Après «
Régis », voilà que je viens de quitter «
Sandrine », fermant un livre qui au-delà de l'histoire m'a encore une fois transporté par la puissance des sentiments, pathologies et constructions des personnages…
La trilogie psychiatrique de
James Osmont n'est décidément pas classable dans une catégorie tant elle est unique, atypique…
Dans ce deuxième tome, ou devrais-je dire simplement avec
Sandrine, James montre encore à quel point il sait manier la métaphore et la poésie pour dénoncer non seulement les dangers des addictions mais aussi les failles d'un système médical encore trop souvent bancal.
Il décrit les processus de la dépression, raconte ,comme un ménestrel, comment elle peut sournoisement s'attaquer à chacun de nous.
Profondément moderne de part la critique des aspects sombres de notre société tout en apparence et en psychologie de comptoir, l'histoire romancée flirte avec la réalité de la sombre période d'attentats que nous avons vécu récemment.
Sandrine m'a émue, m'a faite pleurer, m'a poussée à m'interroger aussi sur moi-même, mes failles, mes blessures… Et comme
Régis avant elle, il m'a été difficile de la quitter.
Je ne vous donnerais pas envie de la rencontrer au travers d'un résumé classique de 4ème de couverture car ce serait vous priver de la découverte et des émotions que pourraient vous procurer tant
Régis que
Sandrine… je préfère vous mettre ci-dessous quelques extraits, qui, j'en suis certaine, aiguiseront votre curiosité :
« D'abord chronophage, l'addiction s'est faite procuration et trompe l'oeil, amotivationnelle et robotisante.[…] L'attraction était souvent trop puissante, tentaculaire. Elle venait le saisir où qu'il soit, quoiqu'il fasse… »
« Un soulagement momentané, un traitre remède. Une aération polluée, et qui n'était chaque fois que temporaire. Parce que le désespoir, pauvres de nous… a la couleur du vent et le goût du souvenir. »
« le remords avait asséché son âme, tel un vent d'Est lancé à travers l'hiver sur une terre rase, un bocage aplani, dépourvu de défenses et de talus, sans haies ni perspectives pour boucher l'horizon infini, inlassable, insurmontable… Elle n'était plus ce champ fertile, ce terroir nuancé, arable, légèrement acide, cette contrée de caractère qui se mérite et se savoure, quitte à se comparer à un coteau de grand cru »
Régis et
Sandrine m'ont fait vivre une expérience littéraire jusque là unique, la bande-son créée par James pour accompagner ses personnages et notre lecture renforce la noirceur, le capharnaüm régnant dans les esprits perturbés, troublés et blessés de chacun des êtres auquel il a donné vie.
Merci James,
Sandrine comme
Régis ne pouvaient pas me laisser indifférente, et il continuent de m'accompagner malgré leur absence… Je vais maintenant aller à la rencontre de
Dolores et achever ainsi un cycle qui m'aura profondément marqué…