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sur 394 notes
Après « Portrait du Gulf Sream : Éloge des courants » en 2005, Erik Orsenna nous invite au « Voyage au pays du coton ». En fait un voyage au confluent de l'essai, du roman et du carnet de voyage ; et finalement un récit sous titré « Petit précis de mondialisation »…

Pas si « précis que ça, en fait. Mais on en voudra pas à l'auteur tant le texte est parfois beau, souvent teinté d'humour, mais toujours élégant.
Et pourtant, un sujet qui ne se prête guère à la « belle écriture » : l'histoire du coton et des gens qui le produisent .

Cartes à l'appui, Erik Orsenna se met en quatre pour décrire le circuit du coton dans un monde globalisé ; un ouvrage quelque peu militant dans sa dénonciation de la politique subventionniste des Etats-Unis… et du fonctionnement de l' O.M.C. (Organisation Mondiale du commerce).
Embarquement immédiat ! Destination le Mali, le Mato Grosso au Brésil, l' Ouzbékistan, la Chine et les États-Unis où la production massive et aidée menace de ruine les producteurs des pays en voie de développement…
Finalement, un ouvrage qui conviendra à tous par son coté polymorphe : au militant écologiste et antimondialiste pour sa critique de l'impérialisme des puissants ; au voyageur pour son coté périple circumterrestre ; au scientifique pour le côté technique de production et effets induits… Et enfin à tous pour la qualité de l'écriture.

Un ouvrage qui, s'il ne fait pas référence côté scientifique, permet une approche vulgarisée de certains problèmes liés à la « globalisation » qui ne manqueront pas d'occuper les esprits des générations futures.

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Erik Orsenna occupe une place à part dans le monde français des lettres. Ce n'est pas à proprement parler un écrivain bien qu'il ait remporté le Prix Goncourt et ait été élu à l'Académie française. Il est trop dilettante pour être réduit à n'être qu'un haut fonctionnaire alors même qu'il est titulaire d'un doctorat d'Etat en économie, qu'il fait figure de spécialiste des questions africaines, qu'il est passé par les cabinets (Jean-Pierre Cot puis François Mitterrand) avant d'intégrer le Conseil d'Etat. Depuis vingt ans maintenant, chacun des ouvrages de cet écrivain éclectique rencontre le succès, qu'il s'agisse des romans ("L'exposition coloniale", "Madame Bâ"), des biographies ("Portrait d'un homme heureux. André le Nôtre"), des fables ("La grammaire est une chanson douce", "Les Chevaliers du subjonctif").

Avec son « Voyage aux pays du coton », Erik Orsenna a une fois encore rencontré un grand succès. Sans doute sa réussite tient-elle à la facilité de lecture de ce petit livre distrayant qui nous amène aux quatre coins du monde, du Mali à la Chine, en passant par les Etats-Unis, l'Ouzbékistan, l'Egypte … le prétexte à ce livre (réaliser un reportage pour Arte) comme sa structure (une quarantaine de courts chapitres organisés autour d'un lieu et d'une rencontre) ne sont pas sans analogie avec "American Vertigo" sorti quelques mois plus tôt et lui aussi consacré par le succès public. Sans doute Erik Orsenna ne goûterait-il guère d'être comparé à Bernard-Henri Lévy : il faut lui reconnaître qu'il est moins orgueilleux que BHL et garde toujours à l'égard du sujet qu'il traite une distance ironique. Mais, comme le road movie américain de BHL, on peut reprocher aux voyages d'Orsenna leur superficialité.

Car que retient-on de son livre ? Sans doute quelques rencontres déroutantes : le conservateur du musée du coton du Caire, le secrétaire général du puissant lobby cotonnier américain, l'alcoolique directeur d'un kolkhoze ouzbek … Chacune de ces rencontres stéréotypées est l'occasion de découvrir un pan de l'industrie cotonnière – la pauvreté des Maliens, le protectionnisme des Américains, l'hyper-libéralisme des Brésiliens – mais elles ne nous disent rien sur l'économie générale du coton. Il faut attendre les quinze dernières pages du livre pour que Orsenna nous livre ses « conclusions » (au pluriel) décapantes. Alors que tout l'ouvrage – ainsi que ce qu'on connaissait de son auteur – laissait augurer une critique en règle de la mondialisation libérale et de ses effets néfastes sur les cultures locales, ces quinze dernières pages stimulantes combattent quelques idées reçues : l'idée qu'existerait un prix « juste » du coton et qu'un commerce équitable serait possible, que la logique de la mondialisation aurait fait éclater les solidarités familiales, les patriotismes chauvins, que l'économie se serait dématérialisée. Et Orsenna de se demander, au retour de ce long périple sur la planète laborieuse si la France, obsédée par ses loisirs, ne serait pas sur la pente du déclin.
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Erik Orsenna est curieux de savoir d'où vient le coton qui nous habille aujourd'hui. Alors, après une rapide introduction sur l'histoire de la fibre, il nous emmène aux quatre coins du monde visiter des types d'exploitation bien différents, de la culture familiale encadrée par la compagnie publique malienne aux grands champs des propriétaires brésiliens, des kolkhozes ouzbeks qui ont asséché la mer d'Aral aux champs des bons fermiers texans. Puis il visite aussi, sur d'autres continents, Alexandrie la ville qui a rayonné du commerce et la capitale mondiale de la chaussette en Chine.
Avec lui, on découvre les tensions d'une agriculture pas toujours productiviste, les progrès offerts par la mécanisation et les OGM, la force d'une matière première qui se nourrit autant d'eau que de sueur, et le libéralisme à géométrie variable de pays comme les États-Unis. Son petit précis de mondialisation, à travers l'exemple du coton, nous fait voyager dans un monde où les commerçants suivent les cours des produits sur Internet tandis que des fermiers s'appuient sur des subventions désuètes pour subsister. Éclairant et plein d'humour, il se lit avec plaisir, sans la lourdeur d'un cours d'économie ou de géographie, mais avec beaucoup de rigueur pour qui tient aux chiffres. Un régal, que je conseille à tous ceux qui ont encore un peu de mal à comprendre que les frontières sont des illusions depuis quelques décennies maintenant.
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Un voyage enrichissant, instructif aux pays du coton, un petit précis sur la mondialisation qui s'est organisée autour de l'exploitation du coton.

« Pour récolter, on a besoin de bras. Une mondialisation s'organise. L'Afrique, pour son malheur, entre dans la danse. L'industrialisation et l'esclavage avancent main dans la main. Tandis que Manchester et ses alentours se couvrent d'usines, Liverpool devient, pour un temps, le centre de la traite des Noirs. »

Et les conséquences de la culture du coton sur l'environnement, rentrant en jeu dans l'assèchement de la mer d'Aral, sur la santé, les conséquences d'une accélération par l'homme des horloges de la Terre.

Une longue et belle route du coton de par le monde, sur cinq continents, du Mali au Texas, où la gloire est au lobby, du Brésil, la plus grande ferme du futur asphyxiant la plus grande forêt du monde, de l'Egypte à l'Ouzbékistan, de la cité de la chaussette à Datang en Chine à la Vologne française.

« le coton n'est pas le pétrole. Mais permet d'exister bel et bien dans le jeu des nations. »

Une belle et riche promenade dans les histoires et anecdotes autour du coton, de son agriculture et de son industrie, glanées par Erik Orsenna, qui nous les raconte magnifiquement.

« « Un homme qui passe remarque un arbuste dont les branches se terminent par des flocons blancs. On peut imaginer qu'il approche la main. L'espèce humaine vient de faire connaissance avec la douceur du coton. »Deux mille ans plus tard, la première leçon d'un tour du monde est celle-ci : sur terre, la douceur est une denrée rare, et chèrement payée. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'auteur pointe du doigt les déséquilibres engendrés par les subventions que les Etats-Unis accordent à leurs cultivateurs et la pression sur les prix exercée par la grande distribution, le tout sous les yeux d'une Europe qui paraît bien dépassée. Un regard politiquement incorrect !
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Par petites touches, Erik Orsenna nous propose le tableau mondial du coton. Les contours sont à peine esquissés et on ne devient pas un expert du sujet. Mais qu'il est plaisant de voyager avec l'auteur en apprenant beaucoup de choses, pas seulement sur le coton.
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Ou l'art de l'écriture intelligente.. apprendre, se cultiver un brin, le tout dans le coton... On comprend immédiatement pourquoi ce genre d'ouvrage n'est pas glissé dans les mains des professeurs et donc des élèves. Nos chères têtes blondes pourraient être intéressées et en tomber accroc...Merci M Orsenna, Dealer de connaissances...
Ps: le papier est également au menu, je l'ai vu sur le site.
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Livre intéressant. Eric Orsenna se propose de nous faire découvrir au travers de l'histoire et l'économie du coton comment la mondialisation, au sens de relation économique entre états avec les impacts positifs ou négatifs sur les pays, existe depuis bien longtemps et comment la mondialisation d'aujourd'hui, au sens de l'emprise de la finance sur l'économie mondiale, détruit des sociétés entières, transforme les terres et les hommes. Il illustre comment sous le prétexte fallacieux du libéralisme économique la concurrence est totalement faussée par le poids politique et économique d'un pays : les Etats-unis, comment au Brésil au nom de la recherche, de l'innovation et de la rentabilité des chercheurs jouent aux apprentis sorciers, comment la production et la récolte du coton puis la production des tissus ont été et sont toujours source de beaucoup de souffrance et de misère pour des milliers d'hommes et de femmes dans le monde.

Eric Orsenna donne un beau cours d'économie et de géographie économique qui ne m"a pas passionné. D'ailleurs les derniers paragraphes du livre illustrent de mon point de vue la teneur globale du livre : la relativisation, qui a tord, qui a raison ? qu'est-ce qu'un prix juste et le commerce équitable ? au détriment de qui ? la perte de la notion de travail en France : début du déclin d'une société ?

J'aurai préféré un texte plus engagé. Cependant ce document reste très intéressant et permet d'aborder une saine réflexion sur nos sociétés, nos modes de vie, l'interconnexion des économies.
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Erik Orsenna est à la fois un grand géopoliticien et un grand vulgarisateur et je ne saurais que conseiller à tous (étudiants, préparationnaires, adultes curieux ou pas, ....) de lire ce livre ainsi que L'Avenir de l'eau, qui nous en apprennent beaucoup sur les rouages de la mondialisation, ses conséquences inattendues et lointaines, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Nous sommes les bénéficiaires finaux de la mondialisation, et nos modes de vie influencent et façonnent ceux de milliards d'autres personnes... il est important de s'en rendre compte.
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Mr Orsenna est une touche à tout, professionnellement, mais aussi dans sa production littéraire, qui l'a mené jusqu'à l'Académie.
C'est sans doute son passage au ministère de la coopération, chargé des matières premières et des négociations multilatérales qui l'a porté à s'intéresser à des sujets comme le coton, l'eau ou le papier dont la culture, la gestion ou la production dépassent largement le cadre des économies nationales.
″Le coton n'est pas le pétrole, mais il permet bien d'exister dans le jeu des nations. ‶
S'intéressant d'abord au coton matière première dont l'histoire commence dans la nuit des temps, et dont l'usage est universel, Erik Orsenna est parti à la conquête de cette petite boule de douceur en passant successivement par le Mali, Les US, le Brésil, l'Egypte, l'Ouzbékistan, le Chine et la France. Chaque pays producteur à ses propres méthodes ; il y a celui qui cultive à l'ancienne en privatisant, celui champion du lobbyisme, l'avant-gardiste, celui de l'entre -soi, l'étatiste corrompu…Enfin, les deux derniers transforment le coton, l'un en nivelant par le bas, le second en misant sur la qualité et l'innovation.
‶Les chinois ont inventé l'ouvrier idéal. C'est-à-dire l'ouvrier qui coûte encore moins cher que l'absence d'ouvrier. ‶
Ce recueil se lit avec un réel plaisir. On y sent la curiosité permanente de son auteur et son désir de la satisfaire, en se gardant bien de ne pas sombrer dans le ‶trop scientifique ‶ sans pour autant trop vulgariser. Il a donc su trouver le juste milieu pour expliquer les enjeux commerciaux et politique autour de cette matière première.
Je suis juste un peu déçue en ce qui concerne le volet littéraire de l'ouvrage dont j'ai trouvé le style et l'écriture pas tout à fait au niveau d'un académicien.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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