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Critique de perrinalb


Les éditions Les Belles Lettres viennent de rééditer les "Chroniques du temps de la guerre" de l'écrivain britannique George Orwell, qui travailla pour le service indien de la BBC de 1941 à 1943. On y trouve notamment une analyse détaillée de la propagande nazie et des euphémismes employés dans les communiqués de guerre du Troisième Reich.
Extrait : "A lire les communiqués allemands, on pourrait croire que tout l'art de la guerre consiste à se replier. Certains de leurs formulations sont sans conteste des merveilles du genre. Nous avons tous entendu parler de "replis stratégiques" et de "défense élastique" ; mais les commentateurs allemands ont trouvé mieux. S'agissant d'une retraite précipitée, ils annoncent par exemple : "Nous avons réussi à accroître la distance qui sépare nos armées de celles de l'ennemi", ou : "Nous avons forcé les Britanniques à progresser en direction de l'Ouest"; ou encore, qu'en choisissant de se replier, le général Rommel "conserve l'initiative". Vous ne manquerez pas de remarquer que lorsqu'un chien poursuit un lapin, c'est le lapin qui conserve l'initiative" (p. 246).
Ce passage attirera nécessairement l'attention des lecteurs de Viktor Klemperer. Il paraît directement tiré de son livre "LTI, la langue du IIIe Reich", et fait directement écho au chapitre 31 ("Renoncer à l'élan du mouvement...") dans lequel on peut lire les lignes suivantes : "Les mots "défaite" et "retraite", sans parler de "fuite", ne furent jamais prononcés. Pour défaite, on disait "revers", cela sonne moins définitif ; au lieu de fuir, on se "repliait devant l'ennemi" ; celui-ci ne réussissait jamais des percées [Durchbrüche], mais toujours seulement des irruptions [Einbrüche], dans le pire des cas de "profondes irruptions" qui étaient "contenues", "verrouillées", parce que, évidemment, nous possédions un "front élastique". de temps en en temps, on procédait - volontairement, et pour reprendre un avantage sur l'ennemi - à une "réduction du front" ou à une "rectification du front"."
En résumé, pour employer un langage plus contemporain : "Je ne dirais pas que c'est un échec, je dirais que ca n'a pas marché".
Pour retrouver sa liberté de dire et d'écrire ce qu'il voulait, sans avoir à subir la censure du Ministère britannique de l'Information, George Orwell quitta la BBC à la fin de l'année 1943.
C'est aussitôt après, peut-on lire en introduction, qu'il s'attela à la rédaction de "La Ferme des animaux" et de "1984".
On comprend d'où lui vint son inspiration.
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