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EAN : 9782882503312
288 pages
Noir sur blanc (02/10/2014)
4/5   3 notes
Résumé :
Place ouverte à Bordeaux est non seulement une réflexion sur l’amour physique dans le couple, mais aussi une méditation sur l’art. L’héroïne, divorcée et mère d’une adolescente, est artiste plasticienne. Bouleversée par l’article d’un critique d’art dont elle ignore tout, mais dont chaque mot la touche, elle se décide, après quelques tergiversations, à lui envoyer un message de remerciement. Une première réponse plutôt laconique est bientôt suivie d’une proposition ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Place ouverte à Bordeaux de Hanne Orstavik est un récit placée sous le signe de la rencontre.

Rencontres à tous les étages,
Rencontres à tous les niveaux
Rencontres réelles et fantasmées.

Rencontres amoureuses et sexuelles
Rencontres cérébrales et charnelles.

Rencontre tout d'abord avec la narratrice, une plasticienne norvégienne.
Rencontre avec un homme particulier, Johannes, un critique d'art, le mâle convoité sollicité par notre narratrice.
Rencontre avec un lieu, une place ouverte à Bordeaux, la place des Quinquonces
Rencontre de corps,
Rencontre avec l'Art.
Un rendez-vous avec les visions artistiques, les tableaux visuels de l'artiste en vue de ses installations.
Un rendez-vous particulier avec le corps d'une femme en attente d'une rencontre programmée.

Une dissection du désir amoureux, dans l'attente du plein du vide créée par l'absence de l'être aimé.
Une longue frustration, la lente montée de la douleur avant l'expression de la souffrance née du manque.
Un mal au coeur qui fait mal au corps.

J'ai été très enthousiasmée par le livre objet: sa première de couverture avec ses magnifiques lèvres offertes et ouvertes avec l'orifice en forme de coeur... Un clin d'oeil à la bouche de Dali, messagère de sensualité à venir.
Une première de couverture pas anodine et très bien vue maintenant que j'ai refermé ce livre.
Oh, j'allais oublié la mouche rouge placée en bas à gauche de la bouche, encore un clin d'oeil: la mouche symbole de la séduction féminine, un code galant à déchiffrer et une signification propre selon son emplacement. Là, j'hésite entre la friponne, la coquine ou la baiseuse!
Enfin, là encore une invite à la rencontre, à l'échange amoureux.
Une page de garde rouge vermillon.
Notabilia,une collection des éditions Noir sur Blanc que je vais retenir.

Ainsi après l'accroche de cette belle première de couverture, je me suis lancée dans la découverte de ce récit qui m'a un peu décontenancé par sa structure.
Mais une fois décryptée sa construction, une superposition de strates narratives,j'ai suivie la narratrice dans son parcours de combattante et dans son parcours artistique.
J'ai aussi trouvé très intéressant toutes les passerelles offertes par l'auteur vers d'autres artistes pour mieux appréhender la recherche esthétique de notre narratrice plasticienne et le texte de Hanne Orstavik (Claude Cahen, Cindy Sherman...) car il y a aussi le thème du double et de la dualité voire de la gémellité.
J'ai apprécié également l'utilisation d'un champ lexical tout en rondeur symbole du corps féminin et hommage aux courbes féminines.
Pour moi, Place ouverte à Bordeaux a été une rencontre surprenante et très agréable avec Hanne Orstavik dont c'est le troisième livre, après La Pasteure et Amour.
Une rencontre avec un style très personnel simple, brut, poétique.

Une lecture intéressante qui ne peut laisser indifférent.

MERCI pour ce voyage intime, cette exploration du corps féminin, cette histoire d'amour ou relation amoureuse dévorante et déstructurante...

Que ce soit énoncée par la narratrice ou Johannes, comme un leitmotiv récurrent, une petite phrase résume l'état d'esprit ou état d'âme des personnages: «Je ne sais pas qui je suis. »
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Avec le désir féminin en ligne de mire...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je regarde par la vitre pendant que le chauffeur s'occupe de la carte et du ticket. La place est comme un carré, trois de ses côtés sont bordés d'arbres, en double rangées, comme une allée. Le quatrième est orienté vers le fleuve. Au milieu, il n'y a rien. C'est du gravier, du gravier fin, comme du sable. Je récupère ma carte,ouvre la portière, sors avec ma petite valise. Reste à regarder autour de moi. La place des Quinquonces, on en parle dans le guide que j'ai lu dans l'avion . J'ai le sentiment d'être déjà venue. Le tableau que j'avais eu dans la tête, après ma précédente exposition , il y a presque deux ans , quand elle était finie. Je le vois maintenant, le lieu de ce tableau, c'est ici. Mais je ne suis jamais venue.
Dans le tableau, je sors d'une calèche, me penche, descends les deux marches. Je ne sais pas si je suis homme ou femme. Je porte des vêtements noirs, un pantalon, semble-t-il, je ne vois que cela, mes jambes, et les chaussures, en cuir noir. La calèche est un fiacre. C'est sur une grande place ouverte, avec des arbres longs de trois côtés.
Quand il s'était présenté, ce tableau avait été si envahissant. Et si fort. Il m'inquiétait. Je ne le comprenais pas, et en même temps il était parfaitement distinct. Il me voulait quelque chose, mais je n'arrivais pas à voir quoi, et depuis je n'ai cessé de le porter en moi. La lumière blanche, à moins que ce ne soit le sable clair, la luminosité est si vive, et la chaleur inhabituelle, nouvelle. Sur un côté de la place, il y a un champ rectangulaire, je le trouve du regard, on en parle aussi, dans le guide, et au bout de ce champ, il fut un temps où l'on exécutait des gens. Leur coupait la tête, ou les pendait. C'est la place des exécutions.
Je ne sais pas pourquoi elle est en longueur, cette place des exécutions. Comme s'il fallait une marche, une distance marquée, d'une extrémité à l'autre. Cela me fait penser à la piste d'élan, juste avant la ligne de saut en longueur, et au bac derrière la ligne, rempli de sable. Ou à l'allée centrale d'une église, au fait de la remonter quand tout le monde se lève des bancs et reste à côté, à regarder.
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J’ai un subit DÉSIR PORNOGRAPHIQUE, avait dit Johannes. Nous ne nous connaissions pas depuis si longtemps, c’était chez moi, nous avions fermé la porte de ma chambre parce que Sofi était à la maison, nous avions dû boire et j’avais dû commencer à tirer son pull, à défaire la ceinture de son pantalon, le lui enlever, avant que nous nous retrouvions couchés nus sur mon lit, sur le couvre-lit, il était sous moi, appuyé contre les coussins violets.
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Et quand nous sommes couchés l'un à côté de l'autre dans le lit, c'est lui qui est raide. Il ne veut pas me toucher, ne veut pas me regarder dans les yeux, me regarder. Il tient sa verge comme un petit poisson entre ses doigts et la secoue un peu de haut en bas jusqu'à ce que perlent les gouttes blanches. Souvent cela ne gicle presque pas, point de jet vigoureux qui jaillit jusqu'au ventre, plutôt une avancée muette, une espèce de résignation, une espèce de chagrin, comme si la bite pleurait.
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Par la suite, je vais comprendre qu’il y a tant que je ne
vois pas. En lui. Je crois tout voir, cette première fois là.
Mais finalement ce n’est pas ainsi, c’est différent.
Que vois- je ? Le sans-défense. Il n’a pas nettoyé ses
lunettes, elles sont poussiéreuses et tachées, son pull est
taché, il n’est pas rasé, comme s’il avait passé plusieurs
jours en montagne et était venu directement me
chercher.
Son appartement n’était pas en désordre, il semblait
plutôt indéterminé, m’étais- je dit en posant mon sac dans
l’entrée, debout à la porte du salon. Il n’avait pas fait de
choix clairs, semblait- il, en termes de couleurs, de
meubles, d’objets, avait juste pris ce qui se présentait,
pratique, un mobilier de salon des années quatre- vingt
avec des bords en pin et des coussins jaunes, un écran plat,
un fauteuil inclinable marron et un noir. En même temps :
ce qui est déterminant est choisi avec le plus grand soin.
L’appartement lui- même, au sommet de l’immeuble, avec
une vue étendue sur le fjord, les îles, toutes les douces
collines vertes. Il l’a choisi et l’a voulu. A voulu avoir cette
vue, être dans ce tableau, dans cette conversation avec le
muet ouvert changeant là, dehors.
Et du vin, il en avait acheté pour ma venue, mais pas le
reste dont j’avais dit que ça pourrait être sympa quand il
m’avait posé la question dans un message la veille, comme
du lait écrémé à mettre dans le café ou du fromage brun.
Il a une chambre d’amis avec deux lits, les lits sont faits.
Ça, le fait qu’il sache tant de choses, qu’il ait tant réfléchi,
lu. Voie des lignes à travers les œuvres d’art et la société
et l’histoire d’une façon que je n’ai jamais vue. Et en même
temps : les bras qui restent ballants. Quand nous cuisinons
ensemble, du saumon mariné surgelé que nous cuisons
sur de l’aluminium dans le four, un brocoli qu’il plonge
entier dans la casserole d’eau. Ses mains, le fait qu’il ne
semble pas les maîtriser tout à fait, quand elles coupent,
font. Comme si tout risquait constamment d’en glisser,
tomber.
JE NE SAIS PAS QUI JE SUIS. JE NE ME CONNAIS
PAS MOI- MÊME, dit- il quand nous sommes autour de
la table en teck de la salle à manger à l’autre bout du salon.
Quatre petites bougies étaient allumées sur une assiette
entre nous, c’était ce qu’il était allé chercher à la supérette
quand je l’attendais seule en pleurant.
L’impuissance comme STRATÉGIE. Personne n’at-
tend quoi que ce soit d’un démuni, personne n’exige quoi
que ce soit. C’est se mettre hors jeu. Échapper à la parti-
cipation, échapper à la responsabilité, et à la culpabilité.
Car le démuni ne savait pas, n’a pas fait, ne peut pas. Et
en même temps, savoir tant de choses, être si exception-
nellement doué, là- dehors, dans le monde, là- dehors, où
personne ne vient près. Où personne n’a droit à lui, où il
peut payer, et partir. Et puis l’impuissance est un cercle
tracé plus profondément, contre le corps, comme une
frontière ? Et que c’est le fait de passer à travers, pour
quelqu’un de l’extérieur, ou pour lui- même, de l’intérieur,
que c’est de cela qu’il s’agit, de contact. Pénétrer jusqu’à
lui, ou, si c’est lui- même qui doit franchir, arriver tout au
bord de soi et sortir ?
Le démuni est inattaquable. L’impuissance comme
carapace, une carapace inattaquable. Autour de quoi ? Il
n’y a rien d’autre que de la tendresse, tout au fond. Je ne
peux croire autre chose. Le dur n’a pas besoin d’une
carapace dure. C’est le doux qui doit être si vigoureuse-
ment protégé. Non ?
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Trouver l'amour? Cette douce chaleur ondoyante qui frappe entre nous et dans nos yeux et ressort, comme lumière.
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