Pour un premier roman
Vincent Ortis fait fort. Très fort.
De quoi s'agit-il ? D'un double huis-clos, dont un à l'extérieur ! 😉
Après un court prologue où l'on comprend que Graziella, 12 ans, est traquée par un prédateur humain et que la pauvre marche vers une fin tragique,
Vincent Ortis nous projette au Montana quelques années plus tard.
Le juge Mac Carthy se rend dans une petite ville de l'état pour aider son fils suspecté de trafic de drogue. Mais à cause d'une panne moteur, notre juge est pris en stop par Ted un ex-flic qui passait et qui accepte de l'emmener jusqu'à la ville voisine. Sauf que, après un petit somme, Mac Carthy se réveille dans une cabane de chasseur en compagnie de cet étrange flic qui élude toute ses questions. La neige est tombée abondamment et les deux hommes sont coincés là pour plusieurs jours voire plusieurs semaines. Malgré les protestations du juge, Ted le colosse ne fait rien pour arranger la situation. Il a visiblement une idée derrière la tête, mais laquelle ? le "geôlier" est tour à tour bienveillant ou hyperviolent, et notre juge va découvrir peu à peu ses motivations. Premier décor, premier huis-clos.
Vincent Ortis alterne les récits un peu "éparpillés" (on ne voit pas où on va) avec des chapitres racontés par un captif détenu par l'Autre dans des conditions atroces. Qui est-il ? Qui est l'Autre ? Pourquoi cette réclusion ? Est-ce le juge enfermé par Ted ? Un autre homme ? Je ne vous dirai rien.... 😊 sauf qu'il y a une 2e partie.
Un second huis-clos, en plein air, dans le froid glacial et la neige où notre intellectuel de juge en compagnie d'un jeune homme va devoir affronter une randonnée mortelle. Comme le dit la 4e de couverture de ce livre, à 2 ils ont tout pour s'entretuer mais séparés ils sont condamnés à mort. Chacun des deux détient la moitié des informations qui peuvent les sauver. Arriveront-ils à collaborer et survivront-ils à cette marche forcée dans la nature hostile ?
L'auteur nous lâche petit à petit les motifs de ce voyage... et quand vous comprendrez le pourquoi, vous serez effrayé. Plus vous avancez dans cette deuxième partie, plus la peur s'installe et la folie avec elle.
La fin est rapide, violente, tragique. La clé de l'énigme, admirablement construite, est terrible et la conclusion aussi. Des personnages aux visages multiples, des vérités de façade qui cachent des horreurs, des paysages enneigés qui vous enferment dehors dans un froid mortel, des pièces de 1 $ qui intriguent, il a beau dire aimer les grands espaces américains notre auteur, on n'a pas très envie d'y flâner. La justice y est.... particulière. L'innocence est là où on ne l'attend pas et la mort est partout.