«
le silence de Milan »
Anna Maria Ortese (
Actes Sud, 180 pages).
C'est un portrait de Milan dans les années cinquante, le Milan des humbles et des gens de peu, à travers sept nouvelles qui racontent la gare de la capitale lombarde la nuit, la tristesse désespérée des gamins d'un centre pour enfants plus ou moins abandonnés, un foyer pour travailleurs, le déménagement d'un frère et d'une soeur pauvres marqués par la mort de leurs parents des années plus tôt, un chômeur, une tournée de boites de nuit… La ville mange ses habitants, se structure et s'organise comme un rouage inexpugnable d'un processus de production déshumanisé, toutes les solidarités déclinent, le désespoir est à chaque page ou presque, dans chacune des brèves nouvelles en tous cas. C'est un peu (beaucoup) mélo, ça fait penser au cinéma néo-réaliste italien des années 50-60, en noir et blanc, surtout en noir, mais sans la puissance dont il était porteur. C'est « sociologiquement » et « historiquement » intéressant, mais inégal, désespérant et plein de bons sentiments, je n'ai pas été vraiment emballé, peut-être parce que le format « nouvelle » m'a ici peu inspiré.