Si vous en avez marre de ces contes où un gentil prince délivre forcément une belle princesse enfermée dans une très haute tour par une vilaine sorcière, alors vous êtes mûrs pour les contes déjantés de
Christian Oster. Comme il en a écrit pas mal, vous devriez trouver chaussure à votre pied dans la quarantaine de recueils tous édités par l'école des loisirs.
J'ai découvert ces petites merveilles de contes en assistant au spectacle « la Princesse transformée en steak-frites » mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia au Quai à Angers. Brillante idée que celle d'adapter au théâtre les textes de
Christian Oster, dans lesquels on reconnait tout le petit personnel stéréotypé habitant généralement les contes : des princes et princesses en pagaille ainsi que des rois et reines en veux tu en voilà, des nains, des fées, des sorcières, des ogres, des loups … Bref, rien que de très normal. Sauf que l'auteur insuffle un sacré vent de folie dans toute cette ménagerie : certaines princesses sont télécommandées, les sorcières n'arrivent plus à faire le mal, les rois perdant la tête marchent sur les mains et la magie des fées s'émoussent quelque peu… Les plus jeunes seront sensibles aux situations cocasses et loufoques, les plus vieux à la vivacité d'esprit et à l'imagination débridée de l'auteur.
Le chevalier qui cherchait ses chaussettes -
Oster Christian et Lemaitre PascalL'auteur s'amuse et nous amuse avec les codes du genre et les contourne pour mieux en jouer. Chemin faisant, il nous embarque dans son univers, féérique certes mais qui devient souvent surréaliste. L'occasion, parfois, de réfléchir sur le sens des mots comme dans ce conte où l'absurde règne en maître : qu'advient-il quand deux rois se rencontrent, le roi de N'importe Où et le roi de Quelque Part ? Ailleurs, une princesse est flanquée à la porte de son château par son père, pour la simple raison qu'elle ne tient pas bien sa fourchette. Elle devient alors « la princesse à la brouette », ce qui ne l'empêchera pas, après quelques aventures plutôt loufoques, de trouver son prince charmant. Ici, les géants sont paresseux, les fées, qui ne travaillent pas le lundi, ont des assistantes idiotes, là les moutons chantent, certaines forêts sont nulles, bref j'en passe et des meilleures…
Attention cependant, quand vous défricherez la forêt, pourtant dense et grouillante, les comptes ne sont pas tous bons mais n'allons pas pour autant jeter la pierre à Oster, quelques mauvaises herbes ne sauraient masquer à elles seules les superbes et piquantes platebandes offertes deci delà…
Si d'aventure vous comptez lire de la bonne littérature – et les huit plumes n'en sont pas avares, comme vous vous en rendez compte tous les jours - alors n'hésitez plus, dévorez les contes de
Christian Oster : vous en ressortirez ravis et revigorés (ou vice versa) !
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