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EAN : 9791030103809
224 pages
Editions Tana (06/05/2021)
4/5   12 notes
Résumé :
Été 2016. Après une adolescence joyeuse dans un foyer de la classe moyenne supérieure et deux expériences professionnelles douteuses, Clément Osé cherche toujours le sens de sa vie. Tenté comme d'autres par le grand large, il enfile son sac à dos et part un an glaner des réponses sur la route. Quand il rentre chez lui, à 27 ans, il est déterminé à changer de vie, radicalement. Il rêve de campagne, de simplicité, et part seul rejoindre une ferme collective écoconstru... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De la neige pour Suzanne c'est l'histoire de l'auteur, Clément Osé, et de son expérience dans un éco-lieu partagé au fin fond d'un petit village du Béarn. Né dans une famille relativement aisée de la région parisienne, étudiant à Science-Po et destiné à des postes de cadre supérieur, rien n'aurait dû conduire Clément jusqu'à cette ferme alternative. Mais après ses premiers pas dans le monde professionnel et après avoir vu ses parents lessivés par un travail sans pitié, Clément décide de bifurquer : c'est d'abord un long voyage pour faire le point, comprendre ce dont il a vraiment envie puis la rencontre avec cette ferme partagée où il décide de s'installer, pour le meilleur comme pour le pire.

J'ai découvert l'auteur en lisant le récit qu'il a consacré à sa camarade de promotion, Noémie, devenue éleveuse de porc noir dans le Gers, et j'avais été séduite par sa plume alerte et sa manière de poser très simplement des questions essentielles. Dans de la neige pour Suzanne, Clément nous raconte tout simplement sa vie, ses interrogations, ses doutes et loin d'un témoignage narcissique ou cliché, on est immédiatement embarqué dans cette histoire. Ce livre a été un vrai coup de coeur dès ses premières pages : l'auteur sait trouver les mots juste pour partager son expérience et nous passionner, je pense que ce qui fait la différence est son ton totalement honnête et sa volonté de nous raconter son cheminement sans embellir les choses et sans hésiter à se moquer de lui-même au passage. Comme en plus certains chapitres sont franchement très drôles et que je me suis reconnue dans d'autres (ah les malheurs du jardinier débutant pour qui tout est parfait tant qu'il maîtrise semis et jeunes plants et qui voit son rêve s'écrouler quand ses petites plantes chéries sont confrontées à la nature, la vraie, la sauvage, et que limaces ou maladies ravagent la récolte !) j'ai littéralement dévoré ce livre et regretté d'être déjà arrivée à la fin.

De la neige pour Suzanne, loin des récits à la mode sur l'écologie, la meilleure manière de sauver le monde et autres tentatives de green-washing, est un témoignage honnête et franc, une expérience parmi d'autres qui n'a pas vocation à être universelle mais qui pose beaucoup de questions essentielles. On y découvre cette ferme partagée dont les habitants réfléchissent pour trouver la meilleure manière d'habiter le monde sans le détruire, en essayant de réduire leur empreinte carbone et d'être résilients pour pouvoir faire face aux crises qui s'annoncent. Clément aborde franchement les problèmes qui fâchent : habiter en communauté, ce n'est pas simple, quand tant d'égos et de rêves différents doivent accepter de coexister, basculer du jour au lendemain de jeune cadre parisien à qui la ville offre ses plaisirs à néo-rural les pieds dans la boue du potager avec certes la vue sur les Pyrénées mais aussi toutes les corvées des poules à nourrir au chantier de réparation de la ferme, pas simple non plus. Comment rester ouvert sur les autres et connecté au monde tout en vivant dans un endroit reculé, comment au quotidien choisir entre confort et conscience écologique... tant de questions auxquelles l'auteur n'apporte pas de réponse toute faite mais juste des pistes pour nous faire réfléchir.

Vous l'aurez compris j'ai adoré ce récit dans lequel je me suis parfois reconnue, qui m'a fait vibrer, qui m'a émue aussi tant les utopies sont malheureusement fragiles et destinées à n'être qu'un but vers lequel on tend sans jamais savoir si on a fait le bon choix. Un récit qui malgré la multitude des thèmes abordés n'est jamais pesant, toujours drôle et se lit rapidement et avec le plus grand plaisir. A découvrir et vivement que Clément Osé se lance dans son prochain livre !
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Changer de mode de vie. Penser retour à la terre, décroissance, sobriété et simplicité. Beaucoup y songent, le fantasment. Clément Osé l'a fait. Jeune diplômé à l'avenir presque tracé, il commence par retarder son entrée dans la vie active en partant sur les routes, expérimenter, s'ouvrir. Un périple qui le conforte dans son intuition : il veut autre chose que les modèles qu'on lui propose. Après avoir vu la façon dont ses parents, cadres dans un grand groupe étaient essorés par le système, il ne se pose plus qu'une question : "Quel métier choisir pour ne pas s'effondrer dans un escalier et apporter sa contribution au monde ?" Ce livre est le récit de ses deux années passées dans une ferme collective dans le Béarn, magnifique endroit face aux sommets des Pyrénées mais éloigné de tout. Un récit sans concession à la fois tendre, lucide et drôle.

La démarche de Clément Osé m'a beaucoup fait penser à celle de Jennifer Murzeau relatée dans La vie dans les bois. Il n'est pas question d'idéaliser mais d'expérimenter sans occulter les difficultés voire les incohérences d'un tel projet de vie ; et cette sincérité rend le texte particulièrement agréable et touchant. Depuis la sélection du collectif (qui nous vaut un savoureux passage sur les différents gourous, profiteurs marketeurs, survivalistes ou collapsologues dont les offres pullulent... il faut savoir faire le tri) jusqu'à sa prise de responsabilités, Clément Osé garde un regard critique sur ses avancées, son adaptation, son amateurisme dans un certain nombre de domaines. On l'a prévenu "les collectifs périclitent à cause du facteur humain". Et, invité dans l'intimité du groupe, le lecteur peut découvrir la vérité de cette mise en garde. On n'imagine pas le genre de petits détails qui doivent être débattus au sein d'un collectif... Pour autant, Clément s'accroche. Déjà habile de ses mains, il participe aux différentes constructions, apprend la permaculture, la fabrication du pain tout en continuant ses piges de rédaction et de photographie. Des amitiés se lient, d'autres relations sont plus compliquées, difficile de consolider l'effectif de 10 personnes pour faire tourner la ferme, certains renoncent.

Il y a quelques moments de découragement, mais peu à peu l'idée qu'il est sur la bonne voie conforte Clément dans sa volonté de pousser l'expérience au maximum et l'amène très logiquement à concevoir ses propres projets. Grâce à ce récit, qui confronte habilement les théories écologistes à la réalité du terrain, le lecteur peut faire siennes les interrogations de l'auteur sur la façon de mieux être au monde, de l'habiter de façon plus harmonieuse, plus douce, sans s'embarquer dans des dérives extrêmes ou totalement déconnectées des réalités. Si le récit évite toute stigmatisation, les questions sont bien posées, d'autant que l'expérimentation de l'auteur a croisé la période de pandémie et ce qu'elle a pu révéler de bizarreries dans nos comportements : "Quand on demandera à la majorité des rescapés comment le virus les a affectés, 90% répondront donc : une pénurie de P.Q. Combien parmi eux auront eu l'instinct de donner une seconde vie à leur attestation ?" Voilà qui résume bien le problème.

Mais ce qui reste en tête c'est cet acharnement à préserver le beau, pour le plaisir de pouvoir continuer à le contempler. Un vrai projet de vie.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le commentaire de Nathalie :
Une belle histoire de résilience, de changement vie ou d'acceptation de vie que l'on garde cachée trop souvent. C'est ce qu'a fait l'auteur dans ce récit pour le moins rocambolesque, parfois même incompréhensible dans ses choix, mais ce sont toujours, ou la plupart du temps, des choix assumés.
L'auteur a bourlingué à travers le monde, dans différents pays, payé avec souvent un but humanitaire parfois plus pour lui que pour l'employeur. La Mauritanie, la Lettonie, la Mongolie, l'Iran, la Turquie, la Roumanie puis à 27 ans, il décide de revenir chez ses parents. Erreur, puisqu'il n'est plus le même à la suite de cette première vie loin du confort. C'est en cherchant dans les annonces classées, qu'il découvre que l'on demande des gens pour faire partie d'une ferme collective éco-construite.
Une autre vie commence pour lui. Il se dévoile tout au long de son expérience, sans rien nous cacher. Sur papier, le projet est merveilleux, mais en réalité, rien n'est facile, ni sur le plan humain et encore moins monétaire. Les gens vont et viennent, certains restent très longtemps, d'autres se sauvent en courant. Mais lui résistent plusieurs années et c'est son histoire qu'il nous raconte avec une honnêteté et une franchise absolue. Une bataille entre les amoureux de la terre bio et les grandes industries biochimiques. le regard de certains qui les voient comme une secte.
Mais c'est avant tout une belle histoire d'amour avec la terre, la nature et sa générosité quand on s'y attarde.
Une belle histoire avec une belle fin pour l'auteur ce qui n'est pas anodin.
J'ai aimé suivre ses aventures, ses réussites comme ses échecs tous en lui souhaitant que du bien.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous vivons sous le seuil de pauvreté, et pourtant nous mangeons bio à tous les repas et nous habiterons bientôt une maison bioclimatique avec un domaine de plusieurs hectares. Ma vie n'a jamais été aussi luxueuse que depuis que je suis pauvre.
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Je suis rentré sans le savoir dans une zone de turbulence mentale appelée "dissonance cognitive", caractérisée par une contradiction entre ce que je sais - ma nouvelle conscience de l'effondrement - et ce que je fais - continuer à jouer avec les anciennes règles du jeu. Je suis ce type qui s'envoie des whiskys au bar du Titanic en train de couler en se disant que, tant que je n'ai pas d'eau jusqu'au cou, il est toujours possible que le trou dans la coque se rebouche.
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J'ai ressenti l'enfermement dès ma première semaine. Le matin, en enfilant ma chemise, mon pantalon en toile, mes pompes "correctes" comme dit ma mère, en m'asseyant à mon bureau, en allumant l'ordinateur et en empoignant la souris, j'avais l'impression de rentrer dans une baignoire de glu. Je développais une aversion préoccupante aux fauteuils à roulettes, aux mails qui se terminent par "Cordialement" et au bip des caisses du Monoprix. J'avais de plus en plus de problèmes compliqués et de moins en moins de plaisir simples. Je moisissais dans le rôle de l'éternel stagiaire d'une structure dont l'utilité était difficilement démontrable en moins d'une minute. Le pire dans tout ça, c'est que c'était plutôt la belle vie.
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Quand on demandera à la majorité des rescapés comment le virus les a affectés, 90% répondront donc : une pénurie de P.Q. Combien parmi eux auront eu l'instinct de donner une seconde vie à leur attestation ?
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Je goûte quotidiennement au plaisir que connaissent les mômes qui ont grandi dans une valise de Lego : faire soi-même. Être porté par un plancher qu'on a posé, s'asseoir sur un fauteuil qu'on a construit ou caresser une arête de bois encore tiède d'avoir été poncée sont des sources intarissables de réalisation personnelle. La ferme n'est pas juste une ferme, c'est la matérialisation d'un rêve.
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Video de Clément Osé (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clément Osé
Correspondant du journal le Monde en Bretagne, Nicolas Legendre vient de publier Silence dans les champs (éd. Arthaud). En 331 pages, il résume sept années d'enquête sur le système agro-industriel breton. Une investigation fouillée qui l'a hanté jour et nuit.
Dans ce livre, Nicolas Legendre met en lumière l'avènement d'un productivisme acharné en Bretagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui a contraint les petits paysans à s'endetter pour faire toujours plus de volume et enrichir une minorité. Il y décrit l'omerta que peu ont osé briser, sous couvert de progrès économique, les pressions parfois violentes subies par les rares "kamikazes". Il détaille la connivence des banques, des firmes agrochimiques, des fabricants d'équipements, des coopératives, du syndicat majoritaire, de la grande distribution, et de certains élus.
Dans cet épisode, Nicolas Legendre décrypte ces mécanismes, leurs causes et leurs conséquences. Il évoque aussi la manière dont il a travaillé pour mener cette enquête au long cours.
Après l'entretien avec Nicolas Legendre, Michaël, Mathilde et Romain, libraires à Dialogues, nous conseilleront quelques ouvrages pour compléter la réflexion.
Bibliographie : - Silence dans les champs, de Nicolas Legendre (éd. Arthaud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21909519-silence-dans-les-champs-nicolas-legendre-arthaud
- Algues vertes, d'Inès Leraud (éd. Delcourt) https://www.librairiedialogues.fr/livre/15460416-algues-vertes-l-histoire-interdite-ines-leraud-delcourt
- L'Âge de la colère, de Pankaj Mishra (éd. Zulma) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20335238-l-age-de-la-colere-une-histoire-du-present-pankaj-mishra-zulma
- Plutôt nourrir, de Clément Osé et Noémie Calais (éd. Tana) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20925965-plutot-nourrir-l-appel-d-une-eleveuse-clement-ose-noemie-calais-tana-editions
- Paysannes, d'Anne Lecourt (éd. Ouest France) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21910014-paysannes-anne-lecourt-le-breton-editions-ouest-france
- Reprendre la terre aux machines, de l'Atelier paysan (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18641948-reprendre-la-terre-aux-machines-manifeste-pour--l-atelier-paysan-seuil
- Notre pain est politique, de Mathieu Brier (éd. de la Dernière lettre) https://www.librairiedialogues.fr/livre/15652892-notre-pain-est-politique-les-bles-paysans-face--mathieu-brier-editions-de-la-derniere-lettre
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