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Critique de Pat0212


L'Archipel vient de rééditer ce vieux thriller paru il y a cinquante ans et qui a très bien vieilli, j'ai eu la chance de le découvrir grâce à Mylène.

Dans les années 1950, Greg, Ken et Art sont des étudiants issus de la bourgeoisie, tout leur réussit et on leur pardonne tout, même un viol : Lors d'une fête, ils emmènent Alicia dans un motel après l'avoir fait boire et la violent sauvagement. La famille veut porter plainte mais la police l'en dissuade car ce sera sa parole contre celle des garçons qui affirment qu'elle était consentante et s'est même fait payer pour cela. Vu la position sociale des agresseurs, la famille accepte de se taire et les parents marient la jeune fille à Budy, un garagiste amoureux d'elle qui ne fera pas d'histoires.

Vingt ans plus tard, les trois hommes sont devenus riches, ils sont des piliers de la ville d'Ann Harbour, ils mènent des vie rangées, sauf trois semaines par an durant lesquels ils partent tous les trois dans leur pavillon de chasse à la frontière canadienne. En chemin ils enlèvent un couple isolé rencontré au hasard, massacrent autant d'animaux que possible, violent leur prisonnière avant de se lancer dans une chasse à l'homme, toujours fructueuse. Mais cette année, un mystérieux justicier vient mettre son grain de sel dans leur organisation si bien rodée.

Ce thriller est très bien écrit et très prenant, l'ambiance angoissante est très réussie. J'ai eu grand plaisir à le lire. L'histoire paraît toute simple, mais les personnages et leurs réactions sont très développés et surtout plausibles. Lorsqu'on lit le prologue, narrant l'histoire d'Alicia on ne peut qu'être scandalisé par les propos du policier. On est tenté de se dire que c'était ainsi dans les années 1950 et qu'on n'en est plus là, mais est-ce bien le cas ? Et si oui, c'est une évolution toute récente de nos sociétés hyper informées. Si un célèbre homme politique a fini en prison à New York, on peut être certain qu'il est l'exception qui confirme la règle. Combien de femmes en situation de précarité sociale ou autre servent-elle encore de jouets aux puissants ? Sûrement bien plus qu'on veut le dire. Les violences faites aux femmes sont encore une triste réalité de notre société. D'ailleurs , c'est bien parce qu'il n'a pas confiance dans les institutions que le justicier s'occupe lui-même de l'affaire. Rien n'est laissé au hasard dans cette vengeance mûrement réfléchie et organisée durant de longues années.

La nature est très présente dans le livre, on est dans une forêt isolée et dense, qui fait penser à certains romans de Stephen King, une ambiance bien angoissante, surtout à la fin quand le justicier traque le dernier criminel. Il lui fait subir des tortures psychologiques raffinées avant de l'abattre et on regrette que ça ne dure pas plus longtemps.

Un autre point fort de ce livre est la psychologie des personnages. L'auteur a bien su les mettre en situation de manière réaliste. Nancy pense fuir les violences de son mari avec Martin. Elle comprend vite qu'il ne quittera pas sa femme pour elle, elle n'est qu'une maîtresse, une femme objet, même si elle essaie de faire vivre l'illusion aussi longtemps que possible. Lors de leur capture et leur bref emprisonnement, toutes les illusions sautent et c'est chacun pour soi. Nancy pense sauver sa peau en séduisant Ken, mais leur destin est déjà scellé. C'est juste un criminel et pour lui les femmes ne sont que des objets à baiser. Sa propre réaction lorsqu'il est le dernier survivant traqué par le justicier est aussi très bien décrite et très réaliste, on aimerait juste que ça dure plus longtemps.

Le seul point que je n'ai pas aimé dans ce roman, ce sont les longues scènes de viol et de sexe, décrite en langage très cru et vraiment pas ragoutante, pour le reste j'ai beaucoup aimé ce thriller et je le recommande chaleureusement.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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