Citations sur 60 questions étonnantes sur l'humour et le rire (10)
Après avoir ri, nous tolérons mieux la douleur. Cet effet antalgique du rire — que les chercheurs attribuent à la sécrétion d’endorphines — ouvre des pistes intéressantes concernant la prise en charge de la douleur dans le milieu médical, et laisse à penser que les thérapies par le rire, ou encore les interventions de clowns à l’hôpital peuvent réellement améliorer le quotidien des malades. Si vous avez une rage de dents ou si vous venez de vous taper sur le doigt avec un marteau, regardez donc quelques vidéos rigolotes de chatons sur Internet : cela pourrait vous apporter un soulagement passager.
Un bon sens de l’humour augmente nos chances de rester en vie, mais uniquement jusqu’à 65 ans. Au-delà de cet âge, l’effet du sens de l’humour sur la survie diminue et, à partir de 75 ans, le fait d’avoir ou non de l’humour n’a plus d’impact sur notre survie. En effet, avec le vieillissement, les prédispositions génétiques et la détérioration biologique l’emportent sur le pouvoir de l’humour. L’humour n’est donc pas un philtre d’immortalité ! Néanmoins, il peut tout de même continuer, même à un âge très avancé, à rendre notre quotidien plus agréable.
L’humour semble être un indicateur fiable du niveau d’intelligence : si une personne vous fait rire avec ses blagues, vous pourrez en déduire qu’elle est plutôt futée ! Dans cette étude, nous constatons aussi que les hommes ont produit des contenus humoristiques plus drôles que les femmes. Comment expliquer ce résultat ? Cette supériorité humoristique des hommes est-elle inscrite dans les gènes, culturelle, ou bien les 2 à la fois ? Si les hommes se sont montrés plus drôles, c’est peut-être parce qu’ils sont encouragés, par la société et par leur éducation, à développer et exprimer leur humour, et ce, bien plus que les femmes (mais c’est un autre sujet !).
L’humour permet une mise à distance de la mort et de la souffrance. Le personnel des urgences a le devoir de garder son sang-froid en toute circonstance. Dès lors, comme l’explique une infirmière, « on rit pour ne pas pleurer ». Des limites sont néanmoins fixées : les plaisanteries morbides ne sont jamais exprimées en présence de personnes extérieures à l’équipe. Comme le disait Desproges, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.
Qu’une blague soit considérée comme drôle ou pas ne dépend pas que de son contenu : l’origine de cette histoire drôle a un impact sur le fait que nous la trouvions amusante ou pas. Nous pouvons plus facilement envisager qu’une plaisanterie est drôle si elle est racontée par une personne que nous considérons comme drôle. Nous serons alors particulièrement « bon public » face à ses blagues, même quand elles ne sont pas terribles.
« La plaisanterie est une injure pleine d’esprit, et cette injure est la disgrâce d’autrui pour notre propre divertissement », écrivait Aristote, l’un des premiers philosophes à avoir soutenu l’idée selon laquelle le rire est un moyen de nous positionner comme supérieurs à l’objet de notre hilarité. D’après les résultats de cette étude, la théorie d’Aristote semble s’appliquer dans le cas de personnes qui ont été trahies ou trompées par un ami. Ces personnes ont en effet tendance à utiliser un humour agressif pour rabaisser l’ami en question, dans le but de rétablir un équilibre dans la relation, de reprendre le pouvoir.
Pourquoi rit-on ? Depuis l’Antiquité, les intellectuels n’ont eu de cesse d’élaborer des théories afin de répondre à cette mystérieuse question. Selon l’une de ces théories, le rire serait l’expression d’un plaisir lié à un sentiment de supériorité vis-à-vis d’un objet considéré comme risible, car dévalué, dégradé et donc inférieur.
L’hilarité n’est pas toujours contagieuse. Dans certains cas, le rire des autres peut même avoir un effet dissuasif : pendant un spectacle comique, si nous voyons des personnes rire dans le public, nous aurons tendance à rire aussi, à condition que nous identifiions ces personnes comme des pairs.
Il semblerait que nous appréciions davantage une blague si nous pensons qu’elle contient une part de vérité. Ce constat nous amène à nous questionner sur les plaisanteries un peu racistes ou misogynes qui nous font rire : nous sommes persuadés que « ce n’est pas sérieux », nous affirmons que « c’est juste pour plaisanter », mais, d’après cette étude, le fait de rire intensément de ces blagues pourrait être révélateur de ce que nous pensons vraiment, sans que nous en ayons forcément conscience.
Si, juste après un événement tragique, les blagues ne sont pas les bienvenues, on peut commencer à en rire après un certain moment. Le temps semble bien avoir le pouvoir de transformer la tragédie en comédie. Cependant, cette évolution n’est pas linéaire. Dans le cas de l’ouragan Sandy, on observe un pic d’humour 36 jours après le drame. Après cette date, les blagues sont perçues comme de moins en moins drôles, car l’événement devient trop lointain et trop insignifiant pour faire rire. En effet, ce pic advient quand l’événement tragique n’est ni trop proche ni trop lointain, car, pour qu’une blague soit drôle, elle doit être un peu dérangeante, mais pas trop non plus… Il s’agirait donc de trouver la bonne distance.