c'est bien entendu un plaisir de le lire.
Il nous confie son admiration pour les hommes qui bien souvent furent ses maîtres et parfois ses amis et pour les femmes qui ne furent pas toutes ses maîtresses mais dont la beauté sut l'émouvoir. Certes il a commis des fautes et les confesse sans détour mais c'est aussi une manière de se mettre en valeur. Il parle aussi, bien sûr, de l'Académie dont rêve tout écrivain. Il y siège depuis longtemps, Immortel que ces lieux impressionnent, mais qui aurait ressenti comme une insulte personnelle de n'y pas figurer simplement peut-être pour que son nom et son oeuvre ne soient pas oubliés définitivement avec sa mort. de cette vénérable institution, dont il fut le plus jeune académicien et dont il est maintenant le doyen, il parle comme d'une assemblée de notables des Lettres mais aussi d'un repère de trublions, friands de petites avanies ou de blagues de potaches, l'esprit en plus, évidemment ! S'il sait reconnaître ceux qui l'ont aidé, c'est aussi une manière de dire que ceux-là ne se sont pas trompés et que, lui donnant leur appui, ils l'ont fait pour un être exceptionnel, c'est à dire lui ! Au cours de ce procès un peu surréaliste où on se demande bien ce qui lui est au juste reproché, à part peut-être avoir existé, il en profite pour réaffirmer son amour du monde, de la vie, pour déplorer un nouvelle fois la condition humaine dans tous ses aspects, la naissance par hasard, le temps qui passe et la mort inévitable, pour réaffirmer sa croyance en Dieu comme il l'avait fait notamment dans « Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit ». Je ne le connais qu'à travers ses livres, c'est à dire mal, mais il me semble qu'il est friand de reconnaissance, avec tout ce que cela comporte de rituels et même d'hypocrisie mais j'avoue qu'il joue parfaitement son rôle dans ce procès imaginaire.
Ce livre qui, encore une fois, emprunte son titre à un vers d'Aragon nous montre sans fard un écrivain mondain, narcissique quelque peu vaniteux mais qu'importe. Pour d'Ormesson, parler de lui est une institution et il est vrai qu'il le fait bien et il sait captiver son lecteur. C'est peut-être l'homme d'un seul livre dont
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Ces mémoires qui n'en sont pas auraient pu s'intituler "Mémorables (Ἀπομνημονευμάτων) ou Souvenirs d'Ormesson" pour paraphraser les récits que Xénophon a consacré à Socrate.
Tout Ormesson est dans ce livre : l'homme de tous les contrastes et de toutes les curiosités, léger et profond, caustique et indulgent, érudit et naïf, passionné et indifférent, spirituel et gaffeur, etc... C'est le Janus de la littérature.
Il a aimé vivre, aimé les gens, les plaisirs... en un mot il a fait sienne la maxime de Bernard le Bovier de Fontenelle : " Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon, vous n'en sortirez pas vivant. "
On peut ne pas aimer son immodestie ; personnellement j'adore le personnage et surtout son style. Quel régal de lire un français impeccable, brillant et raffiné !
Ce roman-procès est le meilleur de ses dernières productions autobiographiques, mais je préfère ses romans véritables (Le juif errant, La douane de mer, ...).
Un excellent moment de lecture à savourer au moment où l'Éducation Nationale saccage la langue française, l'orthographe, les enseignements de base tels le latin, l'histoire qui permettent de comprendre ce que nous lisons et d'écrire avec la précision chirurgicale que permet la langue française.
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C'est assez compliqué de parler de ce lire. C'est en fait à mon sens impossible de parler de tout ce qui est abordé dans ce livre.
Ce n'est sans aucun doute pas celui que je recommanderais à quelqu'un qui souhaiterait rencontrer Jean D'Ormesson.
Sous forme d'auto procès, son sur-moi, le guidant dans cet exercice compliqué, il nous livre en quelque sorte ses mémoires, ses souvenirs, une partie de sa vie, de ses pensées, de ses doutes, nous listant toutes ses rencontres, ses anecdotes, des citations qui ont marquées ses lectures...
On se sent tout petit, peu instruit, il a croisé tant de personnes, que nous devrions toutes connaitre, du moins c'est ainsi qu'en le lisant, j'ai ressenti la chose.
On est heureux quand enfin certains nous parlent, on les connait, on les a lu, on sait qui ils sont, ce qu'ils ont fait...
J'apprécie énormément la plume de Jean D'Ormesson, son humour, ce côté intimiste que je ressens lorsque je le lis, comme si mon grand-père ou mon arrière-grand-père plutôt me racontait sa vie ou m'exposait ses idées.
Dans ses dernières années, parfois, c est un peu redondant. Mais on aime écouter les histoires, les idées, les souvenirs des anciens, c'est rassurant.
Et puis sa vie, ses connaissances, ses rencontres sont si denses...
Habituellement, lorsque je ne connais pas, un auteur, un personnage célèbre ou qui semble avoir marqué une époque, je fais appel à google, afin d'éclairer ma lecture, d'apprendre...
Là c'était trop... une liste bien trop longue, mon côté inculte mis au grand jour... il m'aurait fallu trop de temps, faire trop de recherches...
Donc j'ai lu sans toujours savoir de qui il s'agissait, j'ai suivi les périples de sa vie, ses réflexions que j'apprécie le plus souvent.
Avec Jean D'Ormesson, c'est un peu cela, j'ai un rapport, affectif, j'aime le lire, je ne partage pas toutes ses idées, tous ses choix, j'aime sa façon de réfléchir, de douter, j'aime sa vision du monde, de son évolution, je n'ai pas son côté optimiste et satisfait de la vie, mais je crois justement que malgré sa grande lucidité , j'aime son côté "je dirai malgré tout que cette vie fut belle" que je n ai pas...
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