Place ouverte à Bordeaux de
Hanne Orstavik est un récit placée sous le signe de la rencontre.
Rencontres à tous les étages,
Rencontres à tous les niveaux
Rencontres réelles et fantasmées.
Rencontres
amoureuses et sexuelles
Rencontres cérébrales et charnelles.
Rencontre tout d'abord avec la narratrice, une plasticienne norvégienne.
Rencontre avec un homme particulier, Johannes, un critique d'art, le mâle convoité sollicité par notre narratrice.
Rencontre avec un lieu, une
place ouverte à Bordeaux, la place des Quinquonces
Rencontre de corps,
Rencontre avec l'Art.
Un rendez-vous avec les visions artistiques, les tableaux visuels de l'artiste en vue de ses installations.
Un rendez-vous particulier avec le corps d'une femme en attente d'une rencontre programmée.
Une dissection du désir
amoureux, dans l'attente du plein du vide créée par l'absence de l'être aimé.
Une longue frustration, la lente montée de la douleur avant l'expression de la souffrance née du manque.
Un mal au coeur qui fait mal au corps.
J'ai été très enthousiasmée par le livre objet: sa première de couverture avec ses magnifiques lèvres offertes et ouvertes avec l'orifice en forme de coeur... Un clin d'oeil à la bouche de
Dali, messagère de sensualité à venir.
Une première de couverture pas anodine et très bien vue maintenant que j'ai refermé ce livre.
Oh, j'allais oublié la mouche rouge placée en bas à gauche de la bouche, encore un clin d'oeil: la mouche symbole de la séduction féminine, un code galant à déchiffrer et une signification propre selon son emplacement. Là, j'hésite entre la friponne, la coquine ou la baiseuse!
Enfin, là encore une invite à la rencontre, à l'échange
amoureux.
Une page de garde rouge vermillon.
Notabilia,une collection des éditions Noir sur Blanc que je vais retenir.
Ainsi après l'accroche de cette belle première de couverture, je me suis lancée dans la découverte de ce récit qui m'a un peu décontenancé par sa structure.
Mais une fois décryptée sa construction, une superposition de strates narratives,j'ai suivie la narratrice dans son parcours de combattante et dans son parcours artistique.
J'ai aussi trouvé très intéressant toutes les passerelles offertes par l'auteur vers d'autres artistes pour mieux appréhender la recherche esthétique de notre narratrice plasticienne et le texte de
Hanne Orstavik (
Claude Cahen,
Cindy Sherman...) car il y a aussi le thème du double et de la dualité voire de la gémellité.
J'ai apprécié également l'utilisation d'un champ lexical tout en rondeur symbole du corps féminin et hommage aux courbes féminines.
Pour moi,
Place ouverte à Bordeaux a été une rencontre surprenante et très agréable avec
Hanne Orstavik dont c'est le troisième livre, après
La Pasteure et
Amour.
Une rencontre avec un style très personnel simple, brut, poétique.
Une lecture intéressante qui ne peut laisser indifférent.
MERCI pour ce voyage intime, cette exploration du corps féminin, cette histoire d'
amour ou relation
amoureuse dévorante et déstructurante...
Que ce soit énoncée par la narratrice ou Johannes, comme un leitmotiv récurrent, une petite phrase résume l'état d'esprit ou état d'âme des personnages: «Je ne sais pas qui je suis. »