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Critique de alouett


« Polly, Moho et Piter, trois amis qui se sont perdus de vue depuis plusieurs années, se retrouvent pour exaucer le voeu de Hector, leur ami commun décédé peu de temps auparavant. Dans ses dernières volontés, Hector les a désignés pour disperser ses cendres dans un lieux mystérieux, indiqué par une croix sur une carte. Surpris et perplexes, les trois protagonistes se préparent à ce qui s'annonce comme un long et ennuyeux voyage en voiture sans se douter qu'il va vite être parsemé d'embûches… » (extrait du synopsis de l'éditeur).

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Alvaro Ortiz est un auteur espagnol qui, malgré ses publications en Espagne depuis 2005, arrive seulement en France. En 2009, il publie Julia y la voz de la ballena qui lui vaut d'être Lauréat du meilleur auteur Révélation en 2010 au Salon del Cómic de Barcelone… une reconnaissance qui l'aide à exporter ses albums en dehors des frontières hispaniques. En 2011, il est accueilli en résidence à la Maison des Auteurs d'Angoulême. Il en profite notamment pour réaliser Cendres, un album qu'il aura mis 1 an ½ à réaliser. Paru en France en avril 2013, il a depuis été primé le 2 mai dernier en Espagne.

Un ouvrage étrange dont la première partie prend la forme d'un prologue illustré qui installe et présente les quatre personnages principaux : Polly et son sale caractère, Moho et son côté baroudeur, Piter et sa placidité, Andrès (le singe de Moho) dont la présence a une influence non négligeable sur la suite des événements. Hector, l'ultime protagoniste de l'intrigue, est décédé mais sa dernière volonté sert de point d'ancrage à la reformation de ce groupe d'amis. Malgré tout, Hector est donc l'élément fédérateur, celui qui rassemble et qui donne un objectif précis : atteindre ce fichu « X » qui fera pester Polly à plusieurs reprises. L'univers ainsi créé par Alvaro Ortiz m'a séduite dès le départ. le récit est entrainant et les couleurs associées au récit donne à cette histoire un côté intemporel, voire universel. Potentiellement, on pourrait tous être amenés à se retrouver confronté à cette situation. Peu à peu, Ortiz va fouiller la psychologie de ses personnages. Ils nourrissent tous une culpabilité réciproque d'avoir rompu leurs liens d'amitié ; entre relation affective, opportunité professionnelle, voyage en Angleterre… tous ont des raisons qui justifient plus ou moins cette rupture. le fait de devoir se côtoyer, par la force des choses et respecter la volonté d'un disparu complique la situation. L'espace restreint de la voiture les oblige à communiquer, ne serait-ce pour tuer le temps… et avouer sa part de responsabilités dans le fait que personne n'a cherché à faire d'efforts pour garder contact n'est pas facile. Polly se réfugie derrière son sale caractère pour éviter le sujet, Piter rumine sa culpabilité et Moho, fidèle à lui-même, est irritant tant il donne l'impression que rien ne l'affecte.

Pourtant, dès l'introduction, j'ai été mise en difficulté par la forme du récit en lui-même. Il se construit par bribes et se pose tantôt sur le trio et l'avancée de leur voyage, tantôt revient sur le passé (et s'arrête sur chaque histoire individuelle), tantôt fait des diversions sur Brève histoire de la crémation (un ouvrage de Lázaro Vitro ; je ne suis pas parvenue à trouver trace de cet ouvrage sur le web )… Ces écarts narratifs m'ont perdue.

Enfin, un mot quant au travail graphique d'Alvaro Ortiz qui m'a beaucoup aidé dans la lecture, permettant ainsi que celle-ci ne m'échappe pas totalement. La place et la taille de chaque case font que l'organisation de chaque page innove en permanence. Ainsi, le lecteur est face à une structure de page qui fluctue au gré des humeurs des personnages, ce qui se répercute sur le rythme de l'histoire. En cela, le style emprunté par l'auteur sur cet album mais fait fortement penser à celui de Jon McNaught sur Automne. Les couleurs sont chaleureuses, les petites cases nous invite à scruter les détails qu'elles pourraient contenir, les grandes cases voire les pleines pages nous permettent de marquer un temps d'arrêt pour réfléchir et s'approprier cette réflexion. le trait est simple, les expressions de visages sont réduites à leur strict minimum mais cela n'empêche pas le lecteur de ressentir les tensions et les émotions.

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Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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