« Se perdre sur le sentier de l'échec »
Simon, conférencier, rentre chez lui, découvre le cadavre d'un homme habillé dans son salon, homme tombé de la mezzanine où la balustrade est cassée ; Diane, médecin, compagne de Simon, amante du cadavre, nue dans son bain, peu loquace s'éclipse rapidement. Simon enchaîne les décisions absurdes que seul
Christian Oster tisse aussi merveilleusement. Seul
Christian Oster sait manier la langue de cette façon pour nous placer au coeur du problème de Simon, « Ce que je pourrais dire à partir de maintenant, c'est que je suis resté seul avec lui [le cadavre]. J'ai pensé fugitivement à ces soirées où, après vous avoir présenté quelqu'un dont on ne vous a livré que le nom, on vous laisse en sa présence avec dans le meilleur des cas un verre de champagne à la main et dans la tête un lot de questions et de remarques convenues où vous vous apprêtez à puiser. » (page 17).
« J'aurais tout donné pour n'être pas moi. Mais je n'avais pas d'autre idée. » (page 74), n'importe quel autre écrivain aurait écrit au lieu d'idée, choix, seul
Christian Oster, qui fait trébucher Simon dès les premières pages, Simon qui ne retrouvera pas son équilibre, en avait-il un d'ailleurs ?, peut ainsi suggérer qu'être autre que soi ne résulte pas de l'impossibilité de choisir, mais d'un manque flagrant d'idée.
Et puis il y a ces paysages traversés avec « toujours énormément de ciel » (page 124),
Christian Oster ne nous parle pas de la couleur du ciel, des nuages, il note simplement l'énormité du ciel, c'est suffisant.
Une lecture jubilatoire, comme avec tous les autres livres de cet auteur.