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Anouk Neuhoff (Traducteur)
EAN : 9782879294087
318 pages
Editions de l'Olivier (11/03/2005)
2.75/5   4 notes
Résumé :

Ligoter à une croix un garçon - noir et de père inconnu - pour le flageller, pousser une fillette à sauter dans le vide, tuer les poissons que collectionne sa petite sœur, faire d'une élève le bouc émissaire de sa classe, entraîner une cousine dans un jeu sexuel qui lui échappe... On tremble pour ces enfants et ces adolescentes livrés à eux-mêmes, parce que la maladie, la perte ou l'exclusio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Comment respirer sous l'eau » ? Difficile de répondre à cette question. A Julie Orringer de me proposer sa solution en 9 nouvelles. 9 histoires toutes différentes, mais aussi toutes semblables. Et comme tout recueil, il a ses charmes et ses défauts. Par défaut, j'entends que certaines personnes peuvent être plus sensibles à telles nouvelles et ne ressentir aucune émotion à d'autres. C'est le principe même de la littérature qui crée chez le lecteur un imaginaire qui lui est propre et par conséquent qui le sensibilise ou pas à tel roman, nouvelle, chronique... Par charme, veuillez comprendre la plongée vers un univers qui nous est propre mais qui vous entraîne avec plaisir dans un autre monde. Je ne suis pas un grand adepte des nouvelles, trouvant justement que lorsqu'elle m'émeut et me plonge dans un autre imaginaire, j'y passe trop peu de temps et doit aussitôt rechanger d'univers pour une autre nouvelle.

9 brèves nouvelles pour entrapercevoir le délicat passage de la phase « enfant » à la phase « adulte » : cela semble le point commun entre toutes ces historiettes. Et dans la prose de Julie Orringer, sortir de l'enfance et de l'adolescence est souvent douloureux et cruel. L'univers de ces jeunes « adultes en devenir » est sombre, leur avenir incertain, et leurs repères pas encore fortement ancrés dans leur monde. Lorsqu'en plus la religion vient faire rempart (ou aider, suivant les points de vue) à ce développement, on comprend mieux leurs malaises allant jusqu'à une certaine autodestruction.

L'autre point commun de toutes ces nouvelles semble être l'absence ou la mort d'un proche. Une maman atteinte d'un cancer, un petit frère entre la vie et la mort, un des deux parents disparus... Vu du point de vue de l'enfant, ces drames familiaux semblent encore plus cruels, et ont un caractère traumatisant pour quelqu'un essayant de se forger un avenir, de se projeter dans un futur même proche. Il n'en ressort jamais indemne et, sans repère, sa vie tombe dans une sauvagerie extrême. Les images sont fortes, les jeux d'une cruauté stupéfiantes. Perversité et souffrance, voilà les nouveaux emblèmes de cette jeune société.

Il s'agit du premier roman de Julie Orringer, nouveau jeune talent de la scène littéraire de San Francisco, qui me fait penser dans certaines de ses nouvelles à une auteur(e) que j'apprécie Joyce Carol Oates.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Neuf nouvelles mettant en scène des enfants, des ados, ou des adultes se remémorant leur enfance. C'est le lien entre tous ces récits écrits de manière posée, lente et minutieuse par Julie Orringer.

Globalement, peu de ces nouvelles ont suscité en moi quelque émoi ou émotion. Parce qu'il n'y a pas de rush, d'emballement, d'accélération, de climax dans les récits de Julie Orringer. Ou quasi aucun. Sans surprise, les nouvelles qui m'ont plu sont celles qui possèdent ces petites parcelles, étincelles de tension, de précipitation.

Pas de chute non plus dans les nouvelles. Elles pourraient toutes se terminer par trois points de suspension. Autre point commun de la plupart des nouvelles, la religion ou la chose religieuse. Et tout particulièrement la cohabitation, les relations entre les religions. Mais de manière soft, douce, sans trop de vagues.

Regardons de plus près:
- Pèlerins: une réunion de voisins "bobo" avec des jeux d'enfants non surveillés qui dérapent. Plutôt accrocheuse dans la cruauté des enfants.
- Quand elle sera vieille et moi célèbre: la jalousie d'une jeune fille par rapport à sa cousine, mannequin et à qui tout sourit. Un peu lassante dans le ressassement de la jalousie.
- le poisson Isabel: les ressentiments d'un ado vis-à-vis de sa soeur, dont il tue les poissons, suite à un accident de voiture. Très lent et sans trop de tension.
- Consigne à l'usage d'une fille de sixième: étrange nouvelle construite comme une succession de recommandations qui racontent une histoire d'amour sur fond de danse espagnole. Peu convaincu.
- le chemin le plus facile est rempli de pierres: interdits religieux et transgression un peu faiblarde. Pas convaincu, quasi oubliée dès la dernière page tournée.
- Responsabilité: une balade dans un parc zoologique qui tourne mal... celle-là m'a énormément attiré par l'incertitude permanente et l'accélération dans l'écriture.
- Etoiles de Motown brillant dans le ciel: deux ados en goguette perdant leur virginité pour un idiot congénital... très sympa.
- Ce que nous gardons: fort nostalgique. Une lenteur calculée, qui m'a quand même endormi...
- Chemin de croix: de nouveau, les religions se confrontent sur fond de communion chrétienne, et de crucifixion. Très bien menée, avec le flashback qui renforce l'intensité des souvenirs.

Au final, je pense que je ne rééditerai pas l'expérience de Julie Orringer. Ce sont des préoccupations qui me parlent, mais traitées d'une manière qui ne me convainc pas.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je reste silencieuse dans le noir, repensant à la seule fois où j’ai vu mon frère avant sa mort. Il était couché dans une couveuse avec des tubes qui lui sortaient de partout, des écrans de contrôle qui reproduisaient sa respiration et ses battements de cœur. Il avait la peau transparente, les yeux fermés, et ma seule pensée était qu’il ressemblait à une minuscule grenouille toute maigrichonne. Récurée, stérilisée, gantée, j’avais reçu la permission de passer la main par une ouverture et de toucher sa peau fiévreuse. J’étais catastrophée pour lui. Rétablis-toi, grandis, donne des coups de pied, l’avais-je exhorté en silence. J’avais eu du mal à m’en aller, sachant que je ne le reverrais peut-être plus. Mais dans le taxi ce soir-là, en rentrant à la maison avec mon père, je m’étais représenté ce qui risquait de se passer s’il survivait. Les médecins nous avaient dit qu’il serait sans doute malade à tout jamais, qu’il aurait besoin de soins permanents. Je m’imaginais déjà mes parents s’occupant de lui tous les jours, lui changeant ses tubes et ses couches, prenant son petit pouls imperceptible, oubliant totalement mon existence. Juste une fois, juste à cet instant-là, j’avais souhaité sa mort.
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Peter avait traîné Clarie au milieu de la pelouse. Il braque les yeux sur Ella, et elle lui rendit son regard. La plainte du mantra, ininterrompue, continuait à s’échapper de la maison. Peter saisit à nouveau Clarie sous les bras et la tira vers les buissons, ses pieds nus bringuebalant sur l’herbe. Il la fit ensuite rouler sur elle-même jusqu’à ce qu’elle disparaisse à l’ombre du massif. Rabattant sa robe de manière à lui couvrir les cuisses, il lui orienta la tête vers la clôture qui bordait le fond du jardin.
« Allez chercher des feuilles et d’autres trucs, ordonna-t-il. Il faut qu’on la recouvre. »
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Je me revois dans la voiture d’Isabel avec l’eau qui s’engouffre, emplissant ma bouche de son goût froid au parfum de poisson, et moi qui tâtonne dans le noir pour trouver ma ceinture, mes poumons déjà brûlants et oppressés, et Isabel sur le siège à côté dont le sang s’échappe dans l’obscurité.
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Dans sa chambre, une guirlande lumineuse à ampoules blanches clignotait au plafond, tandis que, sur la stéréo, passait Delicate Sound of Thunder de Pink Floyd.
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