AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 647 notes
5
33 avis
4
31 avis
3
10 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La dèche-pas d'argent- à Paris et à Londres. Il est certain qu'Orwell a connu des moments très difficiles et a mangé de la vache enragée avant de vivre de ses écrits.
Ce récit autobiographique commence dans un hôtel miteux à Paris. Orwell n'est pas encore dans le besoin - il a payé sa semaine - mais il sent qu'il est temps de trouver un travail.

Or, ce n'est pas si facile car la crise est là. Dans ses démarches, il va faire la connaissance de Boris, un Russe Blanc, sans le sou- comme lui- car déchu de ses privilèges en ayant fui la Révolution. Ensemble, ils vont faire la tournée des hôtels pour espérer faire la plonge.
Dans cette dèche, des moments dantesques : que ce soit au fond des cuisines d'un grand hôtel avec un Italien, Mario, à bosser 17h/jour ou dans une chambre, quelques jours sans manger ou encore avec les vagabonds sifflant les pieuses personnes venant prier pour eux...

Malgré sa sinistre position, vivant au jour le jour, on « visite » Paris et Londres  avec l'humble Mister Orwell: le Mont-de-Piété, l'East End (oui et ,25 ans après « Le peuple d'en-bas » de Jack London, rien n'a changé !) et quelques hospices ou lodging houses (-10 étoiles ceux-là because les cafards, la vermine et la puanteur).
Ce témoignage d'un grand écrivain qui a vécu dans la misère à Paris et à Londres dans les années 1930, comme celui de Jack London, souligne le peu de cas que l'on fait des gens tombés dans la misère. Orwell précise que l'argent qu'on leur donne par charité (à l'embankment) est très vite perdu pour un logement indigne ou en nourriture insuffisante : le fameux « thé-deux tartines ».

J'ai aimé la colère de London mais j'ai trouvé que l'humilité d'Orwell portait tout aussi bien l'engagement du message.
Commenter  J’apprécie          490
En 1929, George Orwell, à court d'argent après avoir renoncé à l'uniforme de la police impériale qu'il portait en Birmanie, se retrouve à faire la plonge dans un hôtel parisien, avant de gagner Londres dans l'attente d'un travail plus rémunérateur.
Les deux parties du livre sont très différentes. À Paris, la misère contre laquelle il se débat nous vaut un récit rageur qui conjugue la faim et la débrouille. Orwell doit subsister avec 6 francs par jour et découvre qu'il est effectivement possible de vivre ainsi, mais à condition de ne penser qu'à ça, avec une volonté à la fois tendue et rabougrie de ne pouvoir se porter sur une quelconque ambition qui ne soit survivre: "un homme qui a passé ne serait-ce qu'une semaine au régime du pain et de la margarine n'est plus un homme mais uniquement un ventre, avec autour quelques organes annexes."
La grande corporation des pauvres ne songe donc qu'à trouver un lit et de la nourriture et déploie pour ce faire une inventivité sidérante: les uns vendent des vues de la tour Eiffel dans une enveloppe close pour les écouler au prix d'images pornographiques; d'autres se font passer pour une organisation communiste clandestine prête à rétribuer des articles subversifs si tant est que le futur journaliste verse d'abord sa cotisation.
Avoir un travail permet de se sortir de la mouise, mais au prix d'une vie de forçat, de 60 à 100 heures de labeur par semaine. "La femme que je remplaçais avait bien la soixantaine et elle restait rivée à son bac à vaisselle, treize heures par jour, six jours par semaine, toute l'année durant. [...] Cela faisait une curieuse impression de voir que, malgré son âge et sa condition présente, elle continuait à porter une perruque d'un blond éclatant, à se mettre du noir aux yeux et à se maquiller comme une fille de vingt ans. Il faut croire que soixante-dix-huit heures de travail par semaine ne suffisent pas à étouffer toute envie de vivre chez l'être humain."
La description du travail effectué pour faire tourner un restaurant est absolument épique. Dans cette Iliade des cuisines, des héros s'échinent à finir une besogne toujours à recommencer: "Entre minuit et minuit et demi, je faisais de mon mieux pour tâcher de finir la vaisselle. le temps manquant pour faire un travail convenable, je me contentais d'essuyer la graisse qui restait au fond des assiettes avec des serviettes de table. Quant au sol, je le laissais dans l'état où il était ou prenais un balai pour expédier le plus gros de la saleté sous les fourneaux. [...] En général, j'étais au lit à une heure et demie du matin. Il arrivait que je manque la dernière rame, et je devais alors dormir par terre dans le restaurant. Mais je n'en étais pas à ça près : à pareille heure, j'aurais dormi sur les pavés."
À Londres, en revanche, Orwell, qui sait que la vache enragée va bientôt se terminer pour lui, se contente d'aller d'un asile de pauvres à un autre en attendant le retour de son futur employeur. le texte devient un reportage, embedded, certes, mais un reportage tout de même, qui étudie l'argot spécifique à la classe ouvrière ou propose un plan propre à améliorer le système des asiles de nuit. C'est loin d'être inintéressant mais le ton plus distancié n'a pas la même force.
Cette expérimentation de la dèche a bien sûr une importance Kapitale dans la gestation des idées socialistes d'Orwell; sa réflexion sur le sens du travail, notamment, vaut le détour.
Il est d'autant plus effrayant de lire sous la plume de cette figure de la gauche anti-stalinienne autant de références antisémites. Avec le plus grand naturel, Orwell signale que les Juifs (qui n'ont jamais d'autre identité) volent plus malheureux qu'eux et vendent leurs propres filles: "Fie-toi à un serpent plutôt qu'à un Juif".
La répétition tranquille de ces horreurs (35 occurrences, quand même !) donne à cette révolte contre la misère prolétaire un goût plus qu'amère que les désordres de notre temps ne risquent pas d'adoucir.
Commenter  J’apprécie          444
Paru en 1933, « Dans la dèche à Paris et à Londres » peut de prime abord se lire comme un récit autobiographique dans la mesure où George Orwell nous y narre par le menu ses pérégrinations au coeur de la pauvreté parisienne puis londonienne. Pourtant, l'auteur n'a de cesse de digresser ici et là, de prendre de la hauteur, et même de formaliser des propositions qui permettraient d'améliorer le sort des plus pauvres. S'il n'en a pas la rigueur formelle, l'ouvrage peut ainsi également se lire comme un essai comparatif consacré à la manière dont est vécu le dénuement dans les deux grandes capitales européennes.

Dans la première partie, Orwell revient sur les quelques semaines passées à Paris au début des années trente, où il parvient tout juste à joindre les deux bouts en travaillant comme un forçat dans l'hôtellerie. Dans la seconde partie, l'auteur rejoint Londres où il partage l'existence des trimardeurs, ces hommes à la limite de la clochardise, qui vivent d'expédients et battent le bitume pour rejoindre chaque nuit un « asile » qui les accueillera dans des conditions proches du cauchemar.

L'auteur n'est pas absolument explicite à ce sujet mais on devine qu'il s'est imposé de partager les conditions de vie des plus précaires afin de pouvoir les relater en toute objectivité. Avant d'écrire la dystopie anti-totalitaire la plus célèbre de la littérature, on peut ainsi se demander si Orwell n'a pas inventé le journalisme gonzo, formalisé plusieurs décennies plus tard par Hunter S.Thomson, l'auteur du génial « Las Vegas Parano ». Écrit à la première personne, « Dans la dèche à Paris et à Londres » est une plongée forcément subjective dans la pauvreté effarante des années trente à Paris puis à Londres.

Malgré la rudesse de son travail de plongeur dans un grand hôtel parisien, la première partie est plus joviale et moins monotone que la seconde où l'auteur mène une vie de « cheminot » londonien. Orwell loue une chambre de bonne vétuste, est constamment à court d'argent, travaille jusqu'à 17 heures par jour, et pourtant un tumulte joyeux et souvent alcoolisé l'emporte sur la misère. L'auteur y rencontre une multitude de personnages hauts en couleur, souvent immigrés, pour la plupart des russes blancs fuyant la révolution bolchevique. L'inénarrable Boris devient le compagnon d'infortune d'Orwell, n'est jamais à court de projets et fait preuve d'un inaltérable optimisme qui confine à la folie douce. Il entraine notamment le narrateur dans l'ouverture aventureuse d'un restaurant « chic », qui verra ce dernier, employé comme homme à tout à faire, finir par jeter l'éponge et se décider à rejoindre Londres.

Le volet parisien de l'ouvrage nous décrit une capitale tumultueuse, pittoresque, et pleine de vie malgré l'incroyable pauvreté dans laquelle se démène une foule aussi indocile qu'industrieuse. le volet londonien est plus sombre et plus miséreux encore : Orwell y arrive sans le sou et ne survit que grâce à l'argent offert par un ami. Il n'y trouve pas de véritable emploi et partage la quotidien des trimardeurs, qui sont sans cesse sur la route, car le règlement des « asiles » leur interdit de rester plusieurs nuits d'affilée. Si l'auteur y côtoie la misère, la vraie, ce second volet n'est jamais misérable, sauvé par l'humour décapant de ses compagnons d'infortune, pour la plupart illettrés et à la santé trop souvent précaire. Il est interdit de mendier et de dormir sous les ponts. Les pauvres hères sont ainsi condamnés à exercer des activités improbables de peintres de rue, de chanteurs ou de photographes itinérants tout en cherchant sans cesse le gîte qui pourra les héberger pour la nuit à venir. Entre deux nuitées mouvementées, ils tentent de se sustenter auprès d'organismes religieux qui leur offrent un repas en échange d'un sermon assommant ou de la participation surréaliste à une prière de groupe.

« Dans la dèche à Paris et à Londres » est un livre d'une étonnante sincérité, d'un homme éduqué qui a délibérément choisi de partager la condition des plus démunis, et nous narre dans le détail une plongée terrifiante au coeur des ténèbres de la misère. le contraste entre le tumulte industrieux de l'épisode parisien et la triste monotonie de l'épisode londonien est saisissant. Et pourtant, l'aspect plus touchant d'un ouvrage qui côtoie la misère sans jamais sombrer dans le misérabilisme, est la dignité, la pointe d'auto-dérision, la profonde humanité des hommes et des femmes que fréquente George Orwell durant son séjour au sein des bas-fonds, quel que soit le côté de la Manche où ils se trouvent.
Commenter  J’apprécie          367
En 1928, George Orwell s'installe à Paris en faisant le voeu d'y vivre de sa plume. Commence alors une période de précarité durant laquelle il va connaître la pauvreté et les tourments de la faim. Logeant dans des meublés insalubres, il est contraint de travailler comme plongeur dans des conditions proches de l'esclavage. Il regagne ensuite l'Angleterre où il va partager la vie des vagabonds. Il publie ce texte semi-autobiographique en 1933. L'ouvrage paraît en France deux ans plus tard sous ce titre magnifique : "La vache enragée". Son objectif est de soulever un coin du voile qui couvre la misère pour éveiller les consciences. Orwell dresse le portrait de personnages pittoresques et rapporte des anecdotes insolites. Il est vrai que le peuple des bas-fonds est haut en couleurs et riche de "légendes urbaines" décapantes. Entre ces récits, l'auteur analyse les conditions d'existence et de travail du lumpenproletariat et la gestion par l'Etat anglais des mendiants et des vagabonds. Il condamne un système pervers qui entretient la misère plutôt que de la résoudre et lutte contre les préjugés touchant les plus pauvres. George Orwell livre un tableau émouvant des bas-fonds de Paris et de Londres dont il parvient à retranscrire l'ambiance au travers d'histoires cocasses, sordides ou poignantes. Il reste d'une profonde humanité sans jamais tomber dans le pathétique ou la propagande. Son témoignage n'en a que plus de valeur.
Commenter  J’apprécie          320
Il était modeste George Orwell. Selon lui, il lui aurait fallu « la plume d'un Zola » pour procéder à la description d'un moment passé dans l'hôtel X où il a travaillé à Paris. La plume d'un Zola ? Ce n'est que mon point de vue de lectrice, mais je pense que cela n'aurait pas été nécessaire. Car ce récit de George Orwell, qu'il jugeait lui-même « banal » (c'est trop de modestie !) est incroyablement riche, que ce soit en descriptions, en détails et en ressentis. Si bien qu'il est très simple de plonger dedans, de patauger avec les plongeurs, les trimardeurs et les chemineaux, de comprendre la faim, l'ennui et le désoeuvrement que subissent ces marginaux et de ressentir beaucoup d'injustice.

On ne sait pas très bien comment George Orwell s'est retrouvé à Paris. En tout cas, il ne l'explique pas dans son livre. On sait en revanche comment il s'y est retrouvé dans la dèche : il s'est fait volé une partie de ses économies et il a perdu son travail de professeur particulier. A partir de là, il raconte toutes les étapes de sa descente aux enfers – un enfer qui prend la forme à Paris des caves de l'hôtel X où il était plongeur, et à Londres de la puanteur et de la vétusté des asiles de nuit à quelques pence. Et ce récit est édifiant. Vivre plusieurs jours sans manger ? C'est possible. Infernal, certes, mais possible car il l'a fait. Ne pas pouvoir fermer l'oeil de la nuit dans une chambre infestée de punaises ? Ça aussi. Se nourrir de thé, de pain rassis et de margarine pendant des semaines ? Ce fut son régime. Alors forcément, quand on vit de cette façon, quand on côtoie de près des mendiants, quand on comprend ce que signifie la malnutrition et quand on doit mettre ses vêtements « au clou » pour s'acheter une miche de pain, il y a de quoi gamberger. Et ça donne Dans la dèche à Paris et à Londres.

Et au coeur de ce récit, Orwell livre quelques réflexions personnelles. La première concerne les « besognes aussi fastidieuses qu'inutiles ». Pour lui, et parce qu'il a dû travailler dix-sept heures par jour pour un salaire qui lui permettait à peine de payer sa chambre et de se nourrir, le plongeur est un « esclave » qui n'a aucune vie personnelle et ne peut espérer fonder une famille. Il explique notamment qu'on « continue à lui imposer ce travail parce que règne confusément chez les riches le sentiment que, s'il avait quelques moments à lui, cet esclave pourrait se révéler dangereux ». On sent déjà 1984, non ? La deuxième réflexion d'Orwell concerne la misère qui n'est, écrivait-il, « pas seulement insupportable par les souffrances qu'elle cause, mais aussi et surtout en ceci qu'elle pourrit un homme au physique comme au mental ». Et on les ressent bien les privations de toutes sortes, l'oisiveté forcée (celle-ci n'est pas considérée comme un « danger » par les plus riches car les mendiants, tenaillés par la faim, n'ont pas la force de se révolter) et la vie de vagabondage à laquelle ils sont réduits. Orwell, qui a vécu cette vie de chemineau en attendant de prendre son poste à Londres, les explique parfaitement. Et tous ces détails lui permettent, enfin, d'interroger les lecteurs que nous sommes : qu'est-ce qui donne donc le droit à la société de les mépriser ?

C'est peut-être un peu long pour dire que j'ai trouvé ce récit vraiment très intéressant et bouleversant par endroits. Evidemment, certains éléments sont obsolètes (les dépôts de mendicité, le travail de plongeur tel qu'il est décrit dans ce livre, le trimard, les chemineaux, etc.) mais il reste très actuel sur beaucoup de choses (le travail, la pauvreté, etc.) et il permet de réfléchir. Un récit fascinant !
Commenter  J’apprécie          309
La couverture de cette édition, illustrée de souliers usés jusqu'à la corde, rappelle le célèbre tableau de van Gogh. Intéressant car il s'agit là aussi de décrire la pauvreté des laissés pour compte du capitalisme. Que ce soit à Londres ou à Paris, Orwell traîne dans les bouges à la recherche d'un emploi, n'importe lequel, pour ne pas mourir. C'est l'occasion de nous décrire en Angleterre, alors le pays le plus riche du monde, l'enfer des cheminots, constructeurs des premiers chemins de fer, où à Paris, l'envers du décors dans les restaurants chics.
Pourtant, je trouve le récit assez répétitif et prévisible. Même si cela reste un excellent témoignage de cette saloperie de capitalisme, cette société de consommation, cette recherche de croissance économique absolue comme si c'était le Graal de la vie sur terre, bref cette fabrique à inégalités qui détruira toute vie sur la planète et donc nous avec.
J'éprouve le plus grand mal à rester neutre à la lecture de ce genre de récit. Merci Orwell pour ce grand témoignage et cette leçon de vie.
Commenter  J’apprécie          290
Nous sommes à la fin des années 20, George Orwell ne s'appelait pas encore tout à fait George Orwell et la publication de ses romans cultes - « La Ferme des Animaux » et « 1984 » - ne sera prévue pas avant une quinzaine d'années. Il séjourna quelques temps dans la capitale française puis anglaise, et de ce voyage en sortira, sous son vrai nom Eric Blair : « Dans la dèche à Paris et à Londres » où il racontera, à l'instar d'un carnet de routes, ses impressions, ses états d'âmes, sa vision sur le monde des ouvriers, des marginaux et des SDF.

Première étape : Paris.

Crêchant dans un hôtel miteux, avec très peu d'argent en poche, il part à la recherche de quelques boulots pour subvenir à ses maigres besoins, à savoir de quoi manger et un toit pour dormir. de là, son chemin sera parsemé de rencontres humaines, de solidarité et d'entraide. Il part à la découverte de la classe ouvrière en tant que plongeur dans un grand hôtel de luxe proche de la rue de Rivoli et y décortiquera toutes les castes qui y régissent à l'intérieur. Mais entre deux laborieux et éprouvants jobs, il connaîtra la faim, la misère, le vol et les arnaques, les nuits sous un pont ou sur un banc, le Mont-de-Piété... Parmi des difficultés quasi quotidiennes, il ne perd jamais espoir et garde même un optimisme souverain et nous fait partager ses joies, ses humeurs et ses peines dans les bistrots de quartier avec ses rares potes, ses compagnons de fortune ou plutôt d'infortune... Les nombreuses cuites ne semblent avoir pour buts que de resserrer les liens amicaux mais aussi d'oublier cette misère, et l'ennui d'une vie si triste et sans avenir.

Deuxième étape : Londres.

Sans toit, sans emploi et toujours sans le sou, il va vivre l'espace de quelques semaines la vie d'un clochard, d'un vagabond qui parcourt l'Angleterre d'asiles de nuit en hospices de charité pour y trouver un toit pour s'abriter et obtenir un frugal repas, dernier sésame de survie : une tasse de poussière de thé et deux tartines de margarine, le tout pour une somme certes modique mais pour un miséreux non négligeable et qui a pour but de rendre notamment extrêmement lucratif ce genre d'établissements. La mendicité y est interdite par la loi anglaise ; du coup, il est sans cesse obligé de marcher, de battre le pavé, de vagabonder sans destination précise, juste marcher, toujours et encore marcher. La découverte impitoyable et sans concession des bas-fonds de la société anglaise...

Un livre où l'on n'en ressort pas indemne, une oeuvre sociale qui vous parle de la vie des ouvriers, des pauvres, des laissés-pour-compte sans voyeurisme, ni complaisance, juste pour montrer leurs modes de vie, leurs difficultés toujours plus insurmontables qui les amènent le plus souvent vers un point de non-retour. Un livre parsemé de chaleur humaine, de bonté et de solidarité, juste un livre présentant quelques vraies valeurs de la vie telle que George Orwell la conçoit.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
Commenter  J’apprécie          270
Difficile d'imaginer qu'un livre autobiographique, qui ne décrit qu'un passage de la vie de son auteur, sans ajout d'éléments de narration romanesque puisse être aussi intéressant et agréable à lire.

Rien qu'à la manière d'écrire et de raconter les évènements qu'il a vécu, Orwell arrive à accrocher le lecteur dans son récit, qui parvient même à nous donner les mêmes émotions et le même plaisir que procure la lecture d'un roman inventé de toutes pièces.

Le livre ne fait que dévoiler les talents d'écriture de son auteur même lorsqu'il fait face à un exercice de style aussi relevé que celui de narrer des évènements bien réels sans tomber dans l'ennui et la lenteur du récit descriptif.

Livre très agréable à lire qui réussit à nous plonger entièrement dans son univers.

Commenter  J’apprécie          173
Un beau témoignage en deux parties, la première se passe à Paris, George Orwell vie de petits boulots, il finit par trouver un travail de plongeur dans un grand hôtel, il y travaille entre 17 et 18 heures par jour et il ne reçoit comme salaire juste de quoi se loger et se nourrir. Orwell dépeint la vie de labeur des gens, leur misère, leur survie.
Dans la seconde partie, Orwell rentre à Londres, il va continuer à témoigner de la misère en côtoyant les trimardeurs, les chemineaux qui passent leur temps à marcher la journée et trouver un endroit où passer la nuit, ici à Londres interdit de s'assoir et de passer la nuit dehors hormis dans quelques endroits autorisés. Une fois installé dans un asile ils ont droit à leur thé-tartines-margarine.
J'ai particulièrement apprécié les descriptifs d'Orwell sur la pauvreté, entre l'exploitation au travail, les maladies précoces et la faim presque permanente, il livre une image très poignante de ces hommes qui n'ont presque rien.
Certes par moment on peut trouver quelques longueurs mais elles permettent de comprendre un peu mieux les situations rencontrées.
J'ai souvent pensé que ce récit n'avait pas pris une ride, surtout concernant les réflexions des personnes vis à vis du chômage, des pauvres, des sans-abri.
Commenter  J’apprécie          160
George Orwell a fait l'expérience de l'extrême pauvreté et de l'aliénation au travail. Et c'est ce qu'il nous raconte dans ce livre.

Arrivé à Paris sans travail, George Orwell va travailler comme plongeur dans différents restaurants et hôtels.
Ce sont des journées harassantes, interminables, de quines heures voire plus sans parfois un instant pour manger.
Orwelle décrit avec force ce milieu où il est uniquement question de survie.
Sa journée terminée, Orwell ne pense qu'à se coucher et le week-end, c'est la tournée des bars avec des personnes aussi mal loties que lui.
Il n'y aucun avenir dans cette vie-là, pas de projet, c'est une existence au jour le jour.
Lorsqu'il n' y a pas de travail, Orwele connaît aussi la fin, il met en gage ses vêtements ou les vends pour pouvoir acheter une miche de pain, un peu de tabac et payer sa chambre.

Après quelques temps de cette vie-là, Orwell se voit promettre un travail en
Angleterre, il se fait expédier le prix du billet et quitte Paris.
Or, à peine, arrivé, plus de travail, Orwell va alors mener l'existence des vagabonds qui vont de refuges en refuges. La loi est ainsi faite en Angleterre qu'il est interdit de passer plusieurs nuits de suite dans les asiles de nuit sous peine de prison. Les sans-abri sont alors condamnés à une errance sans fin.
Dans certains organismes de charité, ils sont obligés d'écouter la messe et un sermon après avoir reçu un thé et deux tartines ou un bon pour acheter un repas.

Orwell va faire de nombreuses rencontres et faire une partie du chemin avec certains camarades de galère.

J'ai beaucoup aimé ce livre. On y découvre que George Orwell n'a pas écrit la Ferme des Animaux au hasard. Dans "Down in Paris and London", Orwell nous fait part de ces réflexions sur le sujet de la pauvreté, de l'exploitation des êtres humains par le travail au bénéfice d'une petite frange de la population...
Commenter  J’apprécie          121




Lecteurs (1595) Voir plus



Quiz Voir plus

La ferme des animaux

Qui est Mr Jones en Russie?

le tsar Nicolas I
le tsar Nicolas II
Trotski
Lénine

8 questions
1819 lecteurs ont répondu
Thème : La ferme des animaux de George OrwellCréer un quiz sur ce livre

{* *}