Pour notre plus grand plaisir, Erik Orsenna poursuit son exploration de la langue française entamée dans La grammaire est une chanson douce.
Dans ce livre, il fait un zoom sur les verbes, et d'une façon toujours très poétique nous présente leurs différents modes : l'infinitif, l'impératif, l'indicatif, le conditionnel... et surtout le subjonctif. Ce subjonctif qui dérange, parce qu'il est "le mode du désir, de l'attente, de l'imaginaire...", pas étonnant que le dictateur Nécrole cherche à le soumettre !
Erik Orsenna est tellement convaincant qu'il m'a donné envie de devenir à mon tour "chevalier du subjonctif" et de me lancer dans sa défense.
Est-il vraiment gênant ce subjonctif pour qu'on ne veuille plus l'enseigner à nos écoliers, et qu'on ne l'aborde que du bout des lèvres en collège ? Veux-t-on condamner nos enfants à dire "il faut que "je vais" à l'école" ou "il faut que "je fais" mes devoirs" ? Mes yeux piquent, mes oreilles sifflent, aie !
Je crains que ce pauvre subjonctif ne soit l'une des victimes de la dégradation générale de notre système scolaire. Allez, il pourra se consoler de n'être pas seul à être jeté aux oubliettes, le passé simple lui tiendra compagnie... et bientôt, les nouvelles générations ne sauront plus que lire et écrire du style texto.
Je m'égare, je sais, mais assister à ce massacre organisé m'énerve au plus haut point, et je suis effondrée quand je vois l'immense gâchis qu'est devenu l'enseignement en France.
Refuser la transmission du savoir, c'est priver les générations suivantes de connaissances auxquelles elles auraient droit. C'est tout simplement malhonnête.
Certains me rappelleront à l'ordre et voudront m'envoyer cette chère madame Jargonos pour me rééduquer : qu'elle vienne, je l'attends de pied ferme !
Merci, merci, monsieur Orsenna, de mettre votre talent au service du français et de nous offrir une fois de plus un texte qui, bien au-delà de l'histoire qu'il raconte, fait prendre conscience de la richesse de notre langue, une langue qu'il faut défendre et protéger comme un trésor, un bien commun.
Oui, avec vous, monsieur Orsenna, la grammaire est vraiment une chanson douce !
PS : un peu hors sujet, parce qu'il ne s'agit pas de conjugaison, mais il s'agit encore de la langue française, alors...
J'ai entendu tout récemment un invité politique sur une station de radio. Un moment, la conversation porte sur un fait d'actualité dans lequel on évoque l'utilisation dans certaines circonstances de peintures hydrophobes. Le journaliste, amusé, demande au politicien s'il sait ce dont il s'agit. Question piège. Du tac au tac, celui-ci répond que non, mais qu'en réfléchissant à l'étymologie du mot, alors il peut en comprendre le sens, et le voilà qui donne son explication.
Libre à vous de faire un lien avec la défense de l'enseignement du latin et du grec... libre à vous...
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J'suis pas un adepte de ce temps
que je trouve un peu trop pédant.
Parler en utilisant le subjonctif
rend la conversation un brin élitiste.
Tu comprends mon cher avec cette conjugaison,
je peux : ordonner, exiger, souhaiter.
Marquer ma différence avec la population,
qui ne se sert à peine de trois temps pour bafouiller.
Mais comme l'écrit si bien Nastie :
Comme faire sans lui ?
Condamnerons-nous nos enfants à dire : il faut que "je vais" à l'école.
Rien qu'à cette audition mon coeur se surcharge d'extrasystoles.
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Un conte fantastique très réussi pour mettre en valeur la langue française et en particulier les verbes et les temps de conjugaison.
C'est drôle, léger et en même temps très pédagogique.
De l'importance des temps et de leur signification.
Le subjonctif est le mode du désir, de l'attente, de l'imaginaire. Que serait un monde sans attente ni imaginaire ?
Le subjonctif que le dictateur Nécrole veut abolir et faire disparaitre parce qu'il représente un danger, qu'il représente la liberté de penser, de rêver et qu'il est par essence révolutionnaire.
Merci pour ce texte original qui vient compléter la série autour de la grammaire et qui met en valeur la langue dans toute sa complexité et dans toute sa beauté.
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Je venais de faire connaissance avec l’une des lois régissant l’espèce humaine, dite « loi de la double crêpe » : plus quelqu’un écrase ceux qui sont au-dessous de lui, plus il s’écrase devant ceux du dessus.
Vous savez que le mot « curieux » vient du latin cura : le soin ? Soyons fiers de notre défaut : être curieux, c’est prendre soin, Soin du monde et de ses habitants
Infinitif vient forcément d’infini. Infini veut dire tout. Donc quand un verbe est à l’infinitif, il peut tout faire.
Avez-vous jamais remarqué la beauté de ce verbe : « envisager » ? J’en –visage. Je regarde le visage de l’avenir.
Le savoir est l’arme la plus efficace contre les tyrans. La preuve : ils brûlent toujours tous les livres.
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Il y a tout juste 400 ans naissait celui qui incarne peut-être le mieux l'esprit français. On lui doit des Fables mais aussi des contes érotiques. Savez-vous de qui il s'agit ?
« La Fontaine, une école buissonnière », d'Erik Orsenna, c'est une biographie à lire au Livre de poche.