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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire d'un formulaire administratif en forme de conte africain.


J'ai lu ce roman il y a une dizaine d'années, après un long sevrage de lecture et alors même que n'accrochais pas avec cet auteur. Je l'ai lu parce qu'on me l'avait offert, en sachant qu'il ne correspondait pas à mes lectures habituelles de l'époque. Pourtant, contre toute attente, je m'étais prise au jeu de ce récit, dans la peau de cette Madame Bâ. Même si je ne suis sûrement plus exactement la même lectrice depuis, je ne retouche rien à l'avis suivant que j'avais écrit à l'époque sur mon blog, n'ayant pas relu ce roman récemment ; Par ailleurs, et malgré les 20 ans de ce roman, le fond de cette histoire fait toujours écho à l'actualité, et l'auteur a su le traiter de manière originale, sensible et drôle. Bref, avec génie :


Madame Bâ est malienne, et son petit-fils a été embarqué en France par des recruteurs pour jouer au foot. Pour avoir déjà vu des reportages sur la manière dont sont déracinés ces jeunes pour être abandonnés ensuite dans leur pays « d'accueil » s'ils ne sont pas assez bons, je comprends l'inquiétude de Madame Bâ : Il n'est pas question qu'elle laisse son petit-fils tout seul dans ce pays inconnu et entre les mains d'hommes d'affaires sans moralité.


Elle cherche donc à le rejoindre en France, mais pour ça elle doit remplir le formulaire 13-0021 pour une demande de visa. Et remplir ses nombreuses cases, trop petites pour contenir ses réponses : L'administration française tient à savoir qui entre sur son territoire mais ne laisse pas de place à ces personnes pour se présenter vraiment dans les formulaires !


Qu'à cela ne tienne, Madame Bâ rédigera donc une longue lettre – que dis-je, un roman, c'est le cas de le dire ! - au chef de la France, afin de se présenter et de demander à venir. Dans cette lettre, elle reprend point par point les questions du formulaire et y répond par chapitres entiers. Et son histoire, tellement instructive, mérite d'être entendue, fut-ce par le Président de la République.


A la demande de son nom, encore faut-il préciser d'où il provient, à quoi et à qui il est associé, sans quoi il ne la représenterait pas vraiment. A l'occasion de la case « métier », c'est encore tout un pan de Madame Bâ qui nous est dévoilé et, avec elle, du Mali tout entier ; et ainsi de suite.


Nous découvrons au fil des pages la beauté de ce pays, mais aussi ses malheurs et ses turpitudes. Son administration corrompue, les quelques bonnes volontés, les traditions, etc… Tout ce qui fait le charme et le malheur de ce pays et de ses habitants qui ont presque tous attrapé une maladie très contagieuse : l'envie de migrer vers la France, au grand dam de Marguerite Bâ qui, elle, voudrait bien ramener son petit-fils.


C'est presque un conte africain que je vous incite à découvrir en tournant ces pages – si ce n'est déjà fait. Madame Bâ parviendra-t-elle à obtenir son visa ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, foi d'Onee-Chan…
La suite, donc, au prochain épisode avec Mali, Ô Mali !
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J'aime cet auteur, je lui dois beaucoup, le retour du plaisir de la lecture, de l'envie de raconter des histoires. Cette fois encore je n'ai pas été déçu. Dans Madame Bâ, j'ai retrouvé tout le talent d'Erik Orsenna, son imagination, sa force symbolique lorsqu'il traite un sujet ... le rapport à l'Afrique est toujours un thème d'actualité en France, il plonge ses racines dans le passé colonial, la politique d'influence économique et culturelle qui lui a succédé. Les maux et les travers de ces relations qui oscillent entre l'amour et le haine, l'intégration et le rejet, l'exploitation des ressources y compris humaines et les tentatives de développement local sont restitués par la plume de l'académicien et s'incarnent parfaitement dans l'histoire de son héroïne, cette Madame Bâ qui porte en elle l'humanité toute entière. L'intervention au Mali, les mines d'uranium, le Tchad et tant d'autres évènements récents entrent en résonnance avec ce roman...
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Babelio m'aura appris qqch avec ses insignes : je lis bcp de livres d'auteurs africains ou qui se passent en Afrique car j'ai eu la surprise de voir l'insigne "Afrique" arriver dans mes tout premiers insignes.... Je ne m'étais pas rendue compte de cet attrait pour ce continent.... Quand j'ai dit ça à mon mari, il était mort de rire : manifestement mon attrait paraît évident....
.
Et me voila partie avec ce roman en voyage au Mali !
Ah que l'écriture d'Erik Orsenna est belle, envoûtante. J'aime son style si velouté, plein de jolies expressions.
Ajoutez une histoire racontée de manière très originale : Mme Ba dévoile sa vie via un document Cerfa qu'en bonne Française je n'aurai jamais à remplir, le nécessaire document qui permet d'avoir un visa temporaire pour la France.
Une vie simple, un voyage en Afrique, le tout en 2003. le pire (car certaines pages sont particulièrement cyniques surtout celles concernant la Françafrique) : rien n'a changé, au contraire.....
Ce livre a été un beau voyage.......

Merci à FredMartineau qui m'a rappelé que j'aimais l'écriture d'Orsenna.... et que j'aimais l'Afrique ! Son commentaire m'a donné envie d'emprunter ce livre.
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Qu'est-ce qu'une femme ?

Madame Bâ veut retrouver son petit-fils parti en France pour faire du football. Malienne, née sur les rive du fleuve Sénégal, la voilà contrainte de faire une demande de visa.

Ce fût une lecture très agréable. Nous sommes plongés dans la lettre qui accompagne la demande de visa de Madame Bâ. C'est qu'elle a beaucoup de choses à dire, ce qu'un petit formulaire administratif ne peut pas retransmettre. C'est que sa vie, de sa naissance jusqu'à sa demande de visa, a été bien remplie.

Erik Orsenna a fait de nombreuses recherches et cela se ressent. Nous y croyons à cette femme africaine, à la vie rythmée par le fleuve Sénégal, puis par son trop beau mari et enfin par son petit-fils adoré, bien plus aimé que ses enfants. La vie de Madame Bà est un écho à l'histoire du Mali et de l'Afrique en général. Née dans une colonie française, elle a connu la décolonisation, les troubles et violences, les coups d'État, à vu l'irrésistible tentation de l'exil en Europe et la disparition irréversible des traditions ancestrales.

J'ai trouvé cette femme touchante, j'ai ri avec elle et j'ai partagé ses malheurs. Son histoire devient universelle, c'est tout simplement la vie avec ses hauts et ses bas. Madame Bâ n'est pas parfaite mais nous voulons qu'elle ait ce visa pour retrouver ce petit-fils qu'on lui a enlevé.

En somme, un agréable roman à la fois touchant et dépaysant.
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Roman d'Erik Orsenna. Lettre O de mon Challenge ABC 2010. Lecture commune avec Clara.

Sa demande de visa temporaire pour la France refusée, Madame Marguerite Bâ entreprend un recours en justice. Elle ne s'embarasse pas de considérations diplomatiques et, avec l'aide de Maître Fabiani, elle écrit une lettre au Président de la République française. Point par point, elle reprend les questions du formulaire 13-0021 et les développe en remontant au plus loin dans ses souvenirs d'enfant, de femme, de veuve, de grand-mère et de citoyenne malienne. Puisqu'elle ne peut pas tout dire dans les trop petites cases du formulaire, elle déploie dans sa lettre toute l'histoire familiale, et avec elle, l'histoire du Mali.

Toute l'absurdité, la vacuité et l'artificialité des documents officiels sont férocement épinglées par la narratrice. Sa lettre, aux allures de roman fleuve, se découpe en chapitres dont les titres sont les intitulés stricts du formulaire 13-0021. Avec la méthode propre aux gens qui suivent une idée fixe, elle avance dans son récit sans rien oublier, pour combler tous les blancs que le formulaire ne ménage pas.

La France n'approuve pas les approximations de l'État Civil africain. Sur ce continent où l'administration travaille au rythme lent d'antiques ventilateurs plafonniers, tenir des registres à jour et sans contrefaçon relève de l'impossible. Les différents consuls et délégués venus de France s'échinent à nommer tout et tout le monde, à délimiter les villages, à poser des frontières, à établir les vraies filiations et à démêler le vrai du faux. L'agitation vaine des Blancs est d'autant plus risible qu'ils ne sont pas faits pour ce climat, ni pour ce "ciel de fer chauffé à blanc." (p. 368)

La malédiction de l'ethnie de Madame Bâ, les Soninkés, c'est la "maladie du départ" (p. 32), celle qui pousse tous les siens à aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Ousmane, son père, de forgeron, est devenu contremaître de la centrale hydro-électrique du village. Son bel époux Balewell, un Peul, a quitté les troupeaux qui font la fierté de son peuple pour s'aliéner à la locomotive et au chemin de fer. Les cousins partent en France, "un paradis pour gogos" (p. 240), la tête pleine des images mensongères diffusées par la télévision et les magazines, fascinés par le miroir aux alouettes français.

A Kayes, Madame Bâ a grandi entre onze frères et soeurs et des parents qui s'affrontaient sans cesse. Mariama, mémoire de l'Afrique et gardienne de traditions millénaires, regardait avec mépris la passion de son mari pour le progrès. Entre islam teinté d'animisme et modernité, entre le crocodile protéiforme qui défend la famille et les embryons de taureaux canadiens congelés, le même affrontement a lieu entre Madame Bâ et son mari. L'Afrique se dessine peu à peu, entre misère et traditions légendaires, secouée de frissons de modernité et de volonté progressiste.

Madame Bâ elle-même est une femme coupée en deux. Deux volontés s'affrontent toujours en son sein. Elle n'a pas su choisir entre les études et la maternité, entre la fidélité au Mali et le devoir et l'espoir envers la France. Toujours, ce sont les autres et les évènements extérieurs qui décident pour elle, qui lui imposent des choix douloureux alors qu'elle ne veut rien d'autre que concilier les rêves qui battent dans sa tête et les obligations auxquelles elle fait face tous les jours.

La grande malédiction de Madame Bâ, c'est son nez. Appendice disproportionné dans le ventre de sa mère, il a fait croire à tous la venue d'un garçon. Cassandre noire, Madame Bâ sent les malheurs venir de loin pour s'abattre sur les siens. Femme trompée, elle flaire sur le corps de son bel époux les effluves des femmes qu'il fréquente, elle sent les lieux et les situations, tous les détails des infidélités de Balewell. Mais alors même que ce nez lui a annoncé toutes les tragédies auxquelles elle a résisté, il lui fait défaut dans l'appréhension de son plus grand malheur, la disparition de son petit-fils.

Le fleuve Sénégal, immuable et imperturbable, chemine toujours sur les terres désertées. Témoin éternel des changements humains, il assiste silencieusement à la décolonisation et aux multiples tentatives de co-développement entre le Mali et l'ancienne métropole. Et pour une fois, c'est de la France dont on a pitié. Certes, les forces vives du Mali partent en fumée dans les banlieues parisiennes. Certes, le pays connaît de graves retards de développement technique et culturel. Mais n'est-ce pas la France le personnage fantoche? L'ancienne puissance colonisatrice est animée par un puissant sentiment de honte. Toujours un peu de capitalisme dévorant, mais au centre de toutes les actions initiées en direction du Mali, il n'y a que la honte: honte d'avoir quitté si vite le pays, honte de toujours penser que les Africains sont des animaux, honte séculaire du paternalisme débonnaire. La France est dans ses petits souliers quand elle envoie des consuls, des délégués, quand elle distribue des Légions d'honneur plus de 70 ans après la Grande Guerre. La France a tout du mauvais élève qui cherche à se racheter. L'Afrique est forte et puissante, même sans elle. Son fonctionnement, sa logique, ses traditions lui permettent de vivre sans la métropole, et de vivre bien mieux, au milieu des reliques laissées par une France fuyarde et contrite. Madame Bâ s'interroge: "Quelle est cette maladie qui pousse toujours les Noirs à proposer leur aide aux Blancs? [...] Sans notre appui, jamais la traite n'aurait si bien fonctionné." (p. 387) le problème de la France, c'est qu'elle ne peut se passer de l'Afrique

Madame Bâ, avec ses discours un peu naïfs et ses diatribes bien senties, distribue des coups de griffe un peu partout. Sans langue de bois, elle expose sans fausse pudeur son intimité physique et mentale. Cette liberté de ton lui permet tout, même de fustiger le sport chéri de l'Afrique. "Les spécialistes nomment 'football' cette activité épuisante et sans espoir." (p. 259) Ce sport honni lui a ravi son petit-fils Michel qu'elle a élevé avec plus d'amour que ses huit enfants. " le football est un divertissement de manchots fainéants. [...] Une majorité de paresseux, les mains sur les hanches, contemplent l'activité frénétique de quelques camarades." (p. 371) L'enfant chéri a succombé à son tour à la "maladie du départ" et a disparu en France, alléché par "l'école rien que de foot" (p. 379) promise par les recruteurs français venus faire de "la prospection chez les sauvages" (p. 376) Pour retrouver et sauver son petit-fils de douze ans des griffes de l'ogre de football, il faut un visa de séjour à Madame Bâ, et on le lui a refusé. Et c'est là que commence son récit.

La narration se déploie lentement, majesteusement, comme les méandres du fleuve Sénégal, comme les branches interminables de l'arbre généalogique du peuple Soninké. Madame Bâ, narratrice principale, alterne entre des adresses directes, virulentes mais respectueuses envers le Président de la République française, des confidences confiantes à son avocat, des admonestations musclées envers elle-même et les fantômes de ses chers disparus. Elle se raconte à la première personne, mais certaines situations, les plus décisives, sont écrites à la troisième personne, comme si Madame Bâ était une simple spectatrice de sa propre histoire, incapable d'en modifier le cours tragique.

La dernière partie du récit, les cinquantes dernières pages, sont prises en charge par un nouveau narrateur. Maître Fabiani, l'avocat qui a aidé Madame Bâ dans sa demande de recours, prend la parole pour expliquer la suite des démarches de sa cliente, cette cliente si particulière qui lui a appris l'Afrique là où il ne voyait que la misère. La fin de l'histoire était attendue. Madame Bâ va gonfler encore un peu plus le flot d'immigrants clandestins qui se presse aux portes de la France.

Ce texte d'Érik Orsenna change radicalement de tout ce que j'ai pu lire de lui. Nous sommes très loin de la poésie enjouée de la grammaire est une chanson douce ou de Dernières nouvelles des oiseaux. Ici, ni jeux de mots, ni de galipettes avec la syntaxe. La langue se fait témoignage et philosophie pour mieux coller à une existence hors du commun. le texte tient en haleine, malgré quelques longueurs. Je referme le livre en me disant que j'ai peut-être acqus un peu de la sagesse évidente de ceux qui se contentent de l'essentiel, sans chercher ailleurs le bonheur qui est sous leur nez, quelle que soit sa taille.
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Une envie de voyage ? Je vous emmène à la découverte du Mali et de l'extraordinaire Madame Bâ.

Son petit-fils de huit ans a disparu en France, enlevé de son pays le Mali par le ballon rond. Madame Marguerite Bâ née en 1947 au Mali introduit une demande de visa 13-0021 pour la France et écrit au Président de la République, le formulaire étant un peu étriqué, pour lui expliquer sa vie, son pays le Mali, le fleuve et ses motivations.

Le livre se découpe en chapitres au gré des rubriques de ce fameux formulaire 13-0021. On y découvrira la vie de Madame Bâ, représentante de l'ethnie des Soninkés, peuple attiré par l'envie du départ, les liens entre son pays et la France.

Elle nous raconte son grand-père : Abdoulaye Chemin des Dames, rescapé de la grande guerre. Son nom évoque une grande bataille dans l'Aisne en avril 1917 où périrent grand nombre d'africains engagés dans le combat pour soutenir la France. Rescapé oui, mais marqué, transformé, il reçoit une petite pension de guerre et tout à coup en 1960, celle-ci est gelée. L'incompréhension s'installe au gré de l'évolution des liens avec la France.

Elle évoque son père Ousmane , Soninké d'origine forgeron qui, contremaître à la centrale électrique, rêvait de devenir ingénieur, dévoué corps et âme à la centrale et aux Français.

Marguerite adolescente est partagée entre les études et l'amour. La rencontre de son beau peul Balewel l'obligeant à faire un choix, elle deviendra mère abandonnant ses rêves mais un jour elle, à son tour, se dévouera encore pour son pays et les relations avec la France.

Le roman nous fait découvrir les beautés et réalités de l'Afrique, le fleuve, les villages, la brousse, le chemin de fer, la vie des femmes celles qui travaillent, les rapports étroits entre le Mali et la France, la coopération et tant d'autres sujets.

Un portrait du Mali, de l'Afrique, un voyage dans lequel on se laisse emporter bien volontiers au fil des pages en compagnie de ce personnage Marguerite auquel on s'attache, ce personnage grand de taille et forte personnalité.

Quelques longueurs parfois mais l'envie de connaître le destin de Madame Bâ dominait. Un récit parfois poétique, très visuel empreint d'humour. J'ai vraiment passé un excellent moment.

Merci Natacha de m'avoir proposé cette lecture commune et de sortir enfin de ma bibliothèque un livre qui y avait trop traîné.

Ma note 8.5/10

Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Madame Bâ femme malienne de 56 ans souhaite rejoindre son petit-fils Michel en France pour le faire revenir au pays. Michel est passionné par le foot et a été repéré en Afrique par des recruteurs...Madame Bâ complète le formulaire d'immigration temporaire 13-0021 qu'elle souhaite transmettre au Président de la République et surtout commente avec l'aide de son avocat chacune des rubriques du formulaire;
Rubriques qui constituent les chapitres du livre.
Madame Bâ raconte ainsi toute sa vie, depuis son enfance, en passant par son mariage, ses enfants, ses métiers...une très longue lettre de 480 pages, très, trop détaillée parfois, pour nous faire partager également la vie de ces autres femmes africaines, les usages et coutumes de l'Afrique, excision, sexualité, mariage, enfants, marabouts, palabres, relations hommes-femmes, place des femmes..., la vie de son pays, une vie tournée autour du fleuve.
Une femme qui eut huit enfants en dix ans, des enfants dont elle ne parle que très peu, abandonnée par son mari chauffeur de locomotive, qui lui préféra des femmes blanches. Une femme courageuse et travailleuse qui eut la chance de naître au sein d'une famille dans laquelle l'éducation et la culture était importante : le papa ancien forgeron est devenu gardien d'un barrage hydraulique. Il offrait toujours à ses enfants des cadeaux susceptibles de faire naître en chacun d'eux une vocation scientifique.
Un regard également sur l'Afrique, sur les tares de cette Afrique pauvre, trafics, corruption, crédits qui disparaissent, prévarication, justice qui fraude, magouilles en tout genre, lenteurs et imprécisions du travail....Une Afrique qui considère que tout ce qui vient de l'étranger est bien meilleur et bien bien plus beau que ce qui est africain.... Misère et tradition se heurtant à une volonté de progrès. Mais aussi une Afrique et des africains qui combattirent pour la France, y laissèrent la vie, sur le chemin des Dames par exemple..et un pays qui acquiert l'indépendance, mais dont les habitants ne pensent qu'à émigrer.
Un regard critique aussi sur ces français à l'attitude toujours un peu condescendante, toujours un peu colonisatrice en Afrique, mais se protégeant de l'immigration
Madame Bâ sait de quoi elle parle : elle travaillera sur des projets de co-développement, deviendra institutrice, inspectrice...
Une écriture souvent pleine d'humour, et qui confirme l'importance du travail de recherche d'Erik Orsenna, et surtout du fait de son passé une bonne connaissance de l'Afrique
Mais une écriture qui parfois m'a dérangé et troublé, du fait de certaines longueurs mais aussi du fait des scènes décrites et des idées développées Certes l'attitude de la France et de ses représentants en Afrique, est pointée du doigt. Elle n'est pas étrangère, loin de là, à la situation de Madame Bâ, des africains et de l'Afrique, mais j'aurais préféré que ce plaidoyer, qui peut parfois apparaître moqueur, plutôt taquin, que ce regard parfois critique sur les africains et africaines, sur les conditions de vie en Afrique, sur les magouilles, soit écrit par un auteur africain, soit une auto-critique, une auto-analyse.
La lettre de Madame Bâ lui permettra-t-elle de rejoindre son petit-fils...?
Je reparlerai d'Erik Orsenna

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La structure s'appuyant sur un imprimé administratif est originale. On y découvre l'histoire de maliens presque ordinaires loin de la capitale, des gens fiers de leur région, de leur ethnie. La mafia et les politiques locaux ne sont pas épargnés. La France non plus même si on sent parfois une certaine indulgence. L'histoire est longue et on découvre les évènements heureux ou malheureux qui font de Mme Bâ ce qu'elle est. Mme Bâ est bavarde à moins que ce ne soit l'auteur et le roman est parfois un peu long mais c'est sans doute à ce rythme qu'on découvre le mieux le Mali.
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Madame Bâ est malienne , d'un milieu modeste , fille de forgeron , mais femme de grande sagesse . Elle aime son pays et est fière de lui . Elle essaie de lutter contre les deux fléaux qui gangrènent l'Afrique : l'ignorance et la corruption . Elle considère que l'Occident moderne n'est qu'un paradis factice où le peuple soninké part perdre son âme et elle a passé toute sa vie à lutter contre cette fuite éperdue du peuple vers le miroir aux alouettes , cette inutile saignée des forces vives d'une nation .
Paradoxe voilà que son petit fils Michel tombe dans le piège du football . Il est sélectionné . Il croit à sa chance . Alors Madame Bâ essaie de voler à son secours . A sa grande honte , elle entame les démarches pour une demande de visa . Et elle est rejetée . Alors , elle décide de frapper encore plus haut et s'adresse carrément au Président de la République . Dans sa lettre , elle lui raconte toute sa vie , son enfance , sa vie de femme , son métier etc ...
Elle dresse un bilan de son pays et nous fait ainsi part d'une vision différente de la France , car vue depuis là-bas .
Un livre magnifique , parfois dérangeant , mais à lire absolument .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Elle aime son pays plus que tout... Mais la France lui a pris sont petit fils et elle doit aller le rejoindre... voyage initiatique pour l'obtention d'un visa français...

Avec bonhomie, au fil des pages, Orsenna nous raconte le Mali, parce que c'est un pays qu'il aime et en même temps qui n'arrête pas de le surprendre. Il nous raconte aussi le monde de différences qui existe entre la brousse, la ville africaine et nos pays occidentaux. Et enfin, il nous raconte la bataille de cette grand-mère qui n'a jamais quitté son village pour retrouver son petit fils.

Superbe livre qui encore une fois nous fait réfléchir...
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