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Luz est née à Buenos Aires en 1976, au début de la dictature militaire en Argentine. Ce n'est qu'à ses vingt ans, à la naissance de son fils, qu'elle commence à s'interroger sur ses origines. Et si elle n'était pas la petite-fille d'un lieutenant-colonel aux mains sales, mais l'un de ces enfants de « disparus » à qui l'on a volé l'identité ? Commence pour elle une quête difficile, aboutissant à sa rencontre, en 1998, avec son père biologique, opposant politique réfugié à Madrid. Ce livre est le récit de cette fille à son père de tout ce qu'il lui a fallu démêler pour comprendre son histoire et celle de son pays, et, pour, enfin, le retrouver.


Usant d'une technique narrative efficace et d'un ton sobre exempt de tout pathos, la narration dévoile peu à peu les méthodes d'extermination utilisées par la junte argentine au nom d'un national-catholicisme justifiant une répression massive, organisée et systématique, des opposants. Des dizaines de milliers de personnes disparurent sans autre forme de procès - parfois de simples adolescents protestant contre les frais d'inscription universitaires -, torturées et exécutées dans des centres clandestins de détention. Des centaines de bébés furent volés à leur naissance dans ces prisons, et, adoptés sous une fausse identité par des familles en mal d'enfant proches du gouvernement, font aujourd'hui encore l'objet de recherches, sous l'égide de l'association des Grands-mères de la Place de mai.


Au-delà des atrocités commises, la narration souligne la terreur vécue pendant ces « temps sauvages », l'épaisseur d'un mensonge institutionnalisé qui, quand ce livre paraît, pèse encore sur la société argentine, au travers de situations familiales complexes, douloureuses et violentes, alors qu'après la chute du régime, le gouvernement a amnistié la plupart des militaires impliqués par la Loi de l'Obéissance Due – loi que ne devait être abrogée qu'en 2003 – et que menaces et meurtres ont toujours cours pour réduire au silence les personnes trop entreprenantes dans leur quête de vérité.


Dénonciation d'un génocide qui a usé des enfants des détenus assassinés comme de butins de guerre, mais surtout du silence et de la peur qui, en cette fin des années quatre-vingt-dix, entravaient encore la recherche de leur identité, ce livre illustre l'importance et le courage de tous ceux qui, les Grands-Mères en tête, continuent à oeuvrer pour restituer les enfants volés à leurs familles légitimes et pour faire condamner les responsables de ces crimes contre l'humanité. Alors, peut-être, deuil et chagrin pourront-ils un jour être surmontés, fermant, pour les générations futures, le chapitre d'une douleur aggravée par l'impunité des coupables. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ah, Luz, dans quelle sauvagerie as-tu commencé ta vie !
Sauvagerie des militaires qui dirigent ton pays, l'Argentine, au moment de ta naissance, en 1976. Tortures, enlèvements, séquestrations, assassinats, tout y passe. Ta maman « da a luz », c'est-à-dire accouche dans des situations apocalyptiques auxquelles je n'avais jamais pensé. Une femme lumineuse a pris soin de vous, mais une autre, pleine de ténèbres, s'occupera de toi...
Et puis tu as une vingtaine d'années et tout éclate. Tes parents sont-ils tes vrais parents ? Une recherche intense est menée, et aboutira enfin à la vérité.

Ce roman extrême, terrible, profond, puissant raconte à travers l'histoire d'une jeune femme le sort commun de beaucoup d'Argentins vivant sous la dictature des militaires. Les « subversifs », allant des opposants purs et durs au régime aux étudiants rouspétant contre le prix des transports en commun, ne sont pas admis à vivre, tout simplement.
Tortures, enlèvements, séquestrations, assassinats, je l'ai déjà dit.
Enlèvements...de bébés, aussi. Arrachés à leurs mères, adoptés par ces femmes de militaires. Orphelins sans le savoir.
Quelques années après, les « Grands-mères de la place de Mai » créent ce mouvement dans le but de retrouver ces petits-enfants et de rassembler les familles.

Elsa Osorio a trouvé le ton adéquat et le mode de narration approprié – à travers des voix multiples, sans ordre et s'emmêlant – pour retracer cette ambiance de peur, de cruauté, de détresse, de colère, d'impatience, mais aussi d'amour.
Car de l'amour, il y en a. Tenace, plein, infini. Heureusement. C'est lui qui illumine tout.

Ah, Luz, quel beau prénom portes-tu ! Symbole de l'espoir qui renait, de la liberté qui embrase les coeurs.
Luz et le temps sauvage. Luz contre le temps sauvage.
Eclatant !
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Madrid 1998. Luz est venu d'Argentine dans l'espoir d'y rencontrer Carlos Squirru, qui est peut-être son père. Elle va lui raconter son histoire, ses histoires...
Celle, officielle, de la petite fille d'un colonel fachiste, un de ceux qui semèrent la terreur durant la dictature militaire des années 1976-1983.
Et celle qu'elle tente de reconstituer, où elle pourrait être la fille d'une prostituée, ou d'une militante anti-fachiste, enlevée à sa mère par les militaires.

C'est le troisième roman que je lis sur ce thème des enfants enlevés à des parents opposants, par des soutiens de dictateurs (*).
Le premier, L'affaire Jane de Boy, de Simone Gélin, est un thriller qui aborde le sujet avec délicatesse et beaucoup d'empathie.
Le deuxième est Mapuche, de Caryl Ferey, un de ces romans noirs très violents auxquels l'auteur nous a habitué (mais le seul, parmi ceux que j'ai lus, qui se termine à peu près bien pour les héros).
Et voilà donc Luz et le temps sauvage... La quête d'une jeune fille, d'une jeune femme, d'une jeune maman, qui a le sentiment diffus de ne pas être à sa place, qui se sent rejetée par une mère, qui pourtant ne sait pas.

Je ne m'attarderai pas sur l'intrigue. J'en ai dit l'essentiel.
Parlons des personnages. L'autrice a choisi de mettre en avant la bienveillance, l'empathie, la solidarité, l'amour, l'espoir. Bien sûr, compte tenu du sujet, la barbarie ne peut être totalement absente ; mais "la bête", "le colonel" ou "la mère officielle" ne sont là que comme des repoussoirs. le roman offre donc une galerie de portraits qui met en avant l'humanité contre la violence.
Terminons par l'écriture (et donc également la traduction).
Le roman est découpé en trois parties : 1976 et la naissance de la barbarie ; 1983, la fin de la dictature et le temps des questions ; 1995-1998, l'âge adulte et celui des réponses. La narration alterne l'histoire vécue et l'histoire racontée, donnant du rythme la lecture. Ces deux points structurent le roman.
L'écriture (la traduction) est délicate. Elle ne cherche pas la complexité, plutôt la simplicité. Elle s'appuie sur les faits, les doutes et les questions, ne recherche pas l'emphase. Elle réussit à restituer avec beaucoup d'émotion les interrogations de Luz et la violence de ses jeunes années.

Un vrai coup de coeur. Et ce n'est donc pas par erreur que j'ai attribué ♥♥♥♥♥♥ / 5 à ce magnifique roman sur mon blog !

(*) Et j'entends ce matin à la radio que l'histoire se répète, dans les régions ukrainiennes occupées par les russes...
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Luz, lumière. Comment parler de lumière à propos de ces temps sauvages qu’a connus l’Argentine entre 1976 et 1983, entre le coup d’Etat militaire et les premières élections démocratiques ?
Luz, lumière, et par extension, vérité. Comment éclairer ces années d’oppression et de silence, comment ramener à la lumière l’histoire de ces « desaparecidos » (disparus), et de ces 500 (chiffre estimé) enfants volés par la dictature ? Comment, dans ces conditions, découvrir la vérité sur ses propres origines, à supposer qu’on ait des doutes sur celles-ci ?
Dans ce roman, on connaît la fin dès le début, on reconstitue l’histoire en même temps qu’une jeune femme argentine de 20 ans la raconte, en 1996, à Madrid, à celui qui est peut-être son père. On saura ce qu’il en coûte, de douleur et de déchirements, de chercher la vérité.
Lili est née en cette année de plomb 1976, en captivité. Sa mère, prisonnière politique, sera assassinée quelques jours plus tard. Au même moment, Mariana met au monde un garçon mort-né, et sombre dans le coma, dont elle se réveillera deux semaines plus tard. Mariana, contrairement à la mère de Lili, a la chance (à cette époque) d’être la fille d’un haut dignitaire de la junte militaire, qui ferait tout pour sa fille adorée, et qui s’approprie Lili en toute impunité pour la fourrer dans les bras de son beau-fils Eduardo. Celui-ci, accablé et sous le choc, est incapable de s’opposer à la volonté de fer de son beau-père, et déclare Lili comme sa fille biologique.
Lili qui s’appellera désormais Luz. C’est tout le paradoxe de cette histoire, puisque c’est au moment où « Luz » fait son apparition que débutent le mensonge et le vol d’une vie, la négation et le vol d’une identité.
Pendant cette période de temps sauvages, il est difficile de s’approcher de la vérité, et il peut être (mortellement) dangereux d’essayer de la faire remonter à la lumière.
Luz grandit dans le milieu aisé, protégé, des familles liées à la dictature, dans l’ignorance totale de la face cachée de la « Répression » et de son lot de victimes torturées, tuées et jetées à la mer sans la moindre forme de procès. A l’adolescence, son tempérament rebelle provoque d’incessants affrontements avec sa « mère », et la pousse à sortir de son cocon douillet. Ses yeux s’ouvrent progressivement à la réalité (pas encore à « sa » réalité), puis elle découvre l’amour. C’est à la naissance de son propre fils que le paradoxe se résout, parce que c’est à ce moment qu’elle pressent (sorte d’instinct maternel inversé) qu’elle est une fille de « desaparecidos ». Elle cherchera – et trouvera – la vérité avec une rage et un acharnement à la hauteur de la spoliation sans nom dont elle est victime.

Ce roman est un hommage implicite aux Grands-Mères de la Place de Mai*, association de grands-mères qui recherchent, encore aujourd’hui, les bébés volés à leurs propres enfants tués pendant la dictature des généraux en Argentine. Intense, il se lit comme un thriller, même si on sait à l’avance comment il se termine. La tension, très forte, la peur et la violence sous-jacentes, et tous les sentiments en général, sont très bien rendus. J’ai apprécié la construction en flash-back du récit, raconté 20 ans après à Carlos, par Luz, qui a reconstitué le fil des événements grâce à ses recherches. On pourrait reprocher le caractère un peu caricatural de certains personnages (mention spéciale à Mariana), et des événements qui s’enchaînent parfois un peu trop facilement, mais l’ensemble est (malheureusement) très réaliste. On n’a aucun mal à croire à cette fiction, sans aucun doute reflet exact de la réalité. Une réalité glaçante, effroyablement dure, révoltante d’injustice. Mais parfois aussi, lors des retrouvailles ou quand il est question d’amour, poignante. Oserais-je dire… lumineuse ?

*http://www.abuelas.org.ar/

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Un roman fort et poignant pour découvrir l'une des périodes les plus sombres de l'histoire argentine.

Luz, jeune argentine, part à la quête de son existence après 20 ans de vie mais aussi de mensonge. Elle découvre qu'elle n'est pas la petite-fille du Général Dufau, tortionnaire sous la dictature militaire des années 1970. Elle est en fait l'enfant d'une de ses nombreuses victimes disparues: Liliana, jeune femme communiste. C'est alors face à son père, Carlos, exilé en Espagne, que Luz va dérouler son histoire au fil des pages et faire la lumière sur les atrocités commises par la junte militaire argentine.

Une histoire remarquablement racontée sur un rythme époustouflant. Haletant et plein de suspens, ce roman choral nous embarque dans le point de vue de Luz et des personnes que le destin de cette enfant a bouleversées et qui se sont battues, d'abord contre elles-mêmes dans une profonde remise en question, puis contre un système barbare et toute la "banalité du mal" qu'il répand autour de lui. le livre est, du début à la fin, pétri de peur, de souffrance, de violence, celles de Luz et plus encore celles de tous les autres. Les personnages qui entourent Luz et le mensonge où son enfance a été immergée sont hauts en couleur, comme la Bête, le tortionnaire amoureux et sa femme, Myriam, l'ex-prostituée qui connaît la vérité et veut la faire découvrir à Luz, comme le général son grand-père, sa mère la mondaine qui ignore tout, son père adoptif… Luz ou le temps sauvage est un livre de mémoire qui n'exclut pas pour autant une trame romanesque où large place est faite à l'amour, au simple bonheur d'aimer et celui de partager avec d'autres.

Un très beau roman qui, en reconnaissant que toute lumière charrie son ombre, est un hymne à l'espoir et à la justice et qui nous met au coeur du combat des Grands-mères de la place de Mai qui se battent depuis 1977 pour retrouver tous les disparus de ce régime et reconstituer les filiations de ces enfants volés. On n'en sort pas indemne.



En complément de lecture : voir "Argentine, les 500 bébés volés de la dictature" * , un excellent documentaire sorti cette année, trente ans après la fin de la dictature militaire, qui retrace le combat acharné de ces Grand-mères pour retrouver leurs petits-enfants disparus et leur donne la parole ainsi qu'à certains de ces ex-bébés volés devenus adultes. 107 de ces 500 bébés ont découvert leurs véritables origines, certains il y a quelques mois seulement. L'enquête menée par Alexandre Valenti, argentin exilé en France un an après le coup d'État, est extrêmement documentée, précise et très émouvante. Un reportage récompensé à juste titre par le FIPA d'or 2013 au Festival international des programmes audiovisuels de Biarritz, par le Prix du Jury des Jeunes Européens et par le Grand prix du 20ème Figra, le Festival international du grand reportage d'actualité et du documentaire de société du Touquet . Âmes sensibles, s'abstenir.

* https://www.youtube.com/watch?v=m11ulXeBD8g
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Si vous cherchez une lecture pour vous détendre ou vous redonner le moral un jour de cafard, n'ouvrez surtout pas ce livre. Mais si vous avez envie d'une histoire rude qui vous prend aux tripes, si vous n'avez pas peur d'être bousculé, foncez !
Ce roman nous plonge dans la dictature militaire en Argentine, à travers un de ses aspects les plus sombres : les meurtres d'opposants au régime et les enlèvements d'enfants. Un temps où certains faisaient bien peu de cas de la vie humaine, où les gêneurs étaient éliminés sans état d'âme, et les bébés volés sans aucun scrupule.
On suit plusieurs histoires entremêlées, sur différentes époques. La construction est complexe, mais très facile à suivre, du grand art !
Depuis toujours, ou presque, Luz a des doutes sur ses origines. Elle se demande si ceux qu'elle a toujours considérés comme étant ses parents le sont vraiment. Elle veut savoir. On suit en parallèle sa quête ainsi que l'histoire de ses "vrais" parents. On croise des personnages variés et très bien campés ; certains sont émouvants, d'autres donnent la chair de poule comme cet homme terrifiant si justement nommé "la Bête".
L'ensemble donne une lecture forte, qui marque longtemps après avoir refermé la dernière page.
Ce livre n'est qu'un roman, mais il ne faut pas oublier qu'il est fondé sur des faits historiques bien réels. Pendant la dictature argentine, entre 1976 et 1983, les vols de bébés d'opposants étaient monnaie courante, voire faisaient partie d'un plan systématique mis en place par le régime, ces enfants étant naturellement confiés à des familles bien-pensantes. Pour moi, cela fait fait partie des évènements à ne pas oublier, au même titre que d'autres horreurs de l'histoire.
Je ne peux donc que vous recommander ce livre saisissant.
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L'Argentine est un pays dont l'histoire est relativement récente mais cela ne l'empêche pas d'avoir connu des épisodes mouvementés, troublés. Dictature, séquestrations, tortures, assassinats… et tout cela il y a moins de cinquante ans ! On peut ajouter à cela échanges clandestins de bébés à la naissance. C'est à ce dernier élément que l'auteure Elsa Osorio s'attaque avec son roman Luz ou le temps sauvage.

Quand une jeune militante (occupation dangereuse sous une dictature) est séquestrée puis accouche alors qu'elle est encore en captivité. Presque aussitôt, il lui est arraché pour être donné à la fille d'un homme important, laquelle vient tout juste de perdre le sien. Puis on se débarrasse de la mère biologique. Et on procède de même pour les orphelins. Ainsi, des centaines d'enfants ont grandi dans des familles étrangères sans le savoir, parfois même à l'insu de leurs parents adoptifs. Cette histoire s'est répétée de nombreuses fois, à tel point que, bien des années plus tard, elle a fini par être découverte et a mené à la création du mouvement des « Grands-mères de la Place de Mai », dont le but était de réunir ces dernières avec leurs petits-enfants.

Il va sans dire que ces « bébés volés » fut un drame important et il fallait qu'un livre soit écrit sur le sujet. Et Elsa Osorio a su inventer une histoire originale qui aurait pu être celle de n'importe lequel de ces enfants. Non seulement le sujet est original mais son style l'est également. Au lieu de raconter l'intrigue de manière linéaire, la protagoniste Luz raconte à père biologique, qu'elle retrouve tardivement, l'enquête qu'elle a menée pour arriver à la vérité. Et son témoignage est entrecoupé de leurs commentaires ou questions. Au début, cela m'a agacé un peu puis je m'y suis fait, surtout que ce moyen permettait d'éclaircir certains éléments.

Toutefois, malgré tous ces bons coups, je n'ai pas accroché autant que je l'aurais cru ou espéré. Peut-être le roman était-il un peu trop long ? Peut-être Elsa Osorio a-t-elle inutilement complexifiée son histoire, en particulier tout ce qui entourait Miriam et le rôle qu'elle a joué dans le cas de Lili ? Il n'était sans doute pas nécessaire de raconter le passé de presque tous les personnages, de Mariana et Eduardo à tant d'autres. Aussi, par moment, j'avais l'impression que l'auteure hésitait entre un thriller et un roman social, qu'elle n'arrivait pas à choisir entre les deux. Tous ces moins bons coups m'ont laissé une impression désagréable dont j'ai eu quelques difficultés à me défaire.

Heureusement, on y arrive. Surtout que c'est très complet. C'était un tour de force d'Elsa Osorio (à son premier roman !) de présenter le point de vue de tous, l'aspect humain et pas seulement le « système »monstrueux. Cela aurait été équivalent à tomber dans la facilité. Mêmes les parents adoptifs ont eu droit à un traitement juste. Décidément, Luz ou le temps sauvage est un grand roman, un roman essentiel.
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Lorsque Luz accouche de son fils Juan après avoir épousé Ramiro, fils de disparu, elle commence à se poser beaucoup de questions, persuadée qu'elle est, elle aussi, fille de disparus. Luz est née en Argentine pendant la dictature, son grand-père est un ancien général tortionnaire en charge de la répression. Mariana qu'elle pensait être sa mère, a accouché d'un garçon mort-né après une césarienne et un coma que le père de celle-ci, le général, a mis à profit pour substituer au bébé mort, une petite fille, Luz.
Elsa Osorio raconte la naissance et l'enfance de Luz, les recherches que son "père" Eduardo va entreprendre pour connaître les origines de celle qu'il aime comme sa fille ...
Au début de ma lecture, j'ai eu un peu de mal à accrocher mais plus j'avançais dans celle-ci, plus le roman me passionnait. Mon conseil : à lire !
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Voici un récit poignant, cru, dur, à l'ambiance de plomb, où Luz , ( qui signifie Lumière ) l'héroïne, enfant donnée? , enfant volée? née en 1976, Fille de « Subversive » ? nous immerge de plein fouet au sein d'un des pans les plus sombres , noirs, tragiques , de l'histoire de son pays: L'Argentine.

Luz , vingt ans de vie et surtout un essaim de mensonges, jeune mère de Juan, part à la recherche de ses origines.
Furetant, fouillant , vérifiant des faits, demandant des renseignements ,elle se lance dans une «  quête » incessante, à la recherche de la «  Vérité. », qui était- elle? D'où venait - elle?
Était - elle la fille du général Dufau , le tortionnaire sous la dictature militaire?
Était - elle l'enfant d'une des nombreuses disparues , Liliana , jeune femme communiste? ,

Quelque soit l'âge il est toujours bon d'apprendre la vérité, de retrouver son identité . ...
Elle mène une enquête semblable à celle des Grands- Mères de la place de Mai, à partir de sa situation troublante d'enfant que personne n'a jamais recherchée.
Haletant, pétri de suspense , habilement, construit, ce récit choral nous donne le point de vue de Luz et de toutes les personnes que le destin a chamboulées et qui se sont démenées , d'abord contre elles- mêmes puis contre une SYSTEME Barbare, espèce de «  Banalité du mal »..

L'auteure tente de recomposer d'une manière juste , claire, grâce à sa narration multiple——à travers différentes voix ——, une galerie d'aberrations , de monstruosités inimaginables, histoire composée comme un puzzle: centres clandestins, femmes et hommes torturés à l'électricité , pendus , brûlés au briquet, écartelés, les yeux bandés, enchaînés , écorchés vifs, sales , couverts de poux, désemparés , perdus, entre les mains de ces assassins ——simulacres d'exécution, sinistres jeux de rôles entre le Bon et le méchant —— cris déchirants qui traversaient les cachots, des faits abjects , dégradants, sans compter les enlèvements ....
Un livre attachant, sans complaisance, tragique —— tendre et drôle parfois——, pétri d'émotions intenses à l'écriture très belle où le lecteur du début à la fin, se fond dans la quête implacable de vérité , sur fond de douleur , de violence et de peur, en souvenir de personnes tuées parce qu'elles désiraient une société plus juste...

Une très belle oeuvre lucide, vivante, loin des clichés , où l'amour triomphe de la BARBARIE'.
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Déroutant par sa construction, il faut passer les 50 premières pages de ce roman bouleversant pour se laisser emporter par la terrible histoire des disparus : ces milliers de jeunes gens qui ont disparu sous la dictature militaire argentine dans les années 76-83, ces centaines de bébés disparus en même temps que leur mère, laissant des grands-parents éplorés et impuissants.
Déroutant car l'auteure passe d'un personnage à l'autre et d'une époque à l'autre, sans transition aucune et j'ai eu un peu de mal au début à discerner qui était qui et à quelle époque. Puis le récit se fait plus fluide et la tension monte à chaque page pour transformer cette lecture en un véritable thriller.
Il y aura peu de suspense sur l'identité de Luz, car on sait dès le début qu'elle fait partie des ces enfants disparus, et on se doute rapidement de l'identité de son premier interlocuteur.
Mais Luz, elle, n'a pas fini de savoir qui elle est, d'où elle vient ; dans un long dialogue avec Carlos, Luz tente de démêler les fils de son histoire tragique, l'enquête patiente qui l'a conduite à découvrir les tenants et aboutissants de sa naissance, l'identité des tortionnaires, des personnes qui l'ont « volée » et des témoins de l'époque, les victimes collatérales au mystère de sa naissance…
Dans un magistral retour sur ces évènements tragiques, Elsa Osorio nous fait partager l'histoire déchirante de l'Argentine qui n'a pas fini de pleurer ses morts et ses enfants disparus : un roman captivant et absolument bouleversant !

Un excellent roman à lire sur le même thème : La Perrita, d'Isabelle Condou
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