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Laurent Baechler (Éditeur scientifique)
EAN : 9782804161415
300 pages
De Boeck Supérieur (15/05/2010)
4.58/5   6 notes
Résumé :

La question de la gouvernance des ressources naturelles utilisées conjointement par de nombreux individus revêt une importance croissante pour les analystes politiques. Tant la nationalisation que la privatisation ont été mises en avant mais ni l État ni le marché n ont été uniformément en mesure de résoudre les problèmes liés aux ressources communes.Remettant en question les fondements de l anal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce sont des études détaillant des modes de gouvernance de ressources par un collectif (forêt, irrigation, pêche). La longue introduction à ce travail passe par la présentation du contexte intellectuel depuis lequel il est mené : des "fictions", ou "petites histoires", qui semblent faire office d'autorité. Ainsi le "dilemme du prisonnier", prétend établir de manière indubitable que des personnes ne peuvent pas s'entendre à établir des résultats bénéfiques collectivement : la "logique de l'action collective" d'Olson démontrerait que lorsque l'intérêt commun est décrété comme politique, chacun croit en effet, et à tort, qu'il l'est. le Léviathan de Hobbes (une autorité tierce qui prive les membres de la communauté de leur liberté pour établir leur coordination) serait la solution unique. Ou encore des histoires d'éleveurs qui doivent indépendamment les uns des autres décider de ce qui est le meilleur pour leurs moutons - et ce qui mène à la dégradation irrémédiable du champs alloué. Démonstration : la coordination d'individus en dehors de la politique et de règles imposées serait impossible et mènerait à la ruine de chacun. Les individus sont incapables de gérer collectivement les ressources. C'est là qu'Ostrom suggère que ce puisse ne pas être une pensée définitive et systématiquement applicable. En effet, raisonner sur la base des conclusions de ces "petites histoires", qu'elle appelle des "métaphores" pourrait, selon elle, limiter la pensée...

Ostrom recommande plutôt que d'en rester à ces "expériences de pensée" ou "cas d'école simplistes" (c'est mon vocabulaire, pas le sien, elle est beaucoup plus cauteleuse) de s'intéresser à ce qui se produit dans la véritable réalité vraie : et c'est pourquoi elle détaille ensuite des cas réels tels qu'ils se sont produits en différents endroits de la planète.

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Ce qui m'a paru intéressant dans ce livre est l'impression qu'il donne que le mouvement de pensée réducteur qu'elle dénonce dans la première partie est, dans l'environnement où elle s'exprime, majoritaire : les principes politiques y seraient majoritairement établis depuis ces "fables" simplistes. Et ce serait pour contredire ces déviances aberrantes qu'elle se serait intéressée à la notion de "communs" et qu'elle aurait oeuvré à la développer.

Ces raisonnements par "image" et "fiction" de l'économiste dont elle présente quatre ou cinq réalisations, c'est précisément ce qu'Antonin Pottier dénonce dans les négociations de lutte contre le réchauffement climatique dans Comment les économistes réchauffent la planète.

À confirmer, mais j'avais déjà, pour ma part, relevé que, dans d'autres domaines (Chomsky en sociologie, Pavel en littérature, peut-être Rawls en philosophie politique), des théoriciens développent des pensées qui paraissent davantage reposer sur la tentative, par la contestation de pensées réductrices établies comme majoritaires, d'insinuer des argumentations en faveur de l'ouverture d'esprit et de raisonnement fondés sur des réalités plutôt que des inventions littéraires.

Si tel est le cas, cela, naturellement, dévalorise d'une certaine manière la portée des réflexions portées, sinon en ce qu'elles autorisent à créer un lien avec celles, antagonistes, qu'elles contestent et celles qui peuvent se tenir dans des environnements culturels moins prompts à favoriser la métaphore, l'image, le bon sens, l'évidence et les mécanismes simples produits par des esprits incapables de produire des logiques autrement qu'à partir de données limitées. À confirmer.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Faire reposer des recommandations politiques sur des métaphores peut conduire à des résultats sensiblement différents de ceux que l’on poursuivait. La nationalisation des forêts dans les pays du tiers-monde, par exemple, a été invoquée aux motifs que les villageois locaux n’étaient pas capables de gérer les forêts de manière à assurer leur productivité et leurs propriétés de réduction de l’érosion du sol. Dans des pays où de petites communautés villageoises possédaient et régulaient leurs forêts communales locales depuis des générations, la nationalisation a été synonyme d’expropriation. Dans ces localités, les villageois avaient jadis fait preuve d’une retenue considérable dans leur cadence et leur mode de récolte des produits forestiers […] La nationalisation eut donc pour conséquence de créer des ressources en libre accès là où des ressources de propriété commune à accès limité avaient existé. Les effets désastreux de la nationalisation de forêts anciennement communale ont été abondamment documentés pour la Thaïlande, le Niger, le Népal et l’Inde.
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Certains critères limitent les types de ressources communes que nous aborderons : il s’agira (1) de ressources renouvelables plutôt que non renouvelables, (2) de situations davantage sujettes à une rareté substantielle qu’à l’abondance et (3) de situations dans lesquelles les utilisateurs peuvent se nuire considérablement les uns aux autres, mais pas de situations où les participant peuvent engendrer un préjudice externe majeur à d’autres individus. Ainsi, tous les problèmes de pollution asymétrique sont exclus, de même que toute situation dans laquelle un groupe peut former un cartel et contrôler une partie suffisante du marché pour influencer les prix.
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Si cette étude se limite à faire voler en éclats la conviction de nombreux analystes politiques selon laquelle le 𝑠𝑒𝑢𝑙 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 de résoudre les problèmes liés aux ressources communes réside dans l’imposition par des autorités externes de droits complets de propriété privée ou d’une régulation centrale, elle aura atteint un objectif majeur.
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L’enjeu central de cette étude est d’identifier la manière dont un groupe d’appropriateurs [une communauté de citoyens] se trouvant dans une situation d’interdépendance peut s’organiser et se gouverner lui-même afin d’obtenir des bénéfices conjoints permanents alors que chacun est confronté à la tentation de resquiller, de « tirer au flanc » ou d’agir de manière opportuniste.
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Plutôt que de partir du principe que les individus qui partagent un bien commun sont inéluctablement pris dans un piège dont ils ne peuvent s’échapper, je crois que la capacité des individus à se tirer de différents types de situations de dilemme varie de situation en situation.
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